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12 mars 2025

UKRAINE, LE PIÈGE AUTOUR DU NŒUD GORDIEN

Gabriel Nerciat

- 12/3/2025 - Toujours amusant, de voir les euro-atlantistes en panique morale, comme ils disent, reprendre espoir au moindre souffle de vent qui semble aller dans leur sens.
L'issue apparemment positive des négociations ouvertes à Djeddah hier entre Marco Rubio, Mike Walz et les émissaires de Zelensky, qui a permis le rétablissement de l'aide satellitaire de Washington à Kiev en échange de l'acceptation d'un éventuel cessez-le-feu d'un mois, semble leur redonner du baume au cœur, à ces pleureuses.
Pourtant, on se demande bien pourquoi car sur le fond, rien n'a vraiment changé : Trump reste inflexible sur les trois points qu'il veut imposer à Kiev depuis le début de son retour à la Maison Blanche ; à savoir l'absence de toute garantie de sécurité militaire de la part de Washington dans le cas d'un accord d'armistice, le refus catégorique de voir l'Ukraine entrer dans l'OTAN, et l'accord sur les minerais.
Il est difficile d'anticiper quelle sera la réponse de Poutine, qui va sans doute essayer de gagner du temps ou faire une contre-proposition alternative.
Mais l'idée de la trêve, ou du cessez-le-feu, contrairement à ce que j'entends partout depuis hier soir, ne lui est pas forcément nuisible, à condition bien sûr qu'elle n'intervienne pas avant la fin de la bataille de Koursk (nouvelle victoire russe émérite après Marioupol, Melitopol, Enerhodar, Izioum, Marinka, Azovstal, Bakhmout et tant d'autres, mais qui cette fois restera dans les annales de l'histoire militaire comme la plus grande et la plus criminelle connerie stratégique de tous les temps).
Car si les armes se taisent pendant un mois ou plus, Trump sera en mesure d'imposer à Zelensky de nouvelles élections présidentielles (qu'il refuse d'organiser depuis un an en faisant interner ses opposants), dans un contexte de déroute absolue.
Ce qui sera à la fois l'occasion de vérifier si la propagande intensive propagée sur les médias assermentés de l'Occident depuis trois ans repose sur quelque chose de solide ou non, et surtout si la majorité des Ukrainiens toujours présents en Ukraine est vraiment aussi unanime que toutes les p.tains hystériques de l'extrême-centre européiste à souhaiter la poursuite de la guerre totale jusqu'au dernier de leurs hommes valides.
Car il est bien un point, à mon avis, sur lequel Poutine et Trump se sont mis d'accord : tant que Zelensky sera au pouvoir à Kiev, aucune perspective de paix ne sera possible.
Les crimes de guerre caractérisés qu'il a perpétrés avant-hier soir à Moscou (sans doute dans l'intention de faire avorter les futures négociations avec le Kremlin) de même que le maintien de ses positions les plus maximalistes à Djeddah et ses réticences à soutenir véritablement la trêve négociée, le démontrent une fois de plus.
Ce Richard III mâtiné de Triboulet, que la propagande atlantiste a transformé en Churchill de café-concert, reste le principal nœud gordien qui empêche tout règlement crédible.
Or, le nœud gordien, on sait depuis Plutarque qu'il faut le trancher.
Celui qui a le courage de le faire peut seul revendiquer l'héritage impérial d'Alexandre.
Aussi l'offre de Trump est-elle peut-être un piège, et il est probable que le dictateur sanglant de Kiev, échaudé depuis sa correction humiliante dans le bureau ovale, l'a compris dès qu'elle lui a été proposée.

Ze Rhubarbe Blog

- 12/3/2025 - Les Zones à Forte Exclusion sont des inventions technocratiques sans réel impact sur la qualité de l'air, et qui ne servent qu'à nourrir le tropisme ségrégationniste de privilégiés ayant accès au pouvoir.
Les mêmes qui, hier, applaudissaient les confinements depuis leurs maisons de campagne, puis le pass sanitaire, et qui demain applaudiront l'euro électronique et le contrôle étatique absolu sur nos affaires personnelles.
Les mêmes qui célèbrent l'EuroSoviet, la censure bien-pensante et la corruption.
"La colère monte, la mobilisation s’étend. De nombreux Français veulent la peau des ZFE, ces zones à faibles émissions instaurées par la loi d’orientation des mobilités de 2019, puis renforcées par la loi climat et résilience d’août 2021. Imposées aux agglomérations de plus de 150.000 habitants avant le 31 décembre 2024 pour améliorer la qualité de l’air, elles font aujourd’hui l’objet d’un très vif rejet, accusées de causer une rupture d’égalité entre les automobilistes, autorisant aux uns et interdisant aux autres d’accéder à ces zones. Manifestations de contestation, propositions de lois pour les abroger ou les suspendre, recours devant les tribunaux : la multitude des attaques contre les ZFE pourrait-elle parvenir à enterrer ce dispositif ?"
C'est bientôt les élections municipales...


