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27 mai 2025

Anne-Laure Bonnel - Reporter

Pour en finir avec les illusions et la pensée kleenex

-26/5/2025- Avant que ma voix ne s’éteigne temporairement au sujet de l'Ukraine, contrainte par les circonstances et les "pressions", je livre ici une ultime réflexion sur le basculement du monde. Ce sujet, je n’y reviendrai plus tant que les risques pour moi et les miens ne se seront pas dissipés. Mes analyses et déplacements à l'Est reprendront lorsque le moment sera propice.
L’Ukraine, telle que vous l’avez connue, est révolue. Ce n’est ni une exception ni une fin : c’est l’histoire en mouvement, tragédie humaine pour certains, mécanique géopolitique pour d’autres. La perspective dépend du point de vue géographique et stratégique.
Oubliez les illusions d’une économie de guerre ou d’un effondrement imminent de la Russie. Ce que nous observons est un bouleversement profond et irréversible de l’ordre mondial, lent mais inéluctable. Les guerres, loin de s’éteindre, ne font que s’amorcer. L’Ukraine, réduite à son noyau, s’effacera progressivement. La Russie, portée par une dynamique implacable, avancera jusqu’à Odessa, au minimum. Trop de sang a coulé pour que le conflit s’arrête net. Le président ukrainien l’a compris.
Pour les BRICS, l’Ukraine symbolise désormais l’insupportable hypocrisie du deux poids, deux mesures, un constat partagé par une grande partie du monde. Palestine, Irak, Libye, RDC : les mêmes logiques s’appliquent. Cela n’excuse pas les guerres, mais les éclaire.
Nul besoin de postures morales. Les alliances se redessinent. Le pacte sino-russe, solide pour un temps long, redéfinit les équilibres. Les États-Unis, conscients de cette réalité, jouent la montre, cherchant à sécuriser leurs ressources pour l’avenir. Car tout se joue là : gaz, pétrole, minerais, terres rares. Les guerres, qu’elles soient hybrides ou conventionnelles, n’ont toujours eu qu’un seul moteur : l’accès aux ressources. Les conflits territoriaux ne sont que leur prolongement.
Les États-Unis se retireront bientôt du grand jeu, se repliant sur une autarcie stratégique, quel que soit leur leadership. Trump ou un autre, la forme varie, le fond reste : l’intérêt national prime. Ne vous y trompez pas.
Au Moyen-Orient, le djihadisme, échappant à ceux qui l’ont attisé, rebat les cartes. Le Liban pourrait être la prochaine victime. Quant à l’Europe, et la France en particulier, elle doit se réinventer face à un mur de défis. Les gouvernements successifs ont trop longtemps détourné le regard. La troisième guerre mondiale, dont les germes n’ont jamais cessé de croître depuis 1945, se profile à l’horizon.
Le monde se recompose. Seuls les acteurs souverains, portés par des alliances cohérentes et une vision stratégique, survivront. La France saura-t-elle se positionner ? Rien n’est moins sûr. Préparons-nous, car personne n’en sortira indemne.

Pierre Duriot

À la fin, il reste quoi ?

Ses partisans nous expliquent que nous sommes toujours dans la critique, que ce n’est pas constructif, que ça met une mauvaise ambiance. Mais on a beau tout retourner dans tous les sens, tout regarder, se repasser tous les épisodes à froid, on ne voit pas ce qu’il a bien pu réussir, à quel moment il a pu nous faire honneur, à quel moment il a défendu la France et les Français, à quel moment son comportement, son attitude ont été représentatifs d’un État moderne, à quel moment ses décisions sont allées dans le sens de la grandeur et de cette élégance toute française que le monde nous enviait autrefois. Non, de bévues en boulettes, de ridicule en honte, de palpations vulgaires en annonces décousues, nous sommes arrivés très objectivement à des bilans calamiteux sur tous les sujets, tous les fronts, tous les compartiments de la politique intérieure comme extérieure. Il n’y a rien de positif, jamais, nulle part et on met bien au défi qui que ce soit de trouver un seul constat positif de ses huit années de règne pour la nation France.
Vincent Verschoore

