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21 septembre 2025

Gastel Etzwane

-21/9/2025- Matthieu Pigasse, milliardaire, producteur d’émissions pour France Télévisions, s’invite dans sa propre émission pour attaquer le RN, sans contradiction réelle et sans que les téléspectateurs sachent qu’il finance le plateau. Quelques jours plus tôt, à la Fête de l’Humanité, il prononçait un discours applaudi où il suggérait de façon à peine voilée d’interdire ou de museler les médias jugés « de droite » ou « dangereux ». Autrement dit : l’homme qui réclame moins de liberté pour les autres profite d’une liberté totale pour lui-même sur le service public.
Et tout cela, financé par vos impôts. Mediawan vend ses programmes à France Télévisions, qui les achète avec l’argent public. Résultat : un milliardaire diffuse son discours militant sur une antenne publique, se rémunère dessus et les Français paient la facture.
Ce cas résume un système : deux poids deux mesures constants. Surveillance féroce dès qu’une voix dissidente apparaît, silence dès qu’un acteur du système se livre à des conflits d’intérêts flagrants. On obtient une boucle parfaite : un espace public capturé, des fonds publics détournés vers un message unique, et un pluralisme réduit à la portion congrue.
Le service public devrait être un forum ouvert ; il devient la caisse de résonance d’un discours militant, verrouillé, financé par ceux-là mêmes qu’il endoctrine.

Yann Bizien


-20/9/2025- Voici le résultat de la politique de François Hollande, d'Emmanuel Macron, d'Edouard Philippe, de Jean Castex, d'Elisabeth Borne, de Gabriel Attal, de Michel Barnier, de François Bayrou et de Sébastien Lecornu, sans oublier les présidents et les Premiers ministres qui se sont succédés au pouvoir depuis 1974.
Pendant que la France est humiliée et déclassée, notre voisin italien, gouverné par une femme plus clairvoyante, plus audacieuse et plus courageuse, se redresse fièrement.
Il y a en France des militants de gauche qui manifestent encore contre la baisse des dépenses publiques et pour la taxation des riches, c'est-à-dire les autres. Ils mènent une offensive favorable aux taxes sur les entreprises et à l'impôt sur les entrepreneurs, tandis que nous savons pourtant que notre pays n'a pas de problème de recettes fiscales mais un problème grave de dépenses publiques.
Mais il y a pourtant une autre catégorie de citoyens et de contribuables, dont je suis, qui est prête pour la baisse des dépenses, pour des économies sur le train de vie de l'État et pour des réformes de structures dans le secteur public : 82 % des Français préfèrent la baisse des dépenses publiques plutôt que la hausse des impôts ! 77 % des Français sont favorables à la préférence nationale pour le versement des aides sociales ! Ils sont nombreux à rejeter l'aide médicale d'État, le regroupement familial, le droit du sol, l'aide juridictionnelle aux étrangers !
Face à la dette, une grande majorité de Français a parfaitement compris l'urgence et n'est pas contre des réformes et pas contre des économies. Bien au contraire ! Ils rejettent tout un système de spoliation institutionnalisé contre leur volonté. Ils refusent l'État social et prédateur fiscal. Ils ne veulent plus des taxes de la gauche. Ils sont favorables à l'arrêt immédiat de l'hémorragie de la dépense publique idéologique, inutile, redondante, inefficace.
Ce n'est pas la contribution fiscale qui va sauver nos finances publiques et qui va participer au redressement de la France. Ce sont les économies, donc moins de dépenses !
Stop à la logique socialiste et communiste du toujours "plus d'impôts" et notre pays s'en portera mieux !
Cessons de punir ce pays et les Français honnêtes, ceux qui travaillent, comme tous ceux qui sont désormais à la retraite, qui ont travaillé dur, et qui l'ont bien méritée !

