H16
-22/8/2025- Les dernières semaines offrent un véritable festival de nouvelles consternantes d’attaques portées contre les libertés fondamentales de vie privée et d’expression, ainsi qu’une volonté de faire complètement disparaître l’anonymat ou, plutôt, le pseudonymat sur internet.
En effet, de plus en plus de gouvernements occidentaux font passer ou sont en train de préparer des mesures visant à enlever toute possibilité de pseudonymat ou d’anonymat.
Le Royaume-Uni d’un Keir Starmer manifestement en roue libre est même à la pointe de ce mouvement avec son Online Safety Act : cette loi oblige les sites en lignes a demander à tout utilisateur de s’identifier, soit avec un selfie, soit en utilisant carrément une pièce d’identité. Au départ destiné essentiellement aux réseaux sociaux, la mesure s’est rapidement étendue à d’autres sites, comme par exemple Spotify – un site de musique en flux – et dont on voit mal en quoi l’identité précise des utilisateurs constitue une nécessité de service.
Ceci n’est malheureusement pas une lubie britannique : d’autres pays décident de faire de même. L’Australie instaure par exemple un procédé similaire pour un peu tout, y compris les moteurs de recherche.
Quant à l’Union européenne, elle n’est évidemment pas en reste : elle tente la copie (au moins dans l’esprit) du système britannique avec son Digital Services Act, tout en le combinant avec le fameux (fumeux ?) portefeuille digital, poussé par une Commission fort enthousiaste pour cette nouvelle identité numérique.
Dans ces différents cas, le prétexte utilisé est connu, et maintenant transparent d’avoir été si utilisé pour des petites fins politiques assez peu avouables : au motif de connaître l’âge des internautes, permettant ainsi de limiter l’accès des mineurs à certains sites coquins, dangereux ou séditieux, on va imposer une identité numérique qui va enfin permettre de traquer tout le monde (mineurs ou non).
Évidemment, contrôler l’identité ne suffit pas : au-delà de la navigation sur Internet, il serait dommage de passer à côté de la confidentialité des messageries privées comme WhatsApp, Facebook Messenger ou Snapchat. Dans le cadre de Chat Control, les plateformes gérant ces messageries privées seront bientôt obligées de mettre en place un système de surveillance qui permettra essentiellement aux autorités (dont les politiciens, ne nous leurrons pas) d’avoir accès aux conversations pourtant privées.
Ici, le prétexte ne sera pas (ou pas seulement) la protection des petits enfants : c’est l’autre scie du contre-terrorisme, édentée d’avoir été à ce point utilisée depuis plus de 20 ans, qui servira encore une fois pour pousser la fin des correspondances privées.
La pression est si forte que même la Suisse – jadis réputée pour son cadre très protecteur de la vie privée – pourrait aussi céder avec une proposition de loi obligeant les entreprises numériques à communiquer les connexions au gouvernement. Au passage, c’est cette proposition qui a poussé l’entreprise suisse Proton – spécialisée dans les services numériques confidentiels – à délocaliser une partie de ses services.
Dans ce tableau, rassurez-vous, la France n’est pas à la traîne. Mieux encore : l’actualité lui fournit d’autres prétextes pour pousser les mêmes agendas liberticides.
En effet, le 18 août dernier, les réseaux sociaux découvrent la mort de Jean Pormanove, un streamer assez connu mais qui semble avoir succombé aux tortures physiques et psychologiques de plusieurs autres streamers, le tout en direct et sur une plateforme déjà largement coutumière des faits de violences et de harcèlement à l’encontre de la victime.
Bien sûr, des alertes avaient précédemment été lancées, et l’ARCOM, normalement en charge de réguler les réseaux et d’éviter ce genre de débordements, avait été prévenue plusieurs fois sans juger bon d’intervenir, tout comme la ministre Clara Chappaz, elle aussi au courant bien avant le décès. Apparemment, les fromages républicains sont plus aptes à ferrailler contre des chaînes de télévision (C8 en étant un exemple typique) qu’exercer réellement leur mission, leur politisation ne faisant plus de doute qu’auprès des plus naïfs ou de ces politiciens hors sol encore persuadés qu’il faille absolument museler l’opposition.
Évidemment, les politiciens n’ont évidemment pas traîné à récupérer le scandale pour pousser l’idée – pourtant débile – que tout ceci justifie amplement le contrôle d’identité sur les réseaux. Ce n’est plus de la récupération, c’est du recyclage industriel de niveau olympique.
Et quand ce n’est pas une augmentation du flicage général, ce sont les inévitables pleurnicheries sur le manque de moyens, dont on peut pourtant affirmer qu’ils remplissent bien trop l’administration française qui, actuellement, manque plutôt cruellement de gens brillants, voire carrément une taxe comme le propose ce crétin de Gabriel Attal au milieu d’un torrent d’imbécilités consternantes.
Quant aux gesticulations actuelles de Chappaz (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) qui diligente l’ARCOM (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) pour enquêter sur cette sordide affaire, elles donnent une idée précise de la valeur de nos dirigeants et des institutions dont ils saupoudrent la République pour faire croire qu’ils servent à quelque chose.
On le comprend : que ce soit pour lutter « contre la pornographie », « la violence des jeux vidéos », « les dérives du streaming », « le terrorisme », tous les prétextes (même farfelus) seront utilisés pour imposer un contrôle de plus en plus serré de vos agissements sur internet.
Le but est bien de vous faire taire et s’il faut utiliser le cadavre encore chaud d’une victime de harcèlement, nos dirigeants ne reculeront pas.
Et peu importe que les moyens proposés ne permettent pas réellement de savoir qui se connecte vraiment (mineurs y compris), tout comme il semble assez peu important pour les politiciens de concentrer dans quelques entreprises des masses considérables de données numériques d’identité très sensibles, offrant une cible rêvée pour la cybercriminalité en mal de vol d’identités…
En pratique, le contrôle devra porter sur les utilisateurs peu informés, les non-spécialistes et les naïfs qui ne prendront pas le temps de chercher comment contourner ces contrôles de plus en plus envahissants : des techniques existent qui fonctionnent y compris dans des pays comme la Chine ou la Russie, malgré leur expérience poussée en matière de contrôle.
Citons par exemple les VPN (dont les méthodes d’usage sont décrites dans ce précédent billet) qui, même dans le cas où les gouvernements chercherait à interdire de tels outils, disposent parfois d’options ou de protocoles pour les rendre indétectable aux fournisseurs d’accès. Alternativement, le système Tor offre une autre méthode d’accès protégé des tentatives de censure gouvernementale.
Néanmoins, la direction est prise et rien ne semble vouloir calmer les ardeurs des politiciens occidentaux à censurer leurs opposants politiques.
L’internet, déjà fractionné, va continuer à séparer la masse populaire, mal informée et complètement sous le joug des États, de la minorité consciente du carcan qui se met en place. Pendant ce temps, la caste jacassante, éperdument liberticide, semble bien décidée à reprendre les éléments les plus loufoques de Demolition Man et les plus liberticides de Matrix.