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25 août 2025

Marc Amblard
25/8/2025

Panique : la BCE improvise de plus en plus son euro numérique

H16

-25/8/2025- La presse française étant ce qu’elle est (c’est-à-dire aussi subventionnée que médiocre), ce que Trump a réalisé en matière de cryptomonnaies est bien évidemment passé à peu près inaperçu de ce côté-ci de l’Atlantique. Pourtant, la Banque Centrale Européenne vient d’en faire récemment les frais…

Pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter quelques semaines en arrière, et plus précisément mi-juillet.

C’est en effet le 18 juillet dernier qu’a été promulgué aux États-Unis le Genius Act, une loi qui établit notamment un cadre pour les stablecoins, ces cryptomonnaies indexées sur des actifs stables, notamment le dollar américain et qui impose à leurs émetteurs de détenir des réserves équivalentes en dollars ou en actifs liquides à faible risque, principalement des bons du Trésor américain.


L’idée derrière cette loi est d’accroître la confiance du public dans les actifs numériques afin de favoriser leur adoption comme moyen de paiement alternatif, rapide et économique, mais surtout, ce mécanisme stimule la demande pour les bons du Trésor américains. Ainsi, en 2025, des entreprises comme Tether (avec son stablecoin USDT) et Circle (USDC) détenaient déjà 144 milliards de dollars en bons du Trésor, et le marché des stablecoins, évalué à 250 milliards de dollars, pourrait atteindre 2 000 milliards d’ici 2028 selon le Trésor américain. Avec cette loi, l’administration Trump vise donc à accroître la demande pour la dette publique et donc en réduire les taux, et par conséquence les coûts d’emprunt.

Assez logiquement, cette loi a déclenché un enthousiasme marqué de la part des promoteurs des cryptomonnaies qui voient là une façon concrète d’amener sinon le grand public au moins certains institutionnels (ceux qui négocient les bons du trésor américain par exemple) à s’intéresser à ces nouveaux moyens financiers, pendant que les esprits chagrins n’ont pu s’empêcher de noter que s’éloigne encore un peu plus le rêve de Satoshi Nakamoto, le créateur de Bitcoin, d’avoir une monnaie libre et vraiment indépendante des États…

Indépendamment de ces points de vue, cette loi laisse aussi transparaître l’écart entre le volontarisme américain d’une administration Trump décidée à pousser son pays vers ces nouveaux moyens monétaires et financiers, et, de l’autre côté de l’Atlantique, le véritable empotement de plus en plus caricatural de l’Union européenne, le cas de la France (détaillé dans un précédent billet) atteignant des sommets facepalmesques assez stupéfiants.


Et de façon intéressante, il n’aura donc pas fallu beaucoup plus d’un mois à laisser mijoter cette situation pour que la BCE (Banque Centrale Européenne) comprenne l’ampleur du changement géostratégique ainsi impulsé par les États-Unis.

Pour rappel, Christine Lagarde, actuellement en charge de l’institution monétaire européenne, continue vaille que vaille (et surtout coûte que coûte, c’est Nicolas Qui Paie, et il n’est pas à 30 milliards d’euros près, le bougre) à pousser l’idée bien bureaucratique et typique de l’actuelle nomenklatura européenne d’un Euro numérique basé sur les technologies de la blockchain.

Sur le papier, ce projet vise donc à créer une monnaie numérique de banque centrale (CBDC) fonctionnant sur une blockchain totalement contrôlée par la puissance publique et dont l’idée était de renforcer (on ne sait pas trop comment concrètement) la souveraineté monétaire européenne face aux propositions équivalentes privées – les blockchains les plus efficaces – ou aux CBDC concurrentes comme en Chine et dont l’usage pour « fermement policer le citoyen » n’aura échappé à personne, surtout pas aux maniaques européens du contrôle permanent.


Ce projet, déjà décrit ici ou , est cependant en train de prendre une autre tournure avec l’annonce en fin de semaine dernière d’un changement radical dans ses fondations : en lieu et place d’une blockchain bâtie par l’institution monétaire et qui n’aurait donc pas été ouverte à tous, la BCE envisage de développer son euro numérique sur une blockchain publique, comme l’Ethereum ou le Solana.

Ce changement n’est pas anodin et offre de nombreux avantages par rapport à la solution précédemment poussée par la BCE : outre une réelle transparence des transactions – une blockchain publique permet en effet à n’importe qui de vérifier les opérations passées sans intermédiaire, le passage par une chaîne publique connue accroît notablement la décentralisation de ce putatif euro numérique, rendant le réseau plus résilient aux pannes ou aux attaques.

D’autre part, en utilisant une chaîne connue, l’euro numérique facilitera l’intégration avec des protocoles de finance décentralisée, ce qui pourrait stimuler l’innovation. L’Europe en a bien besoin, la récente entrée en force du règlement MiCA ayant passablement alourdit (quasiment au point de la tuer) l’innovation cryptomonétaire sur le Vieux Continent.