VANTARDISES EUROPÉENNES ET PRINCIPE DE NON-CONTRADICTION ou VERS UN NÉO-WESTPHALISME

Gabriel Nerciat

-21/9/2025- Toujours sidérant d'entendre les clercs euro-atlantistes aux abois parler de la Russie et de l'Ukraine, comme d'ailleurs aussi bien de Trump et de Xi Jinping.
Au-delà de leur ridicule qu'on nommera faute de mieux spontané (comme par exemple s'indigner à longueur d'antenne que des drones non armés ou des avions de reconnaissance russes pénètrent pendant quelques minutes dans les cieux baltes ou polonais alors même que l'UE et les pays membres de l'OTAN dépensent des dizaines de milliards d'euros depuis trois ans pour aider Kiev à combattre la Russie et tuer des soldats russes), il est frappant de voir que la plupart de ces analystes qui prétendent au statut d'intellectuels sont complètement imperméables aux évolutions les plus évidentes du présent siècle.
Leur problème est simple mais assez complexe à diagnostiquer même en recourant au concept facile de dissonance cognitive : parfois, ils raisonnent comme si nous étions encore dans le cadre juridique multilatéral d'après 1945, et parfois comme si ce dernier n'avait plus aucune raison d'être.
Or il faut choisir : A et non-A ne peuvent pas être affirmés comme valides en même temps (c'est ce qu'Aristote appelait le principe de non-contradiction, pierre de touche de la rationalité occidentale dont la plupart de ces occidentalistes patentés sont si fiers).
Le cadre multilatéral est celui né de Yalta et de la défaite de l'Axe : il postule l'idée selon laquelle l'ensemble des États souverains doivent se soumettre à des règles communes (notamment le respect de l'intégrité des frontières étatiques) à partir du moment où ils ne remettent pas en cause les intérêts fondamentaux des cinq puissances impériales qui ont vaincu le Reich hitlérien et l'empire japonais.
Si ce cadre est toujours valide, alors il devrait aller de soi que toute extension des frontières de l'OTAN, après 1991 et la dissolution pacifique de l'URSS, ne peut ou n'aurait pu se faire sans des négociations officielles menées avec la Russie.
Lesquelles, comme chacun sait, n'ont pas eu lieu – ce qui a été interprété par Moscou et aussi par Pékin comme une remise en cause, non seulement de la part de Washington mais de l'ensemble des Occidentaux, de la légitimité même du cadre multilatéral hérité de Yalta (d'autant plus qu'à la même époque, l'Amérique et ses vassaux agressaient militairement la Serbie et l'Irak).
Si l'on estime que ce cadre juridique est mort avec le XXe siècle et la guerre froide, alors nous revenons plus ou moins automatiquement au cadre antérieur qui était celui des traités de Westphalie.
À savoir que les États souverains capables de puissance militaire ou stratégique, hors de tout cadre normatif trop contraignant, doivent parvenir à négocier perpétuellement entre eux un certain équilibre, tout en se gardant la possibilité de recourir à la guerre pour stabiliser ou défendre ce qu'ils estiment être leur zone d'influence légitime.
C'est ainsi que la France monarchique, au terme de plusieurs conflits, parvint à imposer sa loi et ses intérêts aux puissances espagnole, autrichienne, prussienne, hollandaise et britannique afin de stabiliser, autant que faire se peut, les zones de puissance étatiques respectives en Europe et au-delà.
Pour Poutine avec l'Ukraine comme sans doute bientôt pour Xi avec Taïwan, il est clair que c'est la logique westphalienne qui désormais s'impose.
Si elle s'impose aussi à l'Europe, alors l'Europe doit cesser de penser et de parler comme si nous étions encore à l'époque de la guerre de Corée ou du printemps de Prague.
D'autant plus impérieusement qu'aucune des nations européennes n'a les moyens, sans l'aide des États-Unis, de s'opposer militairement à Moscou (ou, même économiquement, à Pékin).
Il faudrait donc arrêter de parler, de menacer et de hurler, pour réfléchir un peu.
Car la seule chose sur laquelle Trump, Poutine, Xi, Erdogan et Modi semblent bien d'accord, c'est désormais de se passer de l'avis des Européens pour entreprendre quoi que ce soit.

