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4 octobre 2025

CE PAYS QUI S’ENDORMAIT

Gaultier Lavigerie

Il y a des lieux où l’on sent que quelque chose a cessé de vivre, des lieux un peu déserts, un peu sales, où le dernier bureau de poste a fermé et où la boulangerie s’est transformée en kebab, sans que personne ne s’en soit vraiment ému. Un vague drapeau tricolore claque dans le vent d’octobre, au fronton de la mairie, mais il a pris des airs de vestige du passé. Il appartient à un décor oublié, comme une relique anachronique.
Il est une sorte de vieux jouet cassé dans une chambre d’enfant désertée.
Par endroits, c’est cela, la France d’aujourd’hui : un pays-musée, qui subsiste par les détails, mais dont l’âme s’est évaporée. On y respire l’odeur tiède de la résignation et du chlore bas de gamme des piscines municipales.
Pendant longtemps, l’Occident s’est cru éternel. Il se rêvait centre du monde, convaincu de sa supériorité, de sa mission civilisatrice. Il avait inventé la démocratie libérale, les droits de l’homme, le cubisme, la psychanalyse. Il pensait que tout le monde finirait par lui ressembler. Fille flamboyante d’un occident triomphant, la France croyait aux grands récits, aux Lumières, à Hugo, à Renan, à Proust, à Lévi-Strauss, plus tard à Ferré, à Brel, à Gainsbourg, aux troquets, à l’État-providence. Elle croyait à la galantine de lièvre aux pistaches, à la blanquette de veau, au vol-au-vent, au Pommard, au Brillat-Savarin, à l’incomparable crêpe Suzette... Pauvre folle !
Ce qui nous advient aujourd’hui n’est pas une guerre, pas exactement une invasion. C’est une dissolution, un effacement progressif, un glissement dans le sommeil profond dont on ne risque de ne jamais revenir. C’est une euthanasie sans morphine, en quelque sorte. Une autre culture s’installe. Elle est jeune, confiante. Elle est multitude et force sauvage. Elle croit encore, prie encore, fait des enfants, qui croient encore davantage et prient encore davantage. Elle fait aussi du bruit, beaucoup de bruit, mais au moins elle fait quelque chose. Pendant que nous parlons, elle s’ancre. Pendant qu’on trie nos déchets et qu’on hésite entre tofu bio et flexitarisme responsable, elle bâtit des mosquées, elle fonde des familles.
Les élites regardent ailleurs. Elles sont à Davos ou dans le Marais, selon les jours. Les classes moyennes se taisent ou fuient. Et les anciens, ceux qui se souviennent d’un pays homogène, d’un dimanche à la messe, d’une maîtresse à la craie blanche, d’un zinc familier, d’un jeu de quilles de bois, de vacances chèrement acquises et bien méritées… de tout ce qui faisait l’affectio societatis – ce concept ringard qu’aucun ministre ne connaît plus. Ceux-là sentent venir la fin, mais n’ont plus la force de dire non. Ils regardent The Voice en mangeant des rillettes Monoprix. Il avalent sagement ce que rejette l’époque.
L’Occident comate. Son cœur bat doucement. Il s’est laissé gagner par une léthargie qui menace de l’emporter. Le sommeil, c’est presque la mort. Et franchement, ce n’est même pas une mauvaise nouvelle.
Le plus troublant, c’est le caractère mécanique du processus. Aucun ministre, aucun plan quinquennal, aucune circulaire n’a orchestré cette transformation. Elle s’est produite comme l’érosion d’une falaise ou le lent recul d’une langue glaciaire. Naturellement. Presque gentiment. Une civilisation vieillissante, fatiguée, ouverte jusqu’à l’indifférence, a laissé venir d’autres peuples et d’autres habitudes. Pas de bataille. Pas de traité. Pas de résistance. Rien. Le suicide occidental s’est fait sans hurlements. En chaussons Eram.
On a beau parler de politique migratoire, de quotas, de frontières : ce sont des mots, des petits pansements Hello Kitty sur une hémorragie fémorale. La dynamique démographique, elle, poursuit sa logique interne, mathématique, brutale. C’est la logique du ventre, des utérus et de la Foi. Pendant que l’Occident débat de futilités sur X, l’autre culture construit des majorités. Elle ne conquiert pas, elle s’installe. Elle ne demande pas l’autorisation : elle vit.
Dans les journaux, on appelle ça une chance. "La diversité est une richesse", dit le panneau à l’entrée du quartier. Richesse pour qui ? Mystère. Derrière la rhétorique euphorisante, il y a l’impression diffuse d’une perte de contrôle. On ne sait plus qui gouverne. À vrai dire, on ne sait plus si quelqu’un gouverne. Les flux avancent. Les gouvernements passent. Les cartes restent les mêmes, mais le terrain change.
