Kuzmanovic Georges
3/9/2025
Celle qui agit comme si elle était présidente d’une Union européenne fédérale – structure qui n’existe pas – a déclaré au Financial Times qu’il existait « une feuille de route claire pour le déploiement de troupes européennes en Ukraine » (sic !).
Von der Leyen joue tout simplement avec le feu de la guerre, sur le dos des Européens et surtout des Ukrainiens, qu’elle semble prête à sacrifier jusqu’au dernier pour servir ses ambitions politiques.
1. Une déclaration hors de tout cadre légal
Ce type de prise de position est absolument en dehors du champ de compétence de la Commission européenne et de l’UE en général, même si les européistes rêvent d’étendre les pouvoirs de Bruxelles aux questions de défense.
2. Berlin recadre, Paris se tait
C’est le gouvernement allemand – élu, lui – dont von der Leyen fut une ministre de la Défense calamiteuse et soupçonnée de corruption, qui lui a sèchement rappelé qu’il ne s’agissait pas de son rôle.
Mais le gouvernement français, pourtant directement concerné par les conséquences de telles déclarations, reste muet. Pourquoi ce silence, alors que la France, seule puissance nucléaire de l’UE et seule force stratégique autonome en Europe face à la Russie, est la plus exposée ?
3. Une armée européenne qui n’existe pas
Il n’existe pas d’« armée européenne ». Il n’y a encore que des armées nationales, dont l’engagement relève des États et de leurs peuple souverain.
Par conséquent, parler de « troupes européennes » est une pure fiction politique.
En réalité, chaque déclaration inconsidérée de Bruxelles met directement en danger la France et son peuple.
4. Le chœur des va-t-en-guerre
Cette sortie s’inscrit dans le vacarme belliciste orchestré par Macron, Starmer, Merz et d’autres dirigeants européens qui évoquent tour à tour un « déploiement de forces militaires européennes » ou des « garanties de sécurité pour l’Ukraine après la guerre ». Même Meloni propose une sorte d’article 5 bis de l’OTAN pour Kiev – aux mêmes conséquences, mais sans l’OTAN.
C’est du grand n’importe quoi.
5. Moscou profite de l’erreur et avance
Qu’on l’apprécie ou qu’on la déteste, la Russie est entrée en guerre sur deux points précis : pas d’Ukraine dans l’OTAN et pas de troupes occidentales en Ukraine. Les déclarations de von der Leyen et des autres ne font que garantir la poursuite du conflit, la prolongation des destructions et l’épuisement de l’Ukraine.
Militairement, la Russie progresse. Selon les sondages, près des deux tiers des Ukrainiens souhaitent une issue négociée au conflit, mais leurs élites sont prisonnières de l’agenda occidental.
Et la Russie dispose de 6 000 têtes nucléaires.
On ne peut pas vaincre la Russie sans conséquences graves pour tous (pas plus que la France ou toute autre puissance nucléaire), c’est la base du concept de dissuasion nucléaire qui semble être sorti du champ de réflexion de nos « élites ».
Au Kremlin, cette agitation occidentale est vue comme une aubaine. L’armée ukrainienne est lentement mais sûrement détruite. Lors de sa dernière (et rare) conférence de presse, le chef d’état-major russe, le général Gerasimov, avait même une carte derrière lui montrant clairement l’intégration potentielle de l’oblast d’Odessa à la Fédération de Russie.
De facto, la Russie a gagné la guerre en Ukraine, qu’on le déplore n’y change rien – c’est la réalité brutale que Washington a maintenant parfaitement intégrée dans son repositionnement stratégique et qui a été clairement exprimée à Anchorage lors du sommet Trump-Poutine et avec l’échec de la politique des tarifs douaniers et sanctions secondaires pour les pays qui commercent avec la Russie.
Plus le temps passera, plus la défaite sera importante et il en va ainsi depuis les négociations russo-ukrainiennes d’Istanbul de mars-avril 2022, plombées par les pays de l’OTAN qui espéraient alors une victoire économique sur la Russie.
La continuation de la guerre voulue par les européistes garantit aux durs et aux nationalistes de Russie que leur pays prendra tout l’est de l’Ukraine jusqu’au Dniepr (donc Kharkov, Soumy, Poltava, Zaporijia, l’est de Kiev, etc.) et pourquoi pas la Transnistrie en Moldavie ?
Économiquement, la Russie tient le choc, renforce sa souveraineté et s’insère dans le nouvel ordre multipolaire qui se construit avec la Chine. Les sommets des BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai montrent que Moscou n’est pas isolée, bien au contraire. C’est l’Union européenne qui est de plus en plus l’acteur géopolitique frappé d’isolement.
6. L’aveuglement stratégique de l’UE et impasse européenne
Que cherchent donc von der Leyen, Merz, Macron et Starmer ? On pourrait croire à la folie, mais il est plus probable qu’ils fassent le pari – totalement irréaliste – que la prolongation de la guerre provoquera un effondrement économique de la Russie et, par ricochet, du régime de Poutine. C’est moins une stratégie qu’un fantasme ou une prière.
En attendant, c’est l’Europe qui s’enfonce dans la crise économique et sociale.
Face à cela, nos dirigeants européens, incapables de remettre en cause la forme obsolète de la construction communautaire, leurs choix économiques et industriels désastreux des trente dernières années et leur vassalisation aux États-Unis, n’ont d’autre issue que la fuite en avant guerrière.
C’est la marque des dirigeants faibles : lorsqu’ils ont échoué en tout, ils entraînent leurs peuples dans l’aventure militaire pour masquer leur faillite politique.
À nous de leur rappeler qu’on ne gouverne pas impunément et qu’ils sont responsables, en premier lieu, du désastre économique et géopolitique européen – dès lors ce personnel politique, et avec lui ses projets mortifères et obsolètes, doit être changé avant qu’il ne soit trop tard.