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13 novembre 2025

Un tournant périlleux dans la guerre : l’Ukraine au bord de la rupture

Gastel Etzwane

-13/11/2025- Lorsqu’on s’informe à partir de sites sérieux et reconnus pour leur rigueur, tels que POLITICO Europe, Bloomberg ou Reuters, on réalise à quel point la réalité du conflit russo-ukrainien diffère de la narration simpliste délivrée quotidiennement par LCI, BFM ou le service public. La situation décrite par les observateurs internationaux est infiniment plus complexe, plus fragile et surtout plus préoccupante que ce que relayent les chaînes d’information françaises.
L’Ukraine s’apprête à traverser l’un des hivers les plus critiques depuis le début de la guerre. D’ici février 2026, le pays risque une crise budgétaire majeure s’il ne parvient pas à obtenir de l’Union européenne un mécanisme exceptionnel : un prêt de 140 milliards d’euros garanti par les avoirs russes immobilisés à Bruxelles. Or ce dispositif est actuellement bloqué par la Belgique, qui craint les conséquences juridiques et les représailles de Moscou. La Slovaquie s’y oppose également. Sans ce mécanisme financier, et alors même que les États-Unis ont interrompu leur soutien sous la présidence Trump, l’UE aura les plus grandes difficultés à rassembler les fonds indispensables. La situation est d’autant plus délicate que plusieurs scandales de corruption éclatent en Ukraine, fragilisant encore la position de Kyiv auprès de ses soutiens occidentaux.
Sur le plan militaire, la situation n’est guère meilleure. L’Ukraine est au bord de perdre Pokrovsk, un nœud logistique essentiel dont la chute offrirait à la Russie un avantage tactique majeur dans le Donbass. Les forces ukrainiennes semblent avoir été trompées par une manœuvre russe, ce qui a provoqué des erreurs de commandement critiques. À cela s’ajoute un déficit dramatique de personnel : dans certaines zones, l’avantage numérique russe atteint un ratio de dix soldats contre un. Si les drones permettent d’atténuer cette asymétrie en rase campagne, ils ne suffisent pas dans les combats urbains, où la supériorité numérique russe redevient décisive.
Enfin, l’Ukraine affronte une véritable guerre énergétique. Les frappes russes, bien plus puissantes que les années précédentes, visent désormais non seulement le réseau électrique mais aussi les installations gazières, dont dépend la majorité de la population pour se chauffer. Jusqu’à 60 % de la production gazière nationale a été détruite lors de frappes massives en octobre, et malgré des réparations partielles, de nouvelles attaques ont déjà anéanti une partie des infrastructures restaurées. Des régions entières sont régulièrement plongées dans le noir, et les autorités ukrainiennes reconnaissent que l’hiver qui vient sera probablement le plus dur depuis le début du conflit.
En somme, le tableau dressé par les sources internationales fiables est clair : l’Ukraine entre dans une période où se cumulent un risque financier majeur, une situation militaire défavorable et une vulnérabilité énergétique sans précédent. La véritable question, celle que les grands médias français évitent soigneusement, est désormais de savoir si le pays sera encore en mesure de résister aux pressions diplomatiques et de refuser un accord de paix défavorable lorsque le printemps reviendra.


