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23 mars 2025

Natalia Routkevitch
23/3/2025

« Seule une adhésion pleine et entière de la Turquie à l'Union européenne peut sauver cette dernière de son impasse en matière d'économie et de défense », a insisté le président Recep Tayyip Erdogan à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre polonais Donald Tusk, la semaine dernière.

"Si l'Otan venait à s'européaniser, Ankara pourrait devenir l'un des piliers européens de l'alliance militaire", avance Sinan Ulgen, ancien diplomate turc.

Plusieurs points très intéressants.

L’initiative d’impliquer Ankara dans les discussions sur la défense européenne et la guerre en Ukraine vient de Londres. Or, ni le Royaume-Uni ni la Turquie ne font partie de l’UE. Ceux qui se souviennent du Grand Jeu du XIXe siècle apprécieront ce petit remake.

L’expression des préoccupations européennes face aux arrestations et aux manifestations en Turquie reste très discrète. Tout à coup, on semble considérer que les protestations et les poursuites des opposants relèvent des affaires intérieures du pays où elles se produisent.

Dans le même temps, Bruxelles a tenu à renouveler son soutien et son dialogue avec la Syrie, au moment même où des milliers d’Alaouites et de chrétiens sont massacrés par les partisans du nouveau régime (à l'installation duquel Ankara n'est pas étrangère).

Tout cela dessine quelques contours, certes encore flous, de l’Europe de la défense et de l'Europe d'avenir de manière générale, surtout en prenant en considération les évolutions internes des sociétés européennes.

C'est à propos des Britanniques, me semble-t-il, que Junger a dit son fameux : « L’humanisme borgne est pire que toute barbarie »...

EMPIRE TOI-MÊME !

Gabriel Nerciat

- 23/3/2025 - Parmi les formules à la mode ces derniers temps chez les snobs, les journalistes télé et tous les maris trompés de la vulgate euro-atlantiste, il y a celle d'empire ou de "néo-empire" (sic) - entendu au sens d'un Etat révisionniste en rupture critique avec les fondements occidentaux du multilatéralisme, et désireux d'étendre sa souveraineté ou son influence stratégique sur des territoires et des contrées qui ont relevé jadis du domaine impérial d'un Empire disparu dont il revendique la postérité.
Cela désigne évidemment la Russie avec l'Ukraine et la Biélorussie (certains ajoutent, à mon sens à tort, les pays baltes) ; la Chine avec Taïwan et les îles Senkaku ; la Turquie avec Chypre, les îles du Dodécanèse ainsi que plusieurs régions des Balkans, du Caucase, du Levant arabe ou de la Libye ; l'Inde avec le Punjab pakistanais, le Cachemire et les régions tamoules du Sri-Lanka ; la Grèce (possiblement) avec Constantinople, la Thrace orientale et les rivages de Smyrne ; la Hongrie avec la Transylvanie ; la Roumanie avec la Moldavie ; la Serbie avec le Kosovo, la Krajina et les terres serbes de Bosnie ; l'Arménie avec la province du Haut-Karabagh (définitivement annexée par l'Azerbaïdjan et épurée de toute présence arménienne, sous les applaudissements nourris de l'UE et d'Israël) ; le Maroc avec le Sahara occidental, etc., etc.
Si je voulais être taquin, j'ajouterais la Pologne avec la Galicie ukrainienne, mais on sait bien que ce n'est pas du tout mon genre de me comporter ainsi.
Or, il me semble que ce terme d'empire, même précédé du préfixe "néo", est tout à fait impropre - de même que celui d'impérialisme qu'il sous-tend explicitement.
Un empire est un Etat supranational et multi-ethnique qui vise à accroître, la plupart du temps par la force ou bien par le chantage, son étendue territoriale ou sa souveraineté politique indépendamment de l'identité nationale et confessionnelle des peuples qu'il entend soumettre.
Ici, il s'agit manifestement de tout à fait autre chose : c'est au nom d'une légitimité historique léguée par la longue mémoire - réelle ou fantasmée selon les cas - d'une nation, récente ou ancienne, et assumée par une partie, majoritaire ou non, des habitants des territoires revendiqués, que le tracé des frontières officielles est remis en cause.
En réalité, on voit bien ce qui gêne les partisans du multilatéralisme, pendant longtemps faux-nez idéologique de l'impérialisme américain ou de l'autoritarisme bureaucratique européiste (comme l'internationalisme prolétarien était celui, au siècle précédent, de l'impérialisme soviétique ou des sanguinaires rodomontades maoïstes en Chine) : un Etat-nation qui entend faire coïncider ses frontières territoriales avec l'identité civilisationnelle (nationale, ethno-linguistique et/ou religieuse) qui fonde son aspiration à la souveraineté ne peut plus accepter des normes et des critères de droit qui ont été édifiés, depuis 1920, avec la ferme volonté d'ignorer toute dimension identitaire et historique dans les relations internationales.
C'est parce que Trump et ses partisans isolationnistes sont beaucoup plus proches de cette vision hostile à l'héritage diplomatique des deux présidents Roosevelt qu'ils peuvent comprendre ou admettre le discours d'un Poutine, d'un Orban, d'un Modi ou d'un Erdogan, voire peut-être même d'un Xi Jinping sur Taïwan, à la différence de Macron, Starmer, von der Leyen ou un quelconque chancelier allemand aussi bavard que blême.
Ce qui soulève évidemment un certain nombre de questions et de soucis - le moindre n'étant pas leur désaccord profond et durable sur ce que signifiera à l'avenir, en Occident, la notion de puissance.

