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13 février 2023

Retraites : la vraie raison de l’acharnement

Pierre Duriot

On savait les tenants de la réforme des retraites, très gênés aux entournures, quand on leur demande les raisons positives de cette loi ficelée à la hâte, dont le Conseil d’Orientation des Retraites et l’INSEE expliquent qu’elle n’est pas nécessaire. Gêne pour en exposer les effets de rétablissement de la justice. Gêne pour expliquer comment, en commençant à travailler à 25 ans et en devant 43 annuités, on arrive à une retraite pleine à 64 ans. Il y a de quoi, à moins de ne totalement, pas savoir compter.

Mais Véran ne désarme pas et écume les plateaux de télévision, sans vrai argument, mais qu’importe. Il traite ici, ses interlocuteurs « d’extrême », là de « démago », place encore, des rires moqueurs, ou des yeux levés au ciel, croyant convaincre, mais faisant, au fil des jours, l’unanimité contre lui. Ce matin, entouré de trois journalistes, le même Véran a eu cette phrase étonnante : « Avec cette réforme, nous allons créer une France du plein emploi ». Le tout avec un air puissant. Pourquoi aurait-il attendu cinq ans pour faire le plein emploi ? Mais encore, il faudrait qu’il nous explique, comment en portant l’âge de la retraite à 64 ans, il va arriver au plein emploi ? Quelle relation y a-t-il de cause à effet ? Curieusement, aucun des trois « journalistes » présents ne lui a fait remarquer l’incongruité de ce qu’il assénait comme « argument ». On pourrait croire, au choix, ces journalistes complètement benêts, ou alors, savamment briefés pour ne pas faire leur travail. Au vu des informations sur le vaccin, sur le réchauffement climatique, sur l’Ukraine, on pencherait pour la seconde solution : ils ont des consignes.

Une économiste a livré une version autrement plus plausible et plus intéressante : cette réforme est faite pour que personne ne puisse prétendre à une retraite complète et que donc, tout le monde, du moins, ce qui en auront les moyens, prépare une retraite complémentaire par capitalisation, auprès de l’une des grandes sociétés, qui attend la réforme de pied ferme. Black-Rock, pour ne citer qu’eux, mais pas que. Comme par hasard, cette société vient d’obtenir le marché de la reconstruction en Ukraine, alors que la guerre n’est pas finie. Cela serait parfaitement cohérent, dans le cadre de l’offensive généralisée des Américains, sur l’économie européenne. Le gouvernement serait donc coincé, entre l’inutilité de cette réforme, la rue qui a des arguments sensés et les actionnaires qui oeuvrent dans les bureaux feutrés. Et l’économiste d’ajouter qu’en cas d’échec à faire passer la réforme, ces grandes sociétés ont les moyens de mesures de rétorsion contre les finances françaises. On comprend mieux dès lors, l’embarras du gouvernement et l’utilisation, par Véran, d’arguments fallacieux à longueur d’émission.

Au RPF, nous sommes contre cette réforme, qui n’est ni plus ni moins que la liquidation de l’héritage gaulliste, issu du Conseil national de la Libération. Cette réforme n’a aucun autre but que de préparer le terrain à la nécessité d’une retraite par capitalisation, qui en l’état, n’est pas indispensable. La réforme est dans la droite ligne des dossiers sur les autoroutes, l’énergie, ou les transports, où l’État macronien vise uniquement à permettre à des actionnaires de s’engraisser au passage, non pas en travaillant, mais en dormant. Il va obliger les Français à donner une part de leur argent à des groupes privés, exactement comme il oblige EDF à vendre à perte, à des groupes privés. Vu de cette manière, on comprend mieux l’acharnement de Véran et des ses collègues. Macron organise, ni plus ni moins, la vente de la France et des Français, mais ça, on s’en est aperçu voici un moment. Il reste à la rue, à passer en force.