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21 octobre 2025

Kuzmanovic Georges
21/10/2025

Ah… enfin un peu de diversité dans le bestiaire des menaces mondiales !
Après les Russes, voilà que les Chinois entrent officiellement au panthéon des grands méchants.
Le « Kompromat » ne sera plus seulement l’affaire d’Olga ou de Natacha : place à Li Mei et Xiulan, prêtes à faire chavirer le cœur – et les documents sensibles – de nos hauts fonctionnaires et industriels en goguette.
Comme les médias atlantistes fonctionnent de manière pavlovienne, on peut s’attendre à un grand virage vers l’espionnage inclusif et multiculturel : bientôt, les femmes indiennes, brésiliennes, indonésiennes, africaines ou émiraties prendront d’assaut la vertu de nos élites administratives et vont monter à l'assaut des braguettes pour leur extorquer leurs secrets industriels et d’État… s’il en reste.
Bruno Le Maire, lui, pourra enfin publier ses 50 nuances de la D.G.E. : entre deux réunions du G7, il a de quoi nourrir une belle carrière littéraire.
Mais enfin, quels secrets, au juste ?
Parce que, pendant que les nations des BRICS décollent, nous, on reste sur le tarmac à discuter du bon modèle de trottinette électrique pour sauver la planète. Et côté administration… quel pays sensé voudrait importer nos pétaudières kafkaïennes ?
Soyons lucides : au rythme où va le monde, c’est plutôt l’inverse qui va se produire.
Je vous préviens, le jour où je lirai dans La Pravda de Shanghai un article mettant en garde les ingénieurs chinois contre les avances de nos Stéphanie, Cécile et autres Caroline – nouvelles Mata Hari de la start-up nation –, la boucle aura été bouclée.
Mais réjouissons-nous : tout cela ouvre de nouvelles perspectives d’emploi pour notre jeunesse.
Pour les femmes, les hommes, les non-binaires – restons inclusifs ! –, voici venir l’âge d’or du nouvel OSS 117 : ils n'ont plus qu'à traverser la rue pour embrasser une nouvelle carrière.
Une remarque pour Le Point et L'Express et les autres : un peu de modernité, arrêtez de fustiger seulement les femmes. Et les hommes à l'assaut de nos femmes industrielles et hautes fonctionnaires, on en parle ?
Allons, un peu de modernité dans la débâcle.

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire

Veulent-ils aller jusqu’au clash ?


