Fréquence Populaire
L’Argentine, nouveau protectorat américain
-27/10/2025- Sous perfusion de dollars et sous influence américaine, Javier Milei gagne les législatives. Quarante milliards de “soutien” conditionnés à sa victoire : un scrutin transformé en référendum pro-Trump. La démocratie argentine n’a plus que l’apparence du choix. Sa souveraineté est enterrée.
Vote obligatoire, abstention record, aide étrangère massive : la victoire de Milei n’est pas celle d’un peuple souverain, mais d’une tutelle financière. L’ère Monroe renaît, et Buenos Aires en devient la première colonie politique du XXIᵉ siècle.
Milei a gagné, mais à quel prix ?
Vote obligatoire, abstention record, aide étrangère massive : la victoire de Milei n’est pas celle d’un peuple souverain, mais d’une tutelle financière. L’ère Monroe renaît, et Buenos Aires en devient la première colonie politique du XXIᵉ siècle.
Une victoire en trompe-l’œil, achetée à coups de 40 milliards $ et d’ingérences assumées.
Donald Trump, Elon Musk, l’Atlantic Council : tout Washington derrière Milei. L’Argentine ne vient pas de voter, elle vient d’être achetée. La démocratie argentine, elle, ne s’en relèvera pas si facilement.
Avec ces 40 milliards $ d’aide conditionnée à la victoire de Milei, Washington transforme l’Argentine en protectorat. Le vote est obligatoire, mais la souveraineté ne l’est plus. Sous les applaudissements de l'Atlantic Council, Milei qui en a été le lauréat cette année avec Emmanuel Macron, consolide son pouvoir. Derrière le vernis libéral, une réalité brutale : l’Argentine redevient une colonie financière.
Le dimanche 26 octobre 2025, l’Argentine a organisé ses élections législatives de mi-mandat afin de renouveler la moitié de la Chambre des députés et un tiers du Sénat.
Le résultat est indéniable : le parti du président Javier Milei, La Libertad Avanza (LLA, « La Liberté Avance ») s’impose comme première force : autour de 40,6 % des voix au niveau national. En face, la coalition péroniste de l’opposition, Fuerza Patria obtient un résultats moindre, autour de 31,7 %.
Le scrutin renforce la base parlementaire de Milei : son alliance triple ses sièges dans les deux chambres.
Principales forces politiques en Argentine lors du scrutin du 26 octobre 2025
- Libertad Avanza (Milei) – 40,6 % et obtient 64 nouveaux sièges
C'est un parti libertarien / d’extrême droite, anti-establishment, volonté d'un choc économique néolibéral, privatisations généralisées, suppression de l’inflation, dollarisation avancée de l'économie argentine (et donc mise sous tutelle). Corrélation forte avec l'expérience dramatique d'Augusto Pinochet au Chili et l'intervention des « Chicago boys » de l'école néolibérale d'économie de Chicago et de Milton Friedman.
- Fuerza Patria - 31,7% et obtient 44 nouveaux sièges
Coalition peroniste traditionnelle – héritière du péronisme, populisme de centre-gauche, dont la dernière grande figure fut Cristina Fernández de Kirchner (Présidente de l'Argentine de 2007 à 2015 et Vide-Présidente de 2019 à 2023), favorable à l'État providence et des dispositifs sociaux, soutien aux plus pauvres et faibles, pro services publics, proche des BRICS qu'ils devaient rejoindre en tant que membre à part entière, avant la décision de Miléi de rompre cet accord... à la demande des USA.
- Divers partis provinciaux, fédéralistes, de gauche radicale (ex. « Frente de Izquierda ») – mais marginalisés dans le duel entre les deux premiers. :
« Provencias Unidas » : 7% et 8 sièges
« Frente de Izquierda » : 4,7 % et 3 sièges
« Fuerzas provinciales » : 4,4 % et 6 sièges
La participation fait partie des premiers signaux d’alarme : environ 67,9 % de taux de participation, soit le niveau le plus bas depuis le retour de la démocratie en 1983 pour une élection nationale ! Et... dont très peu de commentateurs ont fait état, y compris en Europe.