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L’Italie, notre meilleure alliée ?

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


Transformer l’UE en une association d’États souverains unis par des coopérations commerciales, techniques ou diplomatiques, au gré des intérêts de chacun, ou la quitter. C’est en substance le nouveau discours de Nicolas Dupont-Aignan, qui voit avec juste raison, dans l’UE actuelle, une simple machine totalitaire destinée à broyer les États et les libertés. L’évolution du président de Debout la France est notable sur ce sujet, il a hélas, perdu en visibilité depuis la fin de son mandat de député. Il ajoute, sur les ondes de la radio Tocsin, qu’il ne faut pas compter sur la classe politique actuellement représentée, inféodée au système et prête à vendre la France. Constat accablant que nous avons fait depuis longtemps au RPF, et qu’il souligne lui-même en rajoutant qu'il y a toujours eu sur notre sol des collaborateurs zélés, prêts à trahir notre pays. Ce changement de discours, que nous saluons comme il se doit, est-il un premier pas vers une alliance plus large réunissant tous les vrais souverainistes et ennemis des mondialistes et macronistes ? Nous l’appelons de nos vœux, nous l’avons d’ailleurs déjà fait récemment dans une lettre ouverte.

Le camp le plus proche et sans doute le plus disposé à un tel rapprochement, est celui représenté par Philippot. À quand les premières assises souverainistes regroupant les différents courants en vue de constituer un programme commun de reconquête du pouvoir ? Dans son analyse il y a cependant à notre sens, un bémol. Nous sommes bien entendu favorables à la création d’une coopération européenne entre États souverains, mais dire qu’il faut commencer par cette étape avant de songer au Frexit n’est peut-être pas la bonne solution. NDA fait remarquer que si l’on quitte l’UE, cette dernière ne disparaît pas, elle continue à exister à côté. La bonne question est : Si la France part, l’UE y survivrait-elle ? Second contributeur financier, unique puissance nucléaire de l’Union, est-il envisageable que l’Allemagne soutienne seule le financement de cette machine infernale ? Non… Est-il pensable que l’effort pour subvenir à cette perte puisse être supporté par un autre pays, comme l’Italie ? Non plus. Il est même presque certain qu’elle nous emboîterait le pas, pour peu qu’en coulisse nous nous rapprochions de nos amis italiens afin de construire un axe Paris-Rome.

Penser que nous pourrions faire tomber cette UE pour la remplacer est aussi utopique que de croire que cette organisation mafieuse est réformable de l’intérieur. Il faudrait avoir un moyen de pression pour y parvenir, et que nous sachions, ce sont les amis d’Ursula qui l’ont, sauf à refuser de payer notre part du gâteau et encore. Il y a ceux qui espèrent se faire virer, comme on l’entend à propos de la Hongrie. Ce qui est peut-être faisable avec un pays périphérique qui reçoit sans donner, n’est pas franchement concevable avec le second contributeur, pilier de l’Union telle que constituée aujourd’hui. La procédure prendrait trop de temps, et nous n’en avons plus ! C’est donc, à notre sens, deux actions qu’il faut mener simultanément. Non pas menacer du Frexit, les menaces ne sont que des pauses, mais s’y engager en consolidant nos liens auprès d’autres États qui semblent attendre une initiative de cette ampleur de la part d’une des nations principales pour quitter ce radeau pourri. L’Italie est sans doute la meilleure alliée, elle se dessine comme un partenaire fiable et de plus en plus important. Mais cette résolution demande de chercher dans la foulée des soutiens intérieurs solides, capables de fédérer un maximum de forces pour contrebalancer le discours des européistes convaincus, qui auront l’appui de la presse aux ordres. Dernièrement, une députée européenne a mis très violemment en accusation Ursula von der Leyen, signe que les frémissements sont là.

Ils feront passer les « Frexiteurs » pour des irresponsables, se raccrochant à l’idée que seuls nous ne sommes rien, que l’idée est forcément mauvaise, rappelant les discours sur les coupes sombres des budgets qui n’avaient pas d’avenir… puis surgit un Milei et on se rend compte que ça marche ! Il n’est pas interdit de débaucher des personnalités dont on se demande ce qu’elles font dans certains partis. Thierry Mariani par exemple. Sa vision de la situation de la Russie est bien plus solide et réaliste que les élucubrations de son trop jeune patron, Bardella, qui, à chaque fois qu’il prend la parole sur ce sujet, démontre sa totale incompétence et sa légèreté intellectuelle, se croyant obligé de s’aligner sur le discours surréaliste de Macron, dans un élan clientéliste qui ne trompe plus personne. Au fur et à mesure que le temps passe, le RN est de plus en plus compatible avec la macronie. Sans envergure, Bardella s’enfonce par sa méconnaissance du dossier et sa soumission au système qu’il prétend combattre. « La Russie est une menace multidimensionnelle », lance-t-il doctement… Triste sire… Il répète sans comprendre ce qu’il a entendu ailleurs, pensant que c’est là, la posture idéale pour faire montre de sérieux. La mine grave, il joue lui aussi sur la peur et se montre aussi mauvais que celui qu’il imite, son mentor, Macron.