-24/5/2025- Le film Ex Machina, sorti voici dix ans, illustrait la capacité d'une IA à manipuler ses interlocuteurs humains grâce à une compréhension de leur psychologie.
Cette capacité s'illustre désormais "pour de vrai", selon ce test où une IA, ici GPT-4, débat avec des humains afin d'essayer d'orienter leurs opinions. Et cela semble fonctionner, que l'IA ait connaissance des caractéristiques psychologiques et sociales de son interlocuteur, ou pas.
L'IA utilise une rigueur algorithmique évitant les erreurs (jugements de valeur, contre-sens etc.) pour aboutir à un succès qui semble remarquable :
"Dans ses échanges, GPT-4 semble surtout briller par la cohérence de ses propos et sa capacité à éviter les raccourcis idéologiques. Le Washington Post souligne ainsi que l’IA parvient à convaincre, même sans profil précis à cibler, sur des sujets aussi sensibles que la peine de mort ou le revenu universel. L’influence politique des IA résiderait donc davantage dans la qualité intrinsèque de leurs messages que dans leur finesse de ciblage."
N'importe quel régime peut désormais mettre en ligne des faux comptes visant à convaincre le public de l'évidente nécessité de sa politique, quelle qu'elle soit :
"Ces nouveaux outils reprennent les codes du microciblage politique révélés dans l’affaire Cambridge Analytica, mais les rendent accessibles à une échelle inédite."

RAPHAËL GLUCKSMANN ET L'OTAN

Jean-Claude Delhez

-27/5/2025- En 2008, au sommet de Bucarest, l'OTAN prend une décision lourde de sens : l'Ukraine et la Géorgie ont vocation à rejoindre le pacte militaire atlantique. L'ancien ministre Pierre Lellouche a révélé récemment que cette adhésion était le projet du président Georges Bush junior et des néo-conservateurs américains. Ce sont les Européens (d'alors) qui l'ont réfréné en lui faisant voir qu'une adhésion immédiate de ces deux anciennes républiques soviétiques pourrait conduire à un conflit avec Moscou.
Quatre mois seulement après cette décision de l'OTAN, en août 2008, la Géorgie voit arriver un jeune conseiller français de 28 ans, Raphaël Glucksmann. Cornaqué par Bernard Henri Lévy, Glucksmann vient se mettre au service du président géorgien Mikael Saakachvili. Saakachvili est un politicien néo-libéral, favorable à l'OTAN. Les liens du jeune Français avec le régime géorgien ne se démentent pas puisque, quatre ans plus tard, Glucksmann épouse la ministre de l'Intérieur de Saakachvili, Eka Zgouladze. Peu après, le couple quitte la Géorgie pour s'installer en Ukraine. A la fin de l'année 2013, ils sont à Kiev pour participer aux manifestations de Maïdan, des manifestations qui vont renverser le président ukrainien quelques mois plus tard. Ou du moins sera-t-il renversé par un coup d'Etat ourdi par les USA, le parti de Ioulia Tymochenko et des milices nationalistes. Glucksmann se présente alors lui-même comme « conseiller en révolutions ».
Avec la mise en place d'un gouvernement pro-américain à Kiev en 2014, on y voit arriver une série de Géorgiens. Il y a l'ancien président Saakachvili, qui a perdu les élections en 2013. Surtout, il est recherché par la justice de son pays. Il s'enfuit d'abord aux USA puis arrive en Ukraine. Il troque sa nationalité géorgienne contre la nationalité ukrainienne ce qui lui ouvre la place de gouverneur d'Odessa. Madame Glucksmann fait de même : elle abandonne sa nationalité géorgienne pour devenir ukrainienne et fait ainsi sont entrée parmi le gouvernement de Kiev, en décembre 2014, comme ministre de l'Intérieur. Elle aura ainsi été successivement ministre de l'Intérieur de deux pays différents, ceux visés par la décision de l'OTAN en 2008. Quant à son mari français, il poursuit ce qu'il avait commencé en Géorgie ; il conseille les politiciens ukrainiens : le maire de Kiev et ancien boxeur Vitali Klitchko et l'ancienne première ministre Ioulia Tymochenko (voir photo). En 2016, Eka Zgouladze abandonne son poste ministériel au sein du gouvernement ukrainien. Elle est divorcée depuis peu de Raphaël Glucksmann. Mikael Saakachvili, lui, quitte ses fonctions ukrainiennes au même moment et, après de multiples péripéties, finit en prison en Géorgie où il croupit toujours actuellement.
Revenons-en au parcours de Raphaël Glucksmann et à ses motivations. Il faut savoir qu'avant de se découvrir récemment socialiste, il avait commencé sa carrière du côté de la droite libérale et atlantiste ; il est d'ailleurs le fils du philosophe libéral André Glucksmann. Avant son arrivée en Géorgie en 2008, il était collaborateur d'une revue française néo-conservatrice et pro-américaine (« Le meilleur des mondes »).
Est-ce le hasard qui explique la présence de ce néo-conservateur atlantiste dans les deux pays ciblés par les néo-conservateurs américains de Georges Bush à partir de 2008 ? Par quel concours de circonstances arrive-t-il à Kiev avec toute une colonie géorgienne au moment même où Washington y prépare le coup d'Etat de Maïdan ? Quel rôle joue-t-il dans cette affaire de Maïdan dont on sait aujourd'hui que Washington et l'opposition ukrainienne y ont fait tirer sur la foule, sous faux drapeau, afin de renverser le pouvoir ? Cette opposition est justement celle de Ioulia Tymochenko, dont Raphaël Glucksmann devient ensuite le conseiller. Glucksmann est-il un naïf embarqué dans un événement qui le dépasse, ou un complice des sanglantes ingérences américaines ? En tout cas, le temps qui passe ne l'a pas changé puisqu'il demeure aujourd'hui un partisan acharné de la guerre en Ukraine et de l'ingérence en Géorgie.

