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7 novembre 2025

Il en aurait sa claque...

Gilles La Carbona


-7/11/2025- Le journal Le Parisien révèle une indiscrétion qui devrait, si nous avions des parlementaires dignes de ce nom, conduire à une nouvelle crise politique touchant le chef de l’État lui-même. Mais que personne ne tremble, avec la cohorte de mollusques qui fait office de représentants du peuple, il n’y a aucun risque. De quoi s’agit-il ? Macron aurait déclaré en privé qu’il « lâchait le manche » sur la politique nationale. Outre l’indélicatesse de l’expression, la formule mérite bien quelques demandes d’explications de la part d’une classe politique qui se refuse toujours à le destituer. Là, il en va autrement. Comment considérer un président de la République qui avoue ouvertement ne plus vouloir s’occuper de son pays ? L’homme démissionne de lui-même mais reste au pouvoir ! Ne faudrait-il pas l’aider dans sa démarche, lui permettre de mettre en conformité ses paroles avec ses actes ? La France ne l’intéresse plus, l’a-t-elle jamais intéressé d’ailleurs, on se pose la question, eh bien poussons-le dehors ! Cette fois il ne fait plus semblant, trivialement, il s’en fout et le dit ! Cela peut tenir aussi à son profil psychologique. déjà mis en évidence lors de l’explosion au Liban, quand il voulait sauver ce pays à lui tout seul. L’un de ses collaborateurs avait confié en privé qu’il se passionnait pour un truc et que si ça ne marchait pas, il s’en désintéressait rapidement. Pour la France c’est pareil. Il voulait un peuple de moutons, vacciné, soumis, roulant en bagnole électrique, gobant le transgenrisme, encensant l’homosexualité, avalant les balivernes sur le climat et pâmé devant sa petite personne… ça ne marche pas manifestement et la résistance est bien pire qu’attendue. De quoi le défriser ?
Mais dans ce cas, pourquoi le maintenir au pouvoir ? Pourquoi lui donner ce privilège puisqu’il n’a plus envie de gouverner, si ce n’est d’aller parader à l’étranger aux frais du contribuable, pour gaspiller un peu plus notre argent, sans que nos parlementaires, encore eux, ne lui demandent de comptes, voire, lui interdisent l’accès au chéquier ! Que leur faut-il de plus ? Jusque-là ils ont trouvé toutes les excuses les plus alambiquées pour justifier que la procédure de destitution ne soit pas enclenchée, mais cette fois, que vont-ils nous sortir ? Voilà un homme qui ne veut plus gouverner, qui le dit et que l’on devrait garder à la tête de l’État sous prétexte qu’il a été élu il y a trois ans et qu’il tient cette légitimité des urnes, quand les enquêtes d’opinion le placent à tout juste 11% de soutiens. Et encore, sachant que les organismes de sondages sont proches de lui et plutôt cléments par habitude. Trop c’est trop. Quelle entreprise conserverait à sa tête un PDG qui en conseil d’administration viendrait faire une telle sortie ? Aucune ! Mais ici, c’est la France, et pire, le cloaque institutionnel qui sait se gargariser de mots devenus creux, tels que : République, stabilité des institutions, légitimité… alors qu’ils sont piétinés et méprisés, par l’intéressé lui-même.
Notre régime ressemble plus à une république bananière pour roi fainéant qu’à une véritable république occidentale tournée vers le progrès, tant les barons qui la composent depuis des lustres se cramponnent à leur siège et veillent en général, à ce que personne de leur caste ne soit mis en difficulté. A-t-on entendu un de ces brillants satrapes de l’opposition s’insurger ? Demander un démenti, exiger des explications ? Non, eux aussi ont « lâché le manche » depuis longtemps, se focalisant sur leur personne, et se moquant pas mal du sort de la France.
Macron a tout fait, et il n’est pas au bout de ses frasques, et nos parlementaires médusés applaudissent ou se prosternent, incapables de réagir, sans volonté, sans cran, pitoyables. On nous dit que nous avons ce que nous méritons, et pourtant ceux qui pourraient balayer toute cette masse d’incompétents, d'oisifs privilégiés, de matamores de seconde zone, ne bougent pas, pourquoi ? Est-ce trop tôt ? Mais à force de nous prendre pour des imbéciles, et de se reposer sur la léthargie des Français trop occupés à boucler les fins de mois, il se pourrait bien que n’arrivant plus à survivre, ils se décident enfin à vouloir exister en les poussant dehors, sans se préoccuper de la forme à employer.