Marc Amblard
Dessin de Jak Umbdenstock
Pierre Duriot

La gauche grand écart...

Étonnante gauche qui défile. Elle défend la paix en Palestine et la guerre en Ukraine. Elle défend le port du voile en France et l’abandon du port du voile en Iran. Elle ferme les yeux sur les violences faites aux femmes dans les cités et les dénonce dans le milieu du cinéma. Elle défend les homosexuels et les transgenres et adule les gens issus des pays où l’homosexualité est criminalisée. Elle trouve normal que les migrants investissent un théâtre ou une église, mais pas une mosquée. Elle défend les voyous des cités, mais ne défend plus les pauvres gens des provinces. Elle est passée de l’adoration à la détestation du « grand frère russe ». Elle est pour l’accueil des migrants mais aucun de ses militants n’en héberge chez lui. Elle défend les squatteurs, tant qu’ils s’installent dans les maisons des autres. Elle explique que les cités sensibles sont une chance pour la France, mais aucun d’eux n’y habite. Elle défend le droit d’étudier à Sciences-Po, mais à condition qu’on soit pro-palestinien. Elle défend Nahel, mais pas Thomas, défend Traoré et sa famille polygame, mais fustige un acteur qui a une maîtresse. Elle combat l’antisémitisme et hurle avec les antisémites. Et finalement, quand ils défilent dans la rue, on a l’impression qu’ils sont nombreux, mais c’est juste une impression. Non, en fait, ils sont tous là, ils braillent mais ne représentent qu’eux-mêmes.

22 mars 2025

Yann Bizien

- 22/3/2025 - Je viens de publier rapidement ce commentaire sur la page Facebook du chef d'état-major des armées, le général Thierry Burkhard, qui doit pouvoir "entendre directement la voix du peuple" :
Mon général,
Nous ne sommes ni dans le contexte de 1938, ni dans celui de 1939. Les dirigeants européens font une erreur politique et stratégique majeure dans cette guerre par "procuration" à l'est de notre continent dont la cause originelle reste l'expansion ostentatoire et incessante de l'OTAN vers les frontières russes.
Poutine nous avait tous prévenus qu'il pouvait réagir si l'OTAN allait trop loin dans son processus d'élargissement. Il n'a pas surpris ceux qui le suivaient attentivement depuis le sommet de l'OTAN à Budapest.
En planifiant aujourd'hui le "réarmement" de l'Ukraine et le déploiement de troupes otano-européennes à la porte de la Russie, vous allez recréer les conditions identiques de la guerre déclenchée en février 2022, les mêmes causes produisant toujours les mêmes effets.
Il y a dans la pensée actuelle de nos dirigeants une panique, une obsession, une absurdité, qui inquiètent beaucoup.
Il faut bien sûr réarmer la France sans nous soumettre aux conditions du "Livre blanc" rédigé par des technocrates et validé dans l'urgence par des Commissaires non élus et sans légitimité démocratique, que nous ne verrons jamais près de chez nous.
Mais ne vous laissez pas entraîner dans la logique dangereuse de Zelensky qui n'attend qu'une chose : nous entraîner physiquement dans ce conflit pour que la Russie fasse tomber le premier soldat européen.
Prenez par ailleurs bien conscience que la France d'aujourd'hui n'est plus celle de notre grand-père en 1914, ni celle de nos parents en 1940.
Celle de jadis, paysanne, patriote, pouvait se mobiliser entièrement pour la guerre et pour la Patrie.
Celle d'aujourd'hui est surendettée, en faillite, déclassée, ensauvagée, décivilisée, envahie (par 600 000 à 900 000 clandestins), divisée, fracturée, enfoncée dans la corruption liée aux trafics, dans son délitement et son pourrissement, en voie d'islamisation et menacée gravement tous les jours de l'intérieur.
Il y a donc un immense travail intérieur de remise en ordre qui n'est toujours pas engagé faute, principalement, de courage et à cause de trop nombreux remparts idéologiques.
Le plus important, mon général, et le plus urgent, c'est la France, en perdition, pas l'Ukraine. D'ailleurs, la plus grande arnaque de la propagande occidentale, depuis février 2022, c'est de se prétendre patriote au titre du soutien à l'Ukraine. C'est une arnaque grotesque ! Notre patriotisme doit aller tout entier à la France submergée, oubliée, négligée et abandonnée par les européistes, les multiculturalistes, les immigrationnistes et les mondialistes aujourd'hui dans une fuite en avant coupable vers l'Europe fédérale, donc le sabotage de notre souveraineté nationale !
Tout ceci va bien trop loin.