Dessin de Kurt

20 septembre 2025

LE TARTUFFE DU LANGUEDOC

Gabriel Nerciat

-20/9/2025- Après le personnage de Chabrol en Vendée, tartufferie droitarde opus 2 en Languedoc.
L'odieux Robert Ménard a été en effet l'un des premiers maires de France à exhiber le drapeau bleu et jaune de l'entité ukrainienne au balcon de sa mairie de Béziers, et à s'en regorger sur tous les plateaux de télévision.
Aujourd'hui, il postillonne partout en s'étranglant de rage et réclame avec Retailleau (à juste titre, au demeurant) qu'on contraigne les maires pro-palestiniens à retirer du fronton de leurs mairies le drapeau de la Palestine (qui est d'ailleurs en réalité celui de la dynastie hachémite d'où étaient issus les anciens chérifs de La Mecque) qu'ils veulent exhiber lundi prochain.
Mais lui, on peut le parier, ne retirera pas son dérisoire fanion bandériste, et le ministre de l'Intérieur ne fera rien pour l'y contraindre.
Or il n'y a pas de demi-mesure : soit on ne tolère aucun drapeau étranger au fronton des édifices publics (même l'emblème marial de l'UE est une scandaleuse incongruité puisque l'UE n'est pas une fédération) ; soit on peut au gré des préférences du maire en tolérer d'autres, qui deviendront autant de motifs de discorde et de détérioration de la paix civile.
Or l'hypocrisie des droitards en la matière est toujours plus gênante que celle des gauchistes, parce qu'ils prétendent se vouloir garants de l'ordre public et de l'unité nationale, que les seconds ouvertement méprisent.

Gastel Etzwane

-19/9/2025- Ah Volodymyr, merci pour l’annonce publique : c’est touchant de franchise. Mais entre nous, cela fait déjà des mois, voire des années, que les armes livrées “pour défendre l’Ukraine” voyagent sous d’autres latitudes. On les retrouve entre les mains de mafias sud-américaines, de bandes de trafiquants en Europe et jusque dans les cités françaises. Alors ton discours sur “vendre à d’autres pays” a quelque chose de comique : tout le monde sait déjà que vos stocks sont devenus un supermarché clandestin planétaire.
Et puis il faut le rappeler : votre pays n’était pas novice en matière de trafics avant 2022 ; mais depuis que l’Europe vous a abreuvés de milliards et d’armes dernier cri, vos méthodes se sont spectaculairement perfectionnées. Et puisque vous n’avez plus assez d’hommes pour les utiliser, on comprend très bien pourquoi et à qui vous les vendez.

19 septembre 2025

Drones russes en Pologne : l’OTAN face au spectre de l’escalade et au risque d’effondrement ukrainien

Georges Kuzmanovic
19/9/2025

Quelques drones errants suffisent à mobiliser l’OTAN. Mais derrière le théâtre médiatique, l’Alliance n’a ni la force ni la volonté de sauver une Ukraine à bout de souffle.


Lorsqu’un groupe de drones a pénétré l’espace aérien polonais, l’OTAN a convoqué sa première consultation au titre de l’article 4 depuis des années. Pendant plusieurs heures, les gros titres en Europe et aux États-Unis ont évoqué une possible escalade susceptible de transformer la guerre en Ukraine en confrontation directe entre l’OTAN et la Russie. Mais une fois l’émotion retombée, l’incident a révélé moins une agression imminente de Moscou qu’un faisceau d’incertitudes : la fragilité du récit occidental, le désespoir stratégique de l’Ukraine et les fissures internes à l’OTAN.

