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14 mai 2025

En France, les prisons sont solubles dans la politique

H16

-14/5/2025- La prison, vraiment, c’est trop pénible ! Et puis, en France, les prisons sont trop pleines, comme une boîte qui déborde. Alors un gentil rapport explique que pour faire de la place, on devrait laisser sortir un peu plus tôt certains détenus, sauf bien sûr les méchants qui ont fait des choses très très graves.

Et si vous avez l’impression que les autorités vous prennent pour des enfants immatures, c’est exact mais cela ne changera rien : oui oui, vous avez bien lu le premier paragraphe et oui oui, il est bel et bien question d’une réduction de peine exceptionnelle pour tous les détenus pour résoudre la surpopulation carcérale actuelle.

L’idée générale est d’une simplicité biblique : puisqu’il y a trop de détenus, réduisons les peines, cela libèrera de la place ! Et pour bien faire comprendre les enjeux et toute la difficulté des conditions de détentions actuelles, vite, vite, réalisons l’un ou l’autre reportage pour décrire la situation avec toute l’objectivité des médias officiels !


L’avantage d’y aller aussi gaillardement, c’est que personne ne s’appesantira sur la notion pourtant étonnante de « trop de détenus » et qu’avec un peu de travail, on pourra faire oublier l’état exact des conditions de détentions dans les établissements français qui, si elles sont loin d’être bonnes – les cellules insalubres sont encore nombreuses, c’est un fait bien documenté – passera probablement un peu trop vite sous silence les aménagements actuels qui offrent une discipline qu’on pourra pudiquement qualifier de moins stricte que celle d’Alcatraz ou de Shawshank par exemple.

Il apparaît en effet que, parfois, à la faveur d’une diffusion sur les réseaux sociaux, le public découvre les étonnants passe-droits, aménagements et largesses dont bénéficient sinon tous les détenus, au moins certains et parfois les plus emblématiques. L’un des derniers exemples en date concernait par exemple Mohammed Amra dont on imagine sans mal que la détention n’était pas tout à fait un calvaire, exposant assez bien à quel point le système carcéral français était lui aussi sujet à la même corruption, au même laxisme et aux mêmes impunités que le reste de système judiciaire français.

En pratique, on le sait et c’est assez bien établi : les peines de prisons sont en réalité sous-utilisées. Rappelons d’ailleurs qu’il s’agit d’un laxisme institutionnalisé comme l’a montré une récente étude parue en février dernier et dont ces colonnes faisaient part à l’époque ; concrètement, lorsque la loi fixe des planchers, la justice effective les divise par deux ou trois et dix ans de prison se transforment en trois par la magie de jugements accommodants, de remises de peines et d’aménagements bricolés qui permettent à des condamnées à 20 ans de réussir l’exploit d’être pourtant multirécidivistes et multi-condamnés dans la même période.


De surcroît, lorsqu’on épluche les chiffres, on observe que sur les quasiment 100.000 personnes « sous écrou », la réalité oblige à noter que plus de 17.000 ne sont effectivement pas dans une cellule mais sous bracelet électronique (comme un ancien président de la République, par exemple) ou bénéficient d’un placement à l’extérieur. Autrement dit, l’utilisation de moyens alternatifs pour éviter les quatre murs d’une cellule sont déjà largement utilisés : si le gentil rapport qui préconise de relâcher plus tôt les pas-trop-méchants ne propose pas en échange d’augmenter la distribution de bracelets, c’est essentiellement parce que les équipes dédiées pour la gestion des détenus sous bracelets sont déjà surchargées.


Bien évidemment, le problème intrinsèque de ces gesticulations judiciaires qui seraient comiques s’il ne s’agissait pas de personnes condamnées donc a priori devant être écartées de la société civile, c’est que le laxisme actuellement institutionnalisé nourrit le laxisme.

D’un côté, ce laxisme est l’excuse pratique et clairement utilisée pour ne pas faire déborder les prisons – c’est même l’excuse directement utilisée par le rapport pour proposer un laxisme posé comme pragmatique – et de l’autre, on pousse à utiliser des peines alternatives (bracelet, liberté conditionnelle, sursis) afin de limiter l’usage de la détention, ce qui servira d’excuses pour ne pas construire de prisons supplémentaires.

