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23 août 2025

Quitter et venger Gaza

Nour Elassy / Mediapart
21/7/2025

La journaliste et poétesse palestinienne Nour Elassy vient d’être évacuée de Gaza. Dans sa nouvelle chronique écrite à Paris, elle raconte la douleur extrême de quitter les siens ainsi que son périple jusqu’à la France. Elle fait une promesse : venger Gaza.

« J’écris ceci depuis Paris, avec sa pluie de juillet qui arrose doucement mes joues. Comme si elle s’excusait pour moi de la douleur que je ressens. Comme si elle pouvait sentir à quel point je suis fragile, après avoir quitté tout mon monde pour poursuivre mon rêve.
Les jours précédant l’évacuation ont été les plus sanglants que nous ayons jamais vus. Le ciel brûlait plus fort. La terre s’est fissurée plus profondément. Le nombre de bombardements, d’ordres d’évacuation et de massacres a dépassé ce que l’on peut compter.
Le consulat français a déclaré qu’il était temps d’évacuer, pas parce que c’était sûr, mais parce qu’Israël avait finalement donné son autorisation, et nous avons déménagé à Deir al-Balah pour attendre le départ.
Je n’ai pas dormi. J’ai regardé ma famille respirer, mémorisant les voix des miens comme si elles allaient disparaître. Parce qu’elles allaient disparaître.
J’ai quitté Gaza sans rien d’autre que les vêtements que je porte, ma carte d’identité et la douleur insupportable de savoir que ma mère et ma petite sœur, tout mon monde, resteraient derrière, dans une guerre conçue pour nous effacer.
Les discussions sur un cessez-le-feu imminent et les grands espoirs de mettre fin à cette guerre m’ont rendue un peu plus calme, mais aujourd’hui, ces mensonges sont gelés. C’est un spectacle récurrent, et nous tombons dans le panneau à chaque fois. Non pas parce que nous sommes idiots, mais parce que nous sommes désespérés.
Le consulat de France nous a dit quelques jours avant : « Préparez-vous, si vous voulez toujours partir. » Pour poursuivre mes études, j’ai été admise à étudier les sciences politiques à l’EHESS (l’École des hautes études en sciences sociales) à Paris.
Mais comment préparer ses bagages pour l'exil ? Comment plier ses souvenirs dans un sac à dos que l’on n’a pas le droit de porter ?

Les cils de ma sœur, le regard de ma mère

La nuit précédant mon départ, j’ai essayé de mémoriser les cils de ma sœur. J’ai dormi entre elle et ma mère, toutes enlacées comme si c’était la dernière fois. Une grande partie de moi et d’elles voulait tellement le nier. Elle était silencieuse. Trop silencieuse. Ce genre de silence terrifiant que font les enfants lorsqu’ils en savent plus que ce que vous voulez qu’ils sachent. Elle ne m'a pas dit : « Ne pars pas ». Elle m’a juste regardée et m’a serrée encore plus fort dans ses bras. Et ce regard me suivra plus longtemps que cette guerre.
Quant à ma mère, je n’ai pas la force d’écrire cela : je ne peux pas oublier son regard et la façon dont elle a pleuré de tout son cœur en me poussant hors de la pièce pour partir.
Je suis partie comme une voleuse, non pas en volant, mais en laissant derrière moi tout ce que j’aimais.
Nous avons attendu à Deir al-Balah, où nous avons été forcés d’évacuer ; on nous a dit que le Sud était plus sûr. Au point de rencontre convenu par le consulat, nous nous sommes regroupés avec d’autres personnes choisies pour cette évacuation humanitaire. Trente d’entre nous, peut-être plus.
Je n’ai même pas été autorisée à emporter le carnet de poésie que j’avais rempli pendant la guerre, celui que ma sœur m’avait offert.
Chacun d’entre nous porte des histoires qu’il n’aura jamais fini d’écrire. Nous sommes montés dans les bus comme des fantômes portant des corps, chacun avec des yeux pleurant, bouffis de n’avoir pas dormi, plus tristes et plus confus les uns que les autres.
Je me suis assise près de la fenêtre et je me suis forcée à regarder, à assister à la mort de ce qui était ma maison. Khan Younès. Rafah. Ou ce qui était Khan Younès, Rafah. Tout avait disparu. Aplati dans une architecture de silence. Des os en béton. Du linge brûlé. Même les oiseaux volaient plus bas, comme s’ils étaient en deuil.

