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6 novembre 2025

Régis de Castelnau

Rubrique : connerie

Une nouvelle preuve qu’on ne fait pas de politique par juge interposé. Quel besoin y avait-il de poursuivre ce clochard intellectuel d’Enthoven pour « injure publique » ? Sinon de prendre le risque de la défaite judiciaire et de s’infliger le triomphe jubilant des souteneurs du génocide.
Et qu’aurait rapporté la condamnation d’Enthoven à 100 balles d’amende avec sursis ? Quel besoin d’une confirmation judiciaire de la bassesse infinie de ce type ?
« Ces propos n'ont pas excédé les limites admissibles de la liberté d'expression » dit le jugement.
En plus maintenant les imbéciles qui n’y comprennent rien vont dire que le tribunal a décidé que LFI était « passionnément antisémite ». Bien joué.
Le combat politique ne se mène pas dans le prétoire. Ce n’est pas sa place.
Qui a eu cette idée à la con ?

Gastel Etzwane

- 6/11/2025 - Ce qui frappe ici, c’est cette capacité très belge à pousser l’absurde jusqu’à la perfection administrative.
Interdire les drones non autorisés… c’est interdire ce qui est déjà interdit.
C’est l’interdiction de l’interdiction.
Une sorte d’interdit exponentiel.
On ne modifie rien au réel, mais on le réaffirme avec une emphase majestueuse, comme si l’empilement réglementaire suffisait à produire de l’efficacité.
Il y a dans cette démarche quelque chose de presque poétique dans l’absurdité : on pense résoudre un problème en proclamant qu’il est encore plus interdit qu’avant.
Mais interdire au carré ne rend pas la chose moins pratiquée ; cela ne transforme pas un pilote de drone clandestin en citoyen obéissant par miracle linguistique.
La Belgique, parfois, nous devance.
Là où la France excelle souvent dans le règlement stérile, nos voisins savent transcender la vacuité en la portant au rang d’innovation politique.
C’est un beau cas d’école : le symbole l’emporte sur l’effet.
Et l’absurdité devient produit politique revendiqué.
Jean-Luc Crucke est membre du gouvernement fédéral belge, et cette annonce concernant l’interdiction des drones non autorisés sur zones sensibles a été rendue publique début novembre 2025.