En somme, de façon évidente, l’État n’est plus ici en train de gérer des détenus et d’essayer de trouver un moyen pour juguler la violence qui augmente dans la société. L’État, en toute décontraction et en l’expliquant presque ouvertement aux contribuables qui le financent, réalise une simple gestion logistique des flux en faisant ce qui lui paraît nécessaire pour que les contenus (ici, les condamnés) n’engorgent pas les tuyaux (ici, les prisons).

Dans ce contexte, les tubulures étatiques autorisent un flux constant d’environ 80.000 détenus, et dès qu’on est au-dessus, on a « trop de détenus » (i.e. les tuyaux sont sous pression et la pression, c’est mauvais pour le système, voyez-vous).

Magnifique système qui permet de gérer l’incarcération à rebours de ce que demandent les honnêtes gens : on n’incarcère plus en fonction des crimes, mais seulement en fonction des places. Si l’actualité produisait soudainement une floppée de criminels endurcis, on libérerait une floppée de petites frappes pour conserver l’incarcération courante dans le niveau de bande passante carcérale acceptable.

C’est lunaire : la surpopulation sert ici à justifier la désincarcération au lieu de justifier la création de cellules supplémentaires nécessaires à gérer l’augmentation naturelle de la population carcérale.

Et c’est d’autant plus lunaire que, dans le même temps, les bourgeois et la classe jacassante commencent à se réveiller sur certains problèmes qui pourrissent la société depuis maintenant plusieurs décennies et pour lesquels l’actuel ministre de la Justice espère faire croire qu’il agit :


Que peut-on espérer d’une telle gestion à la Gribouille où plus les uns se concentreront sur tel ou tel problème de société, plus il faudra compenser les incarcérations nécessaires par des remises de peine pour les autres ?

Et surtout, qu’espérer de ces dirigeants, de cette caste et de ces politiciens alors que les contribuables n’ont jamais été autant écrasés d’impôts pour un résultat si phénoménalement catastrophique ?


https://h16free.com/2025/05/14/80887-en-france-les-prisons-sont-solubles-dans-la-politique

12 mai 2025

Dessin de Phil Umbdenstock

LA VÉNALITÉ DES CHARGES

Jean-Claude Delhez

-12/5/2025- Lors du récent jeu de chaises musicales au Vatican, il est apparu qu'Emmanuel Macron était allé dîner avec quelques cardinaux. Ce que certains ont interprété comme une tentative d'influencer la désignation du futur pape.
Quoi qu'il en soit de la rumeur, elle renvoie à des pratiques anciennes. Des pratiques antérieures à la séparation de l'Eglise et de l'Etat (car la France est un pays laïque, pour qui l'aurait oublié). Des pratiques antérieures à la Révolution, c'est-à-dire à l'époque de la monarchie absolue. Quand les rois de France plaçaient leurs rejetons sur les trônes d'Espagne ou d'Autriche et usaient de leur influence dans le choix du futur empereur du Saint-Empire.
De ces époques lointaines, l'Eglise nous a légué plusieurs mots du dictionnaire : la simonie, la prévarication et le népotisme. Le népotisme, c'est user de son pouvoir pour offrir un poste à un parent qui le ne mérite pas. Parce que les papes octroyaient ce genre de postes à leurs neveux (qui n'étaient pas leurs neveux, mais leurs fils, mais il ne fallait pas le dire vu qu'ils n'étaient pas censés en avoir). La simonie c'est, nous dit le dictionnaire, « la volonté réfléchie d'acheter ou de vendre à prix temporel une chose spirituelle ». Enfin, la prévarication, c'est trahir la charge qui nous a été confiée. Ajoutons à ce vocabulaire d'origine chrétienne la vénalité des charges. C'est une pratique courante d'Ancien Régime qui consiste, pour un grand vassal, à acheter une charge publique à son souverain, afin d'en tirer profit pour son enrichissement personnel.
D'une certaine manière, cette vénalité des charges subsiste toujours. Sous une forme modernisée. Et celui qui est allé casser la croûte avec les cardinaux s'en est fait une spécialité. Quelques exemples.
Florence Parly vient d'être nommée présidente d'Air France. Qui est-elle ? L'ancienne ministre de la Défense de M. Macron.
Alexis Kohler vient d'être nommé directeur-général adjoint de la Société Générale. Qui est-il ? L'ancien secrétaire général de M. Macron.
Nathalie Saint-Cricq vient d'être nommée directrice de la rédaction de France Télévisions. Qui est-elle ? La tante d'Amélie Oudea-Castera, l'ancienne ministre de M. Macron.
Richard Ferrand vient d'être nommé président du Conseil constitutionnel. Qui est-il ? L'ancien président du parti de M. Macron.
Auparavant, Jean Castex, ancien premier ministre de M. Macron, avait été nommé PDG de la RATP ; Christophe Castaner, ancien ministre de l'Intérieur de M. Macron, avait été nommé président du port de Marseille et du Tunnel du Mont-Blanc. Etc, etc.
Qu'on se rassure, la France n'a pas l'exclusivité de la vénalité des charges, ni du népotisme. J'ai vu récemment circuler sur Facebook un article de la presse belge constatant que les cabinets ministériels étaient pleins de « femmes de » et de « filles de ».