26 mai 2025

L'INGÉRENCE AMÉRICAINE EN UKRAINE

Jean-Claude Delhez

-26/5/2025- L'un d'entre vous a signalé un intéressant article consacré au rôle joué en Ukraine par la « Fondation nationale pour la démocratie ». La NED (en anglais « National Endowment for Democracy ») a été fondée par le président Reagan pour développer l'influence américaine sur le reste du monde sans avoir recours à la CIA. Elle est financée par le programme USAID (dont on a beaucoup parlé dernièrement). Son mode d'action consiste à créer des ONG dans des pays qui résistent à l'influence américaine afin de susciter l'arrivée au pouvoir de gouvernements plus favorables à Washington et à son modèle économique (voilà qui explique pourquoi certains pays de l'est de l'Europe adoptent des lois de contrôle des ONG étrangères).
Le journaliste libanais Ali Hassan Mourad s'est penché sur les archives récentes de la NED consacrées à l'Ukraine. Déjà avant les manifestations de la place Maïdan à Kiev (2014), la NED investissait dans le pays en y fondant et finançant des ONG pro-occidentales. Ainsi, le budget y consacré en 2013 s'élevait-il à 2,8 millions de dollars. Il passe à 4,5 millions en 2014, dans le but d'impacter les élections. En vue du futur renversement du régime, la NED fonde trois chaînes de télévision dès novembre 2013 : Spilno TV, Espreso TV et Hromadske TV. Elles incitent la population à s'opposer au régime en place et à descendre dans la rue pour protester, éventuellement par des méthodes violentes. La NED finance aussi l'« Institut d'information de masse » pour qu'il s'implique dans le soulèvement.
Une fois le renversement du régime obtenu grâce à Maïdan, la NED poursuit son action afin de formater le nouveau pouvoir ukrainien conformément aux intérêts des USA. Il s'agit de créer des partis politiques qui s'alignent sur les intérêts de Washington, d'inspirer une politique économique néolibérale (« thérapie de choc » : privatisations, augmentation des inégalités...) et de cibler le voisin russe. L'arrivée au pouvoir de Joe Biden, en 2021, accroît encore cette politique, avec un budget annuel porté à près de 6 millions. Le but est alors de générer des médias, des activistes et des personnalités civiles qui vont contredire le discours de Moscou sur la guerre civile du Donbass, et susciter opposition et hostilité vis-à-vis de la Russie.