Il faut préciser que le vote est obligatoire en Argentine depuis de nombreuses années – ce qui rend ce taux faible d’autant plus inhabituel. Cela signifie que près de un tiers du corps électoral ne s’est pas rendu aux urnes alors que le cadre légal l’y obligeait.
Dans ce contexte, on peut d’emblée s’interroger : que vaut une « victoire » obtenue avec une participation réduite ?
Mais la critique ne doit pas s’arrêter à la seule question de la participation. Car derrière l’apparente victoire de Milei se profile une logique d’ingérence étrangère, de dépendance extérieure et une souveraineté nationale fortement remise en cause au profit des intérêts des États-Unis.
L’ingérence américaine et la « victoire » de Milei
L’un des éléments les plus frappants de cette élection est le rôle joué par les États-Unis d’Amérique : Donald Trump a autorisé un plan d’assistance financière à l’Argentine de deux fois 20 milliards de dollars, soit 40 milliards de dollars. Concrètement : une ligne d’échange (currency swap) de 20 milliards de dollars a été signée, et un second volet de 20 milliards en financement privé ou via fonds souverains est à l’étude. Son délivrement dépendait, entre autres du résultats de ces élections législatives.
Qu'est-ce qu'un currency swap ?
Un currency swap est un accord entre deux parties – souvent deux banques centrales – pour échanger une certaine quantité de devises (par exemple des dollars contre des pesos argentins dans le cas présent) afin de stabiliser la monnaie locale ou de soutenir les réserves de change.
Dans le cas de l’Argentine, il s’agit d’un accord de swap de devises avec les États-Unis (ou indirectement via la Réserve fédérale), permettant à Buenos Aires d’obtenir des dollars pour soutenir sa monnaie et financer ses importations, en échange d’engagements financiers équivalents en pesos ou en garanties futures... et donc d'inféodation encore plus importantes aux États-Unis, qui, par ce biais, « achètent » une part de la souveraineté de l'Argentine.
Cette injection massive survient alors que l’économie argentine est en crise grave : inflation galopante, dette étrangère élevée, réserves de change faibles, etc.
Le soutien financier américain est colossal en proportion du budget de l'Argentine.
Les recettes totales de l'État argentin s'élevaient en 2023 à 123,90 milliards de $, soit environ 17,9 % du produit intérieur brut (PIB). Dès lors, 40 milliards de dollars représentent une proportion considérable du budget national argentin, un tiers, ce qui met son économie sous perfusion, de facto, des États-Unis.
Par comparaison, si l’on appliquait cette logique à la France voilà ce que cela donnerait : les recettes nettes du budget général de l’État s’élèvent à 308 milliards d'Euros, si les États-Unis nous aidaient à hauteur de l'Argentine soit untiers de ces recettes, c'est comme si nous recevions 100 milliards pour appuyer un candidat pro-américain. Rapporté aux difficultés budgétaires de la France, ce serait un bon ballon d'oxygène et cela souligne l’ampleur de l’ingérence qui se joue à Buenos Aires.
Cela paraîtrait aussi absurde et inacceptable - comme le fait que notre Président en exercice reçoive lui aussi le Global Citizen Award de l'Atlantic Council.
Autre détail hautement significatif : lors d’une réunion à la Maison-Blanche avec Milei, Donald Trump avait déclaré que « si Milei ne gagne pas », alors « il n’y aura plus d’aide pour l’Argentine ». Autrement dit : l’aide est conditionnée à la victoire électorale de Milei. Cela n’est plus simplement du « soft power », mais bien de la logique de « financement externe mis au service du succès d’un candidat » – ce qui, dans nombre de démocraties, serait qualifié d’ingérence insupportable et qui fort logiquement a dû motiver bon nombre d'électeurs argentins tétanisés par le risque d'une nouvelle crise financière catastrophique.
À cela s’ajoutent d’autres vecteurs d’intervention : les réseaux sociaux américains (X, Facebook) ont joué à plein la carte Milei - Elon Musk était allé plusieurs fois directement soutenir Milei, recevant de ses mains une tronçonneuse d'honneur alors qu'il s'occupait du DOGE (Department of Government Efficiency - « département de l'Efficacité gouvernementale ») et coupait dans les dépenses publiques américaine (avec un faible succès et beaucoup de coupes absurdes).