Monsieur Mariani doit être bien embarrassé lorsqu’il débat du sujet avec lui, où chaque mot prononcé doit lui revenir comme l’écho désolant des mornes solitudes. Il y a mieux à faire, monsieur Mariani, que de rester dans ce parti, et vous semblez désormais plus proche d’un Dupont Aignan, d’un Philippot, que d’un inconsistant Bardella. Quel intérêt à rester dans les rangs de ce parti dont on ne distingue plus la différence d’avec les autres ? D’autres suivraient à n’en pas douter, tous ceux qui au RN n’ont plus la parole, tous ceux qui ne comprennent pas cette stratégie d’alignement systématique sur les positions des va-t-en-guerre mondialistes. Le chemin est encore long avant de parvenir à cette alliance souveraine qui représentera une force suffisamment puissante pour être entendue. Mais une course contre la montre est aujourd’hui engagée, et il faut mettre toutes les chances de notre côté. Au RPF nous soutiendrons toutes les initiatives qui visent cet objectif, comme nous le ferons pour tous ceux qui placeront l’union des patriotes avant les ambitions personnelles. Il faut envisager des assises du souverainisme…

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Ze Rhubarbe Blog

Dans la course effrénée à la dictature de l'EuroSoviet, la BCE de Christine Lagarde cravache sur son projet de Monnaie Numérique de Banque Centrale (MNBC, ou CBDC en anglais), cet euro numérique visant à remplacer l'euro traditionnel (cash ou digital) par un système reliant directement l'utilisateur à la banque centrale via des "jetons" identifiables et paramétrables par la BC, donc par le pouvoir. Cible : octobre 2025. Demain.

Les MNBC sont efficaces en termes de transactions, mais surtout en termes de contrôle et de coercition. Tout comme pour le système chinois de crédit social, l'Etat pourra décider de ce que vous pouvez faire de votre argent et, si vous n'êtes pas sage, pas vacciné, pas d'accord avec les va-t-en guerre, vous serez bloqué.

Toute la petite mais vitale économie du black sera également supprimée, et c'est sans doute là où les gens vont vraiment se rendre compte de l'abomination de la chose, mais la disparition du cash ne sera sans doute pas immédiate, le temps de laisse la grenouille cuire à point.

Pourquoi aller si vite, alors que la société est déjà en plein chamboulement? L'abandon par Trump d'un projet similaire aux USA y est sans doute pour qqchose, mais la combinaison de corruption, de déni de démocratie et de démence russophobe des Bolcheviks européens risquant à un moment donné de faire lever les foules, ils auront besoin de tout l'arsenal coercitif, dont le contrôle des moyens de paiement.

On imagine bien que la puissance de l'IA actuelle va fortement augmenter la puissance de contrôle et de surveillance associée à l'euro numérique, lui permettant d'atteindre un haut degré de sophistication dystopique bien plus rapidement que prévu au lancement du projet, voici plus de cinq ans.

La nature totalitaire de l'EuroSoviet transparaît dans les propos de Lagarde, qui demande aux institutions (Commission, Conseil et Parlement) d'accélérer les procédures de validation administratives et juridiques, afin d'être prêt en octobre. Elle ne demande pas à ces institutions d'examiner ni de se prononcer sur le fond de la chose, non, elle s'en fout, tout comme von der Leyen. Et encore moins d'en référer à la population, mon Dieu, vous n'y pensez pas !