Ce qui est en train de se jouer n’est pas une crise passagère. C’est un basculement irréversible. Un peuple qui ne croit plus en lui-même, qui n’a plus d’enfants, qui ne lit plus, qui se méfie de tout, jusqu’à son ombre, ne peut rien maîtriser. Il subit. Il subit en râlant, bien sûr. C’est sa dernière forme d’énergie : la plainte passive-agressive. Dans les cafés encore ouverts, on continue à plaisanter, à voter, à faire des bilans carbone. C’est peut-être ça, la fin d’une civilisation : un enchaînement de gestes automatiques, une résignation automatisée.
Il y eut des invasions, des conquêtes, des colonisations. Rome, Byzance, les Mongols, les Espagnols. L’histoire est pleine de violences fécondes. Mais jamais une civilisation ne s’était effacée en douceur, avec le sourire, en tendant la main à ceux qui allaient la supplanter. Le spectacle est fascinant, presque esthétique. L’Occident se retire de lui-même comme une vieille actrice qui sent qu’elle n’a plus le rôle principal. Il cède sa langue, ses repères, sa mémoire. Et il appelle ça tolérance. Dans d’autres contextes, on aurait parlé de dépression collective.
On dira que cette autre culture n’a rien demandé. Qu’elle est venue sur invitation. Qu’elle a répondu à une annonce. Elle a pris l’avion. Elle est arrivée. Et peu à peu, ce n’est plus elle qui s’est adaptée, mais nous. Nous avons baissé le volume, changé les menus, modifié les prénoms. Le peuple d’origine s’est recroquevillé dans ses culpabilités et ses sophismes. Il a même appelé ça un "vivre-ensemble". Expression admirable, au fond, puisqu’elle ne signifie rien.
L’erreur, peut-être, fut de croire que tout serait soluble dans la République. Comme si la République était un lave-vaisselle. Mais les civilisations ne se diluent pas. Elles cohabitent un temps, puis l’une domine. Ce n’est pas un jugement moral, c’est une loi de la nature. Une société qui doute face à une société qui croit : inutile de lancer les dés.
Le fait est là : le peuple premier, celui des hussards noirs de la République, des paysans silencieux, des fonctionnaires de sous-préfecture et des prêtres de campagne, n’est plus majoritaire chez lui. Il vieillit, il se tait, il s’éteint en souriant, persuadé qu’il fait preuve de bienveillance. Il meurt avec élégance, en consultant son solde de points retraite.
Mais l’Histoire, parfois, prend des tournants imprévus. Elle est brutale, cruelle, imprévisible. Elle se moque bien de nos principes, de nos hashtags, de nos indignations en ligne. Elle ne s’intéresse qu’à la force nue.
En Grande-Bretagne, quelque chose vient de se produire. Ce n’est pas encore une révolution. Mais, ce n’est plus une plainte. C’est un sursaut. Le peuple premier s’est levé. Il n’a pas demandé l’avis du Conseil des Droits Humains. Il a dit : "Assez."
Les journaux y voient un cri de haine. Mais c’est un cri de vie, maladroit, rugueux, sincère. L’Angleterre éternelle, celle des landes brumeuses, des pintes tièdes, des pensionnats tristes, des romans de Jane Austen et des fish & chips graisseux, ne veut pas mourir dans un brouillard multiculturel. Elle le dit. Et ce seul fait rebat les cartes.
L’Europe s’était couchée. Les nations étaient devenues des hôtels sans âme, des aires d’accueil améliorées, où plus personne ne savait qui était le concierge. Mais voici que l’idée d’un peuple d’origine ressurgit. Pas comme une nostalgie : comme une énergie. Une énergie confuse, peut-être, mais indéniable.
Et si cette Europe-là, celle des clochers, des morts, des mères silencieuses, décidait – enfin – de ne pas céder la place ? Et si le confort cédait à la colère ? Et si l’élégance de la disparition laissait place à l’âpreté du refus ?
Le monde est fondé sur les affrontements. Il n’y a pas de paix longue. Chaque civilisation meurt ou résiste. L’Occident avait choisi de mourir avec panache, un dernier verre à la main. Peut-être, finalement, n’en a-t-il plus envie.
Il est trop tôt pour conclure. Mais un frisson parcourt l’Europe. Et peut-être, pour la première fois depuis longtemps, il ne s’agit plus d’un frisson de honte. Peut-être est-ce un début d’orgueil.
Romain Vignest

Cette enquête, en dépit de brèves considérations très contestables sur l’avenir des retraites, met en lumière avec méthode et précision le parcours et les procédés de Lary Fink et donne la mesure de la colonisation des États par BlackRock et de son emprise sur le monde. N’est-ce pas d’ailleurs en reconnaissance de ses services que le Global Citizen Award a été décerné par l’Atlantic Council et remis mercredi dernier par le président Fink au fonctionnaire Macron ?