-21/10/2025- La note de la France une fois de plus dégradée, et notre nouveau ministre du budget de déclarer que c’était là un appel à la lucidité ? Et pour toute réponse il propose une augmentation des prélèvements de 19 milliards, sans toucher aux dépenses. La démence les possède et ils ne cesseront que lorsqu’on les arrêtera, où alors, ils ont des ordres fermes ? Le socialisme jusqu’au bout, jusqu’à l’ivresse et le coma. Nous n’en sommes pas très loin, mais il faudra que tout s’écroule, qu’il n’y ait plus rien à ponctionner, plus de richesses produites, pour que la population se rende compte du désastre de plus de quarante ans de dérive budgétaire, de socialisme outrancier, où les seules solutions ne furent concrètement que taxes et impôts supplémentaires. Où la justice sociale est passée par une ponction toujours plus présente jusqu’à l’asphyxie de notre économie, de nos volontés, avec comme refrain que ceux qui réussissaient devaient payer pour les autres, quand bien même ces autres ne tenteraient rien, et pire, viendraient simplement sur notre sol pour profiter d’une manne financière qui n’existe nulle part ailleurs.
Il ne sert à rien de vanter les génies qui sommeillent en France, de déclarer qu’il suffirait de simplement oser, encore faut-il avoir les moyens d’y parvenir. Mais dans un pays ultra contrôlé, où le pouvoir ne jure que par la norme et l’impôt, rien n’est possible et à la volonté succède le découragement ou la fuite. Ceux qui le pourront partiront, les autres fermeront. Rien n’est possible tant que l’équilibre politique n’est pas rétabli, et il ne peut l’être dans les conditions institutionnelles qui sont les nôtres, où des partis sans vergogne confisquent le pouvoir par un jeu d’alliances mortifères qui les conduit à voter à l’opposé de leurs convictions. Il faut changer le mode de scrutin, au RPF nous sommes pour le scrutin uninominal à un tour comme en Grande-Bretagne. Il répondrait sans ambiguïté au défi de notre époque et l’exécutif, qui n’a jamais respecté le choix des urnes lors des dernières législatives, ne pourrait plus s’affranchir de cette obligation. Le nombre de députés a été artificiellement détourné pour masquer une réalité que les chiffres ont été impuissants à imposer. Rappelons que Le RN est arrivé en tête en nombre de voix, par le mécanisme des alliances il n’a pas réussi à obtenir assez de députés pour exiger du président une reconnaissance effective.
Macron n’a même pas respecté la photographie de la représentation nationale qui aurait voulu qu’il désigne à minima un premier ministre, soit de gauche, soit du RN. Il a préféré ignorer les voix et les sièges, annulant de facto les résultats de cette élection pour nommer des premiers ministres de son camp. Tablant sur l’alchimie trompeuse d’une forme de coalition entre les macronistes et les LR pour se maintenir au pouvoir. Nous allons dans le mur et rien ne laisse penser que quelque chose peut arriver pour nous éviter l’impact. D’ailleurs faut-il tenter d’inverser le cours de l’histoire ? Il est sans doute inévitable et nécessaire que la faillite soit consommée pour tout reconstruire. L’entêtement à garder les mêmes fossoyeurs au pouvoir ne peut que conduire à l’effondrement. Nous sommes déjà à plus de 60% de prélèvement, et comme nous l’indiquions dans un précédent billet, nous devrions avoir des services publics en or massif ! Mais la réalité, encore elle, nous dit le contraire et montre que malgré des prélèvements pharaoniques, les sommes consacrées aux services publics n’ont cessé de diminuer. S’échiner à dénoncer les travers d’un budget qui ne correspond à rien de ce qu’il faut faire n’est plus suffisant. Nous vivons exactement la même chose qu’il y a un an. Barnier a été renversé pour avoir présenté un mauvais budget, Bayrou a fait pire. Lecornu 1 a cédé face aux pressions pour revenir avec une copie bien plus terrifiante, et tout va passer une fois de plus. Parce que pour eux, être « lucide » c’est tout confisquer pour engraisser l’État qui est forcément de bon conseil puisqu’il décide de tout et impose sa norme sans jamais se soumettre à la volonté des citoyens. Qui a dit que l’impôt devait être consenti par le peuple ? Fadaise, il ne l’est plus depuis longtemps et les apprentis politicards statuent, tranchent, sans jamais demander aux Français leur avis. De toute façon que pourraient-ils demander puisqu’ils n’ont d’autre rengaine que de ne jurer que par le prélèvement de tout et de rien, pourvu que les caisses de l’État se remplissent afin d’être vidées sans vergogne pour assurer le train de vie d’un État obèse, et paralysé, et toute la cohorte de courtisans qui vit de ses subsides.
Beaucoup se moquaient de l’ancien régime et de cette royauté qui entretenait des oisifs, mais que fait notre belle et si chère république si ce n’est la même chose, et en pire ! Mais quand c’est sous le sceau de la république, c’est bien ! Quand on répète que la révolution a chassé du pouvoir une caste de privilégiés pour la remplacer par une autre, ces propos sont étayés aujourd’hui par le spectacle que nous observons. Non, monsieur Lescure, la lucidité dont vous parlez ne consiste pas à s’engouffrer un peu plus dans la démence du prélèvement pour soutenir des projets qui sont des abysses, mais bien de revoir les priorités. Les sénateurs se réveillent et tirent la sonnette d’alarme concernant la filière automobile qui est en train de disparaître, si on n’arrête pas tout de suite les imbécilités de taxes carbone, d’obligation d’abandonner les moteurs thermiques d’ici 2035. S’ils nous avaient lus, ils auraient agité le chiffon rouge bien avant. Le RPF a dénoncé les aberrations de la politique de l’automobile depuis de longs mois. Nous n’avons pas eu besoin d’expertises coûteuses, ni de commissions bidon pour évaluer le problème et en conclure que nous allions vers une catastrophe économique qui plomberait encore plus notre situation. Et les voilà qui sortent de leur torpeur pour dire ce que nous écrivons depuis des lustres. Qu’ils se penchent donc sur nos propositions et ils auront de quoi redresser effectivement les finances sans une taxe de plus. Mais ne rêvons pas, ils ne souscriront à nos propositions que contraints et forcés, acculés à changer malgré eux, et encore.