Dessin de Chereau

Sarah Knafo
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Yann Bizien

7/11/2025- Pour évaluer personnellement et directement la "menace intérieure" en France, je propose un test au général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées.
Je lui propose de faire le trajet entre Balard et l’Élysée en tenue militaire, à pied, seul, sans garde du corps.
Il connaît parfaitement l’itinéraire. Je lui propose même de faire une partie de ce défi en descendant dans le métro, entre deux stations.
Il pourra juger par lui-même le niveau de la menace intérieure dans ce pays.
Je ne vais pas cesser de rappeler leurs devoirs à nos officiers généraux, quitte à déranger : la protection et la défense de la nation, la sécurité du peuple, de la Patrie, le respect de notre souveraineté, la garantie de notre indépendance, l’inviolabilité de nos frontières, l’unité intérieure, l’interdiction des ingérences étrangères, donc du drapeau palestinien puisqu’on ne voit toujours pas le drapeau russe sur notre sol.
Mais le général Fabien Mandon ne relèvera pas ce défi. Il ne voudra certainement pas sortir de sa bulle de protection.
Pourquoi ?
Il ne le trouvera pas seulement absurde et ridicule.
Il se heurtera bien sûr au choc des réalités intérieures à la France. L’état d’ensauvagement, de menace et de détestation de tous nos symboles régaliens ne lui permet plus de relever sereinement ce défi.
Dès 2016, je ne pouvais plus circuler en uniforme militaire et en sécurité dans ce pays. J’étais montré du doigt, injurié, ciblé. Il était déjà évident que les militaires français ne pouvaient plus afficher fièrement sur eux-mêmes le symbole de la défense de la nation.
Des millions de femmes ne redoutent pas la menace russe en France. Elles craignent tous les jours la menace intérieure.
Depuis 10 ans, la menace intérieure s’est étendue et aggravée. C’est notre plus grande menace, effective, concrète, permanente, et le général Fabien Mandon le sait pourtant parfaitement.
Photo : état-major des armées

Duralex : le verre à moitié plein dans un pays à moitié vide

H16

-7/11/2025- Grâce à une campagne publicitaire rondement menée par une presse gourmande de relayer les frétillantes aventures d’une SCOP, Duralex a brillamment réussi sa levée de fonds.

En quelques heures seulement, le fabricant présent en France depuis 1945 parvient à récolter plus de 5 millions d’euros dans une opération typiquement capitalistique d’ouverture du capital.

Ces cinq millions d’euros pourront aider la SCOP à investir dans de nouvelles machines et promettent un rendement attrayant de 8% d’intérêts par an à leurs souscripteurs pendant sept ans et en partie défiscalisés. Cette coopérative a bien joué sa partition mais il va lui rester le plus difficile à présent : retrouver la rentabilité, assurer le rendement promis et rembourser les dettes. On leur souhaite bonne chance.


Ils en auront d’autant plus besoin qu’à côté de cette histoire qu’on sent encore pleine de rebondissements, d’autres trajectoires industrielles françaises se terminent de façon plus abrupte, surtout actuellement, ce qui laisse planer un doute quant à l’avenir de Duralex.

C’est ainsi qu’une entreprise pluri-centenaire a récemment fait faillite : créées il y a près de 600 ans à Apprieu, les aciéries de Bonpertuis, qui avaient réussi à surmonter toutes les crises et toutes les guerres depuis la Renaissance, ont fini par être placées en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Lyon, le 23 octobre dernier.

Les modernisations successives n’auront pas pu sauver le site : le macronisme appliqué semble donc plus violent et destructeur que deux guerres mondiales, une demi-douzaines de coups d’État dont la Révolution française et quelques crises majeures. Voilà qui constituera un point de repère pratique pour les prochaines années, d’autant que la raison de ce gâchis est fournie explicitement : selon le groupe Forlam, son propriétaire, la société n’arrivait plus à faire face à l’explosion des prix des matières premières et de l’énergie.