Mais surtout, une telle chaîne publique rend beaucoup plus visible toute tentative de censure – interdiction de transaction sur des motifs politiques, typiquement – et offre une alternative pour s’en affranchir. Ceci sape un peu plus les dinosaubanques traditionnelles (et leur propension à refuser ou fermer des comptes à certains activistes politiques qu’elles prendraient en grippe en fonction des demandes du pouvoir en place – dernier exemple en date lisible ici), notamment en fournissant directement au particulier une façon de stocker son épargne sans plus passer du tout par ces établissements privés.


Autrement dit, c’est un changement de cap à 180° que vient d’effectuer la BCE.

Il apparaît qu’elle et les autorités européennes sont à ce point larguées par ce qui se passe actuellement sur la scène internationale et notamment aux États-Unis qu’elles ne se placent plus qu’en réaction à la politique américaine. Ce n’est pas plus mal, puisque lorsqu’elles sont livrées à elles-mêmes, elles enfilent les propositions qui sont sidérantes d’imbécilité ou de contrôle paranoïaque, ou ressemblent à l’auto-sabotage pur et simple.

En l’état, cette proposition revient donc à abandonner la capacité d’un contrôle profond et étendu du citoyen européen, et à tenter une adaptation dans la précipitation, ce qui augmente énormément la probabilité de faire un gros n’importe quoi inefficace pour leurs buts réels (et difficilement avouables).

Pour le moment et de ce point de vue, c’est donc une excellente nouvelle.


https://h16free.com/2025/08/25/81800-panique-la-bce-improvise-de-plus-en-plus-son-euro-numerique

23 août 2025

La coalition des clochards « aux pieds du maître en remuant doucement la queue »

Régis de Castelnau
22/8/2025


Le monde entier effaré a assisté à la séquence sado maso que la fine équipe qui prétend diriger l’Europe est allée offrir au Donald chez lui dans son bureau. Ils n’étaient pas invités, alors en roulant des mécaniques, ils sont allés taper l’incruste pour se faire recevoir dans l’entrée de service, par une décolorée. Avant de faire le poireau dans l’antichambre puis, une fois introduits, se faire piétiner par un Donald hilare. Lequel mit un soin particulier à délivrer à chacun des clochards une avanie personnelle sur mesure.

La coalition des imbéciles avait trouvé astucieux de se faire accompagner par le président finlandais, inaugureur de chrysanthèmes d’un pays de 5 millions d’habitants qui ne représente absolument rien. Le gars étant golfeur et ayant partagé des parties avec le Donald, les neuneus coalisés s’étaient dit que cela ferait bien dans le tableau. Bien joué, Trump a fait semblant de ne pas le reconnaître. Chacun a eu droit à sa petite part, qui des compliments sur son bronzage, qui une flatterie méprisante (coucou Macron), et le reste à l’encan. Ursula von der Leyen, la notoirement stupide présidente de la Commission européenne, que Macron s’applique scrupuleusement à trimbaler en permanence comme cornac, a eu droit, avec ses trois avanies, à un traitement spécial. Tout d’abord le président américain s’est foutu de sa gueule en la présentant comme une « excellente négociatrice » après « le traité inégal » en forme de boa constrictor qu’elle avait dû avaler. Ensuite, quand la spécialiste du démontage des machines à laver pour équiper les missiles russes a voulu aborder la question des enfants ukrainiens, Trump l’a vertement envoyée à la pêche. Enfin lorsqu’il a fallu discuter du fond avec la coalition des incapables, considérant qu’elle ne représentait rien, il l’a fait sortir. Ursula souffre à l’évidence d’une infirmité concernant son amour-propre. On se rappelle que les Chinois s’étaient essuyé les pieds sur elle lors du voyage officiel de Macron à Pékin, pour recommencer lorsqu’elle y est revenue à la tête d’une délégation de l’UE. À chaque fois elle ne se rend compte de rien, et semble en redemander.

Tout le monde a pu assister à ce sketch, et les gens normaux assez stupéfaits quand même, ont pris acte du sens qu’il fallait donner à tout cela. La presse européenne, notoirement une des plus corrompue du monde a fait semblant mais cela ne pouvait tromper personne. Les larbins étaient venus se faire tancer par le maître qui leur a rappelé « qui c’était Raoul ». Et on les a vus sur la fameuse photo regarder soigneusement le bout de leurs chaussures.

Ce qui est intéressant, c’est que certain, peut-être doté d’une machine à voyager dans l’avenir, avait exactement décrit ce qui allait se passer.

Vladimir Vladimirovitch Poutine, vous savez le tyran russe qui mange les petits enfants, prend des bains de sang de bois de cerf avec ses sosies pour soigner ses 42 cancers, eh bien il avait été interviewé au mois de février dernier. Interrogé sur l’attitude future des pays européens dont les dirigeants et la presse avait pris ouvertement parti, et de façon souvent militante, pour Kamala Harris. La propagande anti-Trump ayant pris parfois des formes très agressives. Donc, les journalistes se demandaient comment cela allait se passer avec ce nouveau président américain confortablement élu.

