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29 octobre 2025

Dessin de Faro

Pierre Duriot

Non, Brigitte Macron n’est pas harcelée...


-29/10/2025- L’affaire Brigitte Macron prend des proportions soigneusement calculées, pour plusieurs raisons. Il est extrêmement facile de prouver de quel sexe on est né, mais la femme du président n’emploie aucune des méthodes à la disposition du quidam. En France comme aux États-Unis, elle n’a pas apporté la moindre preuve tangible et les photos d’elle, petite, dans le dossier américain, ne peuvent être des preuves à l’époque de Photoshop et de l’intelligence artificielle. Brigitte Macron trépigne dans tous les sens pour qu’on la croie sur parole, rien de plus. Elle serait harcelée, la bonne blague. Comment donc, étant donné qu’elle n’a aucun compte personnel sur les réseaux sociaux : pas de Twitter à son nom, ni d’Instagram et encore moins de Facebook… aucun profil Brigitte Macron, elle est harcelée comment ? On ne va pas nous faire croire qu’un corbeau colle des lettres de journaux découpées à l’ancienne qu’il envoie à l’Élysée ?
Ce qui n’empêche pas le chef de l’État, son mari, de vouloir, sur cette base, réguler les réseaux sociaux, arguant que la démocratie y serait menacée. L’inversion des valeurs, comme toujours, alors même qu’il est la principale menace pour la démocratie, gouvernant sans majorité, décidant de donner notre argent ou d’engager le pays dans la guerre, sans le moindre aval démocratique et on en passe… L’affaire Brigitte Macron est juste un contre-feu tant l’urgence est grave, que personne ne mette son nez dans les comptes de la France, dans les chiffres de la délinquance, ceux de l’immigration, ceux de l’aide à l’Ukraine et on en passe encore.
Le couple Macron a donc tout intérêt à laisser pourrir la situation et même à l’entretenir pour occuper le terrain, se poser en victime, alors qu’il est le bourreau de la cinquième république. Les misères faites à Brigitte, dont objectivement la poitrine est à géométrie variable et les cheveux pas naturels, vont servir à justifier de nouvelles coupes dans la liberté d’expression, dans la parole des opposants et dans la critique de la politique menée. Les Macronistes ne ménagent d’ailleurs pas leur dialectique. Toute opinion contraire est de la « désinformation », tout budget contraire est « inepte » et « irresponsable », toute forme de doute est du « complotisme », autant de mots qui ne sont en aucun cas des arguments et qui permettent de jeter le discrédit à moindre prix et moindre risque.
La méthode est globale et ne marche pas que pour Brigitte. Pendant le Covid, les morts du cancer, de vieillesse ou de crise cardiaque, étaient comptabilisés Covid, histoire d’affoler les foules pour les inciter à aller à la vaccination et pendant le cyclone Mélissa, une nouvelle couche de réchauffement climatique est passée, dans laquelle on comptabilise comme effet du réchauffement climatique, les incendies criminels, comme celui de Los-Angeles… ben voyons. Ceci alors que c’est bien le dérèglement climatique qui est entropique, avec les nombreux brevets déposés pour faire pleuvoir, les sociétés d’ensemencement qui ont pignon sur rue et leurs avions de largage désormais interdits de séjour à l'aéroport de Palm Beach en Floride, qui a définitivement fermé son Tarmac à tous les avions aménagés d'un dispositif d'épandage, lequel est destiné à répandre des produits chimiques dans l'atmosphère. On se demande le pourquoi d’une telle décision si tout cela n’est que pure invention.
Macron toujours, reste arc-bouté sur l’interdiction des moteurs thermiques en 2035 alors que toute l’Europe est en train de lâcher du lest à ce sujet. Il apparaît dans ce qu’il est, le chef de file, du moins l’un des principaux chefs de file de l’agenda 2030 visant à mettre l’Europe sous crédit social, ça non plus ce n’est pas un secret : bagnole électrique obligatoire, Euro numérique fléché à durée de vie limitée, imposition aux forceps d’une immigration arabo-afro-musulmane, surveillance complète de la parole et de l’attitude des opposants et privation des ressources d’un simple clic à la moindre pensée iconoclaste ou critique. Seulement ça n’a pas l’air de marcher aussi bien que prévu et pas mal de pays commencent à regimber. Il faut donc commencer à imaginer des contre-feux, des distractions pour contrer les appels à la démission, les demandes de comptes et d’explication. Et Brigitte, il ou elle, grassement entretenue par le contribuable peut bien se fendre d’un petit rôle, elle est prof de théâtre non ?