L’incident : ambiguïté et escalade

Les drones en question n’étaient pas des plates-formes de frappe bourrées d’explosifs, mais des engins non armés, peut-être des leurres ou des appareils de reconnaissance. Ils ont été abattus en territoire polonais par des défenses aériennes coordonnées de l’OTAN. Les premières spéculations ont présenté l’événement comme une attaque intentionnelle russe, mais des éléments ont rapidement suggéré d’autres explications : erreur de navigation lors d’une frappe massive russe contre l’Ukraine, brouillage ukrainien ayant dévié les drones, voire provocation ukrainienne destinée à entraîner davantage l’OTAN dans la guerre.

La position russe est restée constante : Moscou a nié toute implication délibérée, demandant rhétoriquement « à qui profite le crime ? ». Après trois ans de conflit, la Russie n’avait guère intérêt à ouvrir un nouveau front contre l’OTAN. L’Ukraine, en revanche – épuisée sur le champ de bataille et avide d’une implication occidentale accrue – pouvait avoir des motivations. Des diplomates russes ont rappelé des précédents où des missiles ukrainiens avaient frappé la Pologne, imputés d’abord à Moscou, avant que les enquêtes ne dissipent l’accusation.

Malgré ces doutes, Varsovie a déclaré une urgence au titre de l’article 4, donnant un poids politique à l’incident et permettant à l’OTAN d’annoncer des renforts symboliques. Mais ceux-ci se sont limités à quelques avions de chasse et rotations de troupes – des gestes jugés insignifiants militairement face aux forces aguerries de Moscou.

Le front de la guerre : un horizon sombre pour Kiev

L’incident des drones ne peut être séparé de la situation sur le terrain. Les commandants ukrainiens reconnaissent désormais eux-mêmes que la Russie détient un avantage numérique de trois à six fois supérieur le long des lignes de front. Des brigades entières ne disposent que de la moitié de leurs effectifs requis, laissant de larges brèches exploitables par Moscou. Chaque mois, environ 35 000 hommes sont mobilisés en Russie, tandis que l’Ukraine peine à recruter.
Contrairement aux représentations occidentales décrivant la Russie lançant ses soldats dans des « hachoirs à viande », les tactiques russes se veulent prudentes : reconnaissances par petits groupes d’infanterie, suivies d’une saturation d’artillerie, de drones et de bombes planantes. Cette méthode limite les pertes russes tout en affaiblissant régulièrement les défenses ukrainiennes.

Koupiansk et Pokrovsk sont sur le point de tomber.

Ce seraient des défaites majeures ayant deux conséquences dont on aurait peine, du côté ukrainien, à déterminer laquelle serait la pire : soit une part importante de l’armée ukrainienne risque d’être encerclée sans aucun espoir de s’en sortir, soit l’armée ukrainienne doit refluer chaotiquement vers la rive droite du Dniepr en abandonnant son matériel lourd et en subissant des pertes importantes (comme dans l’oblast de Koursk) et… livrant toute la rive gauche du Dniepr à la Russie, soit 50% du territoire de l’Ukraine et la perte de villes majeures comme Kharkov, Zaporijia, Dniepropetrovsk, Potlava.
Dans le même temps, l’armée russe réalise une pression forte en direction de Zaporijia – qui est à mon sens l’axe principal de leur offensive en plusieurs zones du front – au point qu’on peut imaginer une traversée du Dniepr.

Quant aux sanctions, saluées initialement comme une arme décisive, elles ont échoué. Dix-huit trains de mesures n’ont pas brisé Moscou, mais ont fragilisé les économies européennes et rapproché la Russie de la Chine et de l’Inde. L’idée de sanctions secondaires contre Pékin et New Delhi reste chimérique, ces deux puissances étant devenues des partenaires énergétiques et commerciaux incontournables pour Moscou.