« Ils n'aiment tout simplement pas Trump, ils l'ont combattu activement, et se sont immiscés dans la vie politique américaine, lors de l’élection présidentielle... Mais je vous assure que Trump, avec son caractère et sa persévérance, rétablira l'ordre assez rapidement. Et vous les verrez tous, bientôt se tenir aux pieds du maître en remuant doucement la queue. »

Bon, il est peut-être inutile d’en appeler à l’utilisation d’une machine à voyager dans le temps.

En sachant à qui on a affaire avec cette coalition de clochards, et à l’aide d’un simple bon sens, c’était finalement assez facile de prévoir l’avenir.

Tchamé Dawa
22/8/2025

Zelensky a rencontré aujourd'hui le Secrétaire Général de l'OTAN à Kiev et publié une vidéo (https://x.com/ZelenskyyUa/status/1958867964444176643) qu'il commente ainsi :

"Aujourd'hui, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, est en Ukraine. Lors de notre réunion, nous avons discuté en priorité des prochaines mesures communes que nous pouvons prendre pour renforcer la sécurité de l'Ukraine et de toute l'Europe et pour rapprocher la fin réelle de la guerre.
Il s'agit avant tout de notre diplomatie, des garanties de sécurité et des armes pour nos soldats. Le programme PURL, qui permet l'achat d'armes américaines grâce au financement de nos partenaires, est déjà opérationnel. Nous avons déjà reçu 1,5 milliard de dollars des pays européens. C'est considérable. Je suis reconnaissant à tous nos partenaires. Nous nous efforçons de collecter davantage.
Nous apprécions grandement le soutien de @SecGenNATO.
Merci de votre disponibilité."

Évidemment, ce dont parle Zelensky depuis des mois et encore aujourd'hui est inacceptable pour les Russes et il le sait. Il sait aussi que les Russes avancent volontairement à "petits pas" pour épuiser l'Ukraine et que rien ne peut actuellement les arrêter. Il sait que l'Ukraine tout entière pourrait y passer si la guerre continuait. Il sait bien sûr qu'aucune armée européenne n'est capable de mener une guerre contre la Russie et qu'une telle guerre ne durerait que quelques jours ou quelques semaines et surtout, qu'elle conduirait à la confrontation directe de plusieurs puissances nucléaires dont la France. Il sait que ce risque est immense et que l'écrasement inévitable des forces européennes induirait probablement deux alternatives : l'entrée en guerre des USA ou bien l'usage de l'arme nucléaire par la France et/ou l'Angleterre (avec l'aval des USA). Car il est inimaginable de laisser l'UE tomber sous la coupe de la Russie/BRICS.
Tout ce que sait Zelensky, nos dirigeants européens le savent. Et pourtant, on voit se dessiner la catastrophe future, qui commence avec le retrait total des USA. Trump a fait ce qu'il a pu mais il ne peut pas empêcher les Européens d'aller à la guerre s'ils le souhaitent et il n'a aucun intérêt à le faire. Les USA (Biden) sont parvenus à briser toute possibilité d'alliance entre l'UE et la Russie, il vient d'obtenir la garantie d'achat de matériel militaire américain par les européens (5% du PIB européen, excusez du peu), il a fait signer à l'UE un accord qui nous plombe pour des décennies et il a donné l'image, la semaine dernière, d'un dirigeant qui se battait pour la paix, qui mouillait le maillot ! Cerise sur le gâteau: il satisfait son opinion publique en ne finançant plus la guerre en Europe.
Les USA ayant déserté, on se retrouve avec une Europe économiquement dévastée et exsangue (endettée, étranglée par les accords internationaux et au bord de l'explosion sociale), dont les opinions publiques sont majoritairement lassées du conflit ukrainien, à l'exception bien évidemment de quelques fanatisés ou lobotomisés par la propagande de l'UE. Les populations ont globalement pris note de la victoire militaire russe et de la pièce de théâtre que nous jouent les dirigeants belliqueux de l'UE. De plus, dans toute l'Europe, pour ne pas dire dans le monde entier, les peuples manifestent pour Gaza contre leur gouvernement et sont sévèrement réprimés, physiquement et judiciairement. Ils se découvrent ainsi en regardant chez leurs voisins, une communauté de malheur et d'oppression, et pour l'occasion, une communauté de combat fondée sur une humanité commune et sur un rejet puissant de l'injustice et des abus de pouvoir. Les difficultés économiques, en particulier en Angleterre, en Allemagne et en France, ajoutent encore à cette colère protéiforme des peuples et à cette communauté de destin, qui semble orienter l'Europe vers des soulèvements ou des guerres civiles.
Cela aussi, nos dirigeants le savent. Et la seule chose qui pourrait stopper cette colère montante et généralisée, c'est la guerre. Macron, Starmer et Merz, en particulier, savent que rien ne vaut la guerre pour stopper les révolutions et perdurer au pouvoir sans l'aval des peuples, comme le fait Zelensky à l'heure actuelle. Cerise sur le gâteau, la guerre, ça permet aussi de dépeupler et le temps qu'elle dure, de se permettre absolument tout.
Ces hommes qui nous gouvernent, dont on sait qu'ils n'ont pas levé le petit doigt pour sauver ne serait-ce qu'un seul enfant palestinien, qui n'ont jamais eu le moindre courage pour intervenir ou faire respecter le droit international, sont les pires ordures, les pires cyniques et mafieux auxquels nous n'ayons jamais eu affaire. Cela rend la situation actuelle très inquiétante et les révolutions populaires terriblement urgentes.
D'autant plus que Lavrov, qui voit venir tout ça (le déploiement de militaires européens en Ukraine) gros comme une maison, a prévenu aujourd'hui: « J'espère que ceux qui envisagent de tels plans comprennent quelles en seront les conséquences. »
Le prochain déplacement diplomatique de Vladimirovitch n'est pas pour tout de suite...
Non, décidément, je ne suis pas optimiste. Pas abattu non plus.

