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25 mai 2025

Anne-Cécile Robert

LE SYSTÈME INTERNATIONAL AU BORD DE LA RUPTURE : la catastrophe qui nous attend

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Stéphane Rozès

-25/5/2025- La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son cinéma sur Gaza.
Les émotions et les mobilisations face à la situation dramatique des Gazaouis sont légitimes, nécessaires et urgentes.
Ce qui ne l’est pas, c’est la responsabilité univoque imputée à Israël.
Quid des faits ? De la responsabilité du Hamas ? De la misère entretenue par le Hamas à Gaza par ses détournements colossaux de fonds à des fins militaires ; de sa politique de terreur à l’égard de ses opposants palestiniens ; du fait que tout a commencé par le pogrom et les enlèvements du 7 octobre ; de son usage cynique et revendiqué de la population civile comme bouclier humain ; de sa non-libération des derniers otages.
Le paradoxe apparent est que c’est en Occident – parmi la petite bourgeoisie intellectuelle wokisée, qui abrite les islamo-gauchistes sur les campus, dans certains médias et au sein d’une gauche dite « progressiste » – que ce procès univoque est instruit avec le plus de constance et de tapage, à grand renfort de termes inappropriés et révisionnistes comme « génocide », alors qu’il s’agit de crimes de guerre, et que l’on devine la dimension révisionniste et antisémite de l’usage de cette terminologie.
Comment expliquer cela ?
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale, dans le moment néolibéral actuel, a perdu sa vocation traditionnelle, politique et symbolique, de porte-parole de la classe ouvrière et des catégories populaires.
Elle est par ailleurs fragilisée socialement, tout en s’étendant du fait de la massification de l’enseignement supérieur.
Son statut est doublement atteint – en termes de capital social et symbolique – de sorte que son ressentiment trouve dans la figure d’Israël, y compris dans sa capacité à se défendre, l’exutoire politique de sa propre obsolescence.
Dans le Hamas, elle projette une figure de résistance – bien éloignée de la réalité théologico-politique islamiste de cette organisation terroriste.
Des manifestations de Gazaouis contre le Hamas, ou des attitudes des régimes arabo-musulmans vis-à-vis de Gaza et du Hamas, elle ne veut surtout rien voir ni savoir.
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son petit cinéma, comme en parlait Debord :
« La petite bourgeoisie est la classe la plus spectatrice de toutes. »
Ils voudraient en singer les acteurs, porter le keffieh le jour, et retrouver leur confort occidental dès la nuit tombée.
Et Debord d’ajouter :
« Le spectacle ne veut en venir à rien d’autre que lui-même. »