Un dernier quintile de plus en plus dangereux

H16

-12/5/2025- C’est bien connu : sécuriser les champs Élysées, c’est vraiment compliqué. Une foule qui s’y rendrait de façon totalement inopinée deviendrait vite absolument ingérable, à moins de porter un gilet jaune auquel cas, la sécurisation des lieux ne serait finalement qu’une pure question de logistique et de nombre de balles disponibles dans les flashballs.

Or, le 7 mai dernier, un match de foot totalement improvisé a permis au Paris Saint-Germain de se qualifier – assez inopinément – pour la finale de la Ligue des Champions. Cette grande surprise a, semble-t-il, quelque peu pris les forces de l’ordre parisiennes au dépourvu. Diantre, des gens qui font du foot et qui gagnent, qui fêtent, voilà qui rend le travail plus complexe ! Fichtre, voilà que des groupes de frétillants amateurs de foot se sont déversés dans les rues du 8e arrondissement de la capitale pour y fêter dignement la victoire !


Ici, par « dignement », on veut bien entendu signifier que des hordes de racailles sans rapport avec l’événement ont utilisé ce prétexte pour venir casser, piller, brûler et détruire dans la bonne ambiance générale qui sied à ce genre de razzias une partie de la capitale française, sous les yeux médusés de pas mal de Français, de touristes et des autorités qui semblent encore une fois étonnamment absentes.

Le bilan continue d’être dressé, pas trop près des micros et des caméras : ainsi, pressé par une foule de plus en plus agressive, un chauffeur VTC a tenté de s’extraire de ce qui s’apparente, sur les vidéos assez largement disponibles de l’incident, à un véritable déferlement de violence sur son véhicule. Cette extraction s’est terminée avec plusieurs blessés. De son côté, le chauffeur estime devoir porter plainte – le fait que sa voiture ait été minutieusement détruite et qu’il soit encore en vie tenant d’un miracle.

Ainsi, on a pu noter quelques intéressants exercices balistiques de ces groupes festifs dont on se demande vraiment si leur but n’était pas de déclencher des incendies dans les appartements ainsi visés.


Et bien sûr, des magasins ont été pillés – eh oui, apparemment, fêter le foot permet aussi ce genre de petits débordements – et 47 personnes ont même été interpellées qui seront, rassurez-vous, promptement relâchées par une justice jamais en mal d’une excellente excuse, d’un vice de procédure ou d’une application créative de la loi pour éviter de gonfler nos prisons de ces histrions un peu remuants.

