Gabriel Nerciat
31/8/2025
Finalement, c'est plutôt facile, l'art politique. Du moins a priori.
Pas la peine de lire longtemps Machiavel, Montesquieu, Thibaudet, Lefort ou Carl Schmitt.
Suffit de recouvrir toute crise de quelque importance par un unique motif qui finira par anéantir le reste, un peu comme une sonate de Chopin qui s'achèverait avec les notes obsédantes d'une symphonie de chambre de Schönberg (oui, je sais que ce n'est pas possible mais c'est une image, inspirée par celles du grand Abel Gance).
Par exemple, la crise migratoire, la crise démographique, l'effondrement du commerce extérieur, la ruine de l'agriculture et de la paysannerie, la table rase de l'Éducation nationale, la racaillisation des petites villes de province, la désindustrialisation du pays, la gabegie de l'administration, l'insécurité galopante des métropoles, l'impudence oligarchique des juridictions pénales ou constitutionnelles, l'obsolescence de l'armée française, la sous-capitalisation des entreprises rachetées par des firmes américaines ou allemandes ?
Tout cela n'existe plus.
Pourquoi ?
Mais parce que, voyons. La dette, la dette, la dette, la dette, la dette, la dette !
La dette, il n'y a que ça de vrai.
Bon, avec la menace de l'ogre russe, il est vrai. Mais c'est délicat de rappeler qu'on va encore filer plusieurs Rafale et quelques centaines de millions à une entité bolchevique en déroute quand on prétend devoir lever de toute urgence 44 milliards d'euros sur le patrimoine des contribuables et des entreprises.
Il n'y a qu'un seul problème, qui est d'exécution.
Pour bien jouer une sonate de Chopin qui se termine en symphonie de chambre de Schönberg, il faut un excellent pianiste, humble, sensible, virtuose, rapide, voire nerveux, pas trop avachi, aux doigts déliés et qui sait comment ménager l'absence des transitions.
Je crois que ce n'est pas exactement ce que nous avons aujourd'hui sous la main.
Ce n'est pas grave.
La dette, la dette, la dette, la dette, la dette, la dette, vous dis-je.