Les camions bloqués là

Je n’ai pas de mots pour décrire l’ampleur de la destruction – et la méconnaissance que j’en avais – sur la route menant à la frontière de Kerem Shalom-Abu Salem. Je n’en croyais pas mes yeux, on aurait dit un film sur la fin du monde, mais ce n’était pas le cas.
Puis nous sommes passés devant les camions, les camions d’aide humanitaire. Alignés comme des accessoires sur une scène de crime. Il y en avait des dizaines. Remplis de nourriture. De farine. D’eau. Parqués à quelques mètres du cadavre de Gaza, ils n’ont jamais été autorisés à y pénétrer. Le pain pourrit pendant que les enfants dans les tentes font bouillir de l’herbe pour le dîner.
Comment appelez-vous cela, si ce n’est un crime de guerre ? Ce n’est pas un siège. C’est la famine en tant que politique étrangère. C’est le meurtre par la paperasserie, signée à Washington, appliquée à Tel-Aviv et dont l’Europe est témoin.
Nous avons atteint le poste de contrôle. Après avoir vérifié nos identités, les soldats israéliens nous ont attendus, fusil à la main, comme si nous étions la menace et non les victimes. Ils nous ont dit : « N’apportez rien. » Pas d’ordinateurs portables. Pas de livres. Pas même des écouteurs.
Je n’ai même pas été autorisée à emporter le carnet de poésie que j’avais rempli pendant la guerre, celui que ma sœur m’avait offert pour mon anniversaire. Les mots, apparemment, sont trop dangereux pour l’occupant.
Ils nous ont fouillés comme si nous portions des bombes ; pas de chagrin. Ils ont touché notre dos, vérifié nos chaussettes, scruté nos yeux. Un soldat, si c’est ainsi que l’on peut décrire un criminel, a regardé un étudiant qui voyageait avec nous et a commencé à l’interroger sur l’endroit où il vit et sur ses connaissances.
L’équipe du consulat a vérifié nos noms à nouveau et a été si gentille et chaleureuse. Elle nous a donné de la nourriture et nous a informés que leur équipe de l’ambassade de France nous attendrait à notre arrivée en Jordanie.

Une femme évacuée

Dans le bus pour la Jordanie, personne ne parlait. Mais le chagrin a son propre langage. Notre silence était un hymne. Un chant funèbre pour les familles que nous avons quittées. Pour les enfants que nous ne reverrons peut-être jamais. Pour la vérité qu’il nous était interdit de porter.
Deux sièges derrière moi, une fille a chuchoté. Elle ne m’a pas demandé mon nom. Je n’ai jamais demandé le sien, mais elle a dit : « Mon père est resté. Il a dit qu’il préférait mourir dans sa maison que dans une tente. Mon petit frère a 5 ans, je lui ai dit que je ramènerais du chocolat de France, il a souri. Il ne sait pas que c’est peut-être un adieu pour toujours. »
Elle a tiré ses manches sur ses mains, a regardé le sol et a murmuré : « J’ai l’impression d’avoir laissé mon âme sous les décombres. Et maintenant, j’ai peur que quelqu’un marche dessus. » Mais une phrase me hante encore aujourd’hui. Lorsqu’elle m’a dit : « Je suis convaincue que je retournerai chez ma mère et que je lui expliquerai mon voyage, et qu’elle me dira : “Bonjour, ma fille, tu es en retard !” »
Pas de pleurs. Pas de sanglots. Juste le silence, et un silence si lourd qu’il pressait nos poumons. Comme moi, cette fille est quelque part en France maintenant. Mangeant du pain. Elle étudie le français, le droit ou une autre science. Mais une partie d’elle, une partie de nous tous, est toujours à Gaza, criant derrière un mur effondré que personne n’arrive à percer.

