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25 février 2023

Changer ou disparaître

Yann Thibaud

L'Occident pourrait être qualifié de civilisation de la liberté, dans la mesure où l'idée maîtresse des modernes, comme des post-modernes (qui fondèrent et développèrent cette même civilisation) fut l'émancipation de la tutelle des traditions religieuses, l'affranchissement des contraintes, des croyances et des règles, passablement superstitieuses, arbitraires et dogmatiques, que celles-ci avaient imposées, qui emprisonnaient l'humanité et contrariaient son éveil et son évolution, depuis des siècles et des siècles.
Tout le problème étant qu'en voulant se libérer du carcan de la religion, en souhaitant expérimenter, sans contrainte et sans limite, la liberté à laquelle il aspirait tant, l'Occident est aujourd'hui tombé dans le piège de la « culture du n'importe quoi », comme en témoignent les sinistres et débilitantes idéologies contemporaines, tel le fameux wokisme (en particulier la funeste « théorie du genre »), l'épouvantable transhumanisme (qui vise à nous transformer en parfaits robots), l'inique néolibéralisme (ayant réussi à instaurer sur terre une injustice et une inégalité inouïes, jamais connues auparavant), la pseudo-spiritualité totalitaire du « non-mental » et du « non-jugement » (qui empêche et interdit de réfléchir et de critiquer), le scientisme matérialiste (dont nous avons expérimenté la brillante démonstration, au cours des trois années qui viennent de s'écouler), pour ne citer que quelques-unes des plus navrantes idéologies du temps...
Disons-le clairement, n'en déplaise à nos dirigeants et idéologues médiatiques, et à l'encontre de leurs déclarations arrogantes et triomphalistes, la civilisation occidentale est un échec, un navrant échec, un pitoyable échec, puisqu'elle est en train de conduire à l'extinction de la vie sur terre, puisqu'elle a finalement recréé de nouvelles religions matérialistes, précédemment citées, tout aussi aberrantes et aliénantes, si ce n'est plus, que les précédentes, puisqu'elle finit par faire appel aux plus bas instincts humains, comme on le voit aujourd'hui avec la folie belliciste de notre prétendue élite !
Pourquoi cet échec et comment y remédier ?
L'erreur occidentale réside certainement dans une appréciation inexacte de la nature de la liberté.
Dans leur désir ardent de faire tomber l'ordre ancien, dans leur soif inextinguible de liberté, les modernes et post-modernes ont voulu en effet tout remettre en cause, tout déconstruire, les amenant finalement, dans une sorte d'attitude prométhéenne de toute-puissance, jusqu'à s'attaquer à la nature et à l'ordre naturel, y compris au sein même de l'être humain, allant jusqu'à perdre toute sagesse et tout bon sens, et expérimenter les pires folies, les pires abjections.
Il reste donc aux Occidentaux à comprendre que la pratique de la liberté implique nécessairement le développement corrélatif de la conscience et de la responsabilité, la liberté sans sagesse ne menant qu'à la folie et à la perdition.
Car la véritable liberté est un apprentissage, une quête et un itinéraire, qui consiste, non pas à vouloir satisfaire à tout prix tous ses fantasmes, toutes ses pulsions et toutes ses impulsions, mais à vivre, patiemment et courageusement, un long et lent processus de transformation, de maturation, d'accomplissement et d'éveil, conduisant l'être humain jusqu'au faîte de son potentiel et de ses capacités, l'amenant à découvrir qui il est vraiment, et à expérimenter sa lumière, sa sagesse, sa bonté et, osons le mot, sa divinité.
Ainsi n'existe-t-il pas de civilisation digne de ce nom, sans spiritualité effective et opérative.
Là réside assurément l'erreur occidentale : avoir voulu créer un monde sans Dieu et, pour le coup, sans mystique, sans transcendance, sans mystère et dépourvu de sens et de finalité, ne pouvant générer qu'affliction, déliquescence et désespérance.
Pour nous sortir de l'impasse actuelle et de la décadence accélérée que nous pouvons observer aujourd'hui, il nous faut donc, de toute urgence, inventer une nouvelle forme de spiritualité, ainsi qu'une nouvelle culture qui en découle, qui ne soient pas celles des religions, dont le temps est passé, mais qui satisfassent tout à la fois le besoin de liberté et d'émancipation des modernes, et le besoin universel de l'être humain de comprendre, connaître et accomplir ce pourquoi il est sur terre et ce qui peut donner sens à sa vie.
Le choix est clair désormais : changer ou disparaître, car les désastres s'accumulent et l'ambiance est délétère.
Et il est clair que nous ne pouvons compter sur nos dirigeants, perdus et inconséquents, pour nous mener dans cette nouvelle aventure civilisationnelle, accomplissant et actualisant le projet initial des Lumières.
Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes et notre farouche volonté de vivre ; et c'est une glorieuse et exaltante aventure qui nous attend, pour laquelle nous possédons toutes les capacités, car nous nous sommes précisément incarnés, en cette époque étrange et décisive, pour triompher de tous les obstacles et faire advenir le monde de nos rêves les plus beaux et les plus paradisiaques !