Saperlipopette, quelle surprise ! Dans le pays de l’électricité produite à très bas coût par une grosse cinquantaine de réacteurs nucléaires, voilà qui ne laisse pas d’étonner !


Parallèlement à ce qu’on pourrait qualifier de sabotage en règle, notons la fermeture de l’usine Blédina de Villefranche-sur-Saône. Le site, qui fabrique de l’alimentation pour bébés, fait face à la baisse chronique de son activité se traduisant par une chute de 50% des volumes produits. Il semble que la baisse démographique en Europe se traduise assez logiquement par une diminution de la consommation alimentaire des bébés.

Et quand ce n’est pas la démographie, ce sont les taxes et surtaxes qui incitent même les services offerts aux plus fortunés à devoir renoncer au territoire français. Ainsi, les compagnies d’aviation d’affaire sont quasiment en voie de disparition dans le pays tant les surtaxes saupoudrées un peu partout sur le secteur aérien parviennent à clouer au sol les plus volontaires.


Bien évidemment, il ne s’agit que de quelques exemples qui illustrent mal le nombre alarmant de faillites en France qui continue d’augmenter de semaines en semaines : c’est une vague de plus en plus importante de faillites de petites et moyennes entreprises, de fermetures d’usines et de sites industriels pardon de transition vers le néant industriel (en novlangue du moment) que la France connaît actuellement au point que les banques anticipent déjà un chiffre total, en fin d’année, catastrophique et probablement record.

Pire : il apparaît à présent que les grandes entreprises aussi se retrouvent concernées par les faillites.

Et à chaque fois, le même constat sur les principales causes de ces fermetures en cascade à rythme soutenu dans l’Hexagone : le coût de l’énergie qui a explosé à cause des politiques énergétiques parfaitement débiles de l’équipe en place depuis quelques années, ainsi que le coût de l’emploi, qui n’a jamais été aussi élevé et qui est le résultat de dizaines d’années de bricolages néfastes, auxquels s’ajoute une démographie déclinante qui n’améliore ni les marchés ni les perspectives de ces entreprises.

Cependant, de façon plus profonde, l’analyse permet de montrer que ces causes (coût du travail et de l’énergie, une démographie déclinante) ont toutes une même origine.


Le coût du travail provient de choix délibérés posés à la sortie de la guerre, favorisant la sécurité au détriment de la liberté, le salariat au détriment de l’entrepreneuriat, les choix collectifs au détriment des choix individuels. On a posé puis confirmé puis gravé dans le marbre de la loi le principe d’un salaire minimal, de l’obligation d’une couverture sociale de plus en plus généreuse, d’une collectivisation d’un nombre croissant de services de l’État au détriment d’un régalien cantonné à une portion toujours plus congrue.

L’État, devenu obèse, a progressivement donné plus de marges de manœuvre aux politiciens. Ces derniers ont vite compris que le peuple, brouillon et encombrant, ne pouvait savoir ce qui est bon pour lui et ont donc décidé à sa place en le consultant de moins en moins, poussant l’abstention et le détachement de la chose politique par une instruction toujours plus hasardeuse. Ce qui était par et pour le peuple est devenu en dépit de lui, grâce à quoi ces politiciens ont fait les choix qu’ils voulaient, notamment en matière d’énergie.

La multiplication des normes, des règles et des lois permet de générer autant de niches pour les copains et les coquins. La bureaucratie enfle, sans limite, et permet à la caste de s’engraisser toujours plus, toujours mieux.

Ces choix et ces dérives ont un coût, coût dont la facture est actuellement adressée au peuple par les politiciens, sans vergogne et avec ce sourire maudelivais des gens qui savent faire un coup pendable sans risquer d’être pendu.

Ces choix ne sont pas le fruit du hasard.

Ils représentent en réalité l’application concrète, progressive mais indubitable, du socialisme par collectivisation des services, du capitalisme de connivence, de l’évaporation de la liberté et de la militarisation du régalien contre le peuple.