La découverte de la Palestine

Nous sommes passés dans les territoires palestiniens occupés. Quatre heures à travers une terre que je n’avais jamais vue. Parce que nous sommes de Gaza. Nous n’avons jamais vu notre propre terre. Le reste de la Palestine nous a toujours été interdit.
Et pourtant, c’était là : des montagnes. Des vignes. Des collines couvertes d’oliviers. La mer Morte et, enfin, les stations balnéaires. Les hôtels cinq-étoiles, les Européens qui bronzent en bikini alors qu’à trente kilomètres de là, des enfants sont enterrés à plusieurs sous une tente.
C’est le théâtre cruel de l’occupation : génocide en Méditerranée, cocktails dans la mer Morte.
Nous avons été installés dans un hôtel à Amman, à l’InterContinental Jordan, un hôtel magnifique, dont tous les frais étaient couverts par la France. Il y avait tout ce dont on pouvait avoir besoin, mais jamais ce que l’on voulait.
Chaque nuit, je fixe le plafond et me demande : les ai-je trahis ? Ai-je abandonné ma mère, ma sœur, mon peuple ?
Nous y avons passé deux nuits, du mercredi 9 au vendredi 11 juillet à l’aube. Ce furent deux jours entiers de silence et de solitude dans une chambre d’hôtel très luxueuse. Nous avons été conduits de l’hôtel à l’aéroport, avec beaucoup d’attente et de vérifications, pour finalement être mis dans un vol pour Paris.
Le voyage était tellement bouleversant. C’était la première fois que je prenais l’avion. J’ai été très malade tout en m’émerveillant de l’immensité du monde. Et de la manière dont un minuscule morceau de terre a permis au monde entier de se réveiller et de comprendre à quel point il se trompait.
Nous avons atterri à l’aéroport Charles-de-Gaulle. Nous avons été contrôlés une nouvelle fois et nous avons obtenu un visa d’étudiant. Mes grands amis m’attendaient avec les plus belles fleurs et une accolade très chaleureuse.
Me voilà à Paris désormais. En sécurité. Je dors dans un lit chaud très confortable. Et chaque nuit, je fixe le plafond et me demande : les ai-je trahis ? Ai-je abandonné ma mère, ma sœur, mon peuple ?
La culpabilité me brûle l’estomac et m’empêche de garder quoi que ce soit à l’intérieur, que ce soit de la nourriture ou des larmes. Partir était-il un acte de courage ou de désertion ? Mais je sais ceci : je n’ai pas quitté Gaza pour l’oublier. Je l’ai quittée pour la venger avec la langue, avec la politique, avec une mémoire plus vive que les balles.
Je suis partie pour apprendre la langue des tribunaux qui ne nous ont jamais sauvés. Pour utiliser leurs propres outils afin de graver notre nom dans l’histoire.
Vous, dans vos ambassades, vos salles de rédaction et vos studios de télévision, vous entendrez parler de moi. Je ne serai pas votre histoire à succès, je serai votre miroir. Et vous n’aimerez pas ce que vous y verrez.
J’ai quitté Gaza sans rien. Pas de sac. Pas de livres. Pas de cadeau d’adieu. Seulement de la rage. »

Ce texte a été confié à Rachida El Azzouzi, qui l’a traduit de l’anglais.
Nour Elassy est journaliste, écrivaine et poétesse.
L’écriture, dit-elle, la sauve. Peu après le 7 Octobre, elle a commencé à écrire des poèmes qu’elle a rendus publics, notamment sur le réseau social Instagram.
Âgée de 22 ans, elle a étudié la littérature anglaise et française. Elle est née et a grandi dans la bande de Gaza, dans le quartier d’Al Tofah, dans le nord-est du territoire.
Pendant plus de quinze mois, Nour Elassy a été déplacée avec sa famille à Deir al-Balah, dans la partie centrale de la bande de Gaza. Revenue en février 2025 dans le nord de Gaza, elle a été de nouveau déplacée avec sa famille début avril.
Elle se trouvait dans la ville de Gaza quand elle a appris qu’elle était l’une des trente-sept personnes, aux côtés notamment de notre autre chroniqueur, le journaliste et traducteur Ibrahim Badra, que les autorités françaises évacuaient le 9 juillet de l’enclave palestinienne. Elle est arrivée à Paris le 11 juillet.
Depuis des mois, une mobilisation, portée notamment par l’écrivain palestinien Karim Kattan et le rédacteur en chef de la revue The Funambulist, se déployait en France pour que Nour Elassy soit mise à l’abri des bombes israéliennes et intègre l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), à Paris, pour y suivre un master en science politique.