UN OBSERVATEUR FRANÇAIS DANS LE DONBASS TÉMOIGNE

Jean-Claude Delhez

-25/5/2025- Je vois passer ces derniers temps, grâce à de nombreux internautes, des liens vers des témoignages disponibles sur YouTube. Ce sont des entretiens, parfois assez longs, avec des hommes qui, pour une raison ou une autre, se sont rendus en Ukraine ou en Russie ces dernières années. Des témoignages intéressants si l'on prend le temps de les écouter. Je pense par exemple à la chercheuse ukrainienne Marta Havryshko (étudiant la dérive du nationalisme de son pays), à l'écrivain suisse Jean-Christophe Emmenegger, qui a vécu à Marioupol, ou encore à un journaliste allemand (dont le nom ne me revient malheureusement pas). Il y a aussi le remarquable entretien radiophonique d'Anne-Laure Bonnel par la Radio libre suisse (mais il ne faut pas la citer car Wikipédia dit que c'est une propagandiste russe...). C'est encore un autre que je relaie ici.
Benoît Paré est un ancien fonctionnaire et militaire français. Il fut observateur en Ukraine pour le compte de l'OSCE, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. C'était avant l'invasion russe. Pendant la guerre du Donbass. Une guerre qui dura 8 ans, de 2014 à 2022, opposant l'armée ukrainienne aux séparatistes russophones de cette région du Donbass. C'est pendant ce conflit que furent négociés les différents accords de Minsk, pour tenter de résoudre le conflit. Les observateurs de l'OSCE ont été envoyés près du front afin de rendre compte de ce qu'il s'y passait et de vérifier l'application des mesures décidées à Minsk.
Je me contente de pointer quelques-unes des nombreuses informations révélées par Benoît Paré (qui en a fait un livre de 766 pages : « Ce que j'ai vu en Ukraine »). Pour rappel, le conflit du Donbass a fait 14.000 morts, militaires et séparatistes confondus, dont 3.400 civils russophones. Les accords de Minsk ont imposé des trêves dans les combats, trêves qui ont été violées. Les observateurs de l'OSCE, avaient notamment pour mission de tenir un décompte régulier des attaques et des victimes. Benoît Paré explique que, dans trois cas sur quatre, l'auteur en était l'armée ukrainienne et non les séparatistes. Mais les rapports de terrain ont été modifiés, à la demande de la hiérarchie, pour devenir des publications plus favorables à l'armée ukrainienne. Benoît Paré témoigne de la présence, parmi les observateurs de l'OSCE, d'Américains, dont l'un au moins appartenait à une société écran de la CIA. Un constat qui me pose la question suivante : L'OSCE étant un organisme indépendant œuvrant en Ukraine, s'il est si simple d'en transformer les rapports, que faut-il penser des autres organismes de ce type et de leurs rapports ?
Benoît Paré a également assisté aux procès organisés par la justice ukrainienne pendant toutes ces années. C'est ainsi qu'il a noté que lorsque le prévenu était un Ukrainien de langue russe, il était condamné d'office, tandis que les juges se faisaient bien plus cléments pour ceux de langue ukrainienne, à l'image de ce personnage ayant participé au massacre de la maison des syndicats à Odessa, qui sera laissé en liberté.
Dans cette justice, Benoît Paré pointe le rôle du SBU. Le SBU, ce sont les services secrets ukrainiens. Il les décrit comme héritiers du KGB, disposant d'un pouvoir exorbitant, une sorte d'État dans l'État. Ces services intervenaient notamment pour monter des dossiers à charge afin de faire condamner des Ukrainiens russophones. Autant le SBU disposait (et dispose sans doute toujours) d'un pouvoir considérable, autant il n'est lui-même soumis à aucune enquête, aucun contrôle.
Dernier point que je souligne : la violation des trêves. Benoît Paré rapporte la violation des trêves par l'armée ukrainienne. Et notamment celle de 2022. La situation commençait alors à se tendre avec la Russie. Au point que Poutine s'était plaint publiquement de ces violations, du sort réservé aux habitants du Donbass, et qu'il et avait durci le ton face à Kiev. Benoît Paré note alors que l'armée ukrainienne a multiplié les agressions contre le Donbass dans la période qui a suivi le discours de Poutine, comme s'il s'agissait de pousser la Russie à l'intervention militaire. Il cite à ce sujet les paroles d'Oleksiy Arestovytch, conseiller en communication de Zelensky, qui avait affirmé qu'une guerre avec la Russie était indispensable pour que l'Ouest accepte d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN. Il rapporte également que l'escalade en Ukraine fut patente à partir de l'arrivée au pouvoir de l'administration Biden, en 2021.

LA BÊTISE, PALME D'OR SUR LA CROISETTE

Gabriel Nerciat

-25/5/2025- Assez drôle d'entendre ici ou là (notamment sur C-News) des esprits légers ou automatiques qui se disent interloqués par le verdict du jury du festival de Cannes, qu'ils croient contradictoire avec les déclarations et la dégaine ridicules de Juliette Binoche lors de l'inauguration du festival.
Visiblement, ils ne comprennent pas ce que l'actrice fétiche de Leos Carax et d'Olivier Assayas a voulu leur signifier, en parfaite adéquation avec le credo idéologique de la bourgeoisie bohème occidentale en mal d'intersectionnalité.
On peut le résumer ainsi : "Française empêchée de porter le voile islamique en France, Iranienne contrainte de le porter en Iran : même combat pour la liberté des femmes !".
Il n'y a donc pas contradiction entre le début du festival et sa clôture ; c'est, comme à l'accoutumée, la même bêtise gluante, libertaire, avachie, convenue et frimeuse qui s'affiche.