La France crève littéralement de ces choix : ces impôts et taxes délirants rendent la vie insupportable. L’avenir se bouche petit-à-petit et les messages décroissants et autres frétillances écosuicidaires ne sont plus destinés qu’à faire passer la pauvreté, pardon la « sobriété », comme un choix désiré et désirable dans lequel la catastrophe civilisationnelle de la baisse de natalité est cyniquement rebrandée comme une lutte « joyeuse » contre la pollution, le changement climatique ou une surpopulation fantasmée.


L’effondrement industriel n’est pas une cause du chômage ou de la pauvreté des Français, mais la conséquence de tous ces choix calamiteux.

Et que croient savoir les politiciens ? Que prétendent vouloir les Français ? Davantage de ces choix.

Forcément, cela va bien se passer, d’autant plus que l’État a la délicatesse de couper la lumière avant de tout fermer.


https://h16free.com/2025/11/07/82473-duralex-le-verre-a-moitie-plein-dans-un-pays-a-moitie-vide

6 novembre 2025

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Alexandre Legrand
6/11/2025

Nicolas, la France pense à toi

Ce matin, deux gosses frappent à ma porte. Je me dis : « Ah, des retardataires d’Halloween ! » et je cours chercher des bonbons.
Sauf que non… c’était deux gosses faisant la quête pour Sarkozy.
Je reste bouche bée. L’un d’eux me regarde et me demande :
– Monsieur, vous pouvez donner quelque chose ?
– De l’argent ?
– Non…
Franchement, je savais plus quoi faire. Mes vêtements ? Trop grands pour lui. Un disque de Johnny que j’ai en double ? Les Portes du pénitencier… hum… pas top pour le moral.
Et là, l’idée du siècle me frappe : une lime à métaux glissée dans un vieux bout de baguette. Moi je suis plutôt travaux pratiques.
Je tends le paquet où j'ai marqué « Bon courage, Nicolas ».

Théo Francken, un docteur Folamour néonazi ?

Georges Kuzmanovic
6/11/2025
Georges Kuzmanovic

Quand un ministre aux attaches néonazies se permet de menacer Moscou, ce n’est plus un « dérapage » : c’est une alerte rouge pour l’Europe. Francken, nostalgique assumé du VNV, parle aujourd’hui au nom de l’armée belge. Ses propos bellicistes révèlent une dérive brune qui gangrène les institutions.

Théo Francken, ministre de la Défense de Belgique (depuis février 2025, dans le gouvernement fédéral dirigé par Bart De Wever), mais également proche de groupes d'extrême droite, voire carrément néonazis, illustre la dérive stratégique et la confusion idéologique qui saisit nombre de dirigeants européens et interroge les « valeurs européennes » que l'Union européenne (UE) se glorifie de défendre en Ukraine.
Dans une interview récente du 30 octobre dans les médias Huomo et De Morgen, Théo Franken, très martial, n'a pas hésité à déclarer « nous raserons Moscou ». Aucune mesure, aucune diplomatie, mais de la communication hystérique et dangereuse, dans la continuation des propos insensés de la très belliciste Kaya Kallas, ministre des Affaires étrangères de l'UE – qui n'hésite pas à dire publiquement qu'il faut vaincre la Russie et la briser en quinze États différents, ce qui est très exactement le vieux projet néocon et qui n'est évidemment pas de nature à trouver un chemin vers la paix.

Théo Franken, ministre ou nostalgique du fascisme ?

Le parcours et l'idéologie profonde qui meuvent Théo Franken sont plus que douteux et ses propos marquent une dérive morale.

Morale, car il ne s'agit pas là d'un mot trop haut d'un politique qui s'emporte ou d'une boutade belge : Francken n’est pas un novice du scandale.
Figure emblématique de la N-VA ( Nieuw-Vlaamse Alliantie – parti nationaliste Flamand), il a connu une carrière politique flirtant non seulement avec l'extrême droite, mais avec les nostalgique du 3ème Reich allemand.

