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27 avril 2023

Néolibéralisme

Denis Collin

Le terme "néolibéralisme" est un des exemples typiques de la confusion qui règne dans les cervelles qui se disent de gauche. Le libéralisme est une vieille doctrine sociale et politique qui n'a pratiquement plus aucune réalité nulle part. Le préfixe "néo" fait croire à une sorte de renouveau du libéralisme. En fait, il s'agit de déplorer aujourd'hui au profit d'un hier largement mythifié. On regrette l'État du "welfare", le New Deal, le Front populaire et le programme du CNR et on croit que tout cela était bien. En fait, ce fut une phase particulière du fonctionnement du mode de production capitaliste (un mode de régulation fordiste-keynésien, disent certains économistes) qui s'est terminée quand ses effets furent épuisés (1971 pour donner une date) et les capitalistes s'engagèrent dans une autre voie, non pas d'un retour au libéralisme d'avant 1914, mais de ce que l'on pourrait appeler un "keynésianisme antisocial". Il n'y a pas moins d'intervention de l'État, au contraire même, mais ces interventions visent surtout à détruire toutes les protections sociales des travailleurs et à gonfler les profits des capitalistes qui ont fait main basse sur l'administration. Le "capitalisme vert" est un des moyens utilisés.
Le terme "néolibéralisme" permet d'éviter de désigner le problème de fond : le mode de production capitaliste. Que des gens qui se disent marxistes tombent dans ce travers est assez étonnant.
Pour conclure, on rappellera que la "concurrence libre et non faussée" fait partie du traité de Rome de 1957 ! Quelque temps plus tard, le SPD, au congrès de Bad-Godesberg répudiait le marxisme et se prononçait pour la libre concurrence et la liberté de l'entrepreneur, pour "l'économie sociale de marché", formule que la démocratie chrétienne faisait volontiers sienne. Tout cela donnait le "la" des années qui venaient.