Translate

11 octobre 2025

Gabriel Nerciat

ALLEGORIE NARCISSIQUE
 
 
Dans le bois pathétique où l'ombre s'accumule
Narcisse ne peut plus jouir de son reflet ;
La morgue et le dédain que son ego simule
Ne pourront plus longtemps lui fournir un délai.

Non loin de lui, tandis que le gros temps s'avance,
Saute et disparaît un piètre faune cornu.
Sa flûte inaudible que les corbeaux devancent
Ne peut restituer les airs qu'elle a connus.

Narcisse voudrait que sa mémoire stérile
Préserve le signe de son bonheur d'antan.
Mais le faune, perdu dans ses retours fébriles,
Doute de retrouver la douceur du printemps.

Sait-il seulement que Narcisse n'est qu'un vide
Qu'aucune eau n'a jamais consenti à revoir ?
Ses traits sont si fuyants que leur présence avide
Demeure hantée par le plaisir de décevoir.