H16
18/8/2025
Ce n’est pas parce que la France va mal que nos dirigeants devraient être anxieux.
Bien sûr, ils ont (pour certains fort confusément) compris que la situation est catastrophique, et certains se doutent que les jours de la République sont comptés mais ce n’est pas une raison pour se laisser abattre : il reste manifestement quelques mois, quelques années peut-être, pour en profiter largement.
C’est donc sans surprise qu’on a observé, cette semaine, une avalanche de nouvelles toutes aussi croustillantes les unes que les autres, montrant que la caste dirigeante a décidé d’ouvertement piller le pays sans plus aucune considération pour l’éventuel qu’en dira-t-on.
Pour certains, ce pillage n’est pas directement lié à la conjoncture, mais constitue plus une question d’habitude : entraînés dès le plus jeune âge à gaspiller, faire n’importe quoi sans jamais devoir rendre des comptes pour les erreurs commises, certains usent et abusent des institutions françaises dans une décontraction complète et ce n’est qu’à la faveur de leurs débordements les plus grossiers, impossibles à camoufler, qu’on apprend leurs frasques.
Le cas de Patrick Mignola peut servir d’exemple en la matière : le ministricule en charge des relations avec le Parlement (eh oui, ce bidule existe !) enchaîne les fêtes particulièrement bruyantes au sein de l’hôtel de Clermont dans lequel siège le ministère dont il a la charge. Bruyantes à tel point que les voisins, excédés, s’en sont ouverts à la police pour tapage nocturne, et que cette information a fini par trouver une place dans les colonnes du Canard enchaîné.
Pour le fils Mignola, bon sang ne saurait mentir : il avait amplement démontré ses capacités de branleur coûteux en plantant la société de son père, ce dernier faisant dans la faïence (celle dont on fait les carrelages que son entreprise vendait avec succès jusque dans les années 2000). De la faïence, le fils est passé à la faillite avec rapidité.
Une telle réussite méritait amplement un maroquin, n’est-ce pas ?
Quand ce n’est pas un ministère, c’est un comité, une commission ou un institut que nos élites pillent et sabotent.
Avec l’Institut National de l’Audiovisuel, le peuple français avait déjà connu le bénéfice fort douteux du passage d’Agnès Saal qui y avait détourné pour 40.000 euros de fonds public (et fut condamnée pour cela) sous forme de frais de taxi. Rassurez-vous, malgré cette probité problématique, l’énarque avait été recasée sans grand dommage pour sa carrière.
Pour l’INA, son remplacement ne se traduit pas vraiment par du mieux : à la morale discutable d’Agnès Saal succède celle, encore plus souple, de Laurent Vallet qui vient tout simplement de se faire serrer pour un achat de cocaïne, et tant qu’à faire, à un mineur. L’affaire, qui s’était déroulée en juillet, n’avait guère inquiété l’institution et son ministère de tutelle (celui de la Culture) qui n’a agi qu’une fois l’information largement relayée, plusieurs semaines plus tard, en août, par ces réseaux sociaux dont nos élites voudraient bien se débarrasser – avec ces affaires, on comprend pourquoi.
Encore une fois, rassurez-vous : une fois rapidement mis à pied, Laurent Vallet sera prestement remplacé par Agnès Chauveau, dont le calibre permet déjà de garantir que l’Institut est dans des mains d’une intégrité équivalente, puisque cette dernière avait été, on s’en rappelle, virée de Sciences Po pour plagiat.
Décidément, la constance avec laquelle, lorsqu’on gratte un peu les différentes affaires qui émaillent nos institutions, on voit dégringoler les foutriquets par grappes entières, ne cesse d’envoyer un message clair : il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, et la cooptation des parasites entre eux finit par donner un tableau d’ensemble particulièrement frappant.
Tous les postes à responsabilité sont maintenant occupés par des irresponsables, dont la caractéristique essentielle se résume à former une caste capable seulement de se tenir fermement les coudes, de former une coterie dont l’intérêt ne s’aligne absolument plus avec celui du peuple dont ils ont récupéré la charge par ruse, par tromperie ou par abus de faiblesse.
Ce n’est même plus une dérive qui ne toucherait que les sous-fifres et les hauts fonctionnaires recasés ici ou là, puisque cette semaine a aussi démontré que le quatrième personnage de la République (par rang protocolaire), à savoir la Présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, agissait avec la même morgue vis-à-vis des deniers publics que les autres tâcherons précédemment cités.
Il apparaît en effet que, selon un article du Canard enchaîné (qui semble en veine d’enquiquiner la Macronie actuellement), cette dernière aurait demandé à la garde motorisée des CRS en charge de sa protection – et de celle de sa résidence au Vésinet – de nourrir ses poules.
Bien évidemment, l’affaire éventée, la Présidente s’est rapidement fendue d’un communiqué : les poules ont démenti. Circulez (sans brigade de motards), il n’y a rien à discuter. Et même si l’on démontre ainsi que ces poules sont mieux protégées que les églises, l’arbre en mémoire d’Ilan Halimi et la flamme du soldat inconnu, Braun-Pivet en a profité pour – c’est pratique – annuler la garde de son domicile, histoire de montrer à quel point elle était rigoureuse dans l’utilisation des fonds publics.
L’Occupant Intérieur a pris ses positions. Il a construit ses lignes de défense, par la propagande non-stop, l’infiltration des médias et des université, la corruption de la justice et des institutions. Il ne refusera aucun sacrifice du Peuple, ne reculera devant aucune vilénie, devant aucune abjection si cela peut lui apporter quelques bénéfices immédiats, quelque consolidation de son pouvoir.
Cette caste est maintenant composée pour moitié de saprophytes et pour moitié de coprophages acharnés et tous semblent se repasser les postes dans une sorte de farandole répugnante où c’est à celui qui pillera le plus fort, parasitera le plus profondément et se moquera du bien public le plus visiblement possible.
Oui, la caste se porte bien, et elle vous emmerde.