11 mars 2025

LA FICTION MOLDAVE

Jean-Claude Delhez

- 10/3/2025 - Depuis 3 ans, le pouvoir politico-médiatique nous répète que la Russie ambitionne d'envahir d'autres pays que l'Ukraine. Certains prétendent même qu'elle veut engloutir l'Europe entière. Beaucoup désignent nommément, aujourd'hui encore, les futures victimes de l'impérialisme russe. Le pays le plus souvent cité ? La Moldavie.
La Moldavie est une petite république coincée entre l'Ukraine et la Roumanie, proche de la mer Noire. La voie directe pour l'atteindre, à partir du front russe, passe par les villes ukrainiennes de Kherson et d'Odessa. Je voudrais, à ce sujet, vous rappeler un événement qui s'est déroulé le 19 octobre 2022, à Kherson justement.
Quand la Russie envahit l'Ukraine, fin février 2022, son armée occupe en quelques jours toute la rive sud du Dniepr, jusqu'à la centrale nucléaire de Zaporija et au barrage hydroélectrique de Khakovka. Elle s'empare également de la ville de Kherson, capitale de province, ainsi que de la campagne qui l'entoure, située de l'autre côté du Dniepr. Puis le front se stabilise. Aujourd'hui encore, il longe le cours du Dniepr sur plusieurs centaines de kilomètres.
Mais, pendant quelques mois, la Russie a disposé de ce que les militaires nomment une tête de pont. Une tête de pont c'est une poche de terrain, de territoire, située au-delà d'un fleuve. C'est une position qui a son importance. En effet, un fleuve est un obstacle. C'est une large tranchée remplie d'eau. Une position défensive idéale. Qui tenterait de le franchir sous le feu de l'ennemi risquerait de subir de lourdes pertes. Par contre, s'il dispose d'une tête de pont sur l'autre rive, il peut attaquer sans avoir à franchir le fleuve.
Deux exemples historiques. En 1944, les Britanniques lancent une offensive contre les Allemands dans les Pays-Bas. Pour s'assurer la possession des ponts sur la Meuse et le Rhin, ils parachutent plusieurs divisions derrière les lignes allemandes. Ils bénéficient ainsi d'une tête de pont à Arnhem. Les Allemands doivent mobiliser plusieurs divisions pour les en repousser et reprendre le contrôle du fleuve. En mai 1940, envahissant la France, l'armée allemande vient longer le cours de la Somme. Elle en profite pour s'emparer de plusieurs têtes de pont au sud du fleuve (Péronne, Amiens...). Dès lors, lorsqu'elle lance son offensive finale, en juin, l'attaque démarre de ces têtes de pont afin de conduire la France à cesser le combat quelques semaines plus tard.
Et donc, en mars 2022, la Russie s'était ménagé une tête de pont au-delà du Dniepr, à hauteur de Kherson. A partir de cette tête de pont, l'armée russe aurait pu attaquer en direction de la grande ville d'Odessa, peuplée partiellement de russophones. Et au-delà d'Odessa, voici la frontière moldave. Or, sept mois plus tard, l'armée russe évacue toute la tête de pont de Kherson, repasse le Dniepr et fait sauter les ponts. Elle s'installe en défensive sur la rive sud du Dniepr, position qu'elle occupe toujours actuellement.
N'importe quel officier vous dira qu'une armée qui prend ses quartiers le long d'un fleuve se met en position défensive et témoigne d'une volonté de ne pas aller au-delà. Le même officier vous dira que c'est encore plus flagrant lorsqu'elle abandonne une tête de pont. La tête de pont, c'était le tremplin pour lancer une offensive. L'abandonner c'est refuser d'aller plus loin. C'est aussi se barricader derrière un fleuve pour tenir le terrain conquis.
Ainsi donc, depuis deux ans et demi, l'armée russe s'est mise en position de ne menacer ni le sud de l'Ukraine, ni la Moldavie, ni la Roumanie et encore moins les pays situés plus à l'ouest. Continuer de prétendre, depuis lors, que la Russie ambitionne d'envahir la Moldavie ou d'autres Etats est un mensonge de plus dans la déferlante de la propagande européenne.

Gilles Casanova

LA POLITIQUE DU VIBE

Natalia Routkevitch
9/3/2025

"Autour de nous, le monde est très compliqué, très dangereux, guetté par la guerre dont tout le monde sait qu'elle serait une catastrophe. Une compréhension commence à se manifester : il y a des visites, des rencontres entre hommes responsables, des échanges d'idées... Ce qu'il faut surtout pour la paix, c'est la compréhension des peuples. On se dispute pour des frontières, des ambitions... Les régimes passent, les peuples restent. Il faut rapprocher les peuples les uns des autres par-delà les idéologies. Il nous faut notre puissance… Quand on n'est pas fort, on ne compte pas... Il nous faut aussi la volonté...
Il faut prendre les choses comme elles sont, car on ne fait pas de politique autrement que sur des réalités."

