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9 juin 2025

Roxane Borde / Diapason
6/6/2025

Michael Barenboim ne jouera pas en Israël

© DR
Le violoniste allemand, fils du maestro Daniel Barenboim, a une nouvelle fois exprimé son soutien aux Palestiniens.

Après avoir créé le collectif « Make Freedom Ring » destiné à récolter des fonds pour les Palestiniens grâce à des concerts organisés dans différentes villes d’Europe, Michael Barenboim continue de condamner la guerre menée par Israël à Gaza. Violon solo du West-Eastern Divan Orchestra et professeur à l’Académie Barenboim Saïd, deux institutions fondées par son père Daniel Barenboim afin de réunir des instrumentistes israéliens et des pays arabes voisins, le musicien juif allemand a une nouvelle fois explicité son opinion sur la situation au Proche-Orient. Il a ainsi déclaré au média musical VAN Magazin qu’il ne comptait pas remettre les pieds en Israël avant longtemps, que ce soit pour un concert avec l’Israel Philharmonic ou avec tout autre ensemble du pays, même non financé par l’État : « Je ne peux pas savoir ce que l’avenir nous réserve d’ici dix à vingt ans, mais je ne me vois pas voyager là-bas », confie-t-il sans équivoque, glissant à cette occasion qu’il n’avait pas non plus l’intention de se rendre aux États-Unis de sitôt.

Contre les agissements de l'Etat hébreu

Depuis le début de la guerre lancée par Israël dans la bande de Gaza après les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas, Michael Barenboim s’est exprimé à plusieurs reprises sur le sujet, critiquant notamment l’attitude de son pays, l’Allemagne, qui refuse toujours de condamner les agissements de l’État hébreu : « Il n’y a aucune raison que les Palestiniens souffrent de quelque chose que les Allemands ont fait il y a 80 ans », s’insurgeait-il au média The Times of Israel. Le musicien fait d’ailleurs partie des signataires d’une lettre ouverte adressée le mois dernier au ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, alors que son homologue israélien Gideon Sa’ar s’apprêtait à le rencontrer à Berlin. Dans cette tribune, les auteurs demandaient à leurs dirigeants d’arrêter de livrer des armes à Israël et de prendre au sérieux la menace de génocide. « Nombre de citoyennes et de citoyens de ce pays ont profondément honte de la position de l’Allemagne concernant le conflit au Proche-Orient », expliquent-ils.

De son côté, Michael Barenboim s’attache à rappeler qu’Israël n’est pas « la seule représentation du judaïsme » : « Je suis juif, n’est-ce pas ? […] Mais je ne veux pas être représenté par Israël », affirmait-il, toujours au journal The Times of Israel. Outre les concerts du collectif « Make Freedom Ring », Michael Barenboim, qui a aussi étudié la philosophie, organise une série de conférences sous le titre « Kilmé » (« mot » en arabe), au cours desquelles il laisse la parole à des artistes, intellectuels et universitaires palestiniens. Il a également fondé l’ensemble de musique de chambre Nasmé aux côtés de cinq instrumentistes palestiniens.

René Chiche

-9/6/2025- Inutile d'ajouter au bruit autour de la "flottille de la liberté". On rappellera seulement que flottille prend deux t et désigne une flotte de plusieurs petits bâtiments.
Pour le reste, étant professeur et non psychiatre, je m'abstiens de commenter ce nouveau délire collectif et souhaite force et courage aux habitants de la place de la République à Paris que j'ai quittée sans regret depuis une vingtaine d'années alors qu'elle n'était pas encore régulièrement inondée par les drapeaux du Hamas.

Kuzmanovic Georges
9/6/2025

Breaking news : nous aurions enfreint les sacro-saints codes de "nudité et sexualité" de YouTube...

En cause ? Un visuel de Marianne – poitrine à demi découverte – en train de défendre la République contre l’Union européenne et la tripartition. Sacrilège !
Résultat : la vidéo avec François Cocq est invisibilisée. La justice algorithmique américaine a encore frappé.
Travailler avec les normes américaines, c’est comme essayer de débattre philosophie avec un puritain sous Prozac.
Et vous, sérieusement... qui fantasme devant une allégorie de la République en lutte ? À part peut-être un censeur en manque d’adrénaline ?
Blague à part, c’est grave : ces normes venues d’outre-Atlantique ne sont pas les nôtres.
Cette pudibonderie pseudo-morale, habillée de bons sentiments, colonise notre imaginaire culturel. Elle installe insidieusement une vision du monde digne des télévangélistes : aseptisée, corsetée, infantilisante.
Bref, la République a un sein nu... et ça fait trembler la Silicon Valley. On touche le fond...