MAMDANI OU LE PETIT REMPLACEMENT

Gabriel Nerciat

- 6/11/2025 - Il faudrait peut-être un Renaud Camus de gauche (si cela existe quelque part) pour décrire et analyser le "petit remplacement" qui est en train de se jouer depuis quelques années au sein des gauches urbaines occidentales, sans doute accéléré par les exploits meurtriers de Netanyahou à Gaza, et que l'élection triomphale de Zohran Mamdani à la mairie de New-York avant-hier illustre de façon si emblématique – étant donné le rôle que joue New-York depuis un siècle dans l'histoire et la conscience du judaïsme occidental.
La remplacée du moment – la gauche libérale, universaliste, néo-kantienne, anticléricale, en France vieille-républicaine tendance Gambetta ou Clemenceau, anticommuniste, souvent affiliée à la franc-maçonnerie irrégulière et pendant longtemps admiratrice de l'œuvre coloniale française et britannique au-delà des mers – ne comprend pas exactement ce qui lui arrive.
Sur les deux rives de l'Atlantique, leurs enfants (y compris ceux de confession juive : ils sont 35% à avoir voté Mamdani à New-York) les renient ou les délaissent pour leur exact opposé : de nouvelles élites décoloniales, anti-occidentales, antisionistes, farouchement égalitaristes, mais surtout porteuses d'un cosmopolitisme nouveau où la juxtaposition des diasporas globalisées et l'affirmation de communautarismes ethniques ou confessionnels décomplexés se conjuguent avec un regard de plus en plus critique à l'encontre de leurs nations d'origine.
Il me semble évident que le nouveau maire de New-York n'a rien du djihadiste antisémite dissimulé que tous les crétins droitards en berne, les bêtes à cornes du sionisme parisien et les chroniqueurs pavloviens de CNews présentent à jet continu depuis 48 heures.
C'est un jeune et habile communiquant musulman d'origine indienne et de confession chiite, fils de la haute bourgeoisie diplômée new-yorkaise allogène, né en Afrique, et qui sait admirablement parler aux populations déracinées et déclassées des grandes métropoles de la mondialisation dont il est à la fois le contemporain et le produit.
Sans doute a-t-il, comme Mélenchon en France, quelques influenceurs fréristes dans son entourage, mais seuls les laïcards déboussolés des vieux banquets rad-soc n'ont pas encore compris que les Frères musulmans (qui dans le monde arabe sont les rivaux directs du wahhabisme et du salafisme révolutionnaire) se plient admirablement aux normes hyper-individualistes et relativistes de l'état de droit occidental contemporain.
Pour les nouvelles gauches modernes et libérales, ce n'est pas d'eux que viendra jamais le danger : les États-Unis ne sont pas l'Iran des années 1970 ou l'Egypte du début de ce siècle. Ceux qui le pensent ne font qu'étaler complaisamment leur bêtise digne de Monsieur Homais ou de Charlie Hebdo.
Au demeurant, si l'islam sunnite avait en horreur le commerce et le capitalisme (Mahomet était marchand caravanier), Dubaï et Doha n'auraient sûrement pas la forme qu'elles ont.
Quant aux jeunes élites juives citadines occidentales, elles réaffirment, contre leurs parents, leur attachement au modèle diasporique qui a fait l'unicité et la pérennité du judaïsme européen, et qui survivra, fort heureusement, à la honte du sionisme israélien. Elles savent que c'est le prix à payer pour demeurer au cœur de la globalisation, et elles le feront, comme Spinoza ou George Steiner avant elles, sans le moindre sentiment de culpabilité.
Tout cela évidemment ne ferait sûrement pas plaisir à Condorcet ou à Jaurès, encore moins à Martin Luther King ou à Ralph Waldo Emerson, mais c'est ainsi que va le monde.
Les droitards sont bien sots de geindre (mais y a-t-il jamais eu des droitards vraiment intelligents ?), à moins qu'ils ne pressentent sourdement qu'ils vont finir par être remplacés eux aussi, par contagion (comme les néo-cons du parti républicain ont été remplacés d'un coup d'un seul par les MAGA du trumpisme).
Ces évolutions sont à l'unisson de la mondialisation finissante. Quand il pleut et qu'il fait chaud, ce sont les jungles qui prolifèrent, pas les bocages normands ou les tulipes de Hollande.
C'est assez savoureux finalement, d'entendre désormais les derniers caciques de la gauche modérée, semblables à des momies mal réfrigérées, venir nous expliquer que oui, ma bonne dame, c'était vraiment beaucoup mieux avant.
Ils vont enfin déguerpir, et pour ma part je ne les regretterai pas.

Christian Dubuis Santini

- 6/11/2025 - Au mépris de la loi et de la médecine, les députés ont voté l’obligation vaccinale. Le vaccin contre la grippe a une efficacité négative. Cela signifie que les vaccinés ont plus de risque de tomber malades que les non vaccinés.
Voici le lien vers l'étude ad hoc : clinic.medRxiv

Hortense Chauvin / Reporterre
6/11/2025

Gendarmes violents à Sainte-Soline : « On est effarés par la jouissance qu’ils semblent ressentir »

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Les vidéos des caméras-piétons des gendarmes sur la manifestation de Sainte-Soline montrent une « violence extrême », dit Hélène, membre d’un collectif de manifestants. Ils « sentent qu’ils ne risquent pas grand-chose ».

Dans une enquête publiée le 5 novembre, Mediapart et Libération révèlent le contenu des enregistrements des caméras-piétons des gendarmes déployés pour réprimer la manifestation de Sainte-Soline, en mars 2023. L’opération avait fait 200 blessés (dont 40 graves) parmi les manifestants, présents pour dénoncer la construction d’une mégabassine dans les Deux-Sèvres.

Les dizaines d’heures d’images analysées par Mediapart et Libération montrent que les gendarmes ont multiplié les « tirs tendus » de grenades, une technique interdite car potentiellement létale. On y entend également les gendarmes traiter de « pue-la-pisse » les manifestants, qualifier de « vrai kiff » le fait d’en avoir éborgné, décrire cet affrontement sanglant comme un « Nirvana » « magnifique » et « attend[u] depuis dix ans »...

Reporterre s’est entretenu avec Hélène, une des 73 membres d’un collectif de manifestants de Sainte-Soline ayant saisi la Défenseure des droits.

