-14/9/2025- Il y aurait un rapprochement intéressant et sûrement éclairant à faire entre le succès historique des manifestations londoniennes anti-immigration de ce week-end initiées par Tommy Robinson et l'insuccès flagrant du mouvement de blocage du 10 septembre dernier en France (que confirmera sans nul doute le traditionnel baroud d'honneur syndical de jeudi prochain).
Ce rapprochement comparatif pose à mon avis deux types de questions pertinentes voire cruciales, auxquelles les réponses à apporter ne sont pas simples (sauf à faire du zemmourisme et du mélenchonisme) :
Permet-elle aujourd'hui, avec l'apparition tardive de Reform UK (le nouveau parti post-Brexit de Nigel Farage), d'aborder la question de la colonisation démographique et identitaire du Vieux Continent de façon plus franche et donc plus décisive que les succès électoraux du FN-RN en France ou de la coalition Fratelli d'Italia-Lega en Italie ?
Inversement, le succès politique du national-populisme et, dans une moindre mesure, du souverainisme conservateur illibéral en Europe continentale et aux États-Unis ne risque-t-il pas de favoriser les régimes libéraux en place, par les phénomènes de résistance dissociative que ces victoires électorales suscitent encore, avec l'appui implicite des superstructures médiatiques et judiciaires, ainsi qu'on l'a vu lors du second tour des dernières élections législatives en France ou même après l'arrivée au pouvoir à Rome de Giorgia Meloni ?
2) La tripartition idéologique et parlementaire que génèrent l'intensification des diasporas allogènes apportées par l'immigration de masse ainsi que la paupérisation des provinces périphériques détruites par le libre-échange global est-elle la dernière chance des nomenklaturas libérales et progressistes devenues partout minoritaires, ou bien au contraire ce qui les condamne à plus ou moins long terme à disparaître - en même temps d'ailleurs que la démocratie libérale elle-même, qui suppose l'existence de deux blocs idéologiques alternatifs et relativement homogènes ?
À mon avis, c'est parce que les gauches ne comprennent pas cette dernière dimension, inconnue du XXe siècle où elles prospérèrent, qu'elles échouent à fédérer l'ensemble des victimes du système économique actuel derrière elles.
S'il y avait encore des intellectuels en France, il me semble que c'est d'abord à ces deux champs d'investigation qu'ils devraient de toute urgence se consacrer.
Quelques esprits perspicaces ou précurseurs, comme Christophe Guilluy, Emmanuel Todd, Pierre Manent, Marcel Gauchet, Stéphane Rozès ou en Angleterre David Goodhart, ont commencé à défricher la route, mais je crois qu'il reste encore beaucoup de sites et de paysages insoupçonnés à découvrir en la matière.
À mon avis, c'est parce que les gauches ne comprennent pas cette dernière dimension, inconnue du XXe siècle où elles prospérèrent, qu'elles échouent à fédérer l'ensemble des victimes du système économique actuel derrière elles.
S'il y avait encore des intellectuels en France, il me semble que c'est d'abord à ces deux champs d'investigation qu'ils devraient de toute urgence se consacrer.
Quelques esprits perspicaces ou précurseurs, comme Christophe Guilluy, Emmanuel Todd, Pierre Manent, Marcel Gauchet, Stéphane Rozès ou en Angleterre David Goodhart, ont commencé à défricher la route, mais je crois qu'il reste encore beaucoup de sites et de paysages insoupçonnés à découvrir en la matière.