Quitter et venger Gaza

Nour Elassy / Mediapart
21/7/2025

La journaliste et poétesse palestinienne Nour Elassy vient d’être évacuée de Gaza. Dans sa nouvelle chronique écrite à Paris, elle raconte la douleur extrême de quitter les siens ainsi que son périple jusqu’à la France. Elle fait une promesse : venger Gaza.

« J’écris ceci depuis Paris, avec sa pluie de juillet qui arrose doucement mes joues. Comme si elle s’excusait pour moi de la douleur que je ressens. Comme si elle pouvait sentir à quel point je suis fragile, après avoir quitté tout mon monde pour poursuivre mon rêve.
Les jours précédant l’évacuation ont été les plus sanglants que nous ayons jamais vus. Le ciel brûlait plus fort. La terre s’est fissurée plus profondément. Le nombre de bombardements, d’ordres d’évacuation et de massacres a dépassé ce que l’on peut compter.
Le consulat français a déclaré qu’il était temps d’évacuer, pas parce que c’était sûr, mais parce qu’Israël avait finalement donné son autorisation, et nous avons déménagé à Deir al-Balah pour attendre le départ.
Je n’ai pas dormi. J’ai regardé ma famille respirer, mémorisant les voix des miens comme si elles allaient disparaître. Parce qu’elles allaient disparaître.
J’ai quitté Gaza sans rien d’autre que les vêtements que je porte, ma carte d’identité et la douleur insupportable de savoir que ma mère et ma petite sœur, tout mon monde, resteraient derrière, dans une guerre conçue pour nous effacer.
Les discussions sur un cessez-le-feu imminent et les grands espoirs de mettre fin à cette guerre m’ont rendue un peu plus calme, mais aujourd’hui, ces mensonges sont gelés. C’est un spectacle récurrent, et nous tombons dans le panneau à chaque fois. Non pas parce que nous sommes idiots, mais parce que nous sommes désespérés.
Le consulat de France nous a dit quelques jours avant : « Préparez-vous, si vous voulez toujours partir. » Pour poursuivre mes études, j’ai été admise à étudier les sciences politiques à l’EHESS (l’École des hautes études en sciences sociales) à Paris.
Mais comment préparer ses bagages pour l'exil ? Comment plier ses souvenirs dans un sac à dos que l’on n’a pas le droit de porter ?

Les cils de ma sœur, le regard de ma mère

La nuit précédant mon départ, j’ai essayé de mémoriser les cils de ma sœur. J’ai dormi entre elle et ma mère, toutes enlacées comme si c’était la dernière fois. Une grande partie de moi et d’elles voulait tellement le nier. Elle était silencieuse. Trop silencieuse. Ce genre de silence terrifiant que font les enfants lorsqu’ils en savent plus que ce que vous voulez qu’ils sachent. Elle ne m'a pas dit : « Ne pars pas ». Elle m’a juste regardée et m’a serrée encore plus fort dans ses bras. Et ce regard me suivra plus longtemps que cette guerre.
Quant à ma mère, je n’ai pas la force d’écrire cela : je ne peux pas oublier son regard et la façon dont elle a pleuré de tout son cœur en me poussant hors de la pièce pour partir.
Je suis partie comme une voleuse, non pas en volant, mais en laissant derrière moi tout ce que j’aimais.
Nous avons attendu à Deir al-Balah, où nous avons été forcés d’évacuer ; on nous a dit que le Sud était plus sûr. Au point de rencontre convenu par le consulat, nous nous sommes regroupés avec d’autres personnes choisies pour cette évacuation humanitaire. Trente d’entre nous, peut-être plus.
Je n’ai même pas été autorisée à emporter le carnet de poésie que j’avais rempli pendant la guerre, celui que ma sœur m’avait offert.
Chacun d’entre nous porte des histoires qu’il n’aura jamais fini d’écrire. Nous sommes montés dans les bus comme des fantômes portant des corps, chacun avec des yeux pleurant, bouffis de n’avoir pas dormi, plus tristes et plus confus les uns que les autres.
Je me suis assise près de la fenêtre et je me suis forcée à regarder, à assister à la mort de ce qui était ma maison. Khan Younès. Rafah. Ou ce qui était Khan Younès, Rafah. Tout avait disparu. Aplati dans une architecture de silence. Des os en béton. Du linge brûlé. Même les oiseaux volaient plus bas, comme s’ils étaient en deuil.