Cliquer sur l'image (vidéo de 40 min 57 s) ↴

3 octobre 2025

Dessin de Delestre

Régis de Castelnau
3/10/2025

Rubrique : code de la route

Mais sortez le clown ! Par pitié, sortez le clown !
La planète entière se tape une gigantesque barre de rire. Notre kéké national vient de se vautrer dans les grandes largeurs. Il a fait arraisonner un pétrolier dans les eaux internationales, ce qui déjà, est un acte de piraterie en droit maritime. Accompli par un commando militaire, rien que ça. Pas une vedette de garde-côte qui aurait parfaitement fait l’affaire, non, des militaires cagoulés et armés jusqu’aux dents. Pour montrer comment que notre kéké à nous c’est pas un sacré guerrier. Tremble Poutine. Nono le neuneu te l’a déjà dit, on va effondrer ton économie. Avant de déployer les célèbres trouposols à ta frontière.
Avec zèle, la magistrature s’est précipitée au coup de sifflet du patron pour prestement embastiller l’équipage et le commandant chinois à Saint-Nazaire. Manque de pot, les pandores n’ont rien trouvé sur le bateau, ni Oreshnik, ni Kinzhal, ni kalachnikov, pas même un petit drone. Alors piteusement, il a fallu relâcher tout ce petit monde et pour ne pas avoir l’air trop con, on a décidé de quand même « poursuivre » le capitaine pour « refus d’obtempérer » (interdiction absolue de rire). Ben oui, le capitaine n’a pas immédiatement obéi aux militaires qui l’arraisonnaient. Ben c’est vrai quoi, des pirates surarmés et cagoulés intervenant illégalement dans les eaux internationales vous disent de vous arrêter, et vous n’obéissez pas immédiatement ? Mais c’est ignoble cette violation de l’article L1331-1 du code de la route français, quasiment un crime de guerre. Si les capitaines de marine marchande chinois ne respectent pas le code de la route français dans les eaux internationales alors qu’ils sont attaqués par des pirates, c’est la fin de « l’ordre international fondé sur les règles ».
Nouvelle preuve que le ridicule ne tue pas, Macron est en bonne santé. Les militaires et les magistrats aussi. Et au passage la France de nouveau humiliée, est la risée du monde. Et avec ce type c’est tous les jours, depuis huit ans absolument tous les jours.
Est-ce que ce cauchemar va finir par prendre fin ?

SAINT-GERMAIN-DES-PRÉS PERDU DANS LES SABLES DU PRÉSENT

Gabriel Nerciat
2/10/2025

Oh ben mince alors !
À la télévision et dans la presse, Julien Dray, Caroline Fourest, Bernard-Henri Lévy, Kamel Daoud, Arno Klarsfeld, la belle Abnousse Shalmani, le lumineux Jacques Essebag dit Arthur ou encore Charlotte Gainsbourg sainte et martyre ne cessent depuis des lustres de nous annoncer la chute imminente du sanglant régime des ayatollahs iraniens, sous l'effet de la révolte de la jeunesse urbaine américanisée et des jeunes femmes voilées diplômées (on ne sait pas comment) en attente d'émancipation (curieusement, le voile des femmes saoudiennes ou émiraties les intéresse beaucoup moins).
Et puis, ne voilà-t-il pas que c'est dans le Maroc du souverain alaouite, alcoolique, moderniste et pro-israélien Mohammed VI que survient la révolte ! Mohammed VI, le dernier signataire des accords d'Abraham, dis !
Sûr que les précités vont accourir par tweets et articles de presse en cascade, comme à l'époque de la guerre en Syrie ou de la chute de Kadhafi, pour soutenir les insurgés en proie à la répression meurtrière d'un autocrate islamique descendant du Prophète.
Pour l'instant je ne vois rien venir, mais peut-être que vous même, ma soeur Anne, êtes plus en avance sur moi ?
On nous le dit assez depuis deux ans : il n'y a pas que le génocide à Gaza dans la vie. Il faudrait un peu s'occuper du reste.
Eh bien, occupons-nous-en donc, par exemple de ce qui survient à l'occident du monde arabe.
Si d'aventure il y a un vague rapport avec les drames du Levant, on fera comme si c'était purement contingent, promis.
Prions seulement pour que la belle villa de BHL à Tanger, décorée par Andrée Putman, soit préservée de la fureur du temps...