Tragi-comique

20 octobre 2025

Gastel Etzwane

-20/10/2025- Pendant que Nounouille Iᵉʳ, alias François Hollande, s’agite en imaginant la main de l’étranger dans le cambriolage du Louvre, la réalité est d’une banalité confondante : le musée a été géré comme la France, avec désinvolture.
Le Canard enchaîné l’a révélé : les vitrines des joyaux de la Couronne ne comportaient même pas de coffres-forts arrière. Les anciennes étaient plus sûres que ces modèles « modernes » vantés par la direction.
Résultat : inutile d’invoquer un complot (russe ?), les vrais coupables sont la négligence et la suffisance françaises.
Les voleurs l’ont compris avant tout le monde.




Pierre-Olivier Sur
Avocat pénaliste, ancien bâtonnier du barreau de Paris

Condamnation de Nicolas Sarkozy

« Jamais une décision de justice n’aura été aussi critiquée que celle rendue le 25 septembre 2025 dans l’affaire Sarkozy. À ce titre, un faux adage est tombé : « On ne commente pas une décision de justice. »

Au contraire, on peut commenter, et même critiquer, sauf l’interdit de l’article 434-25 du code pénal : « Jeter le discrédit sur un acte ou une décision juridictionnelle dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance. » Autre limite, que l’actualité oblige malheureusement à rappeler : le respect qu’on doit aux magistrats et honte à ceux qui les menacent !

Un raisonnement conduit de façon brillante, impeccable et rigoureuse

Ceux qui auront le courage de lire les 380 pages du jugement Sarkozy conviendront que le raisonnement est conduit de façon brillante, impeccable et rigoureuse jusqu’à une terrible sortie de route au dernier virage, page 362.

Rigoureuse, l’appréciation du document Mediapart, à l’origine de l’affaire : « le plus probable est que ce document soit un faux » (page 329 du jugement). Mais si ce faux est le premier maillon de la chaîne de procédure, alors « par contagion », comme dit la jurisprudence pénale constante, ce sont l’ensemble des actes subséquents du dossier qui devraient s’écrouler. C’est-à-dire les 73 tomes. Mais ce moyen de nullité par contagion ne pouvait être plaidé en première instance – et pour cause : c’est le jugement qui établit la fausseté du document.

Quoi qu’il en soit, à défaut de nullité en la forme, des relaxes au fond suivent et s’enchaînent naturellement pour Nicolas Sarkozy. Relaxe sur le financement illégal de campagne électorale. Relaxe sur la corruption passive. Et relaxe sur le recel de détournement de fonds.

Association de malfaiteur, une qualification très controversée

Mais il y a tout de même une condamnation à la ramasse comme on dit, d’habitude réservée aux seconds couteaux qui ne sont ni auteurs ni complices. Une condamnation pour « association de malfaiteurs ». Convenons que le mot « malfaiteur » choque en tant que qualification juridique, dans le cadre politique et financier voire républicain de cette affaire, sauf à alimenter le populisme dont la justice est normalement aux antipodes.

Au-delà de l’appréciation de cet effet d’annonce pénal, qui brouille la vérité vraie pour le grand public, l’infraction d’association de malfaiteurs choque en elle-même tous les juristes, par l’imprécision de ses éléments constitutifs au point que le grand Badinter l’avait supprimée (loi du 10 juin 1983).

On sent qu’on arrive ici, dans le jugement Sarkozy à la terrible sortie de route ! En effet, après 360 pages d’un jugement dont nous avons dit qu’il avait été conduit de façon impeccable et rigoureuse jusqu’alors, voici le virage serré en épingle à cheveux, qui fait voler en éclat, en une fraction de seconde, l’ensemble de la construction juridique. Soudain, en quelques lignes, il est dit que Nicolas Sarkozy aurait « laissé ses plus proches collaborateurs (commettre les délits poursuivis) » (page 362 du jugement), puisqu’il aurait « avalisé »…

Désinvolture soudaine dans l’écriture

Mais le mot « avalisé » n’est pas un terme juridique. On ne le rencontre pas d’habitude dans une décision de justice, en tout cas pour qualifier intentionnellement un passage à l’acte ou même la préparation d’une infraction. Or, le mot « avalisé » est deux fois répété en page 376 du jugement.