COMME DIT MATTEO

Gabriel Nerciat

-23/8/2025- Alors que Marine Le Pen est en vacances, Bardella chez la manucure, Mélenchon à la récup des colères populistes et Retailleau en Martinique où il regarde la mer, c'est en Italie, visiblement, que réside le dernier opposant sérieux à la Macronie.
D'une phrase, il a clos la risible comédie que le Banquier Président a initiée à l'occasion de son dernier voyage aberrant de servilité à la Maison-Blanche.
En effet, qu'il y aille, en Ukraine, Macron, et qu'il y reste.
C'est son maintien à l'Élysée qui demeure la cause essentielle du bourbier dans lequel la France va devoir patauger jusqu'au printemps 2027.
Matteo devrait demander la nationalité française ; on pourrait vaguement espérer quelque chose.

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22 août 2025

Anna Rocca
22/8/2025

Comment voulez-vous
• qu’un jeune de 29 ans,
•  qui a échoué dans ses études,
• qui n’a aucune expérience professionnelle,
• qui n’a aucune culture,
• qui n’a aucune connaissance approfondie des enjeux géostratégiques,
• qui ne connaît pas l’Histoire,
• qui ne connaît rien à l’économie,
• qui n’a aucune notion de politique industrielle,
comment voulez-vous que Bardella puisse changer quelque chose, sinon en pire ?
Par quel miracle, faire des selfies, partager ses journées entre des salles de sport et des coachs en communication, lui donnerait la faculté de sortir la France du marasme ?
Regardez la différence entre Bardella et François Asselineau, vous comprendrez qui est le seul qui peut vraiment sauver la France.
Depuis 18 ans, Asselineau produit des analyses sans cesse validées par la réalité.
Il y a 18 ans, il disait que notre appartenance à l’UE et à l’OTAN nous menait tout droit à la guerre, voyez le résultat aujourd’hui.
Pourquoi Bardella est hyper médiatisé et pourquoi Asselineau est censuré ?
Parce qu’avec le premier, rien ne changerait, les oligarques pourraient continuer à se gaver, les Français à s’appauvrir et la France à mourir.
Alors qu’avec le second, l’espoir renaîtrait d’une France libre et d’un peuple français fier de ce qu’il est.


LA FIN DU TIERS-MONDISME

Gabriel Nerciat

-22/8/2025- Avec Gérard Chaliand, c'est une certaine idée du tiers-mondisme, telle qu'elle prit forme dans les années 1960-70, qui disparaît pour toujours.
Je n'éprouvais pas forcément sa fascination assumée pour tous les mouvements de guérilla du vaste monde, qu'ils se réclamassent du marxisme ou non, mais il est indéniable qu'il aura assez brillamment expérimenté et approfondi, en n'hésitant pas à payer de sa personne, pendant plusieurs décennies, ce que Carl Schmitt avant lui avait perçu et conceptualisé dans sa célèbre Théorie du partisan.
La guérilla, c'est la force des faibles, disait Roger Caratini, un de nos amis communs aujourd'hui disparu lui aussi, mais c'est une force qui paradoxalement finit parfois par régénérer ou relégitimer l'ennemi étatique même qu'elle s'efforce de combattre (l'exemple du PKK kurde d'Ocalan, qui lui était si cher, et du rôle qu'il a joué dans l'affermissement du pouvoir illibéral d'Erdogan en Turquie, en est une illustration parfaite).
Chaliand disparaît à un âge avancé, au moment même où deux des causes qu'il avait le plus ardemment soutenues, celle des Arméniens du Karabagh ou du Levant et celle des Arabes de Palestine, connaissent des revers et des épreuves sanglantes qui ressemblent de plus en plus à des tentatives d'éradication planifiée.
Ce qui va advenir maintenant, peut-être n'était-il plus en mesure de l'accompagner et de le décrire adéquatement (il s'était déjà assez lourdement trompé, avec beaucoup d'autres il est vrai, dans ses analyses sur le conflit syrien).
Reste l'essentiel, qu'il avait par contre très bien saisi et exprimé : avec la prolifération mondiale des guérillas, qui a survécu à la fin de l'empire soviétique et de la Chine maoïste, la guerre conventionnelle ne se limite plus à l'alternative classique entre la victoire et la défaite.
Une révolution politique peut échouer sans retour ; mais un mouvement de partisans armés peut difficilement se réduire sans restes, même s'il ne parvient pas à prendre le pouvoir, à partir du moment où un sentiment national est adossé à lui.
Ceux qui ne le comprennent pas aujourd'hui ne le comprendront sans doute jamais.
Ma foi, c'est tant pis pour eux, mais cela n'empêchera pas l'auteur du Feu nomade de dormir en paix.