Pierre Duriot
26/5/2025

Mais pourquoi cette guerre ne s’arrête-t-elle pas ?

Poutine, qui ne devait plus avoir de munitions, être mort de cancers, voici déjà deux ans et demi, a bombardé Kiev hier, ce qui fait dire à Trump qu’il est « fou ». Non heureusement, il ne l’est pas et s’il avait tant de munitions, alors que nous lui prêtions d’être démuni, il aurait pu prendre l’ensemble de l’Ukraine, ou du moins, bombarder plus durement la capitale, bien avant, faire sauter les ministères et les lieux de pouvoir, il ne l’a pas fait. Nos « spécialistes » se sont trompés sur ses réserves et sur sa capacité à les renouveler. Mais Trump a aussi sermonné Zelensky, expliquant que chaque fois qu’il ouvrait la bouche, il envenimait les choses, ce qui est parfaitement exact. Si cette guerre ne s’arrête pas, c’est que l’État profond met les bâtons dans les roues, à la fois à Trump et à Poutine et quand on parle de l’État profond, on regarde en direction de l’Europe, de Macron, de von der Leyen, qui ont tout intérêt à ce que cette guerre continue, pour imposer l’État d’urgence, la spoliation de nos économies, au prétexte d’effort de guerre et la dictature numérique, pour ne pas qu’on aille trop fouiller dans l’utilisation de cette fameuse « aide à l’Ukraine » en euros sonnants et trébuchants, dont on perd la trace par dizaines de milliards, mais qui ne sont pas perdus pour tout le monde. Et toute cette infamie passe crème grâce au boniment télévisé…

En finir avec l’argent liquide, vraiment ?

H16

-26/5/2025- Tout le monde sait que l’insécurité est provoquée par le trafic de drogue. Mais si, c’est évident ! Dès lors, à ce constat indiscutable, on peut proposer des solutions à la fois simples, rapides et tout à fait à portée du premier politicien qui passe par là, n’importe quel clown fera l’affaire. Tenez, prenons Dardmalin, il fera très bien l’affaire.


Pour lui, pas de doute, pour lutter contre le trafic de drogue, il suffirait de supprimer l’argent liquide. Le raisonnement est aussi simple qu’efficace : comme les trafiquants de drogue n’aiment pas être tracés, il suffit de tout tracer pour rendre leur commerce impossible. Or, pour tout tracer, quoi de mieux qu’utiliser l’argent numérique, en lieu et place de l’argent liquide, malencontreusement si difficile à suivre de main en main ?

Ici, l’actuel minustre en charge de l’Ajustice française ne fait même pas d’exploit particulièrement savant en appliquant un tel raisonnement, et n’est d’ailleurs pas le premier à tenter de résoudre une conséquence bien avant les causes, et à proposer une « solution » étonnamment nulle à résoudre effectivement le problème mais qui – coïncidence commode – fait saliver d’envie l’État… En effet, on se souvient que d’autres avant lui avaient évoqué l’idée d’élargir les trottoirs pour éviter les agressions dans la rue, d’interdire les couteaux pour réduire les égorgements ou les motos pour faire disparaître les rodéos.


L’étape suivante consistera sans doute à proposer – avec ce même aplomb qui caractérise les salopards aux buts totalitaires et les imbéciles à la cuistrerie sans borne – la suppression des voitures pour limiter les accidents et les refus d’obtempérer (ben voyons) ou imposer l’uniforme à tous pour éviter les débats incessants sur les vêtements autorisés ou non (on n’échappera à la nudité générale imposée qu’à cause d’un réchauffement climatique qui refuse de s’installer en hiver).

Eh oui, pour Gérald, c’est très simple : en imposant la monnaie numérique et la reconnaissance faciale sur tout le territoire, la guerre à la drogue sera enfin en passe d’être gagnée. Las, notre petit Gérald reconnaît cependant lui-même, dans l’état politique actuel (i.e. avec une majorité faible et des députés éparpillés sur la question), cela semble mal enquillé : zut alors, on ne va pas pouvoir passer tout de suite à la traçabilité totale.