Les camions bloqués là

Je n’ai pas de mots pour décrire l’ampleur de la destruction – et la méconnaissance que j’en avais – sur la route menant à la frontière de Kerem Shalom-Abu Salem. Je n’en croyais pas mes yeux, on aurait dit un film sur la fin du monde, mais ce n’était pas le cas.
Puis nous sommes passés devant les camions, les camions d’aide humanitaire. Alignés comme des accessoires sur une scène de crime. Il y en avait des dizaines. Remplis de nourriture. De farine. D’eau. Parqués à quelques mètres du cadavre de Gaza, ils n’ont jamais été autorisés à y pénétrer. Le pain pourrit pendant que les enfants dans les tentes font bouillir de l’herbe pour le dîner.
Comment appelez-vous cela, si ce n’est un crime de guerre ? Ce n’est pas un siège. C’est la famine en tant que politique étrangère. C’est le meurtre par la paperasserie, signée à Washington, appliquée à Tel-Aviv et dont l’Europe est témoin.
Nous avons atteint le poste de contrôle. Après avoir vérifié nos identités, les soldats israéliens nous ont attendus, fusil à la main, comme si nous étions la menace et non les victimes. Ils nous ont dit : « N’apportez rien. » Pas d’ordinateurs portables. Pas de livres. Pas même des écouteurs.
Je n’ai même pas été autorisée à emporter le carnet de poésie que j’avais rempli pendant la guerre, celui que ma sœur m’avait offert pour mon anniversaire. Les mots, apparemment, sont trop dangereux pour l’occupant.
Ils nous ont fouillés comme si nous portions des bombes ; pas de chagrin. Ils ont touché notre dos, vérifié nos chaussettes, scruté nos yeux. Un soldat, si c’est ainsi que l’on peut décrire un criminel, a regardé un étudiant qui voyageait avec nous et a commencé à l’interroger sur l’endroit où il vit et sur ses connaissances.
L’équipe du consulat a vérifié nos noms à nouveau et a été si gentille et chaleureuse. Elle nous a donné de la nourriture et nous a informés que leur équipe de l’ambassade de France nous attendrait à notre arrivée en Jordanie.

Une femme évacuée

Dans le bus pour la Jordanie, personne ne parlait. Mais le chagrin a son propre langage. Notre silence était un hymne. Un chant funèbre pour les familles que nous avons quittées. Pour les enfants que nous ne reverrons peut-être jamais. Pour la vérité qu’il nous était interdit de porter.
Deux sièges derrière moi, une fille a chuchoté. Elle ne m’a pas demandé mon nom. Je n’ai jamais demandé le sien, mais elle a dit : « Mon père est resté. Il a dit qu’il préférait mourir dans sa maison que dans une tente. Mon petit frère a 5 ans, je lui ai dit que je ramènerais du chocolat de France, il a souri. Il ne sait pas que c’est peut-être un adieu pour toujours. »
Elle a tiré ses manches sur ses mains, a regardé le sol et a murmuré : « J’ai l’impression d’avoir laissé mon âme sous les décombres. Et maintenant, j’ai peur que quelqu’un marche dessus. » Mais une phrase me hante encore aujourd’hui. Lorsqu’elle m’a dit : « Je suis convaincue que je retournerai chez ma mère et que je lui expliquerai mon voyage, et qu’elle me dira : “Bonjour, ma fille, tu es en retard !” »
Pas de pleurs. Pas de sanglots. Juste le silence, et un silence si lourd qu’il pressait nos poumons. Comme moi, cette fille est quelque part en France maintenant. Mangeant du pain. Elle étudie le français, le droit ou une autre science. Mais une partie d’elle, une partie de nous tous, est toujours à Gaza, criant derrière un mur effondré que personne n’arrive à percer.