Ces derniers jours, en observant des tentatives de manipulation toujours plus outrancières, j’ai repensé à ces paroles du célèbre discours du général prononcé en 1959 et aux raisons de la dissociation actuelle de plus en plus manifeste entre les signes envoyés et les « choses comme elles sont ». La dissociation qui engendre ce climat oppressant du mensonge qui imprègne tout.
Nous avons sans doute largement sous-estimé les ravages causés par la mainmise des communicants sur nos vies. Les désastres ont été nombreux, mais il est fort probable que le pire soit encore à venir – et nous en avons eu un avant-goût cette semaine.
Il est normal que chaque citoyen, quel que soit son niveau d’expertise, puisse exposer ses arguments et exprimer ses émotions devant les autres. Il est normal qu’il y ait du spectacle, de la pensée magique, des chamans qui font vibrer les foules.
Le drame survient lorsque ceux qui sont censés prendre des décisions éclairées en s’appuyant sur les faits et le réel, ainsi que ceux qui devraient éclairer le public, sont entièrement occupés à une autre tâche : faire vibrer, susciter des émotions, provoquer du "vibe". Lorsque ces chamans, show-men et performeurs de tout genre se font passer pour des savants, des experts, des hommes politiques compétents connaisseurs des réalités et du terrain...
"Ce que nous donnent les communications de masse, ce n'est pas la réalité, c'est le vertige de la réalité", disait Baudrillard. Le mot "expertise", utilisé pour qualifier ceux qui défilent dans les médias, a perdu son sens. Ce n’est plus la profondeur et la qualité des connaissances qui font un expert, mais le fait même de passer dans les médias et de bien présenter, à savoir capter l’attention d’un public de plus en plus distrait en suscitant de l’émotion (les chaînes ont besoin de vues).
"Je partage avec vous mon analyse de ce qui s’est passé dans le bureau ovale, parce que c’est ma vérité émotionnelle et que cela compte autant que n’importe quelle autre analyse", écrit une blogueuse très populaire. Kamala Harris montre que la joie (Joy) peut être une stratégie politique, lisait-on dans la presse, manifestement enchantée, en 2024.
On en est là.
Ce qui est curieux, c’est que malgré cela, nous sommes persuadés de vivre sous le règne de la raison, de la science et de l’objectivité. Nous nous croyons infiniment supérieurs aux hommes du passé qui consultaient des oracles et des diseuses de bonne aventure. Quelle illusion !

Il y a quelques années, j’ai trouvé dans un petit livre de Renaud Girard l’énumération de sept piliers fondamentaux d’une véritable diplomatie réaliste. Depuis quelque temps, il se contredit pas mal, mais on comprend que les temps sont durs et que, pour continuer à être publié dans la presse de référence, il faut savoir faire quelques concessions à la doxa.

Quoi qu’il en soit, voici les principes qu’il évoque :

1. Assumer l’histoire
Étudier le passé du dossier que l’on doit traiter, examiner la région, les événements, les forces à l’œuvre depuis des siècles, et non pas seulement l’instant présent, est une condition préalable indispensable à toute évaluation sérieuse de la situation.

2. Être réaliste
Une bonne diplomatie ne relève ni de la morale ni du conformisme : elle repose sur les réalités, les intérêts et les rapports de force, les choses comme elles sont. La véritable morale se moque des postures moralisantes. Une diplomatie fondée sur des principes moralisateurs aboutit souvent à des résultats immoraux (les exemples ne manquent pas). Ainsi, le réalisme n’est-il pas du cynisme ; au contraire, il en est l’antidote.

3. Séparer l’intérieur de l’extérieur
Un État ne peut pas appliquer les mêmes principes de gouvernance à sa politique intérieure et à sa politique étrangère. Ce qui est acceptable en interne peut être totalement inadapté aux relations internationales.

4. Assurer l’indépendance nationale
Une diplomatie dépendante d’intérêts étrangers ne peut être ni efficace ni souveraine.

5. Privilégier le temps long
La diplomatie est l’art du sang-froid et de la patience. Elle exige de se libérer de la dictature de l’émotion, qui impose une vision court-termiste et est alimentée par la pression médiatique.

6. Renforcer le multilatéralisme
Aucun pays ne peut avancer seul dans un monde interdépendant, mais les alliances doivent être bâties sur des intérêts mutuels et non sur des illusions idéologiques.

7. Entretenir la dissuasion
Un pays qui ne possède pas de moyens de dissuasion – militaires, économiques ou stratégiques – ne peut peser dans les rapports de force internationaux.

J’ajouterais pour ma part un principe fondamental : il faut toujours garder en tête que, le plus souvent, la politique ne consiste pas à choisir le bien, mais à choisir le moindre mal.

Pourquoi l’Europe éprouve-t-elle tant de difficultés à ancrer sa politique dans le réel ?
Est-ce parce qu’elle a cru possible de s’affranchir des réalités humaines pour s’appuyer exclusivement sur des constructions idéologiques déconnectées du terrain ?
La diplomatie de l’Union européenne – une entité déracinée, détachée des peuples, construite sur des inversions et refusant d’assumer certaines origines peu avouables – pouvait-elle seulement être réaliste ?
Elle persiste à marteler ses dogmes et les idées fixes qu’elle a inventés, peut-être par crainte de voir s’écrouler l’édifice qu’elle a construit.