Dans ce genre de situation, il faut imaginer les évènements en images miroirs : que dirait-on si Pavel Durov, patron de Telegram, menait une campagne clairement en soutien d'un candidat pro-russe et venait officiellement recevoir un cadeau symbolique de « son » candidat, c'est-à-dire du candidat du Kremlin ? Evidemment tous nos médias hurleraient à l'ingérence insupportable.
On peut se référer au cas de l'élection présidentielle en Roumanie, invalidée pour ingérence étrangère supposée (russe) à travers le réseau social TikTok, alors même que la preuve n'en a pas été réellement établie. Mais dans le cas de l'Argentine c'est à visage découvert sans que cela provoque une levée de bouclier médiatique. On se demande pourquoi...
On note également la sur-présence de lobbyistes ou parlementaires américains en tous genres et à tous les niveaux de la société américaine.
On ne sait pas encore quel a été le rôle de la Nation Endowment for Democracy (NED), mais il très certainement été majeur, ainsi que l'indiquent plusieurs observateurs locaux - ce ne serait pas une première en Amérique Latine, pas plus que l'implication de la CIA.
C'est quoi la National Endowment for Democracy (NED) ?
La NED – en français Fondation nationale pour la démocratie – est une organisation américaine « à but non lucratif » créée en 1983 sous la présidence de Ronald Reagan.
Officiellement, elle a pour mission de promouvoir la démocratie dans le monde.
Mais en réalité, son rôle et ses financements en font un instrument d’influence politique et géopolitique des États-Unis, souvent décrit comme le bras civil de la CIA.
Objectifs officiels et réalités :
“Promouvoir la démocratie, les droits humains et la société civile dans les pays autoritaires ou en transition.” - c'est beau comme l'antique.
Mais derrière cette rhétorique, ses actions consistent souvent à financer, former et conseiller des mouvements, ONG, médias ou partis politiques alignés sur les intérêts américains – notamment dans les pays du Sud global ou les zones d’influence de la Russie et de la Chine.
- De nombreux chercheurs et journalistes (notamment William Blum, John Pilger, Noam Chomsky) ont montré que la NED a repris les missions d’ingérence politique autrefois confiées à la CIA, mais sous une façade « publique et morale ».
- La NED est accusée d’avoir soutenu ou influencé des mouvements de renversement de régimes, dont elle s'est plusieurs fois vanté :
> le Nicaragua.
> la Serbie : création et soutien à « Otpor! », qui a renversé Milosevic, première révolution de couleur.
> la Géorgie : « Révolution des Roses » en 2003.
> l’Ukraine : « Révolutions orange » en 2004 et Maïdan en 2014.
(dans les deux derniers pays cités, Raphaël Glucksmann a participé dans une logique toute NED, mais ce sera un prochain article de Fréquence populaire).
> Hong Kong, Venezuela, Biélorussie, et récemment Cuba.
Son ancien président, Allen Weinstein, avait d’ailleurs reconnu dès 1991 : « Beaucoup de ce que nous faisons aujourd’hui ouvertement était fait secrètement par la CIA il y a 25 ans. » - Sans commentaire...
Structure et financement :
- La NED est financée presque entièrement par le Congrès américain, via le budget du Département d’État (donc de l’argent public).
- Son conseil d’administration comprend des représentants des deux grands partis américains (Républicains et Démocrates), d’anciens diplomates, des militaires, des patrons de médias et des dirigeants d’entreprises.
- Son conseil d’administration comprend des représentants des deux grands partis américains (Républicains et Démocrates), d’anciens diplomates, des militaires, des patrons de médias et des dirigeants d’entreprises.
- Elle redistribue ses fonds à quatre “branches” principales :
1) NDI – National Democratic Institute (proche du Parti démocrate).
2) IRI – International Republican Institute (proche du Parti républicain).
3) Center for International Private Enterprise (CIPE) – lié à la Chambre de commerce américaine.
4) Solidarity Center – proche de la centrale syndicale américaine AFL-CIO.
Bref... pour influencer la gauche, la droite, le patronat et les syndicats dans le monde entier. L'affaire est bien rodée.