Comme on pouvait s’y attendre, la réaction des autorités – ministre de l’intérieur en tête – est bien sûr tout à fait à la hauteur : les uns et les autres s’écrient que c’est scandaleux, qu’on a même eu à faire à des fous furieux, et on va voir ce qu’on va voir, on va en parler facilement quelques jours et on passera bien vite à autre chose.

Pour une fois, Retailleau n’aura pas besoin de déclarer qu’il se rend sur place sans attendre, puisqu’il y est déjà (ou quasiment) : youpi, joli gain de temps et une facture carbone allégée pour le ministre de l’intérieur ! La suite logique est attendue avec impatience : la distribution de flyers, la mise en place d’un numéro vert et d’une cellule de soutien psychologique s’imposent pour ces événements même si, reconnaissons-le, on pouvait s’attendre à ce genre de débordements.


Eh oui : tout indique – mais si, cherchez un peu dans les archives ! – que ce n’est pas la première fois que ceci arrive. D’ailleurs, compte-tenu des (nombreux) précédents, que se passera-t-il si le PSG emporte la finale ?

Probablement la même chose.

Car oui, même si tout est prévisible, aucun moyen n’est réellement mis en face pour commencer à traiter ce qui devient un problème de plus en plus grave.

Normalement, dans une société fonctionnelle, celle que connaissait par exemple la France il y a encore 40 ans, tout est mis en œuvre pour « gérer le dernier quintile », c’est-à-dire les 20% des individus qui, d’une honnêteté douteuse, se trouvent assez régulièrement dans des histoires louches, dans des violences, dans des affaires criminelles ou délictueuses.

Et une société fonctionnelle met en place les codes de loi, les forces de l’ordre pour gérer ce dernier quintile. C’est pour celui-ci que sont établis les contrats, les garanties, l’immense cohorte de paperasserie qui entoure d’un cocon protecteur une masse croissante d’interaction sociale de notre vie de tous les jours. C’est pour se couvrir de ce quintile agité que les banques, les assurances mettent en place leurs procédures, les scores de crédit. C’est pour cette partie de la population qu’une société établit des principes (éducatifs, sociétaux) comme l’ostracisation par exemple afin de garantir une certaine cohérence d’ensemble.

C’est parce que ce quintile malhonnête et parfois dangereux fait régulièrement parler de lui que les contrôles administratifs et policiers existent, que certains aspects architecturaux des villes sont mis en place (lumière la nuit, mobilier urbain spécifique, largeur des avenues, etc), que nos portes ont des verrous, nos voitures des alarmes et nos comptes bancaires des « facteurs à double authentification »…

Le problème est que la société française est de moins en moins fonctionnelle.

D’une part, le dernier quintile est de plus en plus dangereux et les quatre autres quintiles sont de moins en moins bien protégés. D’autre part, il apparaît – comme le démontrent les récents événements de Paris – que non seulement, le dernier quintile est dangereux, mais qu’à celui-ci – qui restait gérable par les méthodes habituelles de police, de justice et de contrôle social – s’est progressivement puis rapidement ajouté un autre quintile qui n’est pas seulement dangereux, mais qui est devenu puissamment ingérables par choix politique, électoral même, par idéologie, par lâcheté, par mièvrerie et qui est même ouvertement et systématiquement hostile aux autres quintiles.

À la fin, on se retrouve avec non plus un quintile problématique, mais deux, avec lesquels les 60% de population restante doivent composer de façon de plus en plus complexe.


Or ceci n’est pas neutre, cela a même un coût exorbitant.

C’est une des raisons de l’endettement croissant du pays : tous ces contrôles, toutes ces précautions coûtent « un pognon de dingue ». C’est aussi la raison de la perte de la société de confiance dont les plus de 40 ans peuvent sans problème se souvenir, cette société qui comprenait qu’elle pouvait avoir en son sein des éléments problématiques, mais qui, sachant les gérer, ne rendait pas la vie inextricable pour tous les autres.