L’asymétrie est flagrante : la Russie augmente sa production militaire et rend son économie toujours plus souveraine, tandis que les économies occidentales – surtout européennes – affrontent des contraintes politiques et budgétaires. Les appels à renforcer les dépenses de défense se heurtent à la réalité des États-providence. Même si l’Europe relançait ses industries, la guerre pourrait se conclure avant que les usines ne livrent leurs volumes. Et c’est un grand « même » : la guerre en Ukraine dure depuis plus de 40 mois sans que rien n’ait été entrepris, ce qui est d’autant plus étonnant que la Russie, selon Macron, Merz, von der Leyen ou Starmer menacerait d’envahir l’Europe.
On peut noter que ce décalage entre les propos belliciste et enflammés et les réalisations concrètes quasi nulles ressemble à ce qui suivi la crise COVID : rien – pas de renforcement de la production de médicaments en France et en Europe pour moins dépendre de la Chine et de l’Inde, développer un pôle français du médicament, restaurer les EPRUS (Etablissements publics de réaction aux urgences sanitaires)… non des mots et peu d’action, comme si le verbe était performatif.

Le dilemme de l’OTAN : entre symbole et réalité

L’épisode polonais a mis en lumière les contradictions de l’OTAN. Les discours officiels affirment que la sécurité de l’Ukraine est inséparable de celle de l’Europe, mais l’Alliance n’a ni la capacité matérielle ni la volonté politique de tenir cette promesse. Une zone d’exclusion aérienne, évoquée après l’incident, équivaudrait à une guerre directe avec la Russie – un scénario rejeté par toutes les capitales occidentales compte tenu du principe de base de la dissuasion nucléaire, à savoir qu’on ne mène pas une guerre directe contre une puissance nucléaire, surtout quand elle dispose de 6000 têtes nucléaires.

Les renforts annoncés, limités, traduisent cette ambiguïté : afficher l’unité sans véritable dissuasion. La posture maximaliste de l’OTAN – promettant l’adhésion de l’Ukraine et la défense intégrale du territoire allié – repose sur des bases militaires fragiles. Si les lignes ukrainiennes s’effondrent, l’Alliance devra choisir entre une escalade hors de sa portée ou une défaite humiliante. D’autant que les Européens évoquent un déploiement de troupes… une fois un cessez-le-feu conclu, cessez-le-feu que la Russie rejette depuis 20 mois maintenant de manière constante.
Par ailleurs, cette posture qui proclame l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine, nourrit la volonté russe de continuer la guerre jusqu’à la capitulation sans condition de Kiev ; en effet, l’entrée de la Russie en guerre est très exactement causée par la potentielle présence de troupes de l’OTAN en Ukraine.

Ce décalage nourrit les scénarios de partition contrôlée. L’ouest de l’Ukraine pourrait être ainsi absorbé par la Pologne avec l’aval tacite de Moscou, tandis que la Russie consoliderait son emprise sur l’est et le sud. C’est mon hypothèse depuis 2014, et si elle se réalise, ce serait un terrible « clin d’œil de l’histoire », car l’affrontement géopolitique russo-polonais accoucherait d’une extension de leurs territoires respectifs, sans qu’ils aient à s’affronter directement – scénario qui, il faut le rappeler, c’est déjà produit dans l’histoire de l’Ukraine, rendant cette option parfaitement probable, d’autant que la Pologne ne voudra jamais accepter l’existence d’une Ukraine ruinée, atrophiée et dirigée par des bandes bandéristes dont la Pologne déteste l’idéologie. La Hongrie et la Roumanie pourraient réclamer leurs territoires historiques versés à l’Ukraine par Staline après la deuxième guerre mondiale. Ce serait une partition contrôlée qui éviterait le chaos, mais reviendrait à démembrer l’Ukraine – un résultat que l’OTAN rejette publiquement mais redoute en privé.