La NED est un instrument d’influence extérieure des États-Unis, qui finance des acteurs politiques, médiatiques et associatifs à l’étranger sous couvert de « promotion démocratique ».
Elle illustre parfaitement la stratégie américaine d’ingérence douce (soft power), habillée d’un discours moral mais poursuivant des objectifs géopolitiques très concrets : affaiblir les gouvernements non alignés, renforcer les élites pro-occidentales et contenir les influences russe ou chinoise.
Enfin, Milei a reçu le 24 septembre 2025 le « Global Citizen Award » du Atlantic Council – un des think-tanks d’influence américaine les plus puissants dans le domaine de l’influence globale. Ce type de reconnaissance internationale contribue symboliquement à légitimer l’axe Milei–Washington, renforçant l’idée que l’Argentine entre dans une logique de protectorat, ou du moins de quasi-vassalité.
Pourquoi cette élection « ne vaut rien » au regard de la légitimité
Sur la base de ces éléments, on peut poser la thèse suivante : oui, Milei a formellement gagné les élections législatives en Argentine — mais non, sa victoire ne peut être interprétée comme l’affirmation limpide d’une souveraineté populaire libre et autonome. Plusieurs raisons :
- Participation affaiblie – Le taux (~67,9 %) est historiquement bas pour une élection nationale avec vote obligatoire. Cela affaiblit la représentation démocratique et soulève la question de savoir si le corps électoral a massivement adhéré ou simplement ployé sous des contraintes économiques.
- Soutien extérieur massif et conditionnel – Lorsque l’aide d’un pays tiers (ici les États-Unis, première superpuissance mondiale) est conditionnée à la victoire d’un candidat ou d’une force politique, cela transforme l’élection en instrument géopolitique, plutôt qu’en expression libre de la volonté nationale.
- Crise économique extrême – L’Argentine traverse une situation économique catastrophique. Une économie en détresse rend l’électorat vulnérable, les choix plus dictés par la contrainte et/ou le financement extérieur que par la conviction politique. Dans ce contexte, un soutien financier extérieur massif peut peser d’un poids déterminant.
- Affaiblissement de la souveraineté – En acceptant ce type d’assistance, et en s’alignant sur les priorités géopolitiques de Washington (blocage de l’influence chinoise en Amérique latine, contrôle des ressources, etc.), l’Argentine s’engage dans une trajectoire qui rappelle certaines heures sombres de l’histoire latino-américaine, comme l'époque de l’Opération Condor;
Pour les États-Unis, c'est au minimum la réactivation sans scrupules de la « doctrine Monroe ».
En un mot : la «victoire» de Milei est certes incontestable sur le plan quantitatif, mais sa légitimité qualitative, en termes de souveraineté populaire autonome, est sérieusement entamée.
Un petit crochet sarcastique
Imaginons un instant la scène suivante : la Russie finance à hauteur de 40 milliards de dollars le candidat d’un pays tiers, et déclare que « nous couperons toute aide si notre candidat ne gagne pas ». Et cela, dans un pays en crise économique grave, fortement dépendant de cette aide extérieure. Ne parlerions-nous pas tous d’ingérence politique majeure, de mise sous tutelle, de manipulation électorale flagrante ? On dénoncerait massivement l’atteinte à la souveraineté et à la démocratie.
Et pourtant, dans le cas argentin, cette double condition (soutien + condition « victoire ou rien ») semble être à l’œuvre, sans que la communauté internationale occidentale n’ait élevé le même niveau de protestation.
Ainsi, la victoire de Javier Milei aux élections législatives argentines comporte bien un double visage : celui d’un triomphe politique apparent, mais aussi celui d’une capitulation tacite de la souveraineté nationale au profit des intérêts géopolitiques américains et au prix d'un asservissement financier.
Le vote obligatoire, un taux de participation faible, l’intervention étasunienne massive et conditionnelle, la reconnaissance internationale par un think-tank de Washington : tous ces éléments combinés soulèvent la question : l’Argentine vient-elle de renouveler librement sa représentation parlementaire, ou bien de confirmer une nouvelle phase de dépendance exogène ? Difficile de parler ici de « souveraineté retrouvée ». L’Argentine semble reculer, se prêter à un format de protectorat moderne, et perdre un peu – peut-être beaucoup – de son indépendance politique.