H16
3/10/2025

Adieu les pubs, bonjour les micropaiements AI ? Le partenariat Google Deepmind et Coinbase qui pourrait booster les créateurs

Enfin, les geeks vont enfin pouvoir avoir des copines virtuelles qui leur réclament de l’argent !


Eh oui, dans l’intelligence artificielle, les choses avancent décidément très vite et même si le précédent billet sur le sujet ne date que d’un mois, l’actualité impose d’y revenir alors que Google et Coinbase viennent de créer un partenariat afin de créer une économie virtuelle, ou au moins les outils permettant de la construire et destinés aux agents d’intelligence artificielle.

Pour situer un peu, rappelons qu’un agent, dans le contexte de l’intelligence artificielle, est un programme ou un ensemble de programmes conçu pour être relativement autonome, qui perçoit son environnement (via des entrées logicielles) qui lui permettent de prendre des décisions et exécuter des actions concrètes afin d’atteindre un objectif spécifique assigné à son lancement.

Même si les agents qui existent actuellement sont, pour la plupart, relativement embryonnaires et d’une autonomie limitée, ils disposent d’une capacité à tenir un raisonnement, c’est-à-dire de décomposer un objectif complexe en plusieurs étapes, de choisir les outils appropriés (recherche web, connexion à des bases de données ou des programmes, etc.) et d’adapter son plan en temps réel en fonction des informations qu’il reçoit.

Au contraire des « chatbots » classiques qui se contentent de bavarder comme un oncle un peu lourd à un dîner de famille, l’agent peut aller bien au-delà de la fourniture d’une réponse puisqu’il est capable d’effectuer des actions pour le compte de son propriétaire : moyennant les bons outils, il peut agir exactement comme le ferait un utilisateur humain en ligne, depuis effectuer des recherches jusqu’à prendre des rendez-vous en passant par synthétiser des documents ou des vidéos ou automatiser des flux de travail complexes comme des opérations logistiques par exemple. En somme, c’est le stagiaire parfait sans les erreurs à la photocopieuse ou la machine à café.

Cependant, très souvent, ces opérations nécessitent des transactions financières. Or, pour le moment, il n’existe pas, à proprement parler, de protocole standardisé permettant à un agent d’effectuer un paiement ou d’en réclamer un. C’est précisément pour cela que Google (Deepmind) et Coinbase (une plateforme d’échange de crypto-monnaies) se sont retrouvés afin de créer un protocole autorisant des agents à négocier entre eux. Pour cela, Google DeepMind vient de publier un document sur l’économie dans le cadre d’agents virtuels et s’associe à Coinbase pour lancer le Protocole de Paiement Agentique (AP2), avec une extension appelée X402.


Ce protocole permet donc aux agents d’effectuer des transactions rapides et transparentes, des micro-paiements, de monétiser leurs propres services et de payer d’autres agents automatiquement au nom des utilisateurs. Ce système utilise des stablecoins (comme l’USDC) qui sont des cryptomonnaies adossées à une devise (ici, le dollar), ce qui permet des transactions rapides, sans les frais élevés des systèmes de paiement traditionnels comme Visa ou Mastercard, et surtout très fractionnables puisqu’on peut envisager des échanges pour l’équivalent d’un cent ou moins, ouvrant la voie à des microtransactions très peu chères (un millier de transactions pour un euro par exemple) mais très nombreuses, l’équivalent d’un pourboire numérique à un article.

Les applications ne manquent pas : l’exemple fourni imagine une personne en charge de ressources humaines qui utilise un agent pour filtrer les CV reçus et les faire correspondre au poste ouvert. Cet agent de Ressource Humaine pourrait aussi être chargé de la vérification des antécédents (diplômes bidons, casier judiciaire garni, par exemple, ou plus prosaïquement des accréditations pour certains types d’emplois) : cette vérification pourrait être effectuée par des agents spécialement développés pour cet objet. Le coût de la vérification pourrait être aisément négocié et facturé de ces agents vers l’agent RH, de manière transparente et sans intervention humaine directe.