Vincent Verschoore
Ze Rhubarbe Blog

-28/10/2025- Plus de 700 scientifiques, personnalités politiques, entrepreneurs de la tech, religieux ou célébrités demandent ce mercredi 22 octobre l’arrêt des travaux liés au développement de la superintelligence artificielle, susceptible de surpasser les capacités humaines.
On peut d'ores et déjà constater la bouillie informationnelle ("slop") issue des millions d'agents IA qui produisent du contenu en bonne partie généré par d'autres IA, menaçant de tuer Internet par asphyxie. Dans un tel contexte où plus rien ne peut être considéré comme vrai, les opportunités de manipulation ne manquent pas et développer à l'arrache une superintelligence, au sens d'une entité capable de raisonner et de développer des objectifs propres qu'elle sait cacher, capable de se copier elle-même (donc indestructible) et de s'auto-améliorer, c'est en effet appeler à une forme de suicide collectif aux mains d'une entité dont le fameux Skynet, de la série Terminator, reste le modèle de référence.
"Nous appelons à l’arrêt du développement d’une superintelligence, tant qu’il n’y a pas un consensus scientifique que cela peut être construit de façon contrôlée et sécurisée et tant qu’il n’existe pas un soutien de la part de la population", indique le texte relié à l’initiative lancée par le Future of Life Institute, un organisme non lucratif basé aux États-Unis.
Ils mettent en garde contre les usages délétères de l'IA, aux mains de terroristes ou de régimes mal intentionnés. La course à la superintelligence est en même temps commerciale et géopolitique, et personne n'a l'autorité pour imposer un moratoire. Nous sommes donc embarqué dans un camion fou où plusieurs conducteurs se battent pour le volant, chacun sachant qu'il y a un mur barrant la route quelque part devant...

Politique de la ville : on a voulu acheter la paix, on a financé la guerre

H16

-29/10/2025- C’était il y a 20 ans, le 27 octobre 2005, deux mineurs manifestement mal isolés choisissaient de devenir des symboles de résistances à 100 kΩ : en pénétrant dans un transformateur afin d’échapper à un contrôle d’identité, l’électrocution de Zyed et Bouna allaient déclencher trois semaines de bordel homérique en France.


Et en 20 ans, il s’est certes passé beaucoup de choses mais si certaines ont changé, ce n’est pas en mieux.

Les cités existent toujours. Certaines ont bien sûr bénéficié d’un petit coup de peinture rapide et quelques unes de quelques caméras de surveillance – souvent inopérantes ou rapidement détruites –, mais la plupart continuent de se dégrader. Les maux qui les gangrenaient en 2005 sont devenus endémiques et fermement installés. Les petits gangs locaux sont devenus des mafias régionales, les quartiers sont passés de sensibles à émotifs et les zones prioritaires sont devenues de non-droit.

L’échec est visible, total et sans appel et pourtant, ce n’est pas faute d’y avoir mis des moyens… et des médiocres.

Les moyens, financiers, ont été colossaux : en 20 ans, on estime que plus de 150 milliards d’euros ont ainsi été cramés dans ces banlieues problématiques qui nous les ont rendus en cramant toujours plus de voitures, d’écoles et de médiathèques. À raison de plus de 10 milliards d’euros jetés par des fenêtres en flammes tous les ans, la réponse politique a été complètement inepte et finalement délétère : cet argent, largement repompé par des myriades d’associations lucratives sans but, n’a fait qu’acheter une « paix sociale » complètement factice et a surtout irrigué toute une économie parallèle qui a renforcé la séparation de ces quartiers du reste du territoire. Bien joué.