Contrôle du net : tous les prétextes sont bons pour vous faire taire

H16

-22/8/2025- Les dernières semaines offrent un véritable festival de nouvelles consternantes d’attaques portées contre les libertés fondamentales de vie privée et d’expression, ainsi qu’une volonté de faire complètement disparaître l’anonymat ou, plutôt, le pseudonymat sur internet.

En effet, de plus en plus de gouvernements occidentaux font passer ou sont en train de préparer des mesures visant à enlever toute possibilité de pseudonymat ou d’anonymat.

Le Royaume-Uni d’un Keir Starmer manifestement en roue libre est même à la pointe de ce mouvement avec son Online Safety Act : cette loi oblige les sites en lignes a demander à tout utilisateur de s’identifier, soit avec un selfie, soit en utilisant carrément une pièce d’identité. Au départ destiné essentiellement aux réseaux sociaux, la mesure s’est rapidement étendue à d’autres sites, comme par exemple Spotify – un site de musique en flux – et dont on voit mal en quoi l’identité précise des utilisateurs constitue une nécessité de service.

Ceci n’est malheureusement pas une lubie britannique : d’autres pays décident de faire de même. L’Australie instaure par exemple un procédé similaire pour un peu tout, y compris les moteurs de recherche.

Quant à l’Union européenne, elle n’est évidemment pas en reste : elle tente la copie (au moins dans l’esprit) du système britannique avec son Digital Services Act, tout en le combinant avec le fameux (fumeux ?) portefeuille digital, poussé par une Commission fort enthousiaste pour cette nouvelle identité numérique.

Dans ces différents cas, le prétexte utilisé est connu, et maintenant transparent d’avoir été si utilisé pour des petites fins politiques assez peu avouables : au motif de connaître l’âge des internautes, permettant ainsi de limiter l’accès des mineurs à certains sites coquins, dangereux ou séditieux, on va imposer une identité numérique qui va enfin permettre de traquer tout le monde (mineurs ou non).


Évidemment, contrôler l’identité ne suffit pas : au-delà de la navigation sur Internet, il serait dommage de passer à côté de la confidentialité des messageries privées comme WhatsApp, Facebook Messenger ou Snapchat. Dans le cadre de Chat Control, les plateformes gérant ces messageries privées seront bientôt obligées de mettre en place un système de surveillance qui permettra essentiellement aux autorités (dont les politiciens, ne nous leurrons pas) d’avoir accès aux conversations pourtant privées.

Ici, le prétexte ne sera pas (ou pas seulement) la protection des petits enfants : c’est l’autre scie du contre-terrorisme, édentée d’avoir été à ce point utilisée depuis plus de 20 ans, qui servira encore une fois pour pousser la fin des correspondances privées.

La pression est si forte que même la Suisse – jadis réputée pour son cadre très protecteur de la vie privée – pourrait aussi céder avec une proposition de loi obligeant les entreprises numériques à communiquer les connexions au gouvernement. Au passage, c’est cette proposition qui a poussé l’entreprise suisse Proton – spécialisée dans les services numériques confidentiels – à délocaliser une partie de ses services.


Dans ce tableau, rassurez-vous, la France n’est pas à la traîne. Mieux encore : l’actualité lui fournit d’autres prétextes pour pousser les mêmes agendas liberticides.

En effet, le 18 août dernier, les réseaux sociaux découvrent la mort de Jean Pormanove, un streamer assez connu mais qui semble avoir succombé aux tortures physiques et psychologiques de plusieurs autres streamers, le tout en direct et sur une plateforme déjà largement coutumière des faits de violences et de harcèlement à l’encontre de la victime.

Bien sûr, des alertes avaient précédemment été lancées, et l’ARCOM, normalement en charge de réguler les réseaux et d’éviter ce genre de débordements, avait été prévenue plusieurs fois sans juger bon d’intervenir, tout comme la ministre Clara Chappaz, elle aussi au courant bien avant le décès. Apparemment, les fromages républicains sont plus aptes à ferrailler contre des chaînes de télévision (C8 en étant un exemple typique) qu’exercer réellement leur mission, leur politisation ne faisant plus de doute qu’auprès des plus naïfs ou de ces politiciens hors sol encore persuadés qu’il faille absolument museler l’opposition.

Évidemment, les politiciens n’ont évidemment pas traîné à récupérer le scandale pour pousser l’idée – pourtant débile – que tout ceci justifie amplement le contrôle d’identité sur les réseaux. Ce n’est plus de la récupération, c’est du recyclage industriel de niveau olympique.