De façon intéressante, un lien direct peut être fait avec le précédent billet consacré à l’intelligence artificielle. En effet, de plus en plus, certains producteurs de contenus voient leurs efforts contournés par l’intelligence artificielle : un article, lorsqu’il est vu par un humain, peut être rentabilisé au travers des publicités affichées autour de l’article ; un robot de « scrapping » qui va lire exclusivement le contenu de l’article ne regardera pas les publicités. L’annonceur ne rémunèrera pas, à raison, la vue correspondante.

L’usage des agents et de ce protocole de paiement peut, dans ce cas, ouvrir la voie à une résolution harmonieuse de la perte de revenus observée par les créateurs de contenus « aspirés » par les modèles d’IA : un agent pourrait par exemple payer des frais « d’exploration » (per-crawl fee) de quelques centimes ou fractions de centime pour accéder et utiliser des informations spécifiques, assurant ainsi une rémunération pour les publications, les créations originales, les artistes, les auteurs, les journalistes, etc.

Si l’on pousse le raisonnement un peu plus loin, on peut imaginer sans mal que l’infrastructure mise en place par Google et Coinbase (A2A, AP2/X402) ouvre la voie à des entreprises entièrement autonomes dirigées par de tels agents : non seulement, l’intelligence artificielle permet de voir des voitures autonomes se multiplier dans nos villes, mais on peut aller plus loin et disposer d’un véritable taxi autonome qui se gère lui-même, paye sa maintenance, et engage d’autres agents pour créer son site web ou gérer son marketing, l’humain intervenant ici au départ pour constituer le capital de départ (l’automobile, par exemple).


À terme, en utilisant ce genre de protocoles et de principes, on peut voir éclore un marché complet, avec des places de négociations sur toutes sortes de prestations et de prix dès lors qu’une automatisation est possible.

L’ampleur de la révolution qui se met en place est largement comparable à ce qui s’est passé lorsqu’internet s’est démocratisé au milieu des années 90, en mode turbo pour l’impact économique, avec des agents gérant un empire depuis votre chambre d’amis.

Ceux qui se placeront judicieusement dans ce qui est en train de se mettre en place seront les multimilliardaires de demain… Ou au pire, des geeks avec des copines virtuelles qui paieront leurs factures.


https://h16free.com/2025/10/03/82057-adieu-les-pubs-bonjour-les-micropaiements-ai-le-partenariat-google-deepmind-et-coinbase-qui-pourrait-booster-les-createurs

2 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
1/10/2025

Interview de Natacha Polony sur Fréquence Populaire Media

Vidéo 2:03:34 ↴
Régis de Castelnau
1/10/2025

Farce moldave et Occident psychiatrique


Dans les affaires internationales, les batailles de propagande sont habituelles. À base de demi-vérités, de mensonges et d’exagérations évidemment, chacune est au service d’une cause et des objectifs qu’elle poursuit.

L’ère de la post-vérité

Les anglo-saxons ont popularisé le terme « narratif » pour parler des récits ainsi construits, destinés à justifier les politiques mises en œuvre par ceux qui les produisent. Il fut un temps, celui d’un monde partagé en deux où les mensonges réciproques pouvaient être ensuite révélés. Timisoara, couveuses du Koweït, quatrième armée du monde, armes de destruction massive, génocide du Kosovo, on sait aujourd’hui ce qu’il faut en penser. Malheureusement, le dévoilement venait en général après que l’empire ait pu perpétrer ses massacres. La chute de l’Union soviétique, et l’installation d’un monde unipolaire dominé par les États-Unis a fait advenir la « post-vérité ». Celle-ci a été théorisée par Karl Rove un des principaux conseillers de la marionnette imbibée Georges W. Bush, au journaliste Ron Suskind : « Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes les créateurs de l’histoire… Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons créé. »

Ce vaste et terrifiant programme, consistant à imposer une perception faussée du réel, s’est fracassé sur la transformation géopolitique du monde. L’unipolarité de « l’ordre international fondé sur les règles » cher aux dirigeants occidentaux est désormais confronté à un sacré adversaire. Le « sud global » fermement décidé à infléchir la marche du monde et imposer la fin de cette domination au profit de la « multi polarité ».

L’intervention russe en Ukraine de février 2022 a provoqué un véritable basculement. Stupéfait de l’audace des « autres » qui osaient remettre en cause sa domination, l’Occident suprémaciste a réagi par un déferlement de propagande mélangeant inepties, absurdités, incantations, et mensonges grotesques, qui finalement ne prouvent qu’une chose, le déclin bien avancé de cet Occident compulsif.