Dessin d'Ignace

INUTILES COMMÉMORATIONS FUNÈBRES

Gabriel Nerciat

-13/11/2025- On va peut-être me crier dessus, mais je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi on commémore avec tellement d'emphase et de faste les dix ans des attentats du Bataclan.
Qu'y a-t-il donc à célébrer ? La mémoire des morts ?
Ils préféreraient être vivants. Ce ne sont pas des soldats tombés au champ d'honneur, juste les victimes innocentes d'un carnage organisé par des musulmans fanatiques, et qui aurait pu ou dû être évité.
Veut-on imiter les Américains avec le Ground Zero de New-York ? À côté, la petite promenade pédestre de Macron et Hollande dans le 11e arrondissement de Paris fait un peu minable.
Veut-on encore nous asséner des "vivre-ensemble", des "plus jamais ça", des "pas d'amalgame" et des odes à la République unie, toujours plus forte que "ceux-qui-veulent-nous-diviser" ?
Franchement, ce n'est plus de saison. "On s'en bat les c.uilles", comme disent aujourd'hui la plupart des jeunes femmes parisiennes bien éduquées.
Et puis, c'est quoi, un "jardin mémoriel" ? La même chose qu'un potager résilient ?
À la limite, on pourrait commémorer l'anniversaire de la prise de Rakka, la pseudo-capitale du pseudo-Califat salafiste, mais tout le monde a oublié la date si jamais on l'a su – et puis, tout compte fait, non : la gauche décoloniale crierait au fascisme, et l'extrême centre serait fort embarrassé de rappeler qu'il fallut s'allier aux Russes (et sans le dire à l'armée de Bachar El Assad) pour en terminer avec le cœur territorial de l'EI.
Donc, non, vraiment, désolé : je ne vois aucune raison de tout ce battage commémoratif d'aujourd'hui.
Comme il y a dix ans, d'ailleurs, l'ennemi n'est jamais clairement identifié (sauf chez les dindons pro-israéliens, qui en profitent indignement pour ressasser que les femmes et les enfants massacrés à Gaza sont les complices d'Abaaoud et d'Abdeslam), et rien de sérieux n'a été fait pour préserver les nations européennes de nouvelles tragédies semblables.
Le silence, donc, c'eût été plus digne, et beaucoup mieux, je crois.

Boualem Sansal enfin libre – mais la honte demeure !

Kuzmanovic Georges

-12/11/2025- Quelle joie d’apprendre la libération prochaine de Boualem Sansal, après des mois d’injustice. Son courage, sa droiture et sa parole libre ont triomphé des barreaux.
Il a été la victime de l'arbitraire et aussi la victime collatérale du différend géopolitique entre la France et l'Algérie.
Hier comme aujourd'hui ou demain, un écrivain, un artiste ne peut pas être un levier politique. Son arrestation en raison de son expression, de sa pensée, est toujours inacceptable.
Mais quelle honte pour la France ! Jadis patrie des écrivains et de la liberté, elle n’a même plus la force de faire entendre sa voix.
Il aura fallu que le président allemand intervienne pour obtenir ce que Paris n’a pas su imposer : la libération d’un grand auteur francophone.
Voilà où nous en sommes : la France réduite au murmure diplomatique, contrainte de déléguer sa parole.
Cela illustre malheureusement parfaitement ce que Emmanuel Macron a fait du second réseau diplomatique mondial : le 6ème, et une France brouillonne, faible, inaudible et incapable d'imposer ses vues à l'international.
Cette libération n’est pas un cadeau : elle a été arrachée par la mobilisation, par l’indignation, par la solidarité des consciences libres à travers le monde et en particulier du Comité International pour la Libération de Boualem Sansal.
Sans elles, Sansal serait encore derrière les murs.
Nous saluons son courage indomptable, son refus de plier, son exemple lumineux dans un monde où les obscurantismes se répandent.
Sa voix, elle n’a jamais été emprisonnée – elle a continué de défier la peur, de dénoncer la lâcheté et la censure.
Mais notre combat n’est pas terminé.
Nous n’oublions pas notre compatriote Christophe Gleizes, toujours détenu.
Comme Sansal aujourd'hui , il doit être libéré.

12 novembre 2025

Paris, la capitale piégée par son propre modèle

Gastel Etzwane

-12/11/2025- Le diagnostic économique de Paris n’est plus à établir : la capitale s’étiole. Près de 11 % des commerces sont désormais vacants, 1 447 établissements en redressement ou liquidation, et le taux d’emploi s’est figé pour la première fois depuis des décennies. Les chiffres traduisent une réalité brûlante : la capitale française n’est plus protégée.
Mais les causes de cette dépression ne tiennent pas seulement à la conjoncture. Elles sont structurelles. Le télétravail a vidé les bureaux, les « circuits alternatifs » ont capté la clientèle urbaine, et le tourisme, encore présent, dépense moins (659 euros en 2024 contre 854 euros en 2014). Pourtant, le véritable tournant remonte à la période du Covid.
Les aides massives accordées par l’État et la municipalité, présentées comme un bouclier, se sont révélées être un piège à retardement. En maintenant artificiellement en vie des commerces déjà fragiles, elles ont retardé les faillites au lieu de les prévenir. L’autorisation temporaire d’occuper l’espace public, les exonérations et les subventions d’urgence ont créé l’illusion d’une résilience. Mais, une fois retirées, les charges, les loyers, les impôts et la concurrence numérique ont repris leurs droits, avec une brutalité d’autant plus grande que beaucoup d’établissements s’étaient endettés pour « tenir ».
Au fond, Paris paye le prix d’un modèle économique devenu intenable : hyper-centralisation, explosion du coût du foncier, dépendance au tourisme international, et fiscalité asphyxiante. Les commerces indépendants, piliers du tissu urbain, se dissolvent dans un paysage dominé par les franchises, les dark kitchen et le e-commerce.
Ainsi, derrière les vitrines fermées du boulevard Saint-Michel, c’est moins la crise d’un secteur que celle d’un système qu’on aperçoit : celui d’une capitale qui, à force de subventions, de normes et de dépendance, a fini par perdre sa respiration naturelle.