Et quand ce n’est pas une augmentation du flicage général, ce sont les inévitables pleurnicheries sur le manque de moyens, dont on peut pourtant affirmer qu’ils remplissent bien trop l’administration française qui, actuellement, manque plutôt cruellement de gens brillants, voire carrément une taxe comme le propose ce crétin de Gabriel Attal au milieu d’un torrent d’imbécilités consternantes.

Quant aux gesticulations actuelles de Chappaz (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) qui diligente l’ARCOM (qui n’avait pas cru bon d’agir avant) pour enquêter sur cette sordide affaire, elles donnent une idée précise de la valeur de nos dirigeants et des institutions dont ils saupoudrent la République pour faire croire qu’ils servent à quelque chose.


On le comprend : que ce soit pour lutter « contre la pornographie », « la violence des jeux vidéos », « les dérives du streaming », « le terrorisme », tous les prétextes (même farfelus) seront utilisés pour imposer un contrôle de plus en plus serré de vos agissements sur internet.

Le but est bien de vous faire taire et s’il faut utiliser le cadavre encore chaud d’une victime de harcèlement, nos dirigeants ne reculeront pas.

Et peu importe que les moyens proposés ne permettent pas réellement de savoir qui se connecte vraiment (mineurs y compris), tout comme il semble assez peu important pour les politiciens de concentrer dans quelques entreprises des masses considérables de données numériques d’identité très sensibles, offrant une cible rêvée pour la cybercriminalité en mal de vol d’identités…

En pratique, le contrôle devra porter sur les utilisateurs peu informés, les non-spécialistes et les naïfs qui ne prendront pas le temps de chercher comment contourner ces contrôles de plus en plus envahissants : des techniques existent qui fonctionnent y compris dans des pays comme la Chine ou la Russie, malgré leur expérience poussée en matière de contrôle.

Citons par exemple les VPN (dont les méthodes d’usage sont décrites dans ce précédent billet) qui, même dans le cas où les gouvernements chercherait à interdire de tels outils, disposent parfois d’options ou de protocoles pour les rendre indétectable aux fournisseurs d’accès. Alternativement, le système Tor offre une autre méthode d’accès protégé des tentatives de censure gouvernementale.

Néanmoins, la direction est prise et rien ne semble vouloir calmer les ardeurs des politiciens occidentaux à censurer leurs opposants politiques.

L’internet, déjà fractionné, va continuer à séparer la masse populaire, mal informée et complètement sous le joug des États, de la minorité consciente du carcan qui se met en place. Pendant ce temps, la caste jacassante, éperdument liberticide, semble bien décidée à reprendre les éléments les plus loufoques de Demolition Man et les plus liberticides de Matrix.


https://h16free.com/2025/08/22/81758-controle-du-net-tous-les-pretextes-sont-bons-pour-vous-faire-taire

21 août 2025

La France au bord du gouffre

Jean Mizrahi

-20/8/2025- Le PS annonce fièrement qu’il votera la censure du gouvernement. Dans le même temps, la gauche tente de détourner la journée du 10 septembre – prévue comme un cri de colère contre les gaspillages d’État – pour en faire son énième cirque électoral. Quant au RN, il observe de loin, guettant l’occasion. Bref : tout le monde joue sa petite partition politicienne pendant que le Titanic coule.
Car la vérité est là : la France est en faillite. Une économie corsetée par la paperasse, des déficits abyssaux, une dette qu’on n’arrive plus à cacher sous le tapis, et des taux d’intérêt qui grimpent à 3,43 % – bientôt les plus élevés de la zone euro. Mais que fait le gouvernement ? Rien. Pas de baisse des dépenses, pas de coupe dans les subventions, pas de gel des embauches inutiles. On continue de nourrir le monstre bureaucratique comme si de rien n’était.
Au PS, il reste encore quelques survivants qui savent lire une équation économique. Eux aussi voient la catastrophe venir. Mais au lieu de sonner l’alarme, ils préfèrent se vautrer dans la surenchère populiste. Faure et consorts savent pertinemment qu’ils mentent, mais tant pis : il faut bien nourrir la galerie.
Et le RN ? Logique politicienne oblige, il devrait voter la censure pour provoquer une dissolution. Le calcul est simple : apparaître comme l’alternative au pouvoir, même si cela signifie précipiter le pays dans le vide.
La suite ? Trois options.
• La mauvaise : défaut de paiement. Le FMI qui débarque, les fonctionnaires sans salaire, les retraites massacrées, le PIB en chute libre. Dix ans de purgatoire à la grecque, et une Allemagne qui jubile : enfin l’occasion de mettre la France à genoux.
• La bonne : au bord de la faillite, nous sommes forcés de nous réformer. Mais qui pour manier le scalpel ? Certainement pas nos politiciens en papier mâché. Il faudra des hommes et des femmes venus d’ailleurs – de l’entreprise, du réel – capables de faire le sale boulot, sans trembler et sans reculer devant la rue.
• La pire : le chaos. Une gauche radicale rêvant d’un scénario vénézuélien, avec la rue comme tremplin vers le pouvoir. Peu probable ? Peut-être. Mais dans un pays qui adore s’auto-détruire, jamais dire jamais.
Voilà où nous en sommes : une classe politique qui joue à la dînette pendant que la maison brûle. La faillite n’est plus une hypothèse, c’est un rendez-vous.
Diapason