8 juin 2025

Gilles Casanova
8/6/2025

Voyage d'Emmanuel Macron au Groenland

La communauté européenne face aux menaces américaines

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NOTRE FOLIE, NOTRE VÉRITÉ

Benoît Girard

-8/6/2025- Le conflit israélo-palestinien n'est pas un conflit périphérique que nous aurions à arbitrer du haut de notre supériorité morale, en fonction de nos attachements historiques ou de nos colères personnelles.
C'est un enjeu qui se déploie dans les profondeurs de l'anthropologie occidentale, un catalyseur conjoncturel de ce "tout est permis" qui creuse tout au long de notre histoire un sillon sanglant.
La même génération qui s'est structurée autour du "plus jamais ça" réactive en toute bonne conscience la rhétorique de Mein Kampf : l'illusion de l'être collectif et du péril existentiel qui justifie tout ; la négation du conflit et de ses rites au nom d'une position "défensive" qui voit dans toute altérité une menace à éradiquer. Les tabous ne protègent de rien : ils ne font que transporter dans le temps le souvenir fasciné de leur propre violation.
La bêtise joviale de nos "élites" médiatiques, la tranquillité et la bonne conscience avec lesquelles elles en appellent au meurtre... toutes ces postures dégoulinantes d'imbécilité satisfaite ont donc quelque chose de prophétique par quoi nous devons nous laisser éclairer plutôt que scandaliser. En effet, ce ne sont pas ces personnes qui parlent et nous n'avons pas, sauf à laisser contaminer notre propre cause par les miasmes de leur racisme et de leur ressentiment, à en faire nos boucs émissaires : elles sont parlées par les ressorts profonds de notre identité collective, trop longtemps occultés, et qui s'offrent désormais en spectacle. Ils ne résisteront pas à la lumière mais ça ne les empêchera pas, tels les derniers soubresauts d'un monstre blessé, de causer beaucoup d'horreurs et de souffrances. Seule notre compréhension de l'intérieur est capable d'infléchir le cours de l'inévitable.