Petit sondage : voulez-vous la démocratie ou la dictature ?

Jean Mizrahi

- 11/3/2025 - Nous approchons à grands pas du moment où il nous faudra répondre à une question toute simple, mais redoutable : démocratie ou dictature ? Et pas dans les livres d’histoire, hélas, mais bien dans nos vies ordinaires.
Prenons le cas de M. Călin Georgescu, ancien candidat à la présidentielle roumaine. Je ne le connais pas, je n’ai pas lu son programme, et je ne saurais vous dire s’il préfère le bortsch ou la mămăliga. Ce que je sais en revanche, c’est qu’il a été interdit de se représenter à une élection après que la première a été annulée parce qu'il allait la gagner. Et ça, ça mérite réflexion.
Alors peut-être est-il un affreux jojo. Peut-être a-t-il des idées à faire frémir un dictionnaire, peut-être voue-t-il une passion suspecte pour Vladimir Poutine. C’est fort possible. Mais le problème n’est pas là. En démocratie, les électeurs ont le droit d’avoir mauvais goût, et les candidats, celui de défendre des idées idiotes ou même dangereuses – tant qu’ils respectent les règles du jeu. Et la règle la plus fondamentale est simple : tout pouvoir doit pouvoir être renversé pacifiquement par une élection suivante.
Or, dans cette affaire roumaine, on semble avoir oublié que la démocratie, ce n’est pas seulement le choix du menu, mais aussi le droit à la carte. Et qu’un candidat qui dérange, tant qu’il ne foule pas aux pieds la Constitution, doit pouvoir se présenter. Sinon, ce n’est plus une démocratie. C’est un casting truqué.

Bruxelles ferme les yeux... ou est à la manœuvre

Voilà des années que l’Union européenne aime à se poser en garante des bonnes mœurs démocratiques. Du haut de leurs tours de verre, nos commissaires traquent les entorses à la « liberté démocratique » de Varsovie à Budapest, tels des justiciers en cravate. Mais là, silence radio. Aucun commissaire européen pour s’émouvoir du sort de ce candidat roumain. Pourtant, il n'a pas été condamné pour quoi que ce soit. Mais il est persona non candidata, et ça passe comme une lettre à la poste (européenne).
On pourrait admettre une exclusion si l’homme avait été reconnu coupable de crimes graves, ou si son programme comprenait des réjouissances comme l’abolition des élections ou le retour du servage. Mais ce n’est pas le cas. Il est juste suspecté. Autant dire, un délit de sale gueule démocratique.
Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites.
Il est assez cocasse, et même un peu inquiétant, d’entendre Thierry Breton, cet ex-commissaire européen qui a tout raté, déclarer que si l’AfD prenait le pouvoir en Allemagne, l’UE s’en occuperait « comme en Roumanie ». Les amateurs de démocratie apprécieront le sous-entendu. On se dit que dans les bureaux de Bruxelles, certains sont déjà en train de repeindre la façade en gris-vert.
Certains s’émeuvent, souvent à l’extrême droite, de cette dérive. Ils y voient une dictature molle. Le terme est peut-être excessif – encore que – mais la tendance n’a rien d’anecdotique. Même Yanis Varoufakis, pas franchement connu pour ses accointances avec les nostalgiques du fascisme, s’en alarme. Quand un gauchiste grec et quelques souverainistes français s’accordent sur un point, c’est qu’il y a matière à discussion.

La grande muette des anciens partis

Plus inquiétant encore est le silence poli, voire approbateur, des partis traditionnels européens. Pas un mot. Pas un froncement de sourcil. Seuls quelques voix périphériques s’étranglent à l’idée qu’un candidat populaire puisse être sorti du jeu sans autre forme de procès. Mais ces voix sont noyées dans l’indifférence médiatique, quand elles ne sont pas moquées par des éditorialistes soulagés qu’on épargne à la démocratie un choix « désagréable ».
La tentation est grande, en somme, d’éliminer le gêneur quand il devient trop populaire. C’est plus rapide que de débattre. Et moins risqué que de perdre.

Le risque d'un retour du chef en treillis

Pendant ce temps, chez nous, un président français rejoue les grandes heures du treillis pour annoncer, entre deux photos en blouson Top Gun, que nous sommes en guerre. Ça avait déjà marché pour le Covid, pourquoi se priver ? Cela lui avait permis d’imposer des règles d’une inventivité kafkaïenne, dignes d’un concours Lépine de la bêtise administrative au point qu'un quotidien allemand avait renommé la France "l'Absurdistan".
Le voici donc en chef de guerre, prêt à monter au front (dans un hélico climatisé), expliquant que la situation exige des mesures exceptionnelles. Vieille recette éprouvée : rien de tel que la peur pour demander aux citoyens de se taire et de marcher droit. Et dans ce registre, Macron a de grandes tentations. Car il se verrait bien encore à l’Élysée dans vingt ans. Après tout, lui seul sait ce qui est bon pour la plèbe.

