Gastel Etzwane
-12/11/2025- Le diagnostic économique de Paris n’est plus à établir : la capitale s’étiole. Près de 11 % des commerces sont désormais vacants, 1 447 établissements en redressement ou liquidation, et le taux d’emploi s’est figé pour la première fois depuis des décennies. Les chiffres traduisent une réalité brûlante : la capitale française n’est plus protégée.
Mais les causes de cette dépression ne tiennent pas seulement à la conjoncture. Elles sont structurelles. Le télétravail a vidé les bureaux, les « circuits alternatifs » ont capté la clientèle urbaine, et le tourisme, encore présent, dépense moins (659 euros en 2024 contre 854 euros en 2014). Pourtant, le véritable tournant remonte à la période du Covid.
Les aides massives accordées par l’État et la municipalité, présentées comme un bouclier, se sont révélées être un piège à retardement. En maintenant artificiellement en vie des commerces déjà fragiles, elles ont retardé les faillites au lieu de les prévenir. L’autorisation temporaire d’occuper l’espace public, les exonérations et les subventions d’urgence ont créé l’illusion d’une résilience. Mais, une fois retirées, les charges, les loyers, les impôts et la concurrence numérique ont repris leurs droits, avec une brutalité d’autant plus grande que beaucoup d’établissements s’étaient endettés pour « tenir ».
Au fond, Paris paye le prix d’un modèle économique devenu intenable : hyper-centralisation, explosion du coût du foncier, dépendance au tourisme international, et fiscalité asphyxiante. Les commerces indépendants, piliers du tissu urbain, se dissolvent dans un paysage dominé par les franchises, les dark kitchen et le e-commerce.
Ainsi, derrière les vitrines fermées du boulevard Saint-Michel, c’est moins la crise d’un secteur que celle d’un système qu’on aperçoit : celui d’une capitale qui, à force de subventions, de normes et de dépendance, a fini par perdre sa respiration naturelle.