Quant aux médiocres, politiciens et associatifs, ils se sont succédé entre électoralisme et récupération avec des résultats à peu près inexistants, à l’exception de leurs propres carrières, jamais oubliées.


Autrement dit, avec ces 150 milliards qui ont transformé la politique de la Ville en France en fête foraine sans attractions, le « recyclage » des banlieues ne parvient même pas à faire un tri sélectif des bonnes volontés.

Bref, rien à changer dans le constat dressé ici même il y a 20 ans dans ces colonnes, et rien n’a changé dans la direction prise par les politiciens et l’État au sujet de ces quartiers.

Parallèlement, on ne peut s’empêcher de noter les hommages véritablement dégoulinants de la presse pour ce qui reste un fait divers bêtement tragique (ou tragiquement bête, au choix), et, beaucoup plus problématiques, ceux des politiciens – notamment à gauche, sans surprise – qui n’hésitent pas à se lancer dans une récupération parfois carrément mensongère.


Cette récupération et ce mensonge n’ont rien d’un hasard.

Ici, une partie de la gauche n’hésite pas à continuer de faire croire, mordicus, que la police est responsable de la mort des deux adolescents alors qu’il n’en est rien, sans l’ombre d’un doute.

En poussant, par sous-entendu ou par mensonge direct – comme pour Manon Aubry par exemple – l’idée que la police serait raciste ou qu’elle tue sans vergogne, cette gauche de la récupération la plus crasse favorise en réalité l’implantation et la diffusion de l’idée que la fuite devant les forces de l’ordre est une idée lumineuse pour les populations ciblées.

Fidèle à sa tradition de trouver, à chaque fois que possible, un moyen pour créer un chaos chaud et fertile à leurs idées qui ne résistent pas à l’analyse à froid, cette gauche joue la victimisation car un jeune qui périt (même bêtement, que ce soit en se prenant un poteau suite à un rodéo sauvage, en refusant d’obtempérer ou en s’électrocutant dans un transformateur), c’est toujours une belle occasion de faire du battage politique, une récupération pas subtile mais entièrement basée sur l’émotion du moment, et autant de chance de récolter des voix électorales.

Ce calcul électoral est parfaitement sordide, mais il est systématique et s’étend sans problèmes à d’autres occasions.

Enfin, au-delà de ces constats déjà pas follement réjouissants, comment ne pas voir l’éléphant au milieu du transfo du salon, celui de l’insécurité et de la violence qui se sont largement développées sur ces deux dernières décennies ?

Depuis les experts et leurs (encombrants ?) rapports aux conclusions sans ambiguïté, jusqu’aux forces de l’ordre sur le terrain, en passant même par les quelques (rares) journalistes qui osent ouvrir les yeux, tous s’accordent à dire que non seulement le problème n’a pas été résolu mais qu’il a largement empiré.

Dans la bouche de certains spécimens locaux, cela se traduit même par des saillies lourdes de sens :

« Avant on cramait des voitures, on rentrait chez nous, ça nous soulageait. Ça nous ne suffit plus. Les prochaines émeutes, on va tout péter ! […] La France est de plus en plus raciste. »

Eh oui : exactement comme partout ailleurs, la distribution d’argent en lieu et place d’une vraie politique basée sur la liberté, la responsabilité et la garantie de justice n’aboutit qu’à exacerber les tendances les plus délétères déjà présentes. En arrosant de 150 milliards d’euros ces cités sensibles, on y a enkysté le non-droit, et on a montré que brûler des voitures et lapider des forces de l’ordre permettait de faire dégringoler de l’argent. Riche idée !

En somme, non seulement l’ascenseur social est tombé en panne mais depuis, il a été entièrement tagué, il y règne une odeur de chichon et une partie des pièces a été revendue sur le marché noir pour acheter des flingues.