Ce coût sur les individus, cela se traduit par une myriade de contraintes : le temps de trajet supplémentaire pour aller travailler, car on habite un quartier plutôt qu’un autre, c’est dû à ce quintile ingérable. Le fait de choisir (ou d’essayer) cette école, ce collège et ce lycée plutôt qu’un autre pour ses enfants, c’est pour éviter de côtoyer ce quintile ingérable de trop près. Le fait de ne pas aller à certains endroits, à certains moments (par exemple, se balader dans le 8e à Paris le soir d’un match de foot majeur), c’est aussi pour éviter la confrontation avec ce quintile ingérable.

En transformant une partie de la population en quintile ingérable, une partie de la société (la classe jacassante, essentiellement) a décidé d’abandonner la confiance en estimant que la société de défiance et de surveillance lui était peut-être profitable, soit parce qu’elle permet de faire perdurer le mensonge que la République peut tout gérer (ou faire semblant de gérer), soit parce qu’elle autorise un contrôle toujours plus grand sur les quintiles les plus dociles, soit – vraisemblablement – par un mélange de ces deux raisons.

Ce que les débordements consternants de Paris, le 7 mai dernier, ont encore une fois démontré, c’est que cette société de surveillance, basée sur une utopie d’un vivrensemble chimérique, n’aboutit qu’à la pire des contraintes, celle d’imposer aux quintiles qui veulent créer une société le quintile qui la rejette de plus en plus violemment.

Et l’aspect purement idéologique de cette contrainte ne laisse pas présager de l’application d’une solution à court terme.

Ce pays est foutu.


https://h16free.com/2025/05/12/80869-un-dernier-quintile-de-plus-en-plus-dangereux

11 mai 2025

Natalia Routkevitch
9/5/2025


Ce Jour-là

Pour de nombreux observateurs occidentaux, il est difficile de comprendre le sentiment des Russes — ou plutôt des ex-Soviétiques — qui célèbrent en masse, dans une atmosphère solennelle réunissant toutes les générations, ce qu’ils considèrent comme leur plus grande fête commune.
Ce n’est pas simplement une commémoration officielle d’un événement historique, ni un moment récupéré par les hommes politiques à des fins opportunistes, ni un simple hommage populaire, ni un jour de gloire, ni un jour de deuil. C’est tout cela à la fois, mais, par-dessus tout, un grand rituel sacré, une immense communion, une liturgie dans laquelle on se sent profondément impliqué — jusqu’aux larmes, à une émotion d’une intensité incomparable.
Ce sentiment peut paraître étrange, incompréhensible, absurde, archaïque, artificiel, forcément fruit de propagande et de manipulation.
Les détracteurs des festivités russes, nombreux en Occident, parlent de « la rage de la victoire », du « virus du 9 mai » et d'autres formulations péjoratives. Ils ont néanmoins raison sur un point :
ce jour-là, l’histoire — au sens strict de la chronologie des faits — compte moins que la charge symbolique, mythique, religieuse de l’événement.
- Sous Poutine, écrit le philosophe russe Pavel S., la Victoire est devenue un mythe. Le temps des témoins vivants est révolu. Il ne reste qu’une sorte d’icône — une image et un récit auxquels on s’associe, auxquels on participe. Et tout comme l’icône de la Transfiguration rayonne d’une lumière indicible, la Victoire brille dans la mémoire du peuple russe comme une lumière de rédemption, de sacrifice, de sens retrouvé. C’est là qu’est sa vérité — non dans le comptage exact des obus, des divisions ou des pertes à un moment donné de l’espace-temps. -
La Victoire n’est plus (seulement) un souvenir, mais un culte, un autel autour duquel un peuple se rassemble, se recueille, communie — réuni par cette mémoire en un seul corps.
Les peuples privés de mémoire commune se désagrègent. Ceux qui ont choisi de déconstruire plutôt que de s’unir autour de mythes partagés se délitent.
Foi, mythe, religion sont nécessaires pour maintenir l’unité, pour prévenir l’effondrement et la division. Or, « on ne se rejoint véritablement que dans l’au-delà », disait Régis Debray.
Cela peut sembler une évidence. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ont renoncé à « l’au-delà » ; qui ont choisi de déconstruire, d’abdiquer, et d’enseigner une vision dite « objective et neutre » — ce qui est, bien sûr, un leurre.
Ceux qui dénoncent le caractère mythologique ou l’instrumentalisation de la mémoire de la Seconde guerre mondiale en Russie font preuve de duplicité lorsqu’ils prétendent remplacer un récit mythique par un récit factuel et neutre.
Le fait nu est neutre, dénué de toute signification. Il n’oriente pas le regard.
Ceux qui revendiquent la neutralité proposent en réalité leur propre vision du monde, leur propre foi, masquée sous les traits de la « vérité historique ». C’est une foi spécifique, foi d’un homme post-historique — mais cela, c’est un autre sujet.
Toujours selon Pavel S., les différentes versions de la mémoire de la Victoire ne sont pas simplement des récits concurrents, mais des liturgies opposées.
Chacune a ses canons, ses dogmes, ses anathèmes. Un même jour — le 9 mai — devient, selon le mythe auquel on adhère, soit une fête du salut, soit un culte de la culpabilité.
C’est pourquoi toute tentative de réconciliation dans un cadre « européen » ou « mondial » lui semble aujourd’hui vouée à l’échec : les liturgies sont trop opposées. Le conflit autour de la Victoire n’est donc pas un débat d’historiens, mais une forme de guerre de religion.
Je lis enfin Egor K., poète de la ville martyre du Donbass, Gorlovka, qui écrit ceci :
« La guerre que nous menons ici depuis onze ans, c’est un combat acharné pour pouvoir garder notre mémoire, notre code culturel, notre identité — notre droit de fêter le 9 mai, le drapeau rouge à la main, comme nous l’avons toujours fait. C’est une guerre pour notre foi. »
Bonne fête à tous ceux qui se sentent concernés !