Ici, le commentateur rompu de pénal se dit que les termes employés, la désinvolture soudaine dans l’écriture, en un mot le changement de ton, laissent comprendre une discontinuité dans le raisonnement collégial et peut-être même une rupture.

En effet, une incarcération avant le jugement définitif, ne peut être une « peine » à proprement parler, mais l’expression d’une « mesure de sûreté », pour mettre à l’ombre ceux qui risqueraient de menacer la sécurité publique ou qui seraient tentés de fuir la justice. Telle est la raison pour laquelle la plupart des jugements au pénal sont assortis de cette exécution provisoire.

Mais presque tous évidemment concernent la délinquance de droit commun et non pas les infractions financières et politiques pour lesquelles les mesures de sûreté ne sont pas nécessaires. Ce sera le débat sur la demande de mise en liberté et les critères de l’article 144 du code de procédure pénale. (…) ».

Vers une « droitisation » des pays européens ?

H16

-20/10/2025- Si la France s’enfonce de plus en plus dans la crise politique et dans le biscornu l’inconnu, cela n’empêche pas d’autres pays de faire récemment des choix électoraux beaucoup plus clairs.

Le 4 octobre dernier se tenaient des élections législatives en République tchèque et le résultat n’a guère plu aux élites bruxelloises.


En effet, le gagnant est le parti populiste ANO, dirigé par le milliardaire Andrej Babis. C’est un parti initialement issu du centre et qui, en République tchèque, avait récupéré l’électorat du centre gauche et qui s’était assez logiquement joint au groupe européen Renew Europe (qui correspond à l’actuel groupe de Macron). Cependant, ce parti a peu à peu basculé à droite alors que se sont accumulées les divergences sur les questions d’immigration et de réglementation européennes, voire sur la question ukrainienne.

Et lors des élections du 4 octobre, il a donc gagné face à une coalition de centre droit, issue de l’ODS Parti, coalition initialement fondée et dirigée par l’ex-président libertarien Vaclav Klaus. Toutefois, ce parti et cette coalition ont progressivement pris leurs distances par rapport à ces idées fondatrices à tel point que Vaclav Klaus avait même apporté son soutien à Babis lorsque ce dernier s’était présenté pour les élections présidentielles.

Malgré tout, Babis n’a pas la majorité absolue. Il va donc devoir gouverner avec d’autres partis. Au contraire de la France où ceci se traduit par un pataquès assez phénoménal, les observateurs de la politique tchèque estiment qu’il va devoir gouverner avec le SPD qui – contrairement au parti allemand du même nom – est le parti de la droite nationaliste, mais aussi avec le parti Auto qui rejette l’écologie poussée par l’Union européenne et semble prôner le marché libre.

De façon intéressante, ce tournant électoral en Tchéquie s’ajoute à la victoire en Pologne de Nawrocki, le candidat du PiS (droite conservatrice) lors de la présidentielle en mai dernier. Une élection qui avait aussi été marquée par les bons score de la Confédération, parti nationaliste combinant libertarianisme et conservatisme.

Dans ces deux cas – Pologne et République tchèque – la victoire des droites s’explique assez bien par les difficultés économiques que rencontrent actuellement ces peuples européens suite à la crise économique, engendrée par les restrictions pandémiques et par le bourbier ukrainien. S’y ajoute aussi une perte de confiance envers les dirigeants et particulièrement ceux d’Europe de l’Ouest. Du reste, on peut raisonnablement imaginer que les situations sécuritaires en France et au Royaume-Uni ont contribué à faire élire des dirigeants sensibles à la question de la sécurité et de l’immigration en Europe centrale.


Cette dernière question a d’ailleurs eu un rôle à l’autre bout du monde, au Japon, dont le chef de gouvernement doit être prochainement désigné. Or, potentiellement, il pourrait s’agir de la première femme à ce poste dans l’Empire du Levant, Sanae Takaichi. Celle-ci est l’une des personnalités actuellement les plus à droite au Japon, et est issue de l’aile droite du parti dominant du Japon qui a connu un revers avec la percée d’un parti nationaliste anti-immigration : Sanseitō.