Quelle est votre réaction aux vidéos révélées par « Libération » et « Mediapart » ?

Nous avons été effarés par la violence extrême et décomplexée des gendarmes, et par la jouissance qu’ils semblent ressentir en en faisant usage. Les vidéos montrent qu’ils ont effectué des tirs tendus de grenades de manière systématique, à la demande de leur hiérarchie. Il ne s’agit pas du tout d’actes isolés, commis par erreur. Ces vidéos confirment ce que nous disons depuis le début : la violence était du côté de la gendarmerie.

Dans les vidéos, les gendarmes cachent parfois leurs caméras. On voit malgré tout qu’ils sont à peu près certains de ne pas être poursuivis. On en entend un faire de l’humour avec son supérieur au sujet des tirs illégaux qu’il vient d’effectuer, et qui ont touché quelqu’un en pleine tête. Il ironise sur le fait qu’il n’avait pas le choix, qu’il avait dû s’adapter au vent… Son superviseur lui répond qu’il pourra témoigner en sa faveur en riant.

« Résidus de capote », « pue-la-pisse », « illuminé » : on entend les gendarmes utiliser des termes extrêmement dégradants pour vous qualifier…

Sur le coup, nous avions déjà senti que nous n’étions plus considérés comme des êtres humains. L’entendre aussi crûment, c’est bouleversant, parce qu’on sait quelles ont été les conséquences de cette déshumanisation.

À un moment, l’un d’entre eux dit : « Faut qu’on les tue » ; un autre qu’il faut nous « massacrer ». Il y a un contraste immense entre la légèreté avec laquelle ces mots sont prononcés, et leurs effets dans le réel. Des manifestants ont failli être tués. La vie de beaucoup d’entre eux a été fracassée. Des chairs ont été arrachées, des projectiles retrouvés à l’intérieur de corps. Certains manifestants ont toujours des séquelles de cette journée, et en auront toute leur vie.

« L’un d’entre eux dit : “Faut qu’on les tue” »

Il y a aussi beaucoup d’insultes sexistes et homophobes : « fils de pute », « enculé »… La gendarmerie est une institution très masculine. Il faut s’interroger sur la manière dont elle peut produire ce genre de comportement, que ce soit par le recrutement ou la formation. On voit bien, dans les vidéos, que ces comportements sont tolérés, voire encouragés par la hiérarchie. Il n’est jamais dit, à aucun moment, que s’exprimer de cette façon pose problème.

Qu’est-ce que ces images disent de l’institution policière et de la manière dont elle perçoit les militants écologistes ?

Je crois que cela montre que les forces de l’ordre ne sont pas faites pour protéger la population, contrairement à l’idée que l’on peut en avoir. Elles sont faites pour protéger des intérêts, en l’occurrence privés, puisque la mégabassine n’était pas construite par l’État.

Les forces de l’ordre n’ont pas du tout agi dans l’intérêt général. Un tel mépris à l’égard d’une partie de la population pose également un problème démocratique. Ces vidéos donnent l’impression que nous n’existons pas, à leurs yeux, en tant que citoyens et citoyennes ; que notre parole n’a pas à être entendue, puisque nous serions des « fils de pute », des « chiens ». La contestation n’est pas tolérée. Nous sommes réduits à des ennemis, à des adversaires, qui doivent être punis suffisamment fort pour ne plus jamais avoir envie de revenir manifester.

La mobilisation de Sainte-Soline a été exceptionnelle en nombre de grenades lancées, mais il faut rappeler que la violence de la police n’est pas exceptionnelle. Dans les quartiers populaires, elle s’exerce depuis de nombreuses années. La plupart des personnes qui meurent de crimes policiers sont des personnes racisées.

Les militants écologistes sont-ils devenus une cible de choix pour les forces de l’État ?

Cette violence et ces insultes ne viennent pas de nulle part. Elles sont en lien avec un discours gouvernemental qui a infusé au sein des forces de l’ordre. [Le ministre de l’Intérieur de l’époque] Gérald Darmanin a construit une figure de l’écolo comme ennemi, en disant avant la manifestation qu’il fallait s’attendre à une très grande violence, que les personnes présentes voulaient tuer les gendarmes et les institutions… Après coup, il a qualifié les manifestants d’« écoterroristes ».