Christian Dubuis Santini
11/5/2025

Ils ont inventé la terreur sanitariste, la terreur climatiste…
Ils ânonnent : « Protégez-vous, il faut protéger les autres, pour vous protéger !…»
Et ils se frottent les mains.
« Lorsque tu te rendras compte qu’il te faut l’autorisation de ceux qui ne produisent rien pour pouvoir créer ; lorsque tu verras que l’argent afflue non vers ceux qui échangent des biens, mais des faveurs ; lorsque tu comprendras que beaucoup s’enrichissent non par leur travail, mais par la corruption et les influences, et que les lois, loin de te protéger contre eux, les protègent contre toi ; lorsque tu découvriras que la corruption est récompensée et que l’honnêteté devient un sacrifice, alors tu pourras affirmer, sans l’ombre d’un doute, que ta société est condamnée. »
(Alissa Zinovievna, auteur d’origine russe, mieux connue sous le nom d’Ayn Rand)
Le plus grand péché, nous dit Dante, est la tristesse. Lacan ajoute que c’est une faute morale, une lâcheté.
Le discours dominant, qu’implique-t-il sinon que nous soyons atteints d’une tristesse accablante par l’avenir qui nous pend au nez ?
Ne vous laissez pas terroriser par la propagande des prophètes de malheur, le seul bout de savoir auquel l’homme a accès, c’est le réel dont son "je" est affligé, d’où il appert que l’inconscient reste à déchiffrer…
Christian Dubuis Santini
11/5/2025

"Enfoncez ces plans de paix dans vos culs de non-binaires"

Dmitri Medvedev, vice-président du Conseil de sécurité russe, a réagi dans un message sur X à la proposition d'un cessez-le-feu de 30 jours émanant de l'Europe et des États-Unis…