Bien évidemment, cette proposition est complètement idiote, à au moins deux titres.

Le premier est qu’elle ne permettra pas d’arrêter le trafic de drogue : non seulement, les sommes en jeu garantissent que les trafiquants sauront qui corrompre et comment pour que les trafics continuent (les transactions seront au mieux camouflées, au pire jamais analysées), mais en plus, c’est un secteur d’activité qui, n’ayant aucune contrainte bureaucratique, pourra stimuler sans aucun problème la recherche et le développement de moyens de paiements alternatifs, en dehors de tout traçage. Le manque d’imagination n’est jamais une démonstration d’impossibilité, au contraire.

Le second est qu’elle comporte en elle-même des conséquences profondes que nos clowns politiques n’ont évidemment ni analysées ni prises en compte.

En effet, en France – et pour tout dire, dans tous les pays où la bureaucratie et l’Occupant intérieur se gavent sur le dos des travailleurs – se développe et prospère tout un pan de l’économie « grise » ou « noire », basée tout autant sur l’argent liquide que sur les arrangements entre adultes consentants, coups de mains, largesses et système D. Dans ce cadre, la suppression de tout flux « gris » ou « noir » de l’argent liquide revient à vouloir mettre un terme à toute cette partie de l’économie qui échappe encore à l’État ; en réalité, cette économie alternative est absolument indispensable en ce qu’elle offre des marges de manœuvres, des soupapes de relâchement sans lesquelles une partie importante de la population ne peut plus joindre les deux bouts.

Comme une huile dans des rouages fort serrés, cette économie « grise » ou « noire », basée sur l’argent liquide (mais pas que) permet à toute société lourdement étatisée de tenir. Y mettre un terme (au moins temporairement) par l’introduction d’une technologie permettant de tout tracer revient à faire disparaître l’huile des rouages et garantir un serrage rapide de tout le moteur économique. De façon intéressante, les dictatures ne survivent que grâce à cette économie parallèle, à ces arrangements, ces petites et grandes corruptions que l’argent liquide permet assez facilement.


Supprimer celles-ci, retirer toute possibilité à ces flux d’exister, c’est – directement – se retrouver avec par exemple des banlieues ingérables très rapidement. C’est la misère immédiate pour des millions de personnes qui usent et abusent de ces flux cachés. Cela revient donc à transformer ces millions de personnes qui s’en sortent encore (tout juste ou très bien, peu importe) en autant d’individus n’ayant exactement plus rien à perdre et tout à gagner à s’opposer directement à l’État, d’autant qu’ils auront tout le temps pour ça. Et au passage, cela concernera notamment ces populations émotives qui sont armées et pas réputées pour leur calme et leur pondération.

On pourrait arguer qu’avec l’introduction parallèle de la reconnaissance faciale et la multiplication des caméras, les velléités de révoltes seraient rapidement matées. La dynamique est cependant très défavorable à un pouvoir, aussi sévère soit-il, lorsqu’il provoque trop de mécontentement chez trop de classes sociales trop vite… ce que l’introduction des monnaies numériques et d’un traçage total garantissent.

Alors oui, bien sûr, il est évident que l’argent numérique – à l’instar du portefeuille d’identité numérique actuellement poussé discrètement par les autorités européennes – est une horreur totalitaire. L’introduction des CBDC, c’est-à-dire de cette monnaie numérique parée par Darmanin de ces vertus imaginaires, c’est le moyen tout trouvé pour imposer, outre un crédit social qui ne dit pas son nom, la transparence totale de tous les individus sur un territoire donné et donc de pouvoir décider qui peut, ou ne peut pas, commercer. C’est un moyen redoutable pour « flécher » les dépenses des consommateurs, autrement dit vous imposer de dépenser votre argent dans les biens et services autorisées (qui appartiennent aux copains et coquins de la République, mais c’est juste une coïncidence). C’est un moyen génial pour faire taire des opposants, à l’instar des camionneurs canadiens dont les comptes bancaires avaient été gelés pour garantir en 2022 que leurs protestations ne pourraient pas durer. C’est le moyen ultime pour garantir l’obéissance totale.