L’accélération de l’Histoire agit comme un révélateur et ce d’autant que l’explosion des moyens de communication numérique a rendu le monde transparent, et qu’elle a fait émerger un outil de contradiction extrêmement puissant avec les réseaux sociaux.

La France mauvaise élève

Comme dans beaucoup de domaines hélas, la France, mauvaise élève de la coalition des aveugles et des paralytiques, donne le spectacle de sa décrépitude.

En commençant par Bruno Lemaire, le ministre de l’Économie maintenu sept ans à Bercy par Emmanuel Macron pour ruiner la France, nous annonçait, entre la publication de deux romans semi-pornographiques, l’effondrement économique de la Russie. Le caractère grotesque de cette prévision a été rapidement avéré. Ce qui n’a pas empêché Emmanuel Macron en personne, et à plusieurs reprises, de la confirmer, alors même que toutes les institutions financières occidentales disaient le contraire… Petit détour par l’Allemagne avec Ursula von der Leyen reprenant à son compte le célébrissime nanar des Russes volant les machines à laver dans les maisons ukrainiennes pour y récupérer les puces destinées à équiper leurs missiles. La presse « officielle » audiovisuelle ou écrite n’étant pas en reste, avec une mention particulière pour les journaux britanniques dégoulinants de haine russophobe et la chaîne d’information LCI exclusivement dédiée à l’expression d’un racisme anti-slave militant. Avilissant spectacle que ces plateaux remplis de faux experts, de ganaches militaires sur le retour, de clochards intellectuels allumés, d’imposteurs évidents venant dégoiser leurs âneries pour des piges de misère.

Nous n’allons pas dresser ici la liste interminable des mensonges entendus depuis trois ans, mais nous poser la question de savoir si ceux qui les profèrent en pensant qu’ils seront utiles à leur cause, ne finissent par s’aveugler et y croire. Que penser par exemple d’un Donald Trump reprenant les termes d’une intervention de Keith Kellogg, imputant à l’armée russe des pertes absurdes, à la Russie une situation économique fantaisiste, et des perspectives de reconquête ukrainienne délirantes. Le président américain pense-t-il décrire le réel, ou s’agit-il d’un baratin utile à des circonvolutions tactiques ? Dans la tradition chrétienne, le mensonge est un vilain péché. Dans certaines conditions, aux États-Unis c’est même une grave infraction pénale. Les anthropologues vous diront et à juste titre que c’est un universel humain, et on peut ajouter une liberté. La sanction étant une perte de confiance, ce qui est le problème de l’émetteur. Parce qu’on est pas obligé d’aller jusqu’à Charles Pasqua selon lequel : « les mensonges n’engagent que ceux à qui ils sont faits »…

Mais il semble que l’Occident – anxieux souffre désormais d’un syndrome qui prend de drôles de proportions, celui de croire dur comme fer à ses propres boniments. Syndrome qui se nourrit du besoin évident de se rassurer, mais qui, à ce point de perte de sens du réel, peut déboucher sur des catastrophes.

La farce moldave

Dernier exemple en date, la farce baptisée « élections législatives » qui s’est déroulée en Moldavie. Région d’Europe centrale qui a passé son temps dans l’histoire à être découpée et partagée entre ses voisins avant que la victoire de l’Armée rouge en 1945 n’en provoque l’incorporation à l’URSS. La chute de cette dernière va déboucher sur l’indépendance de la Moldavie dont la population de 2 400 000 habitants est composée à peu près à 10 % de citoyens s’identifiant comme Russes. Soros a réussi à y installer Maïa Sandu, une young leader américaine comme présidente. Celle-ci s’est déclarée favorable à l’intégration dans l’Union européenne mais a failli perdre le référendum organisé pour l’approuver. Le non l’avait emporté, mais une fraude massive et grossière avec les votes des Moldaves de l’étranger permit de sauver l’imprudente.

