Translate

Affichage des articles dont le libellé est élections. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est élections. Afficher tous les articles

20 octobre 2025

Vers une « droitisation » des pays européens ?

H16

-20/10/2025- Si la France s’enfonce de plus en plus dans la crise politique et dans le biscornu l’inconnu, cela n’empêche pas d’autres pays de faire récemment des choix électoraux beaucoup plus clairs.

Le 4 octobre dernier se tenaient des élections législatives en République tchèque et le résultat n’a guère plu aux élites bruxelloises.


En effet, le gagnant est le parti populiste ANO, dirigé par le milliardaire Andrej Babis. C’est un parti initialement issu du centre et qui, en République tchèque, avait récupéré l’électorat du centre gauche et qui s’était assez logiquement joint au groupe européen Renew Europe (qui correspond à l’actuel groupe de Macron). Cependant, ce parti a peu à peu basculé à droite alors que se sont accumulées les divergences sur les questions d’immigration et de réglementation européennes, voire sur la question ukrainienne.

Et lors des élections du 4 octobre, il a donc gagné face à une coalition de centre droit, issue de l’ODS Parti, coalition initialement fondée et dirigée par l’ex-président libertarien Vaclav Klaus. Toutefois, ce parti et cette coalition ont progressivement pris leurs distances par rapport à ces idées fondatrices à tel point que Vaclav Klaus avait même apporté son soutien à Babis lorsque ce dernier s’était présenté pour les élections présidentielles.

Malgré tout, Babis n’a pas la majorité absolue. Il va donc devoir gouverner avec d’autres partis. Au contraire de la France où ceci se traduit par un pataquès assez phénoménal, les observateurs de la politique tchèque estiment qu’il va devoir gouverner avec le SPD qui – contrairement au parti allemand du même nom – est le parti de la droite nationaliste, mais aussi avec le parti Auto qui rejette l’écologie poussée par l’Union européenne et semble prôner le marché libre.

De façon intéressante, ce tournant électoral en Tchéquie s’ajoute à la victoire en Pologne de Nawrocki, le candidat du PiS (droite conservatrice) lors de la présidentielle en mai dernier. Une élection qui avait aussi été marquée par les bons score de la Confédération, parti nationaliste combinant libertarianisme et conservatisme.

Dans ces deux cas – Pologne et République tchèque – la victoire des droites s’explique assez bien par les difficultés économiques que rencontrent actuellement ces peuples européens suite à la crise économique, engendrée par les restrictions pandémiques et par le bourbier ukrainien. S’y ajoute aussi une perte de confiance envers les dirigeants et particulièrement ceux d’Europe de l’Ouest. Du reste, on peut raisonnablement imaginer que les situations sécuritaires en France et au Royaume-Uni ont contribué à faire élire des dirigeants sensibles à la question de la sécurité et de l’immigration en Europe centrale.


Cette dernière question a d’ailleurs eu un rôle à l’autre bout du monde, au Japon, dont le chef de gouvernement doit être prochainement désigné. Or, potentiellement, il pourrait s’agir de la première femme à ce poste dans l’Empire du Levant, Sanae Takaichi. Celle-ci est l’une des personnalités actuellement les plus à droite au Japon, et est issue de l’aile droite du parti dominant du Japon qui a connu un revers avec la percée d’un parti nationaliste anti-immigration : Sanseitō.

Ces dernières années, le Japon avait en effet quelque peu ouvert les vannes de l’immigration, ce qui, pour ce pays extrêmement fermé, restait bien évidemment fort limité comparé à ce qui s’est récemment pratiqué en Occident. Néanmoins, cela a été suffisant pour que les Japonais constatent une augmentation des incivilités et de l’insécurité pour lesquels ils n’ont aucune tolérance.

Fait intéressant, la montée des nationalistes au Japon semble être notamment due à un franc soutien de la jeunesse, ce qui est un point commun avec la Confédération polonaise et le parti Auto en République tchèque : dans ces pays, la jeunesse vote plus à droite que la droite traditionnelle qui est déjà considérée comme populiste ou conservatrice.

Japon, Tchéquie, Pologne, le discours y est globalement le même, avec un rejet clair de toute gouvernance mondiale et des élites actuelles.

Si ces trois pays semble clairement se « droitiser », ce n’est pas le cas d’autres pays européens. La Moldavie a par exemple voté officiellement pour un gouvernement centriste.


Toutefois, on devra s’interroger sur la solidité du scrutin qui y a eu lieu, et des rumeurs très insistantes d’ingérence française sur place relayées notamment par Pavel Durov, le fondateur de Telegram qui a directement expliqué avoir eu des demandes d’influences provenant du gouvernement français.

S’il est évident que tous les pays d’Europe centrale subissent des influences étrangères, s’il est aussi évident que les Russes cherchent, comme les autres, à influencer les élections, il apparaît aussi clair que l’Europe de l’Ouest cherche activement à faire de même. Plus tôt cette année, les élections en Roumanie ont été un exemple assez illustratif de cette confrontation entre des influences étrangères opposées. L’hypocrisie des médias et des politiciens de l’Ouest qui continuent de nier leurs tentatives est amusante mais ne trompe que les plus naïfs.

Cette situation ne doit pas étonner : ces (tentatives d’)influences ne peuvent qu’augmenter à mesure que les pays basculent vers une droite populiste plutôt hostile à l’interventionnisme européen actuel. Dans ce jeu géopolitique, la France va avoir de plus en plus de mal à tirer son épingle du jeu, ses problèmes internes grandissant à vue d’œil, et rendant bien vaines ses velléités d’influence.

On pourra en outre se demander si cette droitisation peut un jour parvenir à pénétrer le terreau français. La prudence est de mise : dans les trois pays évoqués, la gauche est effectivement inexistante (République tchèque, le gouvernement centriste modéré a même rendu illégale la promotion du communisme). L’opposition politique se joue en pratique entre un centre droit et une droite conservatrice. Et dans ces trois pays, l’idée de réformes économiques libérales n’est pas un tabou. Elle est même mise en avant par les politiciens.

Au passage, les trois dirigeants nouvellement élus sont assez clairement favorables à Trump ; ceci pourrait au passage compromettre la volonté des pays d’Europe de l’Ouest de se détacher des États-Unis…

À bien des égards, la situation en Europe de l’Ouest est devenue un repoussoir pour un nombre croissant de pays. L’effondrement de moins en moins lent de la France pourrait motiver d’autres pays à rejoindre ceux de l’Europe de l’Est.


https://h16free.com/2025/10/20/82204-vers-une-droitisation-des-pays-europeens