Bref, cet argent numérique est évidemment un moyen supplémentaire d’asservir complètement les individus, de les rendre complètement esclaves de l’État.

Mais, comme on l’a vu, cet asservissement total contient, en lui-même, sa propre destruction, dont Darmanin – et ses coreligionnaires prompts à proposer ce genre de non-solutions – ne semble pas bien comprendre la portée.

Ce n’est pas si étonnant : quel que soit le problème, la République n’est jamais à cours de solution, mais n’oubliez jamais qu’elle n’a aucune obligation de qualité ou de résultat.


https://h16free.com/2025/05/26/80984-en-finir-avec-largent-liquide-vraiment

25 mai 2025

Anne-Cécile Robert

LE SYSTÈME INTERNATIONAL AU BORD DE LA RUPTURE : la catastrophe qui nous attend

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Stéphane Rozès

-25/5/2025- La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son cinéma sur Gaza.
Les émotions et les mobilisations face à la situation dramatique des Gazaouis sont légitimes, nécessaires et urgentes.
Ce qui ne l’est pas, c’est la responsabilité univoque imputée à Israël.
Quid des faits ? De la responsabilité du Hamas ? De la misère entretenue par le Hamas à Gaza par ses détournements colossaux de fonds à des fins militaires ; de sa politique de terreur à l’égard de ses opposants palestiniens ; du fait que tout a commencé par le pogrom et les enlèvements du 7 octobre ; de son usage cynique et revendiqué de la population civile comme bouclier humain ; de sa non-libération des derniers otages.
Le paradoxe apparent est que c’est en Occident – parmi la petite bourgeoisie intellectuelle wokisée, qui abrite les islamo-gauchistes sur les campus, dans certains médias et au sein d’une gauche dite « progressiste » – que ce procès univoque est instruit avec le plus de constance et de tapage, à grand renfort de termes inappropriés et révisionnistes comme « génocide », alors qu’il s’agit de crimes de guerre, et que l’on devine la dimension révisionniste et antisémite de l’usage de cette terminologie.
Comment expliquer cela ?
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale, dans le moment néolibéral actuel, a perdu sa vocation traditionnelle, politique et symbolique, de porte-parole de la classe ouvrière et des catégories populaires.
Elle est par ailleurs fragilisée socialement, tout en s’étendant du fait de la massification de l’enseignement supérieur.
Son statut est doublement atteint – en termes de capital social et symbolique – de sorte que son ressentiment trouve dans la figure d’Israël, y compris dans sa capacité à se défendre, l’exutoire politique de sa propre obsolescence.
Dans le Hamas, elle projette une figure de résistance – bien éloignée de la réalité théologico-politique islamiste de cette organisation terroriste.
Des manifestations de Gazaouis contre le Hamas, ou des attitudes des régimes arabo-musulmans vis-à-vis de Gaza et du Hamas, elle ne veut surtout rien voir ni savoir.
La petite bourgeoisie intellectuelle occidentale se fait son petit cinéma, comme en parlait Debord :
« La petite bourgeoisie est la classe la plus spectatrice de toutes. »
Ils voudraient en singer les acteurs, porter le keffieh le jour, et retrouver leur confort occidental dès la nuit tombée.
Et Debord d’ajouter :
« Le spectacle ne veut en venir à rien d’autre que lui-même. »