Le facteur américain : priorités mouvantes

Les États-Unis pèsent lourdement dans cette équation. Tandis que l’Europe s’accroche idéologiquement à la défense de l’Ukraine « pour les valeurs », Washington sous Donald Trump semble calculer différemment. Il exige que l’Europe coupe ses importations d’énergie russe et impose des sanctions secondaires à la Chine et à l’Inde – conditions irréalistes. Ce jeu permet de transférer la responsabilité de l’échec de la guerre sur l’Europe tout en préparant un retrait progressif, alors même que nous savons maintenant que la guerre en Ukraine a été conduite stratégiquement par des généraux américains depuis l’Allemagne, en sus de fournir la quasi-totalité du renseignement militaire à Kiev (ce que les États-Unis continuent d’ailleurs à faire).

La rhétorique de Trump diffère peu de son prédécesseur en apparence, mais sa logique est pragmatique : éviter d’être accusé d’avoir « perdu l’Ukraine », comme Joe Biden le fut pour l’Afghanistan. En maintenant un soutien surtout rhétorique et en déplaçant la charge sur l’Europe, Trump se protège politiquement tout en préparant une sortie américaine et… tout en faisant payer l’Europe pour les armes envoyées en Ukraine.

Le point de vue de Moscou : attendre l’effondrement

Pour Moscou, la guerre est depuis longtemps une guerre d’attrition, et cette guerre elle la gagne. Les responsables russes affirment que les provocations ukrainiennes – qu’il s’agisse de missiles égarés ou de drones en territoire de l’OTAN – visent à provoquer l’Occident. La Russie, selon eux, n’a aucun intérêt à provoquer l’OTAN, surtout alors qu’elle engrange des avantages militaires.

Moscou rappelle aussi les occasions manquées de paix : les négociations d’Istanbul en 2022, interrompues sous pression occidentale, auraient pu clore la guerre. Plus récemment, le sommet d’Alaska entre Trump et Poutine est perçu en Russie comme un rare moment de leadership responsable, visant à prévenir une escalade nucléaire.

Le risque d’escalade

Malgré la prudence de Moscou, les risques d’escalade demeurent. L’intégration croissante des défenses aériennes de l’OTAN et de l’Ukraine, surtout à l’ouest, ouvre la possibilité d’engagements directs contre des drones ou missiles russes. Une erreur d’interprétation pourrait embraser la situation. De surcroît, l’idée d’utiliser des frappes occidentales à longue portée en Russie, combinée à l’effondrement des lignes ukrainiennes, accroît les dangers. Les dirigeants européens représentent le risque maximum avec une équation très dangereuse : pas de stratégie claire, crise économique et sociale en leur sein, dette galopante, dirigeants peu populaires, escalades verbales, le tout pouvant glisser vers une catastrophe par accumulation d’erreurs.

Un tournant

L’incident des drones polonais, mineur militairement, symbolise les ambiguïtés dangereuses de la guerre d’Ukraine. Il révèle le désespoir de Kiev, les contradictions de l’OTAN, les limites économiques de l’Europe et l’évolution des priorités américaines. Il illustre aussi la patience stratégique de Moscou, convaincue que le temps joue en sa faveur.
Les observateurs avertis auront noté que lors de la dernière conférence de presse – rares d'ailleurs – du Général Gerasimov, chef d'État-major des armées russes, l'éléments principal était la carte de l'Ukraine derrière lui : elle intégrait en rouge l'oblast d'Odessa et la Transnistrie (région séparatiste de Moldavie et potentiel futur lieu d'affrontement entre l'OTAN et la Russie). On peut difficilement faire message plus
clair.


À mesure que l’effondrement ukrainien se profile, l’OTAN se retrouve piégée entre deux choix : escalader au-delà de ses moyens ou accepter une défaite humiliante. Pour l’instant, les dirigeants repoussent l’échéance, s’accrochant à la rhétorique. Mais chaque drone égaré, chaque provocation mal interprétée rapproche le monde d’un seuil où le symbole ne suffira plus – et où une erreur pourrait être catastrophique.