Gabriel Nerciat

TOUS A LA MANIF !


Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Le fascisme ne passera pas !
Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Ecolos, bobos, salafs et Antifas !

La haine c'est notre fouet ;
Donald Trump n'y touchera pas,
Ni les fachos ni les poulets.
Car le fascisme c'est caca.

Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Le fascisme ne passera pas !
Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Ecolos, bobos, salafs et Antifas !

Elon Musk c'est un gros naze,
Alice Weidel une salope.
Leur foutre nos poings dans le nase
C'est ça, l'idée qu'on développe.

Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Le fascisme ne passera pas !
Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Ecolos, bobos, salafs et Antifas !

Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Où êtes-vous passés, les gars ?
On dirait bien que ça s'émousse ;
Trop de fachos, de renégats !

C'est pas grave, on reviendra
Tous ensemble, tous ensemble, tous !
Trump et Vance c'est du caca.
On les pendra quand on voudra.
Marc Amblard

FASCISME : DU DISCERNEMENT

Jean-Claude Delhez

- 22/3/2025 - La mode est à voir des fascistes et des régimes fascistes partout, du nazi derrière chaque moustache. Des moralistes, des politiciens, des journalistes appliquent en ce domaine ce qu'ils reprochaient naguère aux réseaux sociaux : caricature, manichéisme, manque de nuance, faiblesse du fond. Il faut que toute chose soit noire ou blanche, Adolf ou Gandhi.
Qu'est-ce que c'est que le fascisme ? Tout d'abord, c'est une idéologie de son temps. Le fascisme nait de la guerre de 14. Il lui emprunte son expression : la violence. La plupart des leaders fascistes ont fait les tranchées : Hitler, Mussolini, Goering, etc. Et la première expression du fascisme, ce sont les milices. Des milices organisées sur le modèle militaire et qui descendent dans la rue faire le coup de poing ou le coup de feu. Des chemises noires, des chemises brunes, et d'autres, dans la plupart des pays d'Europe. Avec un rapport à la violence et à la mort hérité de 14-18.
Puis, le fascisme, c'est une dictature (alors qu'une dictature n'est pas forcément fasciste). C'est donc un régime à parti unique. Les autres partis sont interdits. Si les opposants politiques s'entêtent, ils sont envoyés en prison, dans des camps ou assassinés. Il n'y a pas de presse libre. Les syndicats sont dissous et remplacés par un système corporatiste. Par contre, le système capitaliste (la liberté d'entreprendre) est maintenu ; la bourgeoisie soutient généralement les régimes fascistes parce qu'ils sont anticommunistes.
Le fascisme, c'est aussi le culte de la personnalité, du chef ; c'est l'encadrement des masses, par la propagande d'État, par des organisations de jeunesse ou autres, aussi par une police politique, parfois par certaines avancées sociales ou économiques.
Le fascisme est un nationalisme. Il considère le pays qu'il dirige et sa population comme supérieurs aux autres. Il valorise la force et l'armée. Il se désigne des ennemis, qu'il faut combattre et vaincre. Des ennemis intérieurs, comme des ennemis extérieurs. Ce qui le conduit à des aventures militaires à l'étranger.
Les mots ont un sens. On parle de dictature, de monarchie, de théocratie, d'aristocratie, de cleptocratie, d'oligarchie, de ploutocratie, etc. Mais aujourd'hui, il n'existe aucun régime fasciste. Comme il n'existe aucune véritable démocratie. Il y a des gradations au sein des régimes politiques, qui vont de gris clair à gris foncé, des plus démocratiques (en Scandinavie) aux régimes autoritaires de tous poils qui parsèment la planisphère, la nature du pouvoir étant de glisser toujours vers le plus sombre.

21 mars 2025

Radu Portocala

- 21/3/2025 - Dans leur grande sagesse, nos bureaucrates-en-chef veulent nous armer. Ils sont persuadés que notre devoir est de ratatiner la Russie avant qu’elle ait le temps de nous administrer une correction sévère.
S’armer, on l’imagine bien, veut dire fabriquer des chars, des blindés, des camions et autres engins qui roulent. À ce propos, il serait normal qu’une pétition internationale recueille des millions de signatures rappelant que notre Union européenne nous enjoint à tous un grand degré de décence écologique. Afin de se plier aux exigences de la transition vers le zéro carbone – exigences qui, déjà, empêchent nombre de personnes d’accéder en voiture dans les centres de certaines villes –, afin, donc, de préparer une armée et une guerre éco-responsables, cette pétition doit demander, exiger même, que tous les engins militaires qui seront produits à l’avenir soient dotés exclusivement de moteurs électriques.
Nous partirions ainsi avec une longueur (morale) d’avance sur les Russes. Faire la guerre ne signifie pas oublier l’environnement. La guerre sans fuel, oui, nous pouvons !