UN OBSERVATEUR FRANÇAIS DANS LE DONBASS TÉMOIGNE

Jean-Claude Delhez

-25/5/2025- Je vois passer ces derniers temps, grâce à de nombreux internautes, des liens vers des témoignages disponibles sur YouTube. Ce sont des entretiens, parfois assez longs, avec des hommes qui, pour une raison ou une autre, se sont rendus en Ukraine ou en Russie ces dernières années. Des témoignages intéressants si l'on prend le temps de les écouter. Je pense par exemple à la chercheuse ukrainienne Marta Havryshko (étudiant la dérive du nationalisme de son pays), à l'écrivain suisse Jean-Christophe Emmenegger, qui a vécu à Marioupol, ou encore à un journaliste allemand (dont le nom ne me revient malheureusement pas). Il y a aussi le remarquable entretien radiophonique d'Anne-Laure Bonnel par la Radio libre suisse (mais il ne faut pas la citer car Wikipédia dit que c'est une propagandiste russe...). C'est encore un autre que je relaie ici.
Benoît Paré est un ancien fonctionnaire et militaire français. Il fut observateur en Ukraine pour le compte de l'OSCE, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe. C'était avant l'invasion russe. Pendant la guerre du Donbass. Une guerre qui dura 8 ans, de 2014 à 2022, opposant l'armée ukrainienne aux séparatistes russophones de cette région du Donbass. C'est pendant ce conflit que furent négociés les différents accords de Minsk, pour tenter de résoudre le conflit. Les observateurs de l'OSCE ont été envoyés près du front afin de rendre compte de ce qu'il s'y passait et de vérifier l'application des mesures décidées à Minsk.
Je me contente de pointer quelques-unes des nombreuses informations révélées par Benoît Paré (qui en a fait un livre de 766 pages : « Ce que j'ai vu en Ukraine »). Pour rappel, le conflit du Donbass a fait 14.000 morts, militaires et séparatistes confondus, dont 3.400 civils russophones. Les accords de Minsk ont imposé des trêves dans les combats, trêves qui ont été violées. Les observateurs de l'OSCE, avaient notamment pour mission de tenir un décompte régulier des attaques et des victimes. Benoît Paré explique que, dans trois cas sur quatre, l'auteur en était l'armée ukrainienne et non les séparatistes. Mais les rapports de terrain ont été modifiés, à la demande de la hiérarchie, pour devenir des publications plus favorables à l'armée ukrainienne. Benoît Paré témoigne de la présence, parmi les observateurs de l'OSCE, d'Américains, dont l'un au moins appartenait à une société écran de la CIA. Un constat qui me pose la question suivante : L'OSCE étant un organisme indépendant œuvrant en Ukraine, s'il est si simple d'en transformer les rapports, que faut-il penser des autres organismes de ce type et de leurs rapports ?
Benoît Paré a également assisté aux procès organisés par la justice ukrainienne pendant toutes ces années. C'est ainsi qu'il a noté que lorsque le prévenu était un Ukrainien de langue russe, il était condamné d'office, tandis que les juges se faisaient bien plus cléments pour ceux de langue ukrainienne, à l'image de ce personnage ayant participé au massacre de la maison des syndicats à Odessa, qui sera laissé en liberté.
Dans cette justice, Benoît Paré pointe le rôle du SBU. Le SBU, ce sont les services secrets ukrainiens. Il les décrit comme héritiers du KGB, disposant d'un pouvoir exorbitant, une sorte d'État dans l'État. Ces services intervenaient notamment pour monter des dossiers à charge afin de faire condamner des Ukrainiens russophones. Autant le SBU disposait (et dispose sans doute toujours) d'un pouvoir considérable, autant il n'est lui-même soumis à aucune enquête, aucun contrôle.
Dernier point que je souligne : la violation des trêves. Benoît Paré rapporte la violation des trêves par l'armée ukrainienne. Et notamment celle de 2022. La situation commençait alors à se tendre avec la Russie. Au point que Poutine s'était plaint publiquement de ces violations, du sort réservé aux habitants du Donbass, et qu'il et avait durci le ton face à Kiev. Benoît Paré note alors que l'armée ukrainienne a multiplié les agressions contre le Donbass dans la période qui a suivi le discours de Poutine, comme s'il s'agissait de pousser la Russie à l'intervention militaire. Il cite à ce sujet les paroles d'Oleksiy Arestovytch, conseiller en communication de Zelensky, qui avait affirmé qu'une guerre avec la Russie était indispensable pour que l'Ouest accepte d'intégrer l'Ukraine dans l'OTAN. Il rapporte également que l'escalade en Ukraine fut patente à partir de l'arrivée au pouvoir de l'administration Biden, en 2021.