La grève des taxis, symptôme d’un pays qui déraille

Jean Mizrahi

-25/5/2025- La grève des taxis qui paralyse depuis plusieurs jours les grandes gares françaises et certains axes routiers n’est pas un simple conflit de secteur. Elle cristallise, à elle seule, plusieurs pathologies profondes de la société française : addiction à la dépense publique, abdication de l’autorité régalienne, et refus obstiné d’affronter l’avenir.
Au cœur du litige : la réforme de la tarification des transports médicaux, que l’Assurance maladie souhaite rationaliser. Aujourd’hui, les taxis conventionnés représentent une charge annuelle de plusieurs milliards d’euros. Pour beaucoup d’entre eux, cette manne publique est devenue vitale : sans elle, leur activité serait moins rentable. Cette grève révèle donc une vérité crue : une part non négligeable de ces chauffeurs ne vit plus d’un marché libre, mais d’un système de redistribution artificiel. Ils sont les enfants gâtés d’un État-nounou, devenus dépendants d’une économie d’appoint financée par la collectivité.
Mais l’essentiel est aussi ailleurs : cette dépendance individuelle est devenue un levier de blocage collectif. Que des accès à des gares soient restés inaccessibles pendant plus d’une semaine, que des axes entiers soient neutralisés sans réaction de l’État, en dit long sur le degré de décomposition de l’autorité publique. Parti un mardi pour Paris depuis Marseille, je suis revenu le jeudi par la même gare : toujours bloquée. Même scène absurde. Même impuissance. La France est aujourd’hui un pays où des intérêts très minoritaires peuvent faire plier la logistique nationale, sans rencontrer la moindre opposition sérieuse. Et où l’État, au lieu de rétablir l’ordre, entame une énième “concertation”.
À cette logique de rente et de blocage s’ajoute une surdité stratégique. Au lieu de repenser en profondeur leur métier, les taxis s’accrochent à des subventions appelées à disparaître. Car la vraie révolution approche, et elle ne viendra ni des VTC ni du ministère : elle viendra des véhicules autonomes. D’ici cinq à dix ans, une large part du métier de taxi sera automatisée. La profession de chauffeur, dans sa forme actuelle, est condamnée. L’énergie investie à défendre une rente de court terme serait mieux employée à anticiper, à se reconvertir, à exiger de l’État non pas des aides, mais des moyens d’adaptation.
Il est temps que la France sorte de cette logique infantile dans laquelle chacun réclame sa part du gâteau public, tout en piétinant les droits des autres. La liberté ne consiste pas à bloquer les gares, mais à bâtir un avenir dans un cadre commun, respecté par tous. Ce pays crève de ne plus savoir dire non. Il est grand temps qu’il réapprenne.

24 mai 2025

23 mai 2025

Gastel Etzwane

-21/5/2025- Sur ce sujet comme d’autres, la vérité éclate au grand jour, toujours trop tard. Nous étions nombreux à savoir dès 2019, dès sa candidature, que cet homme corrompu était incapable d’assurer la moindre fonction officielle. Et pourtant, pendant quatre ans, les médias nous ont assuré que tout cela était faux, même le pathétique François Hollande a déclaré que c’était le plus grand président des États-Unis depuis très longtemps.
L’article et les livres qui en parlent aujourd’hui ne vont pas assez loin, en affirmant que ce qui a motivé l’élection et le maintien d’un vieillard sénile était la peur d’un second mandat de Trump.
En réalité, c’était surtout la volonté de Obama, de Hillary Clinton et du Deep State de conserver le pouvoir au moyen d’une vieille marionnette pathétique.
On doit d’ailleurs aller plus loin, et constater que remplacer le vieillard malade par une incompétente notoire participait de la même stratégie.
On peut enfin ajouter que l’arbre de la maladie mentale de Biden cache la forêt de la corruption de sa famille et particulièrement de son fils. En Ukraine et en Chine.

Monique Plaza

-22/5/2025- La Finlande a érigé un mur à la frontière avec la Russie. La clôture fera 200 km, avec des grillages renforcés, des caméras IA, des haut-parleurs. Les 35 premiers kilomètres sont déjà construits.
C’est triste et absurde quand on sait que la Finlande, après avoir choisi la neutralité à la fin de la seconde guerre mondiale, a vécu plus de 70 ans de paix et d’échanges économiques fructueux avec son voisin russe, et qu’elle n’a jamais été menacée.
Mais quand on devient un vassal de l’OTAN, il faut bien justifier les subventions par un peu de théâtre sécuritaire.

Dessin de Sanaga

Gilles Deleuze

Les Indiens de Palestine

« Le sionisme, puis l’État d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’État d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’État sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.

Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’oeuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’oeuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.

La complicité des États-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les États-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes. »

« Les Indiens de Palestine », paru dans le recueil Deux régimes de fous en 1983, Editions de Minuit