Chat échaudé craint l’eau froide. L’Union européenne, Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron en tête ont alors décidé de tout faire pour truquer le scrutin législatif suivant. L’expérience cuisante de la Géorgie, pressentie pour intégrer à la fois l’UE et l’OTAN, avait créé un précédent douloureux avec l’échec de la tentative de coup d’état de Salomé Zourabichvili, la diplomate française installée à la présidence géorgienne. Plus question désormais de s’en remettre à la démocratie et à ces élections stupides des citoyens s’imaginant qu’ils ont leur mot à dire. En Roumanie, sans aucune des compétences pour le faire, la Cour suprême a interrompu un processus électoral qui aurait pu donner la victoire à un opposant à l’UE. Cette monstruosité institutionnelle a été bien évidemment acclamée chez nous, comme le nouveau scrutin organisé cette fois-ci sans les candidats qui pensaient mal, interdits d’élections ! En France, grâce à de grossières astuces judiciaires, on a interdit à la patronne du premier parti de France de se présenter à l’élection présidentielle. Et en Allemagne les candidats des partis qui déplaisent sont également proscrits.

Pour la Moldavie, on a fait bien pire. Histoire de rassurer les opposants, Macron y a carrément envoyé des soldats. Pavel Durov, le patron de Télégram a confirmé les chantages dont il a été l’objet pour mettre son réseau au service de la désinformation européenne. Ursula von der Leyen a multiplié les déplacements et les cadeaux financiers comptés en milliards de dollars (!). Une femme politique d’importance, rivale de Madame Sandu a été condamnée à sept ans de prison. L’organisation des votes de la diaspora installée en Russie a été complètement sabotée et les urnes de la diaspora de l’Ouest soigneusement bourrées. Dans les régions susceptibles de voter contre le parti de la présidente, on a assisté à de véritables sabotages, y compris en fermant les voies d’accès aux bureaux de vote, et tout à l’avenant. L’avant-veille du scrutin les deux principaux partis d’opposition ont simplement été interdits ! Comme ça c’est plus simple ? Malgré tout cela, le parti de Madame Sandu a reculé, conservant la majorité de justesse.

Dans un pays normal ces irrégularités effarantes auraient débouché sur une annulation du scrutin. Rien de tout cela, nous sommes en Europe et l’UE assistée de la « coalition des toxicos » est à la manœuvre. La stratégie est claire : si on laisse les peuples se prononcer, on ne va pas s’en sortir.

La farce est évidente, venant après celle de Roumanie, les scandales français et allemands, tout le monde le voit, tout le monde le sait. Malgré cette évidence l’ensemble du système Macron, politiques, médias, presse écrite ont donné à voir leur ravissement : « Victoire ! Victoire ! La démocratie a gagné ! Les Moldaves ont choisi l’Europe, et avec elle le progrès, les valeurs, le succès économique, en un mot l’avenir radieux ! » Sans ajouter : « et on va tous ensemble faire la guerre à la Russie » mais ça en a manifestement démangé certains. Et aux grincheux qui émettaient quelques réserves du type de celles du vice-président américain récemment à Munich à propos de la Roumanie, la réponse habituelle fusait immédiatement : « Célérusses, célérusses, célérusses ! »

De Lecornu cherchant la porte de son bureau de Matignon, à Nathalie Loiseau basculant dans l’hystérie, en passant par Jean-Noël Barrot halluciné, Yaël Braun-Pivet et ses pin’s, Olivier Faure abonné aux trahisons, les pitres de plateaux, etc. etc., il n’a manqué personne pour saluer la farce et la présenter comme une victoire de la démocratie. On se dit, mais ce n’est pas possible et on pense à la citation attribuée à Soljenitsyne : « Ils savent qu’ils mentent, ils savent que nous savons qu’ils mentent, nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent, et pourtant ils persistent à mentir. »

Malheureusement, le pire est arrivé. Nul cynisme chez ses gens-là, ils ne mentent pas. Ils croient à ce qu’ils disent, sont vraiment persuadés que le réel est celui qu’ils décrivent. Passant de l’inquiétude à l’anxiété et de l’anxiété à la panique, la réalité leur est devenue insupportable. Alors ils en construisent une autre. Ils ne cherchent pas à convaincre, ils veulent se rassurer.

Et, en mode Occident psychiatrique, ils nous emmènent à fond vers le mur.

