Vincent Verschoore
-31/12/2025- La validation de la reprise des travaux de l'A69 entre Castres et Toulouse par la Cour d'Appel, suite à une décision inverse en février par le tribunal administratif, illustre la corruption de tout un système reliant État, notables locaux et BTP.
L'A69 fait gagner (en théorie) 20 minutes sur un trajet de 1h15, mais avec un péage de 7 euros, et la quasi impossibilité d'y échapper vu que le tracé reprend une partie du réseau national existant. Dire que cela relève d'un "intérêt public majeur" est du foutage de gueule, l'intérêt majeur étant les centaines de millions d'euros versés par l'Etat pour un projet périmé.
Dès 2010, le groupe pharmaceutique Pierre Fabre, premier employeur privé du Tarn, a activement milité en faveur du projet, avec le soutien de réseaux d’élus locaux. Le PDG de l’époque, Pierre Fabre, a lui-même fait pression sur les ministres pour obtenir le feu vert au projet. Des élus comme Bernard Carayon (maire LR de Lavaur) ont menacé de quitter la majorité si le projet n’était pas validé, ce qui a accéléré la décision gouvernementale.
L’entreprise NGE, qui a remporté le contrat de concession en 2021, avait commencé à prospecter des terrains dès 2011, et signé des accords pour installer des carrières nécessaires aux travaux avant même l’attribution officielle du marché. Cela a suscité des soupçons de favoritisme et d’atteinte à l’égalité des candidats.
Plusieurs élus locaux ou leurs proches ont travaillé pour Pierre Fabre ou ont bénéficié de services de l’entreprise (imprimerie, conseil, etc.) pendant les campagnes électorales. Par exemple, Jean Terlier, député Renaissance du Tarn et président de la commission d’enquête parlementaire sur le projet, affiche une proximité avec le groupe Pierre Fabre, ce qui interroge sur son impartialité.
En 2024, une avocate du collectif opposant au projet a déposé un signalement au PNF pour favoritisme, prise illégale d’intérêt et blanchiment. Elle s’interroge notamment sur le rôle de Thierry Bodard, ancien haut fonctionnaire devenu directeur chez NGE, qui aurait pu bénéficier d’informations stratégiques avant son passage dans le privé.
Des reportages sur place donnent une idée des pressions mises sur la population du tracé pour vendre leur terrain, et sur les militants écologistes qui font face aux milices armées de l'État, évidemment vendues aux intérêts du grand capital.
L’A69 est un projet jugé « anachronique » par l’Autorité environnementale et « aberrant écologiquement » par des scientifiques.
Il détruit des écosystèmes précieux, aggrave le réchauffement climatique, et s’inscrit en contradiction avec les objectifs de transition écologique et de réduction de l’artificialisation des sols.
En Macronie, seul compte l'enrichissement des riches et des proches du pouvoir, quoi qu'il en coûte.