LE POUVOIR MENT

Jean-Claude Delhez

-10/5/2025- C'est un débat que j'ai déjà eu avec plusieurs d'entre vous : Pourquoi mentent-ils ? Quelles sont leurs mobiles ? L'exemple employé est celui du conflit en Ukraine, parce que le mensonge est flagrant dans ce cas ; mais on pourrait l'élargir à toutes les questions de pouvoir. Pourquoi tous ces gens mentent-ils ? Les politiciens, les journalistes, les experts. Il y a bien sûr ceux qui y trouvent un intérêt personnel, qui le font sciemment, qui manipulent les foules. Mais cette explication ne vaut pas pour tous. Dès lors, quel est le mobile des autres ? Ont-ils conscience de mentir ? Quelle est la part des corrompus ; et qui les corrompt, par quels mécanismes, avec quel argent ? Quelle est la part des idiots utiles ? Il faudrait une étude sociologique ou psychologique sur la question pour y voir clair. Mais elle ne risque pas de voir le jour. Ce serait écorner les pouvoirs, les dominants, ceux qui ont toujours raison, et tirent de juteux bénéfices.
La mécanique du mensonge est illustrée par des textes que j'ai partagés dernièrement. Il y a ce diplomate espagnol qui explique que la plupart des fonctionnaires ont bien compris le mensonge d'Etat et qu'ils en parlent entre eux. Mais ils ne l'expriment pas publiquement pour préserver leur carrière. Il y a ceux qui veulent simplement se protéger ; il y en a aussi d'autres qui en rajoutent en espérant ainsi bénéficier des faveurs du pouvoir ; ce qu'on pourrait appeler une collaboration. A ce constat fait écho la pétition signée en France par des milliers de militaires (qui ne sont plus en service), dont de nombreux officiers ; une pétition qui demande simplement aux parlementaires un débat sur l'Ukraine et le respect de la constitution. Or, vous aurez noté que cette pétition, qui est pourtant chose peu banale, n'a pourtant reçu aucun écho médiatique ou presque, ni aucune concrétisation politique ; vous aurez aussi noté qu'elle a conduit le président Macron à discrètement mettre à la retraite d'office deux généraux.
Cette mécanique du mensonge, cette propagande d'Etat, certains d'entre vous l'ont déjà comparée au monde orwellien, celui de 1984, de Big Brother. Je la mettrais en relation avec une autre dystopie britannique, la série télévisée « Le prisonnier » (1967). C'est un monde clos, au pouvoir unique et plus ou moins masqué, un monde qui se présente comme idéal alors que chacun n'y est qu'un numéro appelé à se fondre dans le moule. Et, pour celui qui ne le ferait pas, il y a des limites et des représailles. La série est l'œuvre originale de Patrick Mac Goohan mais aussi de George Markstein, un auteur allemand qui avait subi le nazisme.
« Le prisonnier » me semble très représentatif de la société actuelle. Une société qui se prétend démocratique mais qui entend contrôler la pensée, pour qu'il n'y en ai qu'une. Une société très hiérarchisée, avec des numéro 1, numéro 2... et le reste des autres qui sont appelés à n'être qu'une multitude de copies insipides, formatées par les dominants. Le tout enrobé dans un vernis de liberté qui masque des mécanismes de pouvoir bien réels où chacun est destiné à rester à sa place.

Pierre Duriot
Porte-parole du RPF
10/5/2025

Ukraine : la diplomatie des sourdingues…


Les télévisions occidentales nous ont expliqué que l’Ukraine et l’Occident allaient gagner la guerre, ils l’ont perdue. Les politiciens occidentaux nous ont expliqué qu’ils allaient mettre la Russie à genoux, c’est nous qui sommes à genoux. Et aujourd’hui, benoîtement, l’Occident dicte ses conditions comme s’il avait gagné et promet de nouvelles sanctions si la Russie qui a gagné la guerre, n’accepte pas de se comporter en perdant et de se plier aux injonctions d’un Macron qui promet encore des sanctions massives. Que pourrait-il bien faire qu’il n’a pas déjà fait et qui n’a pas marché ? Le voilà à promettre la bombe atomique française à la Pologne, avec un subterfuge fichtrement malin : on apporte la bombe mais c’est Tusk qui appuiera, s’il le faut, sur le bouton rouge. On dirait un plan de gamin de CP pour gagner aux billes à la récré sans prendre de risque. L’Occident fait fi de sa défaite, prend Poutine pour un imbécile et nous avec, à tel point que même les « analystes » subventionnés sont sceptiques et emploient des tournures alambiquées pour ne pas avoir à dire que les chefs d’État européens sont complètement à côté de leurs pompes. C'est pas grave, tous ceux qui ne trouvent pas le plan génial on les traitera de dangereux pro-russes.