7 juin 2025

LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, CE N'EST QUE ÇA

Jean-Claude Delhez

-7/6/2025- Le président brésilien Lula vient d'effectuer une visite d'État en France. Lors d'une conférence de presse commune, devant un président français muet, il a exprimé ce qu'il avait sur le cœur au sujet de la situation internationale au Proche-Orient, en Europe de l'Est et en Amérique centrale, appelant à la fin des conflits. Un mois plus tôt. Lula était à Moscou, pour la commémoration de la victoire de 1945, aux côtés de Vladimir Poutine (et de Xi Jinping). Car le Brésil n'est pas aligné sur la posture occidentale. Une posture occidentale minoritaire si l'on considère la planète entière, les pays des cinq continents.
Prenons un exemple. La carte que je joins dessine en rouge les pays qui participent aux sanctions contre la Russie : l'OTAN et ses alliés du Pacifique. Ce sont eux qui se sont baptisés « la communauté internationale ». Ils présentent leur attitude comme ayant valeur universelle ; celui qui ne s'y conforme pas serait hors la loi. À titre de comparaison, ce qu'on appelle les BRICS, une union qui regroupe d'autres pays de la planète, compte 3,6 milliards d'habitants, sur un total de 8 milliards d'humains, soit près de la moitié de l'humanité. Ou encore : les pays représentés au défilé du 9 mai à Moscou (y compris l'Inde dont le président fut retenu par le conflit avec le Pakistan) cumulent 52% de la population humaine. La « communauté internationale », elle, compte 1 milliard d'habitants, soit 12,5% de l'humanité.
En matière économique, les BRICS, c'est entre un tiers et 40% du PIB mondial. L'économie des BRICS vient de dépasser celle des pays du G7 (USA + Japon + grands pays européens). Et l'écart ne va faire que se creuser, notamment avec la croissance économique constante de la Chine. On n'en parle guère dans les médias occidentaux, mais la Chine ne cesse d'innover. Elle a dépassé les USA en nombre de brevets d'invention. Il ne se passe pratiquement plus une semaine sans qu'arrive de ce pays l'annonce d'une nouvelle avancée technologique ou économique. Pendant ce temps, l'Occident, lui, ne rêve que batailles, conflits et armements.
L'Occident se veut référence mondiale. Ses valeurs, ses intérêts, ses actions doivent s'appliquer à la terre entière. Une terre entière à laquelle on ne demande pas son avis. Et parmi ces valeurs supposées universelles, il y a bien sûr la démocratie, les droits humains, la souveraineté des États, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes... On se souvient que c'était pour offrir la démocratie à l'Irak que Georges Bush Jr lui avait déclaré la guerre en 2003. Il est d'ailleurs de coutume d'appeler les USA le gendarme du monde. Mais lorsque celui qui fait respecter les règles est en même temps celui qui les définit, où est la démocratie, où est la souveraineté des États ?
La communauté internationale n'existe pas. C'est une posture des pouvoirs qui vise à faire croire qu'ils sont légitimes, qu'ils agissent au nom de tous. Ils vont dire, par exemple, que tel pays (du côté de l'est, c'est toujours par là que ça se passe) ne respecte pas les sanctions internationales. C'est vilain, il piétine le droit, ce pays. Or, il n'y a pas de sanctions internationales. Il y a des sanctions unilatérales, décidées par tel pays ou tel groupe de pays.
Pour qu'il y ait décision internationale, il faudrait que la directive vienne de l'ONU. Or, cette pauvre ONU, depuis plusieurs années, est bien à la peine. On n'en parle pour ainsi dire plus. C'est comme si les Nations Unies avaient cessé d'exister. Il faut dire que le droit international, dont aime à se réclamer le pouvoir médiatico-politique, est régulièrement violé, et par ceux-là mêmes qui s'en revendiquent. Quand Bush et ses alliés européens envahissent l'Irak en 2003, ils le font sans avoir été agressés par l'Irak et sans mandat de l'ONU, donc en violation du droit international. Quand les occidentaux bombardent la Libye en 2011, ils le font avec un mandat de l'ONU qui les autorise à protéger la population libyenne, et non à faire tomber le régime en place. Quand l'OTAN intervient militairement pour détacher le Kosovo de la Serbie, il n'agit pas autrement que lorsque la Crimée passe de l'Ukraine à la Russie.
La communauté internationale, ce n'est plus qu'une minorité qui se raconte des histoires, qui se prend pour le centre d'un monde qui évolue de plus en plus sans elle.

6 juin 2025

Dessin de Kak

Benoît Girard
5/6/2025

RIMA, LA FRANCE

Tandis que recommencent à prospérer au grand jour les miasmes de laideur et de médiocrité qui empuantissent régulièrement les marécages de notre histoire, voilà ce qui me réconcilie avec l'idée de France, à la fois contre ceux qui en nient l'existence et contre ceux qui la rabougrissent à la taille de leurs obsessions : ce visage où elle se réactualise comme un éternel défi à l'Empire.
Partager le même passeport que Rima Hassan, c'est se sentir participer du monde des vivants, vérifier que l'universel humain, malgré le sang répandu et les souffrances infligées, continue de se dire dans cette langue où tant de récits ont fini par se rejoindre et par s'épouser.
C'est son être même, son déracinement originel, que Rima Hassan hurle dans la langue qui est la nôtre. Et cela se reçoit comme un trésor qui nous oblige, indépendamment de tous les parasites qui font grésiller la réception du message. Je trouve invraisemblable que ceux qui lui reprochent de mettre la France en second soient les mêmes qui refusent de voir en elle une Française à part entière.
Voici donc de quoi le "souverainisme français" est le nom : sous le prétexte circonstanciel de s'opposer à Macron, un ultime jaillissement d'arrogance coloniale dans cette France boutiquière et prolétarisée qui se sent frustrée ne plus avoir une part suffisante au festin de la prédation planétaire.
Moi, comme indépendantiste français, je tends la main à toutes les Rima Hassan du monde.

Pierre Duriot
7/6/2025

Bayrou : comment maintenir l’inutile ?

