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9 mai 2023

Le président d’un pays vidé

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire


Macron, plus pathétique que jamais, nous a offert un 8 mai excentrique et désaxé. Il a commencé par descendre des Champs-Elysées vidés de la foule habituelle des commémorations, avec au niveau de l’Arc de Triomphe, un immense écran projetant son visage. Son culte de la personnalité dépasse tout ce qu’on pouvait craindre. L’homme s’invente une popularité dont il ne jouit plus et une ferveur imaginaire. Mais pourquoi se priverait-il de ces écarts, puisque le protocole suit ? Les images de cette avenue vide vont faire le tour de la planète, confortant l’idée que l’homme qui dirige la France est un mégalo, totalement hors sol, qui efface son peuple pour ne pas entendre sa colère. Se rend-il compte de la symbolique qu’il envoie au monde entier ? Certainement à contre-sens, comme tout ce qu’il fait, puisqu’il se vautre dans cette mise en scène grotesque.

L’indignité dont il fait preuve ne choque visiblement pas les journalistes subventionnés, toujours aussi prévenants avec lui, et morts de trouille à l’idée d’exprimer un commentaire négatif sur la personne du prince. Que penser des parlementaires, qui laissent ce délire s’accomplir, aux yeux de tous, sans broncher. Dans la foulée, le voilà à Lyon pour y célébrer la mémoire de Jean Moulin. Il voulait s’emparer de l’événement, pour redorer un blason qui ne cesse de se ternir, mais encore une fois il s’est trompé, et dans le thème et dans la façon de l’aborder. Il a tenté de récupérer l’héroïsme du résistant à son profit. Comme toujours il s’évertue, par une analogie aujourd’hui désastreuse, à s’accaparer les vertus des autres, en faisant croire qu’il les incarne toutes, à lui seul. Mais la supercherie ne prend plus, le prince est depuis bien longtemps nu et ne convainc plus personne, sauf lui-même et un dernier carré de courtisans. Il voulait se servir de cette commémoration pour retrouver des couleurs, mais la tâche est impossible, il s’enfonce. Quoi de plus choquant, que de le voir encenser cet ancien préfet résistant, ce haut fonctionnaire qui a dit non à Pétain, à ses ordres illégaux, lui qui ne tolère pas que l’on discute les siens.

Comment pourrait-il comprendre le refus de Jean Moulin d’obéir au pouvoir de Vichy ? Comment aurait-il accueilli lui, un tel frondeur, quand on voit comment il se comporte avec ses propres hauts fonctionnaires ? Macron ne supporte pas les résistants, il est l’antithèse de ce que Jean Moulin représente, ce n’est donc pas un hommage qu’il lui a rendu, il a tout simplement sali sa mémoire, comme celle de tous ces résistants, qui ont eu le courage de contester les injonctions d’un pouvoir qu’ils ont considéré comme illégitime, dès lors qu’il s’est allié au régime nazi. Cela rappelle étrangement tout ce que nous avons vécu depuis trois ans. Hier encore il fustigeait les soignants ayant refusé l’injection expérimentale et il vient sans honte faire l’apologie d’un homme, qui lui aussi a dit non. Lui que le bruit d’une casserole incommode, comment ose-t-il parader devant un homme que la mitraille n’a pas fait reculer ?

Macron est bien le personnage le plus mal placé pour parler de Jean Moulin. Il s’est terré dans le vestiaire, lors de la finale de la coupe de France, par peur de la réaction du public. Sans courage, il a vidé les Champs-Elysées, pour ne pas entendre une foule hostile lui crier sa colère et il prétend vanter les mérites de celui qui est mort sous la torture. Non, Macron est illégitime : il est l’anti-France à lui tout seul.

Les cent jours qu’il avait lancé comme un défi, tournent au cauchemar, sans qu’il ne s’en rende compte, puisque aucun journaliste n’ose traiter sérieusement le sujet. Si personne n’en parle, ça n’existe pas, selon la méthode macronienne, usée et éculée. Mais le calvaire se poursuit, il ambitionnait de se réconcilier avec les Français, il nous a prouvé une fois de plus que c’était impossible. Il n’en a ni la capacité, ni même la volonté. Que fera-t-il pour le 14 juillet, date à laquelle il est censé avoir rétabli la concorde ? Va-t-il maintenir un défilé sans personne et offrir aux chefs d’Etats, qui voudront bien venir, le désolant spectacle d’un régime dictatorial aux abois ? Qui acceptera de s’afficher à ses côtés, comme le veut la tradition ?

Mais dans ce concert de turpitudes, nos opposants restent étrangement muets. Qu’en pensent-ils de ce 8 mai et de cette démonstration clinique de la folie d’un homme qui possède les codes nucléaires ? Le peuple a été abandonné par tous, il devra s’en sortir seul, c’est une évidence qui s’installe de plus en plus. Aucun président, par le passé, n’aurait été maintenu en fonction après un tel comportement, mais en 2023, si. Lamentable opposition en carton pâte. Les motifs pour le destituer ne manquent pas, mais personne ne bouge, à croire que la lâcheté s’est emparée de tous, à moins qu’ils ne soient pétris de la même déviance, pour juger normale une conduite digne d’un dictateur. Si Macron a fait honte à la France hier, en remontant une avenue déserte et en saluant un imaginaire public, nos députés ne font pas mieux en laissant en place un homme très perturbé, aux commandes d’un pays qu’il ne peut plus traverser, sans le vider de ses habitants.