Le 14 octobre 2014, trois jours seulement après sa nomination comme secrétaire d’État dans le gouvernement Michel I, Theo Francken se retrouve au centre d’une tempête politique. L’opposition lui reproche d’avoir participé, avec le N-VA Ben Weyts (alors ministre flamand de la Mobilité et membre de son parti), au 90ᵉ anniversaire de Bob Maes. Ce dernier n’est pas un simple vétéran : sympathisant nazi, collaborateur et ancien membre du parti pro-hitlérien VNV (Vlaams Nationaal Verbond) durant la Seconde Guerre mondiale, il a ensuite fondé en 1950 le Vlaamse Militanten Orde (VMO), milice privée d’extrême droite interdite en 1983. Héritier direct des organisations collaborationnistes flamandes de l’entre-deux-guerres, le VMO incarne une continuité idéologique brune que la présence de deux ministres lors de cette célébration rend particulièrement choquante. Face au scandale, plusieurs partis exigent la démission de Francken et de Weyts.
Il n'en fut rien et Francken ne s'en excusa jamais.

Une nouvelle révélation ravive la polémique. On découvre, après cette première « gaffe », l'implication de Théo Francken dans l’organisation, en 2007, de réunions pour un groupe baptisé « VNV » – référence explicite au Vlaams Nationaal Verbond, formation ayant collaboré avec le régime nazi. Il y a quelques années encore, n'importe où en Europe, un tel passé aurait valu une opprobre générale et une démission – il n'en est rien de nos jours.

Sudpresse publie alors plusieurs courriels où Francken tient des propos à la fois menaçants et homophobes : il y écrit que ceux qui dévoileraient ces réunions néonazies secrètes « recevraient une balle » (sic!) ou seraient condamnés à « passer une nuit avec Christian Dutoit », homosexuel flamand bien connu – amis de la poésie bonjour. Ces messages ne laissent aucun doute sur l'idéologie profonde du ministre Fancken.

Figure de la ligne dure au sein de la N-VA, Theo Francken est souvent accusé de reprendre à son compte les thèmes du Vlaams Belang. Au point que ce dernier, parti d’extrême droite, lui a attribué un surnom révélateur : « Xerox », pour souligner qu’il ne ferait que copier ses positions.

Que l’homme chargé aujourd’hui des clés d’une armée ait un parcours politique entaché de liens et de rendez-vous peu compatibles avec les principes démocratiques – participation à l’anniversaire d’un sympathisant nazi ancien membre du VNV en 2014, organisation supposée de réunions flirtant avec des références au VNV – n’est pas un détail anecdotique. C’est grave et c'est un signal d’alarme.

La dissuasion nucléaire n’est pas une métaphore

En dehors du fait qu'on peut se demander par quels moyens magiques la Belgique pourrait raser Moscou, vu que ce pays ne dispose pas d'armes nucléaires, il s'agit là de propos non seulement maladroits, mais dangereux. Théo Franken, sûrement saisi par l'hubris du moment qui frappe les dirigeant européens, semble oublier qu'il parle là de la Russie, qui, elle, dispose de milliers d'armes nucléaires et des meilleurs vecteurs au monde, en particulier les missiles hypersoniques.
« Moscou rasée » a pour corolaire que toutes les villes d'Europe seront rasées.

Dire « nous raserons Moscou » quand on est ministre de la Défense d’un pays membre de l’UE, c’est irresponsable au sens le plus littéral. Nous parlons d’États nucléaires et d’un équilibre fragile. La rhétorique belliciste et jubilatoire, qui fantasme l’annihilation d’une métropole, n’est pas de la bravade stratégique ; elle est la marque d’un esprit qui a perdu de vue la réalité géopolitique élémentaire : une confrontation directe entre puissances nucléaires ne peut avoir d’issue autre qu’une catastrophe planétaire. Que des responsables publics s’y adonnent publiquement – ou s’entourent de nostalgies historiques qui renvoient à l’ombre du fascisme – est inacceptable. La politique doit tempérer la fureur, pas l’alimenter.