Ce pays est foutu.


28 octobre 2025

Gastel Etzwane

-28/10/2025- Lorsqu’un dirigeant à tendance autocratique, c’est-à-dire un chef qui décide seul, sans contre-pouvoir réel, et qui n’a jamais compris ce qu’impliquait la démocratie, tient ce genre de propos, il faut lire entre les lignes.
Derrière les formules convenues, le message est clair : Internet, espace de liberté et d’expression démocratique, représente une menace directe pour ceux qui détiennent le pouvoir.
Dès lors, le scénario se répète : organiser un “grand débat” de façade, comme après la crise des Gilets jaunes, pour donner l’illusion du dialogue ; puis mobiliser les relais médiatiques et les grands propriétaires de presse afin d’imposer l’idée qu’Internet serait devenu un danger public. Objectif final : préparer l’opinion à accepter un encadrement plus strict de la parole en ligne, au nom de la “responsabilité” et de la “sécurité démocratique”.
C’est un classique de la communication politique : la censure s’avance rarement sous son vrai nom, mais toujours sous celui de la vertu.

Dessin de Chaunu

26 octobre 2025

Regis de Castelnau

Harcèlement contre Brigitte Macron : retour dans les mâchoires du piège


-26/10/2025- Suite de l’interminable feuilleton concernant Brigitte Macron. Qui s’enracine dans la perception spontanée de l’illégitimité de l’arrivée du couple à l’Élysée. Emmanuel Macron, parfait inconnu installé à la Présidence de la république en 2017 par une forme de coup d’État, a tenté d’imposer l’image d’un couple au pouvoir. En faisant de Brigitte Macron une « Première Dame » à l’américaine dans un pays où cette tradition était parfaitement inexistante. Un des premiers résultats fut que l’aversion populaire qui l’a rapidement frappé a rejailli sur son épouse. Exposant celle-ci à toutes sortes de railleries, puis des soupçons, des accusations transformées en scénario, et enfin à une polémique devenue mondiale. Cette catastrophe s’est beaucoup nourrie à la fois de l’opacité qui continue à régner sur les conditions exactes de la trajectoire ayant amené Macron au pouvoir et le rôle qu’y a joué Brigitte Macron, mais aussi de la stratégie de communication calamiteuse, opposée aux insinuations puis aux accusations la concernant. Dont l’aventureuse procédure lancée aux États-Unis n’est qu’un des avatars.

Nouvel épisode puisque le tribunal correctionnel de Paris va devoir juger une dizaine de personnes poursuivies pour cyber harcèlement, infraction prévue et réprimée par L’article 222-33-2-2 du Code pénal. Il s’agit d’une loi récente, liée bien évidemment à l’explosion des réseaux sociaux, mais dont un des objectifs était de sortir la répression des excès de liberté d’expression de son cadre naturel c’est-à-dire de la loi sur la presse de 1881.

Que nous dit cet article :

« Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

Les mêmes peines sont encourues lorsque ces propos ou comportements sont imposés à une même victime par plusieurs personnes, de manière concertée ou à l’instigation d’une même personne, même en l’absence de répétition par un même auteur. »

Les éléments de ce dossier dont on a pu avoir connaissance par la presse donnent l’impression que les personnes poursuivies ont été choisies de façon aléatoire. D’abord parce que « l’affaire Brigitte Macron » donne lieu en France à des dizaines de milliers de messages et d’occurrences (des millions dans le monde). Était-il donc question en opérant de cette façon, c’est-à-dire par une forme de « décimation » au hasard, de faire un exemple susceptible d’intimider les autres ? Ensuite parce que certaines de ces personnes ne sont auteurs que d’un seul et unique message, ce qui peut difficilement être qualifié isolément de harcèlement. Et si l’on veut continuer à poursuivre, il va falloir donc prouver en application du deuxième alinéa de l’article l’article 222-33-2-2, que les prévenus ont agi de façon concertée à l’instigation d’une même personne. Alors là, bon courage car il va falloir établir les contacts entre eux, et la volonté commune d’agir. À quoi devra s’ajouter une nouvelle preuve, celle de l’intention tout aussi commune de nuire à la santé physique ou mentale de Madame Macron. Reste la question de l’instigation, celle du comploteur en chef, celui qui aurait donné l’ordre à chacun des participants de se livrer à ce harcèlement.