Chine/US : quand l’éléphant républicain aime la porcelaine chinoise

H16

-12/11/2025- Si l’actualité française a surtout été marquée récemment par les délires budgétaires des différents partis tous résolument pro-dépense, le reste du monde, indifférent aux gesticulations françaises, continue d’avancer. C’est ainsi qu’au milieu de ce qui ressemble à une guerre commerciale, Donald Trump a rencontré son homologue chinois Xi Jinping.

Et alors que beaucoup pariaient, à tort, sur un accroissement des tensions sino-américaines, force est de constater … le contraire.


Les semaines et les mois précédent avaient été le théâtre de hausses de tarifs douaniers de la part des États-Unis, ainsi qu’une restriction à l’exportation des terres rares de la part de la Chine (qui en possède un quasi-monopole). Compte-tenu du poids des deux économies et de leur interconnexion, la situation était, de prime abord, particulièrement problématique.

Cependant, il ressort de la réunion entre les deux présidents que la Chine va faire en sorte que les États-Unis puissent acheter plus facilement des terres rares et que, de leur côté, les États-Unis vont suspendre les restrictions visant des entreprises chinoises placées sous surveillance. Mieux encore, les frais douanier américains vont être réduits, passant de 20% à 10%. En compensation, la Chine s’engage à acheter plus de produits fermiers venant des États-Unis, dans un troc digne d’un jeu vidéo « +10 minerais, -20 haricots ».

Un autre point de tension a été abordé lors de cette rencontre, portant sur l’épineuse question taïwanaise. Le président chinois a cependant confirmé au président américain que rien ne serait tenté vis-à-vis de l’île de Formose tant que Trump serait président.

Eh oui : ceux qui continuent de prendre Trump pour un éléphant (républicain ?) dans un magasin de porcelaine (chinoise ?) en seront pour leurs frais puisqu’une fois encore, les gesticulations préliminaires – qui laissaient imaginer le pire – n’ont servi que de base de négociation à des arrangements beaucoup plus diplomatiques et posés.

Ces négociations s’inscrivent en réalité dans la politique classique que mène Trump depuis son premier mandat, à savoir une diplomatie personnelle et mercantiliste. S’il est bien sûr trop tôt pour voir les résultats de cette réunion avec la Chine, on peut néanmoins constater que les choses vont dans le bon sens et qu’on a assiste à un rapprochement entre les deux pays.


L’actualité mentionne souvent le G7 (en tant que groupe des sept plus grandes puissances influentes occidentales), tout comme on évoque parfois le G20 qui réunit les vingt nations les plus puissantes. Le format G2, nettement moins connu, regroupe les États-Unis et la Chine et illustre bien la nouvelle configuration mondiale, dans laquelle c’est surtout ce couple, plus que le G7 ou le G20 qui désormais compte pour la destinée du monde.

C’est assez logique : ces deux énormes économies, même si elles cherchent à gagner leur indépendance, sont très interconnectées. La Chine est ainsi actuellement le quatrième partenaire commercial des États-Unis en matière d’exportation de biens et la troisième source des importations américaines, expliquant d’ailleurs le déficit commercial en faveur de la Chine. Inversement, en matière de service, on assiste à un surplus commercial de la part des États-Unis.

Cette place prépondérante du couple sino-américain ne vient pas de nulle part. L’actuelle course technologique est le principal moteur de la croissance, à tel point d’ailleurs que ces deux pays ont creusé un écart marqué avec le reste du monde. Rien qu’en matière d’intelligence artificielle par exemple, ces deux pays ont chacun investi des centaines de milliards de dollars dans cette technologie : plus de 400 milliards pour les Américains et plus de 100 milliards pour les Chinois entre 2013 et 2024. En comparaison, le Royaume-Uni, le troisième pays à avoir le plus investi dans ce secteur, n’a été capable d’investir que 26 milliards.