L’autre face de la même folie est la conversion du discours « anti-Poutine » en un délire stratégiquement suicidaire. On lit et on entend des propositions qui, sous couvert d’affronter l’agresseur, évoquent la « désintégration contrôlée » de la Russie, sa « division » en myriades de petits États – une proposition que des dirigeants du cercle atlantiste, y compris la dirigeante estonienne Kaja Kallas, n’ont pas totalement écartée lorsqu’ils ont évoqué l’idée que la Russie ne doive pas rester telle quelle après la période de guerre – comme si l'Ukraine et l'OTAN allaient gagner, ce qui en soi est une hallucination sévère par rapport au réel.
Un tel programme ressemble aux pires scénarios néoconservateurs : imposer la balkanisation d’une puissance continentale. C’est une folie stratégique et morale – et, c'est une folie pour laquelle l’Europe n’est pas équipée, sauf dans la tête de quelques esprits déséquilibrés.

Pourquoi ? Parce que diviser un État-continent, en particulier une puissance nucléaire, n’est pas une manœuvre diplomatique anodine. Imaginons dans un scénario de pure fiction absolument improbable que cela marche : la Russie est défaite et on la découpe en petits morceaux. Ce serait semer les graines d’innombrables conflits futurs, d’instabilités régionales chroniques et d’une prolifération de zones grises où des acteurs non étatiques et des puissances extérieures pourront prospérer. C’est aussi jouer avec un équilibre composé d’arsenaux militaires nucléaires ou classiques et d’alliances qu’aucun décideur sain ne devrait considérer comme une variable d’ajustement pour le prestige national ou pour le gain électoral.
Le vrai courage politique consiste à protéger la population – la sienne comme celle de l’autre – contre des options qui mènent à l’anéantissement.

Einstein l’avait déjà formulé avec génie et sobriété : « Je ne sais pas avec quelles armes la Troisième Guerre mondiale sera menée, mais la Quatrième Guerre mondiale le sera avec des bâtons et des pierres. »

Le premier devoir des dirigeants politiques à l'ère nucléaire est de préserver leur pays, et par extension l'humanité de l’apocalypse.
La responsabilité des dirigeants est donc de freiner l’inconscient collectif plutôt que de l’attiser.

Une dérive européenne

Mais la faute n’est pas que personnelle. Elle est collective. Il est légitime, sain et nécessaire de questionner les « valeurs européennes » lorsqu’un ministre d’un État membre peut se réclamer d’un nationalisme flirtant avec l’extrême droite, voire le nazisme, tout en tenant des propos qui mènent l’Europe vers les abysses.
On peut se demander si les fantasmes de Théo Francken, emprunt des tragédies de la deuxième guerre mondiale, à savoir la destruction de la Russie sont compatibles avec les valeurs que nous brandissons. « Démocratie, dignité humaine, rejet du totalitarisme » ne sont pas des slogans décoratifs : elles exigent cohérence et sanctions.
Peut-on encore prétendre être le bastion des droits humains si l’on tolère, à la tête des institutions, des personnalités qui fraternisent avec des héritages collaborationnistes et qui, en paroles, accompagnent la montée des tensions vers l’irréversible ? Non. Cela oblige à des choix clairs : mise à l’écart des nostalgiques, enquêtes sur les complicités idéologiques, et un effort réel de dénazification des élites politiques.

Ne nous méprenons pas : dénoncer la rhétorique de Francken et la surenchère stratégique n’est pas confondre la critique de la politique de dissuasion ou du soutien à l’Ukraine avec une posture pro-Poutine. Il est possible de soutenir la souveraineté ukrainienne – chacun est libre de ses convictions – d’aider les victimes et de condamner les agressions sans tomber dans la logique qui veut « anéantir » l’adversaire. La différence entre un démocrate et un va-t-en-guerre est simple : l’un agit pour limiter les souffrances humaines, l’autre propose la guerre et l’éradication comme politique d’État.

Enfin, la dimension idéologique est cruciale. Quand des hommes politiques roulent des mécaniques en s’abreuvant à des symboles ou à des réseaux qui sentent le passé le plus sombre de l’Europe, ils ne trahissent pas seulement la mémoire : ils trahissent l’avenir. Le néonazisme n’est pas une opinion respectable à intégrer dans le débat ; c’est une menace. Qu’un responsable public catalogue, minimise ou normalise ces attaches devrait suffire à le disqualifier. L’argument de la « ligne dure » sur l’immigration, la sécurité ou le commerce extérieur ne justifie pas la complaisance envers l’idéologie fasciste.