La découverte de la Palestine

Nous sommes passés dans les territoires palestiniens occupés. Quatre heures à travers une terre que je n’avais jamais vue. Parce que nous sommes de Gaza. Nous n’avons jamais vu notre propre terre. Le reste de la Palestine nous a toujours été interdit.
Et pourtant, c’était là : des montagnes. Des vignes. Des collines couvertes d’oliviers. La mer Morte et, enfin, les stations balnéaires. Les hôtels cinq-étoiles, les Européens qui bronzent en bikini alors qu’à trente kilomètres de là, des enfants sont enterrés à plusieurs sous une tente.
C’est le théâtre cruel de l’occupation : génocide en Méditerranée, cocktails dans la mer Morte.
Nous avons été installés dans un hôtel à Amman, à l’InterContinental Jordan, un hôtel magnifique, dont tous les frais étaient couverts par la France. Il y avait tout ce dont on pouvait avoir besoin, mais jamais ce que l’on voulait.
Chaque nuit, je fixe le plafond et me demande : les ai-je trahis ? Ai-je abandonné ma mère, ma sœur, mon peuple ?
Nous y avons passé deux nuits, du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à l’aube. Ce furent deux jours entiers de silence et de solitude dans une chambre d’hôtel très luxueuse. Nous avons été conduits de l’hôtel à l’aéroport, avec beaucoup d’attente et de vérifications, pour finalement être mis dans un vol pour Paris.
Le voyage était tellement bouleversant. C’était la première fois que je prenais l’avion. J’ai été très malade tout en m’émerveillant de l’immensité du monde. Et de la manière dont un minuscule morceau de terre a permis au monde entier de se réveiller et de comprendre à quel point il se trompait.
Nous avons atterri à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Nous avons été contrôlés une nouvelle fois et nous avons obtenu un visa d’étudiant. Mes grands amis m’attendaient avec les plus belles fleurs et une accolade très chaleureuse.
Me voilà à Paris désormais. En sécurité. Je dors dans un lit chaud très confortable. Et chaque nuit, je fixe le plafond et me demande : les ai-je trahis ? Ai-je abandonné ma mère, ma sœur, mon peuple ?
La culpabilité me brûle l’estomac et m’empêche de garder quoi que ce soit à l’intérieur, que ce soit de la nourriture ou des larmes. Partir était-il un acte de courage ou de désertion ? Mais je sais ceci : je n’ai pas quitté Gaza pour l’oublier. Je l’ai quittée pour la venger avec la langue, avec la politique, avec une mémoire plus vive que les balles.
Je suis partie pour apprendre la langue des tribunaux qui ne nous ont jamais sauvés. Pour utiliser leurs propres outils afin de graver notre nom dans l’histoire.
Vous, dans vos ambassades, vos salles de rédaction et vos studios de télévision, vous entendrez parler de moi. Je ne serai pas votre histoire à succès, je serai votre miroir. Et vous n’aimerez pas ce que vous y verrez.
J’ai quitté Gaza sans rien. Pas de sac. Pas de livres. Pas de cadeau d’adieu. Seulement de la rage. »

Ce texte a été confié à Rachida El Azzouzi, qui l’a traduit de l’anglais.
Nour Elassy est journaliste, écrivaine et poétesse.
L’écriture, dit-elle, la sauve. Peu après le 7 Octobre, elle a commencé à écrire des poèmes qu’elle a rendus publics, notamment sur le réseau social Instagram.
Âgée de 22 ans, elle a étudié la littérature anglaise et française. Elle est née et a grandi dans la bande de Gaza, dans le quartier d’Al Tofah, dans le nord-est du territoire.
Pendant plus de quinze mois, Nour Elassy a été déplacée avec sa famille à Deir al-Balah, dans la partie centrale de la bande de Gaza. Revenue en février 2025 dans le nord de Gaza, elle a été de nouveau déplacée avec sa famille début avril.
Elle se trouvait dans la ville de Gaza quand elle a appris qu’elle était l’une des trente-sept personnes, aux côtés notamment de notre autre chroniqueur, le journaliste et traducteur Ibrahim Badra, que les autorités françaises évacuaient le 9 juillet de l’enclave palestinienne. Elle est arrivée à Paris le 11 juillet.
Depuis des mois, une mobilisation, portée notamment par l’écrivain palestinien Karim Kattan et le rédacteur en chef de la revue The Funambulist, se déployait en France pour que Nour Elassy soit mise à l’abri des bombes israéliennes et intègre l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, pour y suivre un master en science politique.

COMME DIT MATTEO

Gabriel Nerciat

-23/8/2025- Alors que Marine Le Pen est en vacances, Bardella chez la manucure, Mélenchon à la récup des colères populistes et Retailleau en Martinique où il regarde la mer, c'est en Italie, visiblement, que réside le dernier opposant sérieux à la Macronie.
D'une phrase, il a clos la risible comédie que le Banquier Président a initiée à l'occasion de son dernier voyage aberrant de servilité à la Maison-Blanche.
En effet, qu'il y aille, en Ukraine, Macron, et qu'il y reste.
C'est son maintien à l'Élysée qui demeure la cause essentielle du bourbier dans lequel la France va devoir patauger jusqu'au printemps 2027.
Matteo devrait demander la nationalité française ; on pourrait vaguement espérer quelque chose.

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22 août 2025

Anna Rocca
22/8/2025

Comment voulez-vous
• qu’un jeune de 29 ans,
•  qui a échoué dans ses études,
• qui n’a aucune expérience professionnelle,
• qui n’a aucune culture,
• qui n’a aucune connaissance approfondie des enjeux géostratégiques,
• qui ne connaît pas l’Histoire,
• qui ne connaît rien à l’économie,
• qui n’a aucune notion de politique industrielle,
comment voulez-vous que Bardella puisse changer quelque chose, sinon en pire ?
Par quel miracle, faire des selfies, partager ses journées entre des salles de sport et des coachs en communication, lui donnerait la faculté de sortir la France du marasme ?
Regardez la différence entre Bardella et François Asselineau, vous comprendrez qui est le seul qui peut vraiment sauver la France.
Depuis 18 ans, Asselineau produit des analyses sans cesse validées par la réalité.
Il y a 18 ans, il disait que notre appartenance à l’UE et à l’OTAN nous menait tout droit à la guerre, voyez le résultat aujourd’hui.
Pourquoi Bardella est hyper médiatisé et pourquoi Asselineau est censuré ?
Parce qu’avec le premier, rien ne changerait, les oligarques pourraient continuer à se gaver, les Français à s’appauvrir et la France à mourir.
Alors qu’avec le second, l’espoir renaîtrait d’une France libre et d’un peuple français fier de ce qu’il est.


