Gabriel Nerciat
-9/10/2025- Non seulement les dérisoires notables socialistes à l'agonie sont bien décidés à tirer la corde des privilèges de la République jusqu'au bout, mais en plus cela ne leur suffit pas de squatter le Conseil constitutionnel, le Conseil d'État ou les directoires des chaînes publiques : il faut de surcroît qu'ils nous imposent sans vergogne leurs momies desséchées dans les cimetières officiels du régime.
D'habitude, on s'efforce, après un minimal délai de décence, de faire entrer au Panthéon des personnalités – artistiques, scientifiques ou politiques – qui sont censées faire plus ou moins l'unanimité au sein de la nation.
La règle a connu quelques exceptions, mais elles sont quand même assez rares, bien qu'on ait pris l'habitude il est vrai de faire entrer un peu n'importe qui depuis une vingtaine d'années au nom de prétextes ouvertement démagogiques (Alexandre Dumas et Joséphine Baker ont été moins célébrés pour leurs talents personnels que pour leur couleur de peau).
Rappelons tout de même que Jacques Chirac a dû renoncer à panthéoniser Hector Berlioz, le plus grand génie de la musique française, parce que certains passages de son opéra Les Troyens, inspirés de l'Enéide de Virgile, avaient été jugés trop nauséabonds pour les narines délicates de quelques clercs progressistes au cosmopolitisme effarouché.
C'est peu dire qu'aucune unanimité n'existe aujourd'hui, à peine plus d'un an après sa mort, pour légitimer la panthéonisation si rapide et si contestable de l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand.
Non seulement il n'a guère eu de mérite pour obtenir, contre l'avis d'une majorité de Français, l'abolition de la peine de mort (laquelle aurait fini par être votée quoi qu'il arrive, en France comme dans tous les pays européens), mais de plus il fut aussi le ministre de la Justice qui s'est appliqué, assez consciencieusement, avec l'aide de ses amis du Syndicat de la Magistrature, à détricoter le droit pour rendre les lois répressives de moins en moins fermement appliquées et l'autorité de l'État de plus en plus ouvertement bafouée (il n'a pas uniquement rangé la guillotine dans les pièces des musées et aboli la Cour de sûreté de l'État, mais aussi rendu impossible toute forme réelle de perpétuité pour les criminels les plus endurcis, avant que de rendre licite le recours de tout justiciable devant la CEDH pour casser les jugements rendus en France au nom du peuple français).
Le pire est qu'il n'a pas fait cela, j'en suis persuadé, par amour de la racaille ou bienveillance personnelle envers les réprouvés : ce prosateur médiocre a écrit une hagiographie de Condorcet (autre locataire détestable du Panthéon), pas de Jean Genet ou d'Auguste Blanqui.
Uniquement le besoin de combler la satisfaction morale et valorisante du grand bourgeois humaniste, heureux de démontrer à ses amis oligarques qu'il a pu imposer sa religion personnelle à un État qu'il soupçonnait d'asservir la société plus qu'il ne la protégeait.
Les avocats, à mon sens, ont bien tort de le vénérer : à cause de lui, plus aucun d'entre eux n'aura jamais à sauver la tête d'un de ses clients, ce qui était l'équivalent du baptême du feu chez les militaires.
Reste en tout cas l'essentiel : que des maires de gauche donnent son nom à des places ou des avenues si cela leur chante, pourquoi pas, mais rien ne justifie que Robert Badinter entre aujourd'hui au Panthéon.
Ce n'était pas un grand homme, et la Patrie ne lui est pas reconnaissante.