Gabriel Nerciat
-11/11/2025- En Ukraine, chute de Pokrovsk, nœud stratégique essentiel qui permet la projection vers la citadelle de Kramatorsk, la dernière grande ville du Donbass qui n'a pas encore été libérée par les Russes, et aussi, bien plus grave, vers la région de Dnipro (capitale de la grande pègre ukrainienne nécessaire au règne des oligarques du pays, qui n'a pas été – encore ? – rattachée constitutionnellement à la Fédération de la Russie).
Elle a coûté une fois de plus, sept mois après la désastreuse opération de Koursk, la vie à plusieurs dizaines de milliers de soldats ukrainiens, et ce absolument pour rien (il était évident depuis des semaines, voire des mois, comme jadis à Marioupol ou à Bakhmout, que les troupes kiéviennes, menacées d'encerclement et privées de relèves opérationnelles, ne seraient pas en mesure de tenir la ville jusqu'à la fin de l'année).
Ici, en France, on continue les mêmes palabres sur le danger atomique, la menace russe qui se rapproche de Varsovie ou de Riga (tout en expliquant contradictoirement que les Russes sont vraiment trop lents et trop nuls, et n'ont gagné que 1% de territoire en plus depuis le début de l'année), la nécessité impérieuse de construire l'Europe de la Défense, etc., etc.
Personne ou presque ne va voir sur le front ce qui s'y passe vraiment (il est vrai que Zelensky a interdit à toute la presse occidentale d'y envoyer des reporters et des caméras ; ce serait criminel de désobéir à notre grand Churchill paneuropéen que le Sénat des États-Unis soupçonne désormais officiellement d'avoir détourné, par l'intermédiaire d'une banque saoudienne, 900 millions de dollars octroyés par le contribuable américain pour lui et sa bande). Seuls quelques journalistes américains ont contourné l'interdit, et ramené chez eux des nouvelles fort peu appréciées des officines néo-cons.
En réalité, plus le temps passe, plus les cadavres s'amoncellent, plus l'armée russe progresse, et plus l'évidence apparaît au grand jour : pour les dirigeants européistes et les officiers supérieurs de l'OTAN, qui ne peuvent plus se payer de mots pour dissimuler ou atténuer la réalité des choses, la défense de l'entité ukrainienne n'est et n'a sans doute jamais été qu'un prétexte.
Comme l'épidémie de covid, en 2020, n'était aussi qu'un prétexte.
La stratégie est toujours la même : user et abuser d'un danger (réel, imaginaire ou très exagéré) pour en faire à la fois un abcès de fixation mental et un levier politique qui contraindrait les peuples du vieux continent à accepter des évolutions et des contraintes qu'ils refusent d'eux-mêmes d'adouber.
La fédéralisation de l'UE ayant piteusement échoué dans le domaine fiscal et obligataire depuis le Brexit, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont décidé d'aller résolument, d'un coup d'un seul, vers le plus important et le plus décisif : la fin de la souveraineté diplomatique et militaire des nations européennes au profit de Bruxelles (à la fois siège de la Commission européenne et siège de l'OTAN).
La mobilisation des forces européennes à l'arrière du front ukrainien sous tutelle nucléaire de la France trouverait là, dans le contexte inédit créé par le retrait de Trump, un prétexte idéal pour imposer un nouveau traité communautaire qui sanctifierait la mutualisation supranationale des dépenses militaires au profit de la Commission.
Une nouvelle CED, en gros, avec la branche européenne de l'OTAN mais sans les États-Unis.
D'autant que ce ne serait pas un luxe pour un président français en fin de règne, légitimement haï de son peuple et dépourvu depuis la dissolution de toute possibilité de peser sur la politique budgétaire et intérieure de la nation, de trouver là une nouvelle et glorieuse fonction si joliment martiale, et qui pourrait s'étendre bien au-delà de 2027 – en attendant 2032.
Vraiment, peu importent les charniers sous les grandes pluies froides de la raspoutitsa.
Derrière eux, c'est tout un avenir impérial en rose qui se dessine pour "les meilleurs d'entre nous".