LA FIN DU TIERS-MONDISME

Gabriel Nerciat

-22/8/2025- Avec Gérard Chaliand, c'est une certaine idée du tiers-mondisme, telle qu'elle prit forme dans les années 1960-70, qui disparaît pour toujours.
Je n'éprouvais pas forcément sa fascination assumée pour tous les mouvements de guérilla du vaste monde, qu'ils se réclamassent du marxisme ou non, mais il est indéniable qu'il aura assez brillamment expérimenté et approfondi, en n'hésitant pas à payer de sa personne, pendant plusieurs décennies, ce que Carl Schmitt avant lui avait perçu et conceptualisé dans sa célèbre Théorie du partisan.
La guérilla, c'est la force des faibles, disait Roger Caratini, un de nos amis communs aujourd'hui disparu lui aussi, mais c'est une force qui paradoxalement finit parfois par régénérer ou relégitimer l'ennemi étatique même qu'elle s'efforce de combattre (l'exemple du PKK kurde d'Ocalan, qui lui était si cher, et du rôle qu'il a joué dans l'affermissement du pouvoir illibéral d'Erdogan en Turquie, en est une illustration parfaite).
Chaliand disparaît à un âge avancé, au moment même où deux des causes qu'il avait le plus ardemment soutenues, celle des Arméniens du Karabagh ou du Levant et celle des Arabes de Palestine, connaissent des revers et des épreuves sanglantes qui ressemblent de plus en plus à des tentatives d'éradication planifiée.
Ce qui va advenir maintenant, peut-être n'était-il plus en mesure de l'accompagner et de le décrire adéquatement (il s'était déjà assez lourdement trompé, avec beaucoup d'autres il est vrai, dans ses analyses sur le conflit syrien).
Reste l'essentiel, qu'il avait par contre très bien saisi et exprimé : avec la prolifération mondiale des guérillas, qui a survécu à la fin de l'empire soviétique et de la Chine maoïste, la guerre conventionnelle ne se limite plus à l'alternative classique entre la victoire et la défaite.
Une révolution politique peut échouer sans retour ; mais un mouvement de partisans armés peut difficilement se réduire sans restes, même s'il ne parvient pas à prendre le pouvoir, à partir du moment où un sentiment national est adossé à lui.
Ceux qui ne le comprennent pas aujourd'hui ne le comprendront sans doute jamais.
Ma foi, c'est tant pis pour eux, mais cela n'empêchera pas l'auteur du Feu nomade de dormir en paix.

Contrôle du net : tous les prétextes sont bons pour vous faire taire

H16

-22/8/2025- Les dernières semaines offrent un véritable festival de nouvelles consternantes d’attaques portées contre les libertés fondamentales de vie privée et d’expression, ainsi qu’une volonté de faire complètement disparaître l’anonymat ou, plutôt, le pseudonymat sur internet.

En effet, de plus en plus de gouvernements occidentaux font passer ou sont en train de préparer des mesures visant à enlever toute possibilité de pseudonymat ou d’anonymat.

Le Royaume-Uni d’un Keir Starmer manifestement en roue libre est même à la pointe de ce mouvement avec son Online Safety Act : cette loi oblige les sites en lignes a demander à tout utilisateur de s’identifier, soit avec un selfie, soit en utilisant carrément une pièce d’identité. Au départ destiné essentiellement aux réseaux sociaux, la mesure s’est rapidement étendue à d’autres sites, comme par exemple Spotify – un site de musique en flux – et dont on voit mal en quoi l’identité précise des utilisateurs constitue une nécessité de service.

Ceci n’est malheureusement pas une lubie britannique : d’autres pays décident de faire de même. L’Australie instaure par exemple un procédé similaire pour un peu tout, y compris les moteurs de recherche.

Quant à l’Union européenne, elle n’est évidemment pas en reste : elle tente la copie (au moins dans l’esprit) du système britannique avec son Digital Services Act, tout en le combinant avec le fameux (fumeux ?) portefeuille digital, poussé par une Commission fort enthousiaste pour cette nouvelle identité numérique.

Dans ces différents cas, le prétexte utilisé est connu, et maintenant transparent d’avoir été si utilisé pour des petites fins politiques assez peu avouables : au motif de connaître l’âge des internautes, permettant ainsi de limiter l’accès des mineurs à certains sites coquins, dangereux ou séditieux, on va imposer une identité numérique qui va enfin permettre de traquer tout le monde (mineurs ou non).