Ces dernières années, le Japon avait en effet quelque peu ouvert les vannes de l’immigration, ce qui, pour ce pays extrêmement fermé, restait bien évidemment fort limité comparé à ce qui s’est récemment pratiqué en Occident. Néanmoins, cela a été suffisant pour que les Japonais constatent une augmentation des incivilités et de l’insécurité pour lesquels ils n’ont aucune tolérance.

Fait intéressant, la montée des nationalistes au Japon semble être notamment due à un franc soutien de la jeunesse, ce qui est un point commun avec la Confédération polonaise et le parti Auto en République tchèque : dans ces pays, la jeunesse vote plus à droite que la droite traditionnelle qui est déjà considérée comme populiste ou conservatrice.

Japon, Tchéquie, Pologne, le discours y est globalement le même, avec un rejet clair de toute gouvernance mondiale et des élites actuelles.

Si ces trois pays semble clairement se « droitiser », ce n’est pas le cas d’autres pays européens. La Moldavie a par exemple voté officiellement pour un gouvernement centriste.


Toutefois, on devra s’interroger sur la solidité du scrutin qui y a eu lieu, et des rumeurs très insistantes d’ingérence française sur place relayées notamment par Pavel Durov, le fondateur de Telegram qui a directement expliqué avoir eu des demandes d’influences provenant du gouvernement français.

S’il est évident que tous les pays d’Europe centrale subissent des influences étrangères, s’il est aussi évident que les Russes cherchent, comme les autres, à influencer les élections, il apparaît aussi clair que l’Europe de l’Ouest cherche activement à faire de même. Plus tôt cette année, les élections en Roumanie ont été un exemple assez illustratif de cette confrontation entre des influences étrangères opposées. L’hypocrisie des médias et des politiciens de l’Ouest qui continuent de nier leurs tentatives est amusante mais ne trompe que les plus naïfs.

Cette situation ne doit pas étonner : ces (tentatives d’)influences ne peuvent qu’augmenter à mesure que les pays basculent vers une droite populiste plutôt hostile à l’interventionnisme européen actuel. Dans ce jeu géopolitique, la France va avoir de plus en plus de mal à tirer son épingle du jeu, ses problèmes internes grandissant à vue d’œil, et rendant bien vaines ses velléités d’influence.

On pourra en outre se demander si cette droitisation peut un jour parvenir à pénétrer le terreau français. La prudence est de mise : dans les trois pays évoqués, la gauche est effectivement inexistante (République tchèque, le gouvernement centriste modéré a même rendu illégale la promotion du communisme). L’opposition politique se joue en pratique entre un centre droit et une droite conservatrice. Et dans ces trois pays, l’idée de réformes économiques libérales n’est pas un tabou. Elle est même mise en avant par les politiciens.

Au passage, les trois dirigeants nouvellement élus sont assez clairement favorables à Trump ; ceci pourrait au passage compromettre la volonté des pays d’Europe de l’Ouest de se détacher des États-Unis…

À bien des égards, la situation en Europe de l’Ouest est devenue un repoussoir pour un nombre croissant de pays. L’effondrement de moins en moins lent de la France pourrait motiver d’autres pays à rejoindre ceux de l’Europe de l’Est.


https://h16free.com/2025/10/20/82204-vers-une-droitisation-des-pays-europeens

19 octobre 2025

Natalia Routkevitch
16/10/2025
Tax-washing ?