Rassemblement du Peuple Français

QUE VIVE LEON XIV !

Gabriel Nerciat

-10/5/2025- Si j'avais été cardinal-électeur du Sacré Collège romain, je n'aurais sans doute pas voté pour lui, mais accueillons quand même avec confiance, bienveillance et même un minimum d'espoir l'élection de ce nouveau pape américain porteur d'un nom français.
D'abord parce que le pontificat de Bergoglio a été tellement long, éprouvant et infect que celui-ci, quoi qu'il arrive, ne pourra pas être pire (c'est l'avantage, dans tous les milieux, de succéder à un dirigeant médiocre ou scélérat).
Ensuite parce qu'il a choisi de s'inscrire dans la lignée de Léon XIII et pas de son prédécesseur (il a volontairement refusé de s'appeler François II, peut-être sous la pression des cardinaux traditionalistes qui disposaient d'une minorité de blocage, et assumé toute la pompe protocolaire et liturgique liée dans la tradition romaine à l'élection du successeur de Pierre et de Paul).
Léon XIII, c'est certes le premier pape moderniste de l'Histoire, artisan de la réconciliation - très relative - de Rome avec la République française et auteur de Rerum novarum (la fameuse encyclique qui condamne vigoureusement à la fois capitalisme et socialisme), mais quiconque connaît un peu sa biographie sait que ce fut un pape réaliste et prudent, qui, contrairement à Jean XXIII ou Paul VI après lui, se gardait bien de vénérer les valeurs du monde moderne avec lesquelles il se voyait contraint de composer partiellement (rappelons qu'à l'époque, les papes étaient quasiment prisonniers du jeune Etat italien né avec le Risorgimento en 1860).
Comme Léon le Grand dont il avait choisi le nom, il s'agissait d'un souverain pontife qui ne se leurrait pas sur ce que signifiait l'empreinte croissante du Prince de ce monde sur les esprits de la société moderne et sur la progression des barbares qui l'accompagne autour de Rome (comme au sein de Rome même, d'ailleurs : il fut très clair là-dessus puisqu'on lui attribue une citation assez sidérante sur la présence réelle de Satan au cœur de l'Eglise de Pierre).
Les deux premières déclarations du nouveau pape : "Le mal ne gagnera pas" et "Beaucoup de gens aujourd'hui pensent à tort que ceux qui se tournent vers l'Eglise sont des ignorants et des superstitieux" font directement écho à celles de son lointain prédécesseur. Et j'y vois au moins un signe de lucidité, qu'on aurait eu bien de la peine à trouver dans la bouche d'un autre pape post-conciliaire (saint Jean-Paul II et Benoît XVI exceptés).
Enfin, son appartenance à la Curie comme à l'ordre des Augustins, sa connaissance approfondie du droit canon et de la théologie thomiste, son passé de missionnaire au Pérou, l'importance qu'il accorde publiquement à la dévotion mariale me semblent aussi de très bon augure. Visiblement, ce n'est pas un faux prophète jésuitique, ambitieux et hypocrite comme l'était Bergoglio, qui n'aurait qu'hostilité ou mépris à l'encontre de l'héritage spirituel et historique de la vieille Europe latine.
Alors bien sûr, tout cela ne gage rien pour le reste, et il est probable que nous aurons encore droit à des encycliques et des sermons en nombre pour nous expliquer (faussement) que nous devons être envers les migrants venus d'Afrique ou d'ailleurs l'équivalent du Bon Samaritain de l'Evangile. Mais malgré tout, je crois que ce n'est pas rien.
Si déjà ce pape, que l'on dit rigoureux et discret, s'applique à restaurer l'unité de l'Eglise que son prédécesseur a tellement divisée, ce ne sera pas si mal.
Prions donc pour lui, pour la gloire du Christ, et pour la réussite de son pontificat.
Amen.