Devant cette béance juridique, sur demande probable des Macron, le parquet a essayé de raccrocher Xavier Poussard à l’affaire. En lui faisant porter le chapeau d’instigateur. Rappelons que celui-ci a effectivement publié il y a plusieurs mois un ouvrage intitulé : « Devenir Brigitte », qui a servi de support à Candace Owens l’influenceuse américaine pour ses émissions vidéo. En rappelant également au passage que ce livre n’a pas fait l’objet de procédure en diffamation et que cette possibilité est aujourd’hui prescrite. Il semble que jusqu’à présent cette tentative n’a mené nulle part.

Il est clair que cette polémique devenue mondiale ridiculise un peu la France mais doit constituer aussi une souffrance et une humiliation pour Brigitte Macron. Mais force est de constater, que cette situation a aussi pour origine la gestion parfois absurde du problème par le couple Macron. Dont la séquence de l’incompréhensible procédure américaine qui a toutes les chances de tourner au fiasco, devrait être une nouvelle illustration.

En attendant, concernant la procédure qui vient devant le tribunal correctionnel de Paris, deux solutions :

• Soit la juridiction entre en voie de condamnations malgré la fragilité juridique de la procédure, et donne satisfaction aux époux Macron en faisant un exemple pour tenter d’éteindre polémiques et rumeurs. Mais outre que cela n’éteindrait rien du tout, cela exposerait le tribunal l’accusation d’être aux ordres. Et puis de toute façon on sait bien qu’une justice pour l’exemple n’est jamais exemplaire.

• Soit la plupart des prévenus sont relaxés, et dans ce cas-là, et comme d’habitude l’Opinion qui ne comprend rien aux choses judiciaires, en conclura que les magistrats considèrent que la rumeur est fondée. Comme ça avait été le cas après les relaxes d’Amandine Roy et Natacha Rey.

Les mâchoires du classique « piège à cons ».

Dessin de Chaunu
Anne-Sophie Chazaud
25/10/2025

Tous les Saints.
Il en faut beaucoup désormais pour m'émouvoir, parce que les temps sont terriblement violents, parce que nous assistons quotidiennement au spectacle de la folie humaine et parce que j'ai acquis depuis longtemps la conviction profonde que le Mal existe d'une manière omniprésente plus sûrement que tout le reste.
Pourtant, la photo et la pensée de cette famille broyée par sa rencontre absurde et aléatoire avec le Mal Absolu me terrassent littéralement de chagrin.
Je ne peux qu'exprimer mon soulagement de ce que la justice française, si souvent complaisante envers certains coupables, n'ait pas failli et ait accompli, enfin, ce que la société attend d'elle, c'est-à-dire refuser à la créature qui a hébergé en son âme, volontairement, le Mal Absolu, le droit de jamais refaire partie de la communauté nationale.
Je ne relancerai pas ici la réflexion sur la question de la peine de mort non plus que celle de savoir ce que la créature faisait sur le sol national, j'ai mes convictions, elles ne sont pas prêtes de changer et ce n'est pas le propos de ma publication.
Ce que je veux simplement dire, c'est que dans quelques jours nous allons célébrer le souvenir de nos morts, puis, le lendemain, nous célébrerons la fête de Tous les Saints, c'est-à-dire la victoire du Bien sur le Mal, préfigurant, à l'entrée de l'hiver, la victoire à venir de la Vie sur la Mort.
Nos Morts, la petite Lola de cette photo, ainsi que son père, mort de chagrin, en font malheureusement désormais partie.
C'est très rare qu'une affaire de cette nature me touche autant, mais je penserai à eux désormais au même titre qu'à tous mes proches que j'aime jusqu'à la fin de mes jours.
Je vous invite à les associer ardemment à vos prières et à vos pensées.
Je reviendrai vers vous après la Toussaint.