Gastel Etzwane

-19/9/2025- Il y a quatre ans à peine, la mort de George Floyd avait embrasé l’Amérique. Minneapolis, Saint Paul, Chicago, Portland, Kenosha, Los Angeles, New York, Atlanta… Dans toutes ces villes, la colère a tourné à l’émeute. Commissariats incendiés, commerces pillés, quartiers entiers dévastés, violences de rue, affrontements avec la police : on estime que plus de 1 300 bâtiments ont été touchés rien qu’à Minneapolis et Saint Paul, et que les dégâts assurés à l’échelle nationale ont atteint entre 1 et 2 milliards de dollars, l’un des épisodes de désordre civil les plus coûteux de l’histoire américaine. Plusieurs dizaines de blessés graves, des milliers d’arrestations et des scènes dignes d’une insurrection urbaine.
Aujourd’hui, face à l’assassinat de Charlie Kirk, c’est un autre visage de l’Amérique qui se montre : veillées silencieuses, bougies, recueillement. De Burlington au Kentucky jusqu’aux campus de l’Ouest, on prie, on chante doucement, on se serre les coudes. Pas de vitrines brisées, pas d’incendies, pas de pillages. Un retour à l’intériorité et à une forme de spiritualité collective.
Le contraste est abyssal. Pour l’un, les slogans, le chaos et l’émeute ; pour l’autre, la dignité, le silence et la lumière des cierges. Cette différence en dit long sur l’état des consciences et sur le sens que chacun donne à la justice et à la mémoire des morts. Là où certains ont choisi la destruction, d’autres choisissent la prière. Et cela seul montre à quel point les réactions, dans l’Amérique de 2025, peuvent encore révéler deux visions irréconciliables du monde.

LES SYNDICATS OU LA DÉCADENCE DE LA CHIENLIT

Gabriel Nerciat

-19/9/2025- Comme prévu, échec piteux et consommé des manifestations syndicales d'hier jeudi 18 septembre.
À peine un demi-million de manifestants dans tout le pays, essentiellement fonctionnarisés ou trotskistes parasitaires, agrémentés des traditionnels rebelles CNT et punks à chiens d'opérette. Flop complet de la grève générale, y compris chez les cheminots ou dans l'Éducation nationale. Cohn-Bendit et Romain Goupil devaient bien rigoler devant leur télé.
Même les Black Blocs ont dédaigné de venir (mais il est probable que cette fois, Retailleau et les services de la place Beauvau n'ont pas jugé utile de faire intervenir depuis l'Allemagne ou la Belgique cette fameuse garde prétorienne des régimes libéraux et des révolutions de couleur, si utile il y a six ans pour casser et discréditer l'insurrection des Gilets jaunes).
Quelques injures contre les milliardaires Arnault, Stérin ou Bolloré, voire des noms d'oiseau infantiles proférés contre Macron, mais cornaqués par la CFDT, SUD et la CGT, aucun des manifestants n'a évidemment jugé utile de se diriger vers la rue du Faubourg-Saint-Honoré ou le Palais-Royal.
L'hélicoptère du Banquier Président est resté sagement au hangar.
De toute façon, le chef de l'État en pré-retraite est impuissant, il n'y a plus de gouvernement en France, les discussions budgétaires sont au point mort, et tout le monde sait que le gouvernement Lecornu n'excèdera pas une durée de deux ou trois mois avant de probables élections législatives anticipées.
Ce genre de cérémonies même pas ritualisées sont devenues aussi vaines et vides de sens que les caquetages des poulets sacrés à Rome sous le règne des derniers Césars.
Les poulets, au moins, on pouvait les manger quand les dieux n'en voulaient plus ou quand les Romains se tournaient vers d'autres divinités que les leurs.
Mais les spectres qui dirigeant partis et syndicats, aujourd'hui, en France, sont devenus par trop immangeables. Les cannibales les plus endurcis seraient dégoûtés.

Dessin de DuBus