« Darmanin a construit une figure de l’écolo comme ennemi »

Globalement, les militants écologistes sont de plus en plus réprimés. Pas seulement par la police, mais aussi par la justice, avec des peines de prison prononcées pour de la désobéissance civile, ou pour des dégradations assez mineures. Le macronisme entraîne le pays dans une dérive antidémocratique. La contestation ne semble plus tolérée. Tout ce qui ne veut pas rentrer dans le rang est considéré illégitime et criminalisé.

Craignez-vous qu’une éventuelle arrivée de l’extrême droite au pouvoir, en 2027, libère d’autant plus la violence policière qui s’exprime de manière manifeste dans ces vidéos ?

On voit déjà, dans ces vidéos, que les gendarmes ont le sentiment de ne pas risquer grand-chose. Avec l’extrême droite au pouvoir, ils se sentiraient d’autant plus légitimes.

Que faudrait-il faire pour réformer la police, éviter que ce genre de situation se reproduise ?

Certaines armes devraient clairement être interdites, notamment les LBD [lanceurs de balles de défense], comme le recommande d’ailleurs la Défenseure des droits. Idem pour les grenades GM2L, qui blessent beaucoup trop gravement. Les grenades lacrymogènes, en tir tendu, peuvent également tuer. En France, la police est surarmée, ce qui n’est pas forcément le cas dans d’autres pays.

En ce qui concerne Sainte-Soline, et les mégabassines en général, le problème est aussi politique. Les choses auraient pu être faites autrement, sans passer par un dispositif de maintien de l’ordre extrêmement violent. Si on nous avait laissé accéder à la bassine, par exemple, il ne se serait pas passé grand-chose. Il ne pouvait pas y avoir de dégradation. Notre présence aurait été symbolique.

Il était également possible de faire un moratoire sur les mégabassines, ou simplement d’essayer de rétablir le dialogue plutôt que de passer en force, ce qui ne peut qu’engendrer de la violence.

Je soutiens Reporterre

5 novembre 2025

Dessin d'Ignace
Natalia Routkevitch


- 5/11/2025 - En lisant ce matin les commentaires extatiques devant ce "souffle d’air frais", ce « formidable coup de jeune », cette "vague de lumière et d’espoir", cette "étincelle de renouveau" - je me suis rappelée une réflexion de David Graeber, qui nous a quittés il y a déjà cinq ans, et qui avait pertinemment analysé la façon américaine d’usurper certains rôles, comme celui du « phare des démocraties » (pour un pays extrêmement inégalitaire dont la Constitution originelle ne mentionne pas la démocratie et dont tout le système est fait pour empêcher la démocratie et perpétuer les inégalités, c’est quand même fortiche), mais aussi celui d’avant-garde de l’humanité. J’ai retrouvé l’extrait en question, le voici :
"Pendant des décennies, l'Amérique s’est engagée dans une bataille pour incarner l’avenir. Cela est vrai depuis la Guerre froide, et probablement même avant, car dès le XIXᵉ siècle, les États-Unis se présentaient déjà comme une société nouvelle, née sur une toile vierge. Bien sûr, cette toile n’était vierge qu’en apparence : elle avait été vidée de ses habitants d'origine, exterminés. Mais l’idée de l’Amérique comme figure du futur était bien ancrée déjà à cette époque.
Tocqueville affirmait que deux visions du futur s’affronteraient au XXᵉ siècle : celle de la liberté, incarnée par l’Amérique, et celle de l’autorité, incarnée par la Russie - deux nations encore en pleine conquête territoriale à l’époque. Après la Seconde Guerre mondiale, cet affrontement devint explicitement idéologique, et c’est pourquoi il était si crucial pour les États-Unis de remporter la course à l’espace : il s’agissait de s’approprier le symbole même du futur. Pour beaucoup de gens, partout dans le monde, l’Amérique a en effet représenté une forme d’avenir, sans que l’on sache exactement lequel : technologique, ouvert, célébrant la jeunesse, son "énergie créatrice" et ce fameux « can-do attitude » qui semblait pouvoir résoudre tous les problèmes.
Mais les choses ont bien changé. Tandis que l’hégémonie culturelle des États-Unis, même affaiblie, demeure puissante, sur le plan politique, en revanche, depuis la fin de la Guerre froide, la politique américaine semble régresser, cherchant à atteindre ce que de nombreux pays ont déjà connu et que les Américains eux-mêmes n’ont pas vécu.
D’un côté, l’aile Sanders du Parti démocrate, ou les sociaux-démocrates, essayent de promouvoir des mesures qui existaient déjà dans la plupart des pays européens - et dans bien d'autres régions - dans les années 1950. De l’autre, la droite trumpiste ressuscite diverses formes de fascisme, nous ramenant à une situation que de nombreux pays, de l’Allemagne à l’Argentine, ont connue dans les années 1930. Il devient donc difficile de voir l’Amérique comme un modèle d’avenir, lorsque ses politiciens les plus radicaux s'écharpent violemment pour savoir quelle partie du passé il faudrait restaurer. »