Mettre fin à la démocratie fast-food

Le drame de la démocratie contemporaine est que nous en avons fait un produit de consommation courante. Tous les cinq ans, on nous demande de choisir un chef dans une vitrine bien éclairée. Mais passé le moment de l’élection, le client est prié de se taire. On lui a vendu un rêve, il reçoit la facture.
J'aime tout particulièrement cette phrase de Rousseau dans "Du Contrat Social" : « Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. » Nous avons modernisé l’idée : nous pensons être libres entre deux matchs de foot et un achat Amazon.
Le référendum de 2005 ? Une farce cruelle : on a demandé leur avis aux Français, puis on a soigneusement piétiné leur réponse. Depuis, pourquoi s’étonner que le peuple préfère parler de tout sauf de politique ? Il décroche, il déserte la chose publique, et au bout du compte, il demande qu’on impose l’ordre, puisqu’il n’y croit plus.

Piège à démocratie

Voilà où nous en sommes. Nous avons bricolé une démocratie d’apparence, où l’on élit des représentants, mais où le peuple n’est qu’un figurant dans une pièce écrite par d’autres. Et encore, ça tient grâce à la liberté d’expression – quand elle n’est pas censurée pour raisons sanitaires, climatiques ou géopolitiques. Mais ne nous plaignons pas : on peut encore dire que Macron est un sale con (ce qui n'est peut-être pas si éloigné de la vérité) sans risquer le goulag. C’est bien, mais c’est insuffisant.
Le vrai danger, c’est la pente douce. Une démocratie qui ressemble de moins en moins à une démocratie. Une Roumanie qui interdit les candidats gênants. Une France qui rêve de museler certains opposants par des méthodes diverses en invoquant le « bien commun ». Jusqu’au jour où le peuple, lassé, passera la main à plus autoritaire.

Le choix est simple : redonner du pouvoir au peuple, ou glisser vers la dictature

Si nous voulons éviter ce glissement, il faut repenser la démocratie. Donner aux citoyens le pouvoir de décider, pas seulement de choisir parmi des slogans. Les Suisses votent tous les mois et s’en portent très bien. Leurs dirigeants sont sobres.
Si nous ne faisons rien, nous finirons dans une démocratie Potemkine, gouvernés par ceux qui disent une chose et en font une autre. Le peuple n’aura plus qu’à se taire et applaudir, ou espérer un miracle. Et les miracles, en politique, sont rares.

10 mars 2025

Dessin de Kak

Rien de tel qu’une bonne guerre !

H16

- 10/3/2025 - Panique chez les dirigeants européens : Trump arrête tout support financier et matériel à l’Ukraine. Finies les petites sauteries payées par l’Oncle Sam, il va falloir s’organiser « entre nous » ! Cornaqués par un Macron et une von Der Leyen surexcités, ils choisissent alors habilement de reprendre le flambeau dépensier.

Sans mal, cela commence avec une surenchère dans les montants évoqués.

Depuis 2022, l’Union européenne et ses États membres ont multiplié les mesures en faveur de l’Ukraine : 135 milliards d’euros d’aide, facilités de crédit via une enveloppe de 50 milliards d’euros, et un prêt supplémentaire de 35 milliards d’euros validé en octobre 2024.


Las. Tout cela semblait un peu chiche.

Ursula von Der Leyen a donc dévoilé le 4 mars dernier un plan visant à mobiliser 800 milliards d’euros sur cinq ans. Cela fait la bagatelle de 160 milliards annuel ; pour rappel, le budget annuel de l’Union tourne autour de 170 milliards.

Ce nouveau plan vise à renforcer la défense européenne et soutenir l’Ukraine et inclut 150 milliards d’euros sous forme de prêts bonifiés aux États membres, une réorientation des fonds de cohésion (392 milliards d’euros pour 2021-2027) vers des projets de défense et s’accompagne d’une flexibilisation des règles budgétaires (exclusion temporaire des dépenses de défense du calcul des déficits) d’autant bienvenue que certains pays pataugent dans les déficits. Enfin, signalons la « mobilisation accrue du secteur privé » qui se fera par l’intervention de la Banque européenne d’investissement (BEI) qui garantit rien qu’à l’évocation de son nom l’utilisation pertinente et pas du tout connivente de ces gros bouillons joufflus d’argent public.

Bien évidemment, cette surenchère financière se double d’une surenchère médiatique avec propagande grossière.