La Belgique, l’Europe, l’OTAN et l’Union doivent donc opérer trois choix clairs et urgents :
1. traiter conformément à la loi et à la déontologie toute preuve de connexions extrémistes néonazie chez des responsables publics ;
2. imposer une discipline rhétorique et institutionnelle – les ministres parlent au nom de leurs peuples, pas de leurs rancœurs personnelles ;
3. replacer la stratégie européenne dans le cadre le plus strict de prévention d’un conflit généralisé, en priorisant la diplomatie, le contrôle des armements et des mécanismes sérieux de désescalade.

Il ne s’agit pas d’un excès de prudence mais d’un impératif de survie. La planète ne peut pas être le champ d’expérimentation des frasques rhétoriques ou des vengeances idéologiques. Quand un ministre évoque la destruction d’une capitale, quand d’autres appellent à la dislocation d’États, la démocratie ne peut pas s’en remettre à la tempérance spontanée de l'Autre : elle doit agir, rappeler les limites, et rappeler que « valeurs européennes » n’est pas une formule vide mais un contrat – entre nations, entre générations – qui interdit l’inhumanité et la folie.

La politique sérieuse commence là où la bravade s’arrête. Si nous voulons encore parler de l’Europe comme d’un espace de civilisation, alors il faut être implacable envers ceux qui souhaitent sa dérive : néonazis, va-t-en-guerre et idéologues belligérants. Les mettre hors d’état de nuire n’est ni une censure ni un excès : c’est la condition minimale pour la paix.

Théo Francken, Ministre de la défense de Belgique - © BELGA

Régis de Castelnau

Rubrique : connerie

Une nouvelle preuve qu’on ne fait pas de politique par juge interposé. Quel besoin y avait-il de poursuivre ce clochard intellectuel d’Enthoven pour « injure publique » ? Sinon de prendre le risque de la défaite judiciaire et de s’infliger le triomphe jubilant des souteneurs du génocide.
Et qu’aurait rapporté la condamnation d’Enthoven à 100 balles d’amende avec sursis ? Quel besoin d’une confirmation judiciaire de la bassesse infinie de ce type ?
« Ces propos n'ont pas excédé les limites admissibles de la liberté d'expression » dit le jugement.
En plus maintenant les imbéciles qui n’y comprennent rien vont dire que le tribunal a décidé que LFI était « passionnément antisémite ». Bien joué.
Le combat politique ne se mène pas dans le prétoire. Ce n’est pas sa place.
Qui a eu cette idée à la con ?

Gastel Etzwane

- 6/11/2025 - Ce qui frappe ici, c’est cette capacité très belge à pousser l’absurde jusqu’à la perfection administrative.
Interdire les drones non autorisés… c’est interdire ce qui est déjà interdit.
C’est l’interdiction de l’interdiction.
Une sorte d’interdit exponentiel.
On ne modifie rien au réel, mais on le réaffirme avec une emphase majestueuse, comme si l’empilement réglementaire suffisait à produire de l’efficacité.
Il y a dans cette démarche quelque chose de presque poétique dans l’absurdité : on pense résoudre un problème en proclamant qu’il est encore plus interdit qu’avant.
Mais interdire au carré ne rend pas la chose moins pratiquée ; cela ne transforme pas un pilote de drone clandestin en citoyen obéissant par miracle linguistique.
La Belgique, parfois, nous devance.
Là où la France excelle souvent dans le règlement stérile, nos voisins savent transcender la vacuité en la portant au rang d’innovation politique.
C’est un beau cas d’école : le symbole l’emporte sur l’effet.
Et l’absurdité devient produit politique revendiqué.
Jean-Luc Crucke est membre du gouvernement fédéral belge, et cette annonce concernant l’interdiction des drones non autorisés sur zones sensibles a été rendue publique début novembre 2025.