À ce titre, cette « élection » vaut moins qu’il n’y paraît, et mérite d’être analysée non pas comme un triomphe démocratique, mais comme un ajustement du pays à d'un nouveau système de domination des Etats-Unis sur le continent Sud-Américain.
L'Opération Condor, c'est quoi ?
L’Opération Condor (Operación Cóndor en espagnol) fut une campagne de coordination politico-militaire secrète, mise en place dans les années 1970 en Amérique du Sud, sous impulsion et supervision des États-Unis.
Son objectif : éliminer les opposants politiques (réels ou supposés) aux dictatures militaires alliées de Washington dans la région. C'était un système de répression globalisé.
L'Opération Condor fut lancée officiellement en 1975 à Santiago du Chili, sous la direction du général Manuel Contreras, chef de la DINA (la police politique de Pinochet), donc après le coup d'État du 11 septembre 1973 fomenté et soutenu logistiquement, techniquement et financièrement par la CIA et d’autres agences américaines.
Cette opération avait été inspirée de la doctrine de sécurité nationale développée dans le cadre de la guerre froide, qui assimilait tout mouvement de gauche, socialiste ou syndical à une menace communiste - on peut se demander si avec le développement des BRICS, les États-Unis ne replongent pas dans leurs anciens travers.
Les principales dictatures d’Amérique du Sud y ont participé à l'Opération Condor :
- Le Chili de Pinochet.
- l'Argentine de la junte militaire de Videla.
- L'Uruguay.
- Le Paraguay.
- La Bolivie.
- Le Brésil.
- Le Pérou.
- L'Equateur.
Quels étaient les objectifs de l'Opération Condor ?
- Identifier, traquer et éliminer les militants, intellectuels, syndicalistes, journalistes ou opposants politiques exilés d’un pays à l’autre.
- Mettre en place un réseau transnational d’espionnage, d’enlèvements et d’assassinats.
- Créer une base de données commune sur les « ennemis intérieurs ».
- En définitive : défendre d'abord les intérêts géopolitiques américains et faire appliquer la doctrine Monroe se manière stricte.
- La doctrine Monroe (1823) affirme que toute intervention européenne dans les affaires du continent américain sera considérée comme une menace pour les États-Unis, posant ainsi le principe : « L’Amérique aux Américains » — c’est-à-dire, aux États-Unis.
Moyens et méthodes :
- Enlèvements d’exilés politiques dans des pays voisins.
- Transferts clandestins (“extraordinary renditions”) d’opposants d’un pays à l’autre.
- Torture systématique et exécutions extrajudiciaires.
- Opérations conjointes menées par les services secrets des différents États sous supervision américaine.
- Formation des « élites » des dictatures (militaires, police politique) à « l'Ecole des Amériques » (dite « école des dictateurs ») : c'était un centre de formation militaire américain créé en 1946 au Panama pour former les officiers d’Amérique latine aux techniques de contre-insurrection, la torture, l'assassinat et la répression politique.
- l’École des Amériques a été fermée au Panama en 1984 et déplacée aux États-Unis, sur la base de Fort Benning (Géorgie), où elle a rouvert sous un nouveau nom en 2001 : Western Hemisphere Institute for Security Cooperation (WHINSEC), en 2001.
Malgré ce changement de nom, les critiques persistent : « l'école » poursuit les mêmes missions d’ingérence et de formation idéologique pro-américaine auprès des officiers latino-américains.
- Les archives déclassifiées montrent que le Secrétaire d’État Henry Kissinger était informé de l’existence de l'Opération Condor et n’a rien fait pour l’arrêter, au contraire, il en a été un des instigateurs.
- La CIA, le FBI et le Pentagone ont fourni des moyens logistiques, de communication, des formations et du renseignement aux dictatures.
Bilan humain de l'Opération Condor :
On estime que plus de 60 000 personnes ont été assassinées, torturées ou portées « disparues » dans le cadre direct ou indirect de l’Opération Condor.
En Argentine seule, la dictature (1976-1983) fit environ 30 000 disparus.
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