LE MYSTERE NICOLAS DE STAËL

Gabriel Nerciat

-26/10/2025- Curieux documentaire vu en cette fin de semaine sur Arte à propos de la vie et de la mort précoce de Nicolas de Staël (« Nicolas de Staël, la peinture à vif »).
Le réalisateur, François Lévy-Kuentz, s’efforce de démontrer que c’est la rupture avec sa dernière maîtresse Jeanne Mathieu, qui avait décidé, au terme d’une violente passion amoureuse de plus d’un an, de le quitter pour renouer avec son mari, qui poussa le peintre à se jeter dans le vide, en mars 1955, alors même qu’il abordait la quarantaine et que son œuvre atteignait enfin la pleine reconnaissance internationale, après deux décennies de vache enragée et d’insuccès constant.
Pourquoi ai-je autant de mal à être convaincu ?
Le suicide de Staël, à vrai dire, m’a toujours troublé. Contrairement à ce qu’on a pu écrire, il ne ressemble pas du tout à celui de Van Gogh, 65 ans plus tôt.
Non seulement au milieu des années 1950 il commençait à être reconnu en Amérique et à gagner de l’argent, mais de plus sa puissance de création, affermie par la découverte des riches lumières provençales ou siciliennes et la force tellurique qui émane des rivages montagneux de la Méditerranée, semblait enfin avoir trouvé la voie royale qu’elle cherchait depuis le début de son long et intense compagnonnage avec Braque et Delaunay pendant l’Occupation.
Ce qui est troublant, c’est justement le contraste entre les dernières toiles du peintre, surtout celles réalisées à Antibes autour du fort carré ou des motifs de marines, qui paraissent refléter une sérénité et une paix intérieures qu’aurait sans doute enviées Vincent, et la brutalité inattendue du passage à l’acte fatal.
Seules quelques grandes traînées de rouge, ici ou là, semblent attester d’une possible tension mentale, mais ce sont des indices trop ténus pour qu’on leur donne valeur de symptôme.
D’après Lévy-Kuentz, Staël aurait été brisé par la décision de Jeanne car c’était, selon lui, la première fois de sa vie qu’il était quitté par une femme (alors qu’en général c’est plutôt lui, séducteur ombrageux, qui enlevait les femmes des autres).
Vraiment ? Orgueil d’amant frustré et d’époux coupable, agrémenté de quelques polémiques entretenues avec des imbéciles avant-gardistes qui trouvaient ses footballeurs un peu trop facilement reconnaissables ?
Je n’y crois pas deux minutes. Un artiste de cette trempe ne se tue pas parce que son ego souffre d’un échec sentimental et que des crétins qui l’indifféraient au plus haut point déblatèrent sur sa peinture.
Peut-être au contraire Nicolas de Staël a-t-il résolu de quitter ce monde parce que ce monde et lui avaient fini par nouer un pacte bien plus décisif et irrévocable que celui que la passion ou le désir auraient pu le pousser à conclure avec Jeanne ou n’importe laquelle des femmes qu’il a aimées.
Les dernières formes peintes par l’artiste au-dessus d’une mer plus compacte que celle de son maître Cézanne sont investies d’une saillance si écrasante que la mer se noierait elle-même à vouloir les dissoudre.
On pense à Nietzsche et à cette pensée éparse de ses carnets jetée quelques semaines avant le basculement dans la folie à Turin, selon laquelle le monde est devenu tellement parfait et pétri de nécessités grandioses qu’il faut choisir entre être le maître de tout ou bien se dissoudre dans le rien.
Entre les deux, la mort volontaire, tranchante comme un nœud gordien, offre une alternative plus facile. À première vue, tout du moins.