Du reste, tant en matière d’intelligence artificielle que pour d’autres technologies, on comprend que ces deux pays ont besoin l’un de l’autre : d’un côté, les États-Unis ont besoin des terres rares chinoises qui sont nécessaires à produire les composants informatiques qu’on retrouve partout dans l’industrie. De l’autre côté, la Chine nécessite certains produits et services américains.


Bien sûr, cette interdépendance peut se réduire dans le futur, en profitant pour les deux concurrents de l’avantage d’être des « pays-continents » : les États-Unis disposent par exemple d’importantes réserves de terres rares qui pourraient être exploitées, pendant que la montée en gamme des produits chinois pourrait offrir une plus grande indépendance technologique à l’Empire du Milieu.

Autre atout, ces deux pays disposent d’universités et de formation de classe mondiale : pendant que les Américaines continuent de truster les premières places, on assiste à une explosion des universités chinoise dans les classement internationaux comme celui de Shanghai, tout particulièrement dans le domaine de l’ingénierie.

Ces différents éléments s’accumulent et laissent penser qu’il est très improbable qu’une véritable guerre, frontale et destructrice, survienne entre ces deux pays, au-delà même de l’aspect plus stratégique que ce sont deux puissances nucléaires. En somme, en lieu et place de la Guerre froide qu’on avait connu entre les Américains et les Soviétiques, les nouvelles relations internationales tiennent plus d’une colocation sino-américaine où les deux puissances se chicanent un peu pour la télécommande du monde mais se mettent d’accord sur celui qui va sortir les poubelles et c’est souvent l’Europe.

D’ailleurs, dans ce partage, c’est la question qui revient : quelle pourra être la place de l’Europe et de la France ?

Le commerce européen et français sont étroitement liés à celui de la Chine et des États-Unis. Pourtant, l’Europe et la France disposent d’un potentiel mal exploité : leur vivier de main-d’œuvre très qualifiée et d’ingénieurs de bonne qualité. Avec un environnement plus favorable aux affaires et à l’entrepreneuriat, elles pourraient déployer des technologies innovantes.

Ce n’est pas un rêve inaccessible : rappelons par exemple que les prix Nobel de physique sont très souvent des EChuropéens et notamment des Français… Qui exercent souvent dans les pays anglosaxons. Plusieurs pointures de l’intelligence artificielle comme Yoshua Bengio ou Yann LeCun sont français mais exercent hors Europe (en l’espèce au Canada et aux États-Unis).

Une déréglementation, une simplification bureaucratique et une baisse des taxes et ponctions qui s’abattent sur les industries et les nouvelles technologies européennes donneraient une solide carte à jouer de la France et de l’Europe face à la Chine et aux États-Unis.

Car après tout, après s’être volontairement interdit d’exploiter leurs ressources minières (par écologisme total) ou financières (par socialisme terminal), que reste-t-il d’autre aux Européens que leurs cerveaux ?


https://h16free.com/2025/11/12/82508-chine-us-quand-lelephant-republicain-aime-la-porcelaine-chinoise

11 novembre 2025

Jean Mizrahi

-10/11/2025- Emmanuel Macron étant incapable de réclamer publiquement la libération de Boualem Sansal, il faut que ce soit le président allemand qui le fasse. Signe d'une infamante décadence.

Pierre-Yves Rougeyron

L'ILLUSION RN : L'Union européenne, cet ennemi que le parti esquive

Le président du Cercle Aristote, Pierre-Yves Rougeyron, critique la stratégie du Rassemblement National (RN) après l'adoption d'une proposition de résolution visant à dénoncer l'Accord Franco-Algérien de 1968. Ce vote ne serait-il qu'un succès d'estrade et une illusion ? Il évite le vrai problème : le droit communautaire européen. Une esquive de la question européenne désormais fréquente chez un RN miné en interne par le duel des personnes entourant Marine Le Pen et Jordan Bardella.

Cliquer sur l'image (vidéo de 33 min 45 s) ↴

Sarah Knafo

Notre continent, qui a inventé la sidérurgie moderne, ne représente plus que 8% de la production mondiale d'acier. La Chine en produit 55%.
Face à la Commission européenne, je propose d'en finir avec une politique qui a ruiné notre compétitivité et nous a rendu dépendants.