Les médias traditionnels profitent de leur pouvoir décroissant avant que l’attrition naturelle de leur cœur de cible vieillissant ne les pousse à l’insignifiance et cela donne lieu à des titrailles mêlant parfums de Corée du Nord à des bruits de succion forcenés :


Apparemment, la presse note avec justesse que Macron pousse les gens à se rassembler spontanément mais oublie de préciser que c’est pour l’injurier et réclamer sa démission.

Hardie, elle imagine même dans notre pénible locataire élyséen un véritable leader européen, au moment même où les négociations de paix se déroulent entre Russes et Américains, les Européens en ayant été soigneusement écartés.

Eh oui : grâce à une presse servile, Macron fait la démonstration d’une vacuité phénoménale et s’auto-proclame chef d’un groupe qui n’est pas invité à parler.

Enfin, il serait difficile de passer à côté de la surenchère de la psychologie de la peur, méthode largement utilisée en 2020 pour forcer les foules au conformisme total.

Outre la distribution d’anathème sur les odieux individus (forcément pro-Poutine) qui réclament un peu de recul avant de s’emballer, le Président et sa cohorte d’imbéciles gouvernementaux se sont lancés dans l’habituelle gesticulation guerrière pour nous convaincre de tout et son contraire.

Selon eux, le Kremlin est suffisamment fort pour chatouiller les portes de Paris, mais il est aussi épuisé par trois ans de conflit mené grâce à la récupération d’électroménager, de chameaux et d’ânes ou de forces nord-coréennes.

Il faut DONC absolument lancer un emprunt national auprès des Français. Oui, le lien de cause à conséquence est ténu, mais c’est sans importance puisque tout est question de marketing : on appellera ça « l’emprunt anti-Russes », il sera un chouilla obligatoire et on dira que l’État le remboursera s’il le peut, mais il ne le pourra pas et ce ne sera pas du tout un vol pur et simple et tout le monde sera content.


Ces surenchères ne doivent rien au hasard : elles reprennent point par point le « Manuel Covid » employé en 2020. Ici, on passe simplement du coronavirus au méchanvirusse.

Les médias, les experts de plateau et les sondages sont utilisés pour gonfler les menaces hors de toute proportion.

On attise ensuite des divisions au sein de la population (vieux/jeunes, riches/pauvres, citadins/campagnards, étrangers/autochtones) afin d’isoler les individus et d’ostraciser la dissidence. En poussant à percevoir la société comme une lutte permanente de tous contre tous, on empêche la formation d’un corps social unifié contre les décideurs.

Enfin, on stigmatise l’opposition de façon aussi crue et simpliste que possible : ne pas être ouvertement pour les Ukrainiens signifie sans nuance être secrètement pour Poutine, leur refuser des finances et du matériel revient à souhaiter sans nuance l’annihilation de l’Ukraine. Et par l’utilisation de glissements sémantiques sordides, accepter finances et matériel revient bien vite à accepter l’envoi de troupes, puis d’appelés.

Ici, l’idée est de faire peur aux petits hommes-soja, aux consensuels, aux conformistes. Ceux qui ont accepté les confinements, les auto-attestations puis les piqûres-miracles n’ont pas de raison de ne pas accepter le reste. On peut menacer d’envoyer au front, avec une heureuse alternative : seuls les soumis restent au bercail, et comme pour le réchauffement climatique qui passera à la trappe (les tanks ne pouvant être électriques), ils devront juste payer des taxes pour échapper à la guerre.


Car oui, tout se résume essentiellement à une sordide histoire de gros sous : Macron et les autres dirigeants européens rêvent à la fois de mobiliser de vastes sommes de pognon gratuit du public dont un pourcentage retombera heureusement dans leurs poches bien privées, et à la fois d’utiliser cette peur de la guerre et cet « élan communautaire » (aussi artificiel soit-il) pour pousser une fédéralisation de l’Union par son armée, une Europe de la Défense, ce vieux projet qui remonte quasiment à sa création mais qui a toujours échoué, les prérogatives nationales l’emportant toujours.

Cette fédéralisation est trop pratique pour être oubliée : elle permet de se passer, enfin, de l’encombrante démocratie. Celle-ci sera mimée, vaguement, par l’organe croupion de l’Union exactement destiné à ça, le Parlement européen, pendant que les non-élus continueront leurs projets sans s’embarrasser des peuples.

Cependant, la crise pandémique de 2020 n’a pas été sans effets. Outre des finances (françaises et européennes) épuisées, beaucoup ont pris conscience des mensonges déployés à cette époque. Depuis, les dirigeants ont largement démontré leur duplicité et leur incompétence. Retenter la même musique devant le même public pourrait ne pas marcher comme prévu.


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