Évidemment, contrôler l’identité ne suffit pas : au-delà de la navigation sur Internet, il serait dommage de passer à côté de la confidentialité des messageries privées comme WhatsApp, Facebook Messenger ou Snapchat. Dans le cadre de Chat Control, les plateformes gérant ces messageries privées seront bientôt obligées de mettre en place un système de surveillance qui permettra essentiellement aux autorités (dont les politiciens, ne nous leurrons pas) d’avoir accès aux conversations pourtant privées.

Ici, le prétexte ne sera pas (ou pas seulement) la protection des petits enfants : c’est l’autre scie du contre-terrorisme, édentée d’avoir été à ce point utilisée depuis plus de 20 ans, qui servira encore une fois pour pousser la fin des correspondances privées.

La pression est si forte que même la Suisse – jadis réputée pour son cadre très protecteur de la vie privée – pourrait aussi céder avec une proposition de loi obligeant les entreprises numériques à communiquer les connexions au gouvernement. Au passage, c’est cette proposition qui a poussé l’entreprise suisse Proton – spécialisée dans les services numériques confidentiels – à délocaliser une partie de ses services.


Dans ce tableau, rassurez-vous, la France n’est pas à la traîne. Mieux encore : l’actualité lui fournit d’autres prétextes pour pousser les mêmes agendas liberticides.

En effet, le 18 août dernier, les réseaux sociaux découvrent la mort de Jean Pormanove, un streamer assez connu mais qui semble avoir succombé aux tortures physiques et psychologiques de plusieurs autres streamers, le tout en direct et sur une plateforme déjà largement coutumière des faits de violences et de harcèlement à l’encontre de la victime.

Bien sûr, des alertes avaient précédemment été lancées, et l’ARCOM, normalement en charge de réguler les réseaux et d’éviter ce genre de débordements, avait été prévenue plusieurs fois sans juger bon d’intervenir, tout comme la ministre Clara Chappaz, elle aussi au courant bien avant le décès. Apparemment, les fromages républicains sont plus aptes à ferrailler contre des chaînes de télévision (C8 en étant un exemple typique) qu’exercer réellement leur mission, leur politisation ne faisant plus de doute qu’auprès des plus naïfs ou de ces politiciens hors sol encore persuadés qu’il faille absolument museler l’opposition.

Évidemment, les politiciens n’ont évidemment pas traîné à récupérer le scandale pour pousser l’idée – pourtant débile – que tout ceci justifie amplement le contrôle d’identité sur les réseaux. Ce n’est plus de la récupération, c’est du recyclage industriel de niveau olympique.

Et quand ce n’est pas une augmentation du flicage général, ce sont les inévitables pleurnicheries sur le manque de moyens, dont on peut pourtant affirmer qu’ils remplissent bien trop l’administration française qui, actuellement, manque plutôt cruellement de gens brillants, voire carrément une taxe comme le propose ce crétin de Gabriel Attal au milieu d’un torrent d’imbécilités consternantes.

Quant aux gesticulations actuelles de Chappaz (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) qui diligente l’ARCOM (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) pour enquêter sur cette sordide affaire, elles donnent une idée précise de la valeur de nos dirigeants et des institutions dont ils saupoudrent la République pour faire croire qu’ils servent à quelque chose.


On le comprend : que ce soit pour lutter « contre la pornographie », « la violence des jeux vidéos », « les dérives du streaming », « le terrorisme », tous les prétextes (même farfelus) seront utilisés pour imposer un contrôle de plus en plus serré de vos agissements sur internet.

Le but est bien de vous faire taire et s’il faut utiliser le cadavre encore chaud d’une victime de harcèlement, nos dirigeants ne reculeront pas.

Et peu importe que les moyens proposés ne permettent pas réellement de savoir qui se connecte vraiment (mineurs y compris), tout comme il semble assez peu important pour les politiciens de concentrer dans quelques entreprises des masses considérables de données numériques d’identité très sensibles, offrant une cible rêvée pour la cybercriminalité en mal de vol d’identités…

En pratique, le contrôle devra porter sur les utilisateurs peu informés, les non-spécialistes et les naïfs qui ne prendront pas le temps de chercher comment contourner ces contrôles de plus en plus envahissants : des techniques existent qui fonctionnent y compris dans des pays comme la Chine ou la Russie, malgré leur expérience poussée en matière de contrôle.

Citons par exemple les VPN (dont les méthodes d’usage sont décrites dans ce précédent billet) qui, même dans le cas où les gouvernements chercherait à interdire de tels outils, disposent parfois d’options ou de protocoles pour les rendre indétectable aux fournisseurs d’accès. Alternativement, le système Tor offre une autre méthode d’accès protégé des tentatives de censure gouvernementale.

Néanmoins, la direction est prise et rien ne semble vouloir calmer les ardeurs des politiciens occidentaux à censurer leurs opposants politiques.

L’internet, déjà fractionné, va continuer à séparer la masse populaire, mal informée et complètement sous le joug des États, de la minorité consciente du carcan qui se met en place. Pendant ce temps, la caste jacassante, éperdument liberticide, semble bien décidée à reprendre les éléments les plus loufoques de Demolition Man et les plus liberticides de Matrix.


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