Gastel Etzwane
Le chat de Schrödinger… version russe
-15/10/2025- Il y a désormais, dans les salles de rédaction occidentales, un chat invisible mais bien vivant : le chat de Schrödinger. Ou plutôt, son cousin russe.
Un être étrange, à la fois moribond et invincible, croulant sous les sanctions et capable d’engloutir l’Europe entière avant le petit-déjeuner.
Depuis 2022, les médias nous rejouent la même comédie quantique. Un jour, la Russie est à bout de souffle : son armée recolle des chars avec des pièces de machine à laver, ses soldats tombent par millions, son économie gît à terre. Le lendemain, les mêmes experts, le même ton grave, nous expliquent que cette armée fantomatique rôde aux frontières de l’OTAN, infiltre nos réseaux, manipule nos élections, déclenche les punaises de lit à Paris et s’amuse à envoyer des drones sur les aéroports européens.
Hier, elle ne tenait plus debout. Aujourd’hui, elle menace la planète.
Un miracle de physique quantique : la Russie existe et n’existe pas, elle gagne et elle perd, elle s’effondre et elle envahit.
Et lorsqu’on voit surgir un article annonçant que des soldats « en uniforme banalisé » ont été aperçus « près d’un pays de l’OTAN », on comprend que la fiction dépasse la physique.
Personne ne sait qui ils sont, personne n’en a la preuve, mais peu importe : le récit est prêt. Le chat bouge encore, alors il faut le montrer, vivant ou mort, ça n’a plus d’importance.
Le public, lui, oscille entre la peur et la lassitude. On lui explique que Poutine va tomber, que la Russie s’effondre, mais qu’il faut tout de même acheter pour des milliards d’armes américaines et bâtir une armée européenne pour contrer ce pays exsangue.
On appelle cela la cohérence stratégique. Moi, j’y vois surtout une expérience de laboratoire à grande échelle, menée sur le cerveau collectif : tant qu’on maintient la peur, tout le monde obéit.
Le chat de Schrödinger, lui, au moins, n’avait pas demandé à servir d’alibi budgétaire.
En France, cette mécanique a trouvé son utilité : pendant qu’on tremble devant les soldats invisibles à la frontière, on oublie les vrais champs de ruines, les hôpitaux, l’école, la justice, l’économie. Et c’est peut-être cela, au fond, la plus belle réussite de la propagande moderne : faire croire qu’on nous protège du chaos, alors qu’on nous y habitue.