Cliquer sur l'image ↴

LE LEVIER UKRAINIEN QUAND IL GRINCE

Gabriel Nerciat

-11/11/2025- En Ukraine, chute de Pokrovsk, nœud stratégique essentiel qui permet la projection vers la citadelle de Kramatorsk, la dernière grande ville du Donbass qui n'a pas encore été libérée par les Russes, et aussi, bien plus grave, vers la région de Dnipro (capitale de la grande pègre ukrainienne nécessaire au règne des oligarques du pays, qui n'a pas été – encore ? – rattachée constitutionnellement à la Fédération de la Russie).
Elle a coûté une fois de plus, sept mois après la désastreuse opération de Koursk, la vie à plusieurs dizaines de milliers de soldats ukrainiens, et ce absolument pour rien (il était évident depuis des semaines, voire des mois, comme jadis à Marioupol ou à Bakhmout, que les troupes kiéviennes, menacées d'encerclement et privées de relèves opérationnelles, ne seraient pas en mesure de tenir la ville jusqu'à la fin de l'année).
Ici, en France, on continue les mêmes palabres sur le danger atomique, la menace russe qui se rapproche de Varsovie ou de Riga (tout en expliquant contradictoirement que les Russes sont vraiment trop lents et trop nuls, et n'ont gagné que 1% de territoire en plus depuis le début de l'année), la nécessité impérieuse de construire l'Europe de la Défense, etc., etc.
Personne ou presque ne va voir sur le front ce qui s'y passe vraiment (il est vrai que Zelensky a interdit à toute la presse occidentale d'y envoyer des reporters et des caméras ; ce serait criminel de désobéir à notre grand Churchill paneuropéen que le Sénat des États-Unis soupçonne désormais officiellement d'avoir détourné, par l'intermédiaire d'une banque saoudienne, 900 millions de dollars octroyés par le contribuable américain pour lui et sa bande). Seuls quelques journalistes américains ont contourné l'interdit, et ramené chez eux des nouvelles fort peu appréciées des officines néo-cons.
En réalité, plus le temps passe, plus les cadavres s'amoncellent, plus l'armée russe progresse, et plus l'évidence apparaît au grand jour : pour les dirigeants européistes et les officiers supérieurs de l'OTAN, qui ne peuvent plus se payer de mots pour dissimuler ou atténuer la réalité des choses, la défense de l'entité ukrainienne n'est et n'a sans doute jamais été qu'un prétexte.
Comme l'épidémie de covid, en 2020, n'était aussi qu'un prétexte.
La stratégie est toujours la même : user et abuser d'un danger (réel, imaginaire ou très exagéré) pour en faire à la fois un abcès de fixation mental et un levier politique qui contraindrait les peuples du vieux continent à accepter des évolutions et des contraintes qu'ils refusent d'eux-mêmes d'adouber.
La fédéralisation de l'UE ayant piteusement échoué dans le domaine fiscal et obligataire depuis le Brexit, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont décidé d'aller résolument, d'un coup d'un seul, vers le plus important et le plus décisif : la fin de la souveraineté diplomatique et militaire des nations européennes au profit de Bruxelles (à la fois siège de la Commission européenne et siège de l'OTAN).
La mobilisation des forces européennes à l'arrière du front ukrainien sous tutelle nucléaire de la France trouverait là, dans le contexte inédit créé par le retrait de Trump, un prétexte idéal pour imposer un nouveau traité communautaire qui sanctifierait la mutualisation supranationale des dépenses militaires au profit de la Commission.
Une nouvelle CED, en gros, avec la branche européenne de l'OTAN mais sans les États-Unis.
D'autant que ce ne serait pas un luxe pour un président français en fin de règne, légitimement haï de son peuple et dépourvu depuis la dissolution de toute possibilité de peser sur la politique budgétaire et intérieure de la nation, de trouver là une nouvelle et glorieuse fonction si joliment martiale, et qui pourrait s'étendre bien au-delà de 2027 – en attendant 2032.
Vraiment, peu importent les charniers sous les grandes pluies froides de la raspoutitsa.
Derrière eux, c'est tout un avenir impérial en rose qui se dessine pour "les meilleurs d'entre nous".