Bayrou au pied du mur, doit tailler dans les finances, mais il a des ordres. Il doit coûte que coûte maintenir l’inutile, c’est-à-dire l’idéologie de destruction menée depuis le début des mandats de Macron. Il doit continuer à payer la transition « carbone », qui n’est qu’une fumisterie destinée à enrichir les entreprises privées du secteur. Il doit continuer à payer l’accueil débridé de « migrants », dont la plupart sont intégralement à la charge de l’État. Il doit continuer à entretenir les comités Théodule qui font le boulot des ministères mais où sont recasés des tas de copains. Il doit continuer à payer pour l’Europe, l’Ukraine, les pays africains, l’Algérie. Il doit continuer à payer la fraude sociale pour maintenir la « paix sociale ». Que reste-t-il alors ? Des ministères déjà exsangues : la justice, l’armée, l’éducation, l’intérieur, la santé, l’aménagement du territoire. Que peut-il faire alors : arrêter de payer les retraites et les maladies, mais même s’il le fait, ça ne suffira pas. Il doit arrêter de payer l'inutile, mais il a ordre de ne pas le faire, il est coincé et nous avec… Il fallait le faire sauter et faire sauter tous ses successeurs, de manière à ce que le macronisme s’arrête, pour pouvoir sauver ce qui peut encore l’être, ce que nous préconisons depuis six mois au RPF.

Valérie Boivin

-6/6/2025- Ce que le psychothérapeute ne dit pas, mais qui crève les yeux à qui connaît un peu la clinique de l’enfance et de l’adolescence, c’est que la plupart de ces jeunes n’ont pas été aimés (je ne veux absolument pas dire que j'excuse leur comportement). NI CONSTRUITS dans le respect DE LA LIMITE ET DE L'AUTORITÉ. Ils évoluent dans ce que l’on appelle en psychanalyse la toute-puissance infantile, un état psychique archaïque où le désir ne rencontre jamais de cadre, jamais de non, jamais de tiers.
Souvent, l’image du père est absente dès le début. Le père a pu fuir ses responsabilités, être évincé par une mère toute-puissante, ou encore être là sans l’être, sans jamais incarner une figure d’appui, de Loi, de limite. Parfois, c’est la mère elle-même qui laisse sa propre mère (la grand-mère) prendre le rôle parental, créant une confusion des places qui empêche toute structuration psychique claire.
Dans ces cas-là, l’enfant ne rencontre pas de barrière symbolique. Il n’y a pas d’interdit fondateur. Il n’y a pas de tiers pour lui dire : « ça suffit », ou « tu n’es pas tout ». Et dans ce vide, l’adolescent grandit sans foi ni loi, avec une colère sourde qu’il retourne contre la société toute entière.
À l’adolescence, cette carence devient explosive. L’enfant entre dans la tempête œdipienne sans carte ni boussole. Il ne sait pas où sont les limites, ni même qu’elles existent. Alors il agit, il teste, il brûle, il casse. Il met en scène la toute-puissance qu’on n’a jamais su contrer symboliquement.
Le Dr Berger, qui travaille avec ces adolescents, parle d’enfants incapables de jouer, incapables de « faire semblant ». Ils n’ont pas de jeu symbolique, seulement des actes : voler, détruire, frapper. Ce ne sont pas des actes politiques, ce sont des jeux réels de ceux qui n’ont jamais appris à penser, ni à transformer leur agressivité en parole.
Et ce n’est pas seulement un déficit culturel ou social : c’est un effondrement psychique.
Ces adolescents sont incapables de rêver, de se projeter, de symboliser. Ils ne reconnaissent pas les émotions sur les visages, ne savent pas lire l’autre. L’empathie est absente car l’Autre ne leur a jamais été présenté comme un sujet – juste comme un obstacle ou un ennemi.
Leurs journées sont vides. Ils s’ennuient. Et dans cet ennui, l’acte vient combler le vide : casser, brûler, transgresser. Non pas pour revendiquer, mais pour exister.
Et c’est là le drame : faute de pensée, vient la violence. Faute de cadre, vient l’explosion. Faute d’amour, vient la haine.
Ce n’est pas une question de morale, ni même uniquement de politique : c’est une catastrophe éducative, affective, transgénérationnelle. On a voulu tout déconstruire, et l’on découvre aujourd’hui ce que devient une partie de la jeunesse sans construction.