-14/8/2025- Les chiffres récemment publiés par l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) sont sans appel : la fréquentation des restaurants a chuté de 15 à 20 % en moyenne au niveau national, avec des pointes à -30 % dans certaines régions touristiques. Ce ne sont pas des “jérémiades de restaurateurs” comme les réseaux sociaux ont aimé à le prétendre mais des données consolidées issues des systèmes de caisse et de facturation, recoupées par plusieurs fédérations professionnelles.
Dans mon propre groupe, j’ai pris la décision de mettre fin à notre branche “divertissement immersif” : huit centres de réalité virtuelle en propre, huit autres sous licence de marque. Le constat est brutal : effondrement de la fréquentation depuis le printemps, particulièrement sur le segment entreprises (team-building, événements). Les prestataires de billetterie nous confirment que l’ensemble du secteur des loisirs est en crise : escape games, bowlings, parcs de trampolines… on parle de -30 % de revenus en moyenne sur les derniers mois.
Ce que disent vraiment ces chiffres :
Les Français ne sont pas devenus subitement hostiles aux loisirs ou à la restauration : ils anticipent. Ils voient arriver une détérioration économique majeure et, surtout, une hausse de la pression fiscale. Depuis des mois, le gouvernement prépare les esprits à un “resserrement budgétaire” – un euphémisme pour augmentation d’impôts. Résultat : les ménages coupent dans les dépenses discrétionnaires (sorties, vacances, loisirs) pour préserver leur trésorerie.
C’est un effet bien documenté par la théorie des anticipations rationnelles en économie : annoncez des temps difficiles, et les acteurs économiques s’ajustent immédiatement, réduisant leur consommation et leur investissement. Si les annonces sont suivies d’actions crédibles, la confiance peut se restaurer. Si elles restent lettres mortes, on obtient le pire des deux mondes : contraction de l’économie + maintien des déséquilibres.
François Bayrou s’apprête à tomber dans un piège prévisible, révélateur de l’inculture économique qui gangrène notre classe politique. Il annonce la couleur : “il va falloir se serrer la ceinture”, mais ne met en place aucune mesure structurelle immédiate. Sans même passer par un vote parlementaire, il pourrait :
• Geler immédiatement les recrutements dans la fonction publique (hors secteurs régaliens et urgences hospitalières).• Supprimer discrètement les agences et commissions redondantes : la Cour des comptes a recensé plus de 600 structures administratives à l’utilité discutable.
• Cibler les subventions non stratégiques (plusieurs milliards d’euros annuels selon la DGFiP).
Ces mesures ne demandent pas de loi, simplement du courage politique. Mais à la place, on agite la menace d’un serrage de vis fiscal sans réformes réelles. Résultat : double peine. Les ménages et les entreprises réduisent leurs dépenses par anticipation. Les dépenses publiques ne baissent pas : le déficit risque de se creuser mécaniquement, du fait de recettes fiscales en baisse.
Quand une organisation – entreprise ou État – va droit dans le mur, il faut agir vite et fort. Dans ma vie de chef d’entreprise, j’ai dû restructurer : réduction d’effectifs, fermetures d'activités, renégociation de contrats… Ce n’est jamais agréable, mais c’est la seule voie vers le redressement. Javier Milei, en Argentine, a appliqué ce principe sans fard dans un contexte public : réduction immédiate des dépenses, coupes massives dans l’administration, suppression des postes inutiles. Les résultats commencent à apparaître dans ses comptes publics. La croissance économique est désormais vigoureuse, la pauvreté en chute libre.
Bayrou, lui, choisit la méthode inverse : annoncer la rigueur pour demain, tout en perpétuant la gabegie aujourd’hui. Ce n’est pas de la gestion ; c’est une garantie d’échec. Et pas un échec mou : un échec qui pourrait précipiter la France dans une récession majeure, avec un déficit public qui franchira à nouveau des records historiques.