Gastel Etzwane

- 4/11/2025 - L’une des plus anciennes entreprises de France, les Aciéries de Bonpertuis en Isère, fondées au XVe siècle, vient d’être liquidée car elle ne pouvait plus faire face à l’explosion du coût de l’énergie. Ce n’est pas une faillite symbolique ou anecdotique : c’est le symptôme d’un mécanisme désormais systémique et national.
Depuis quinze ans, la France a perdu son avantage compétitif historique : l’électricité française nucléaire, qui était l’une des moins chères d’Europe, a été alignée artificiellement sur les prix européens par les règles de l’Union européenne, imposées notamment sous pression allemande. Ce mécanisme dit de marché « intégré » a amputé brutalement la souveraineté énergétique française et a créé une situation paradoxale : la France, qui disposait en propre d’un parc nucléaire abondant, stable et performant, paie désormais son électricité comme si elle était dépendante du gaz.
Puis est venu le second choc, brutal : les sanctions contre la Russie ont fait flamber les prix mondiaux du gaz, du pétrole et de l’énergie en général ; et ce choc s’est retourné contre les économies européennes beaucoup plus violemment que prévu. Pour des industries très énergivores comme l’acier, ce double effet cumulatif a été fatal.
Ce qui arrive à cette entreprise séculaire n’est pas un accident isolé : c’est la conséquence directe d’un choix politique européen qui a détruit un avantage stratégique français, puis d’un choix géopolitique qui a aggravé le coût réel de l’énergie. Ce qui frappe une aciérie de 600 ans aujourd’hui frappera mécaniquement d’autres secteurs demain.

Marc Amblard
5/11/2025

Qui veut encore payer davantage d’impôts pour un pays qui s’effondre ?

H16

- 5/11/2025 - Il y a deux types de Français : ceux qui ont fui l’enfer fiscal, et ceux qui règlent encore leurs impôts mais qui regardent discrètement le prix des appartements à l’étranger. Ces derniers, en nombre croissant, sont fatigués ; à en croire les parlementaires, l’État français aurait avant tout un problème de recettes qu’il convient de traiter par un nouveau tabassage fiscal plus solide.

Pour ces Français, l’envie de partir n’a jamais été aussi forte. C’est en tout cas ce que laisse entendre un récent article du Figaro qui décrit ces Français épuisés par un pays dont les politiciens sont maintenant complètement déconnectés du réel – ils vivent sur la Lune mais on leur paye l’aller-retour – dans lequel vivre de son travail devient de plus en plus difficile voire ingrat, et pour lequel on peine de plus en plus à voir un avenir serein.


La tendance n’est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus visible, de plus en plus facilement exprimée sur tous types de médias : il y a quelques jours, à l’occasion des débats – aussi fiévreux que débiles – sur la taxe Zucman, une chaîne télé proposait un reportage sur un patron d’entreprise qui envisage très calmement de s’en aller si la pression fiscale continue d’augmenter ainsi.

Pour certains, le pas est déjà franchi : la société Criteo a ainsi déjà décidé de sa relocalisation aux États-Unis pour fuir ce qui est devenu l’enfer fiscal français. On ne s’amusera qu’un moment du fait que le patron de cette société, toute hypocrisie bue, soit un soutien affiché pour la taxe Zucman qu’il semble gourmand de voir appliquée… aux autres.

Et lorsque l’on regarde du côté des gérants de fonds et de fortune, ils confirment sans barguigner : c’est un véritable tsunami de familles – pas toutes fortunées, mais toutes lucides – qui vient les voir pour commencer les démarches d’expatriation et les mesures concrètes pour sortir les capitaux d’un pays dont la taxophilie est devenue folle.