-21/8/2025- Une lettre ouverte publiée dans le “Guardian” demande l’annulation de la participation de la soprano russe aux deux productions qui devraient marquer son retour sur la scène londonienne.

L'EUROPE, RESPONSABLE ET COUPABLE

Gabriel Nerciat

-21/8/2025- D'après des hackers, certes de nationalité russe, membres du "groupe KillNet", qui ont réussi à pénétrer dans les données informatiques de l'état-major militaire ukrainien, l'Ukraine aurait perdu depuis le début de la guerre contre la Russie 1 million 700000 hommes (la plupart décédés ou disparus).
Si c'est vrai, c'est un chiffre supérieur à celui des soldats français morts au front entre 1914 et 1918.
Intox ou pas, on le saura un jour.
Mais si les chiffres de ce carnage sont confirmés, il faudra vivre désormais avec l'idée que les Européens (et les Britanniques, motion spéciale pour Boris Johnson) en sont les premiers responsables.
Sans l'appui financier et idéologique forcené qu'ils ont fourni à Zelensky en plus de l'appui logistique offert par l'administration Biden, l'effort de guerre kiévien n'aurait pu durer aussi longtemps, ou au minimum aurait dû être rationnellement interrompu après l'échec sans alternative de la contre-offensive ukrainienne de l'été 2023.
Ceux qui persistent à plaider pour que la guerre perdue de l'OTAN continue encore un an ou deux, qui plus est avec l'argent de nos impôts détourné par l'UE, devront à l'avenir être considérés et nommés comme les auteurs à la fois coupables et responsables de ce bain de sang.
Macron et les macroniens au premier chef, mais pas que.

20 août 2025

TOUS NOS GUIGNOLS EXIGENT UNE PAIX AUX CONDITIONS DU VAINCU !

Jacques Guillemain

-19/8/2025- Il faudra que Trump leur explique que c’est Poutine qui a gagné cette guerre.
Ils se croient tous encore en 1990, quand l’URSS était exsangue. Ils n’ont toujours pas réalisé qu’en 25 ans, Poutine a reconstruit non seulement son armée, mais tout son pays, le nettoyant des crapules sans foi ni loi qui l’avaient mis en coupe réglée après la chute du Mur.
Ils sont tous là : Macron, Meloni, Merz, Starmer, Stubb, Tusk, et von der Leyen. Ils font bloc derrière Zelensky, espérant peser dans le débat alors que Trump et Vance les méprisent, pour la plupart.
C’est assez sidérant. Tous les russophobes d’Europe exigent une paix aux conditions du perdant.
Donc, pas de concessions territoriales, pas de désarmement de l’Ukraine au nom de sa souveraineté, l’adhésion à l’OTAN ou à l’UE se fera selon les vœux du peuple ukrainien et non pas ceux du Kremlin. On continue d’armer l’Ukraine et d’alourdir les sanctions. Leur programme, c’est 50 ans de guerre froide supplémentaires.
C’est la paix, version Londres, Paris et Berlin, avec l’appui de leurs acolytes. Les vaincus tapent du poing sur la table en demandant à Trump d’en faire autant !
Le 16 août, les dirigeants européens hostiles à tout rapprochement avec la Russie et opposés à toute concession à Poutine ont publié un communiqué commun dont voici l’essentiel :
« Mettre fin aux tueries en Ukraine et mettre un terme à la guerre d