Ne faut-il pas voir dans la fixation contemporaine sur la taxation un faux-nez de l’impuissance politique, voire le signe d’un manque de volonté de transformer en profondeur nos modèles socio-économiques ? Ne serions-nous pas face à une forme d’« egalitarian-washing », une manière de se donner bonne conscience en agissant à la marge, sans jamais s’attaquer aux structures mêmes de la production et de la répartition des acquis ?
Un article récent de la revue "Jacobin", intitulé “The Left Needs to Rethink How It Understands Inequality”, propose une critique stimulante et iconoclaste, venue de la gauche, de l'assistance sociale. L’auteur s’appuie sur une étude publiée dans l’American Economic Journal qui a suscité la surprise il y a quelques années : les États-Unis redistribueraient, par les impôts et transferts, une part plus importante de leur PIB en faveur des plus modestes que la plupart des pays d’Europe occidentale.
Dès lors, l’écart d’inégalités entre les deux continents ne tiendrait pas tant à une générosité du modèle redistributif européen qu’à une répartition plus égalitaire des biens avant impôt. Cette conclusion renverse un lieu commun : l’opposition entre la supposée pingrerie sociale des États-Unis et la vertu redistributive de la social-démocratie européenne (qui est en train de rendre l'âme).
Ce constat met surtout en lumière deux logiques distinctes de la réduction des inégalités : 1) la redistribution, opérée a posteriori par l’État ; 2) la prédistribution, qui agit en amont sur les structures de la production et l’allocation initiale des ressources
C’est cette seconde approche, plus structurelle, que l’auteur valorise : le niveau d’inégalité dépend avant tout du rapport de force entre classes sociales et de la capacité des travailleurs à défendre leurs intérêts, bien plus que de la charité publique ou des politiques d’assistance. En ce sens, le texte rejoint une intuition d’Amartya Sen, le célèbre économiste indien, qui refusait de considérer les politiques de redistribution – allocations, impôts progressifs – comme l’instrument central de la justice sociale. Il s’opposait ainsi à une vision « comptable » de la justice, telle que celle de John Rawls, qui vise à créer une société équitable à travers la distribution mesurable et réglementée des biens primaires.
Selon Sen, même un État redistribuant massivement peut voir persister des inégalités si certains groupes sont marginalisés ou incapables de défendre leurs intérêts. L’évaluation de la justice ne peut donc se réduire à des indicateurs monétaires ou statistiques. Sen proposait de mettre l’accent sur le pouvoir et l’organisation sociale, plutôt que de se limiter à des transferts financiers ou à la charité, et d’évaluer les politiques au-delà des chiffres fiscaux et le volume des dépenses publiques.
Car, même sous les pères fondateurs du néolibéralisme, Thatcher et Reagan, les dépenses publiques ont continué de croître ; seules ont changé les priorités de leur affectation. Ce qui prouve que le cœur du problème n’est pas la quantité d’argent dépensé, mais la manière dont le pouvoir oriente et structure les dépenses publiques. Si la gauche veut être réellement transformatrice – et non simplement morale –, elle doit placer au centre de son projet le renforcement du pouvoir collectif et du pouvoir du travail plutôt que de se contenter d’un vernis compassionnel ou fiscal, telle est la conclusion de l’article de "Jacobin".
En France, où le débat politique, à gauche comme à droite, se réduit souvent à une querelle fiscale, on a l’impression que cette focalisation sur la fiscalité constitue une forme d’échappatoire : une manière de valoriser le seul levier encore disponible entre les mains d’États désormais impuissants, privés d’autonomie monétaire, commerciale ou stratégique.
Il ne leur reste souvent que l’autonomie fiscale ; dès lors, les forces politiques faisant partie du système concentrent toute leur attention sur ce terrain pour éviter de parler du reste.
Car la question de fond semble si immense qu’on ne sait même plus par quel bout la prendre : celle d’une économie mondiale dominée par des oligopoles planétaires et des États-prédateurs transformés en leurs relais.
Sur ce fond, les appels à « faire les poches aux riches » ou à « taxer davantage l’héritage, ce truc tombé du ciel » sont perçus par beaucoup comme une forme de duplicité et d’injustice. Dans les faits, les hausses fiscales touchent surtout les classes moyennes : ces "people from somewhere" dont les biens ne sont pas mobiles et qui ne peuvent transférer aisément leurs avoirs vers les paradis fiscaux, contrairement aux plus fortunés, qui disposent d’une armée d’avocats capables d’optimiser ou d’éluder l’impôt.
Dans un monde ouvert, ces mesures sont facilement contournables par ceux qui en ont les moyens. Même pas besoin d’aller bien loin : le dumping fiscal est déjà largement pratiqué au sein même de l’Union européenne.
Pour le simple observateur, il semble que ce débat acharné sur les taxes s’enracine dans un immobilisme collectif dont chaque acteur politique est complice, une sorte de paralysie générale…
Peut-être existe-t-il des acteurs porteurs d’un projet cohérent, ambitieux, qui dépasse les jeux du type « je prends à celui-ci pour donner à celui-là » ? Lesquels ?
Ou bien l’État est-il tel qu’il ne peut plus se permettre de tels projets ? Dans ce cas, autant le reconnaître comme une constante faisant partie intégrante de notre réalité.

Dessin de Remoortel

Papouilles
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