En bref, à l’heure où les politiciens de tout bord cherchent à ponctionner comme jamais les populations par tout les moyens, ceux qui ont de l’argent, ou des compétences, ou les deux sont déjà en train de quitter le pays voire le continent pour aller vers des cieux plus cléments.


Cet exode silencieux s’accélère.

Les plus visibles, les millionnaires, quittent la France : selon le cabinet de conseil britannique Henley & Partners, la France est ainsi dans le top 10 des pays que les millionnaires fuient. En 2025, 800 devraient quitter le pays.

On peut certes se consoler en comparant ce faible nombre à celui affiché par le Royaume-Uni, actuellement en première place avec 16.500 millionnaires (un véritable Brexit fiscal) choisissant d’autres cieux. Mais ces deux pays européens se retrouvent à coté de la Chine (-7800) ou de la Russie (-1500) dans le classement, ce qui permet de bien comprendre la dynamique en place.

Inversement, les pays qui attirent le plus ces millionnaires sont souvent des petits pays comme les Émirats Arabes Unis, qui domine la liste des pays accueillant le plus de millionnaires avec 9800 en 2025. On trouve aussi la Suisse avec +3000 ou Singapour avec +1600. Les pays anglo-saxon (hors Royaume-Uni) continuent d’attirer à eux les patrimoines et les créateurs, l’Australie et le Canada attirant chacun 1000 millionnaires.

Parmi les grandes puissances, seuls les États-Unis restent une valeur sûre en occupant la deuxième place avec +7500. En Europe, et probablement en raison des arrangements fiscaux proposés par le gouvernement Meloni, l’Italie est aussi devenue une place attractive avec +3600 millionnaires.

Il n’est pas difficile de voir les points communs entre les pays repoussoirs d’un coté et les pays attractifs de l’autre : les premiers s’enfoncent dans une bureaucratie plus ou moins délirante, des réglementations à foison, une fiscalité de plus en plus prohibitive et à la fin, l’autoritarisme. De l’autre, les seconds favorisent les entreprises et leurs créateurs et les gens fortunés, ces derniers étant généralement des chefs d’entreprise.

Cependant, les riches ne sont pas les seuls à quitter la France, les jeunes – et maintenant, les moins jeunes – qui ont des compétences émigrent eux aussi.


On l’a vu récemment, 10% des diplômés des grandes écoles quittent la France et ce taux monte par exemple à 20% pour Polytechnique. Les raisons invoquées sont, sans surprise, la fiscalité et, plus récemment, la perception d’une France en déclin. Selon les statistiques du Ministère des Affaires Étrangères sur les Français à l’étranger, « 171 884 sont inscrits pour la Suisse, 159 357 inscrits pour les États-Unis, 141 065 inscrits pour le Royaume-Uni, 123 226 inscrits pour la Belgique et enfin 118 772 inscrits pour le Canada ». Eh oui, les destinations étrangères favorites des Français pour leur installation sont principalement les pays anglosaxons (et si possible nord-américains où la croissance des Français ces dernières années est la plus importante) ou des pays voisins avec plus d’opportunités (et une meilleure fiscalité pour la Suisse).

Il faut être aveugle (ou élu) pour ne pas voir le ras-le-bol omniprésent dans toutes les strates de la société française et, en particulier, chez les populations les plus essentielles, celles qui créent de la richesse et fournissent les capitaux, et qui décident à présent de voter avec leurs pieds.

Enfin, notons que si la situation est particulièrement aigüe en France, on retrouve le même phénomène au niveau européen : beaucoup en Europe ne se retrouvent plus dans la situation actuelle du continent et méprisent ses dirigeants, comme le prouve par exemple la proportion qui serait prête à se battre pour son pays. Selon un sondage Gallup de 2024, seulement 29% des Européens de l’Ouest seraient ainsi prêt à prendre les armes pour leur pays en cas de guerre.

Les modèles de société et de gouvernance que proposent les dirigeants en France ou au Royaume-Uni ont perdu toute attractivité et sont devenus de véritables repoussoirs. Comme les dictatures du tiers-monde, l’Europe subit actuellement un exode des cerveaux et des capitaux, pour le plus grand profit de pays comme les États-Unis dont l’actuelle administration a déjà compris tout le parti qu’elle pouvait tirer de cette tendance.

Est-ce un hasard si Trump envisage d’accepter les réfugiés européens persécutés pour leurs idées ‘populistes’ ?