Radu Portocala
2/10/2025

« Il est très important d’avoir un message clair. Les drones, qui violeraient nos territoires, représentent un risque important. Ils peuvent être détruits, point final. »
C’est ce que dit Jupiter qui, depuis des mois, opère sa transformation en Mars.
Ces drones qui agitent les génies de quelques capitales occidentales viennent, nous disent-ils, nécessairement de Russie. Aucun n’a été abattu, aucun donc n’a été observé de près, mais la certitude est absolue : c’est la Russie qui les envoie. Pourquoi ? Les génies ne s’embarrassent pas de telles questions oiseuses. Par quel miracle peuvent-ils voler si loin ? Aussi arriérée soit-elle, la Russie est capable de prouesses que les génies ne se fatiguent pas à expliquer. Et ces drones qui ont volé plus qu’ils ne peuvent voler, où vont-ils après avoir troublé notre quiétude ? Ils volent mille autres kilomètres pour revenir à leur base supposée ?
« Nous sommes dans une confrontation avec la Russie » assure post-Jupiter. C’est-à-dire : nous pensons que la Russie envoie des drones dans notre ciel, nous ne savons pas pourquoi, nous les laissons voler et ça nous permet de pérorer. Ça ne s’appelle pas vraiment une confrontation. Agitation stérile décrirait mieux les choses.
Cette histoire de drones n’est pas sans rappeler la profanation du cimetière juif de Carpentras. Pendant longtemps, des accusations très précises ont été formulées contre le seul coupable que politiciens et journalistes pouvaient se permettre de désigner – celui qui arrangeait leurs affaires. Aujourd’hui, ce coupable universel, ce coupable absolu est la Russie. Il faudrait se demander jusqu’à quel point ces stupidités font rire au Kremlin.
Natalia Routkevitch
1/10/2025

Dans son essai "The Paranoid Style in American Politics" (1964), l'historien américain Richard Hofstadter montre que la vie politique américaine est traversée, depuis des siècles, par un mode de pensée qu’il appelle le « style paranoïaque ». Il ne parle pas de problème psychiatrique mais d’une mentalité qui transforme les adversaires politiques en forces diaboliques conspirant dans l’ombre.
Ce style paranoïaque n’est pas un phénomène marginal ; il est profondément enraciné dans l'histoire politique et ressurgit à chaque crise nationale qui devient alors une lutte apocalyptique entre le bien et le mal, chaque hésitation se transformant en une preuve de trahison.
Ce mode de pensée naît dans une culture politique marquée par le puritanisme protestant. Le cadre religieux a préparé le terrain à une rhétorique politique où les adversaires deviennent des comploteurs sataniques ou des instruments d’une puissance étrangère. Mas si la matrice religieuse protestante a pu donner une forme initiale à ce style, celui-ci s’est largement sécularisé et diffusé dans toute la politique américaine. Hofstadter insiste que ce style n’est pas l’apanage de la droite : on le retrouve à travers tous les courants politiques.
De la peur des sociétés secrètes au XIXᵉ siècle jusqu’aux fantômes du communisme au XXᵉ, et jusque dans les polémiques les plus récentes, il témoigne d’une profonde inquiétude obsessionnelle nationale.

« Je parlerai ici de « style paranoïaque », comme un historien de l’art parlerait de style baroque ou maniériste.
La formule renvoie avant tout à une certaine vision du monde, à un certain mode d’expression.
L’image centrale est celle d’un gigantesque mais néanmoins subtil réseau d’influence mis en œuvre pour saper et détruire un mode de vie. On pourrait objecter qu’il a bel et bien existé des actes de conspiration au cours de l’histoire, et que ce n’est pas être paranoïaque que d’en prendre acte. Le trait distinctif du discours paranoïaque ne tient pas à ce que ses adeptes voient des complots çà et là au cours de l’histoire, mais au fait que, à leurs yeux, une « vaste » et « gigantesque » conspiration constitue la force motrice des événements historiques. L’histoire est une conspiration, ourdie par des forces dotées d’une puissance quasi transcendante et qui ne peuvent être vaincues qu’au terme d’une croisade sans limites. L’adepte du discours paranoïaque appréhende l’issue de cette conspiration en termes apocalyptiques. Il a toujours le sentiment de se trouver face à un tournant majeur : c’est maintenant ou jamais que la résistance doit s’organiser.
Parfait modèle de malignité, l’ennemi, dépeint avec précision, est une sorte de surhomme amoral ; maléfique, omniprésent, puissant, cruel, versé dans les plaisirs de la chair, attiré par le luxe. Agent libre, actif, démoniaque, il dirige – à vrai dire, il fabrique – lui-même la mécanique de l’histoire, ou détourne son cours normal en direction du mal. Il fait naître des crises, déclenche des paniques bancaires, provoque des récessions et des désastres pour ensuite en jouir et en tirer profit. En ce sens, le paranoïaque se fonde sur une interprétation de l’histoire qui donne clairement le primat aux individus : les événements importants ne sont pas appréhendés chez lui comme partie intégrante du cours de l’histoire, mais comme le produit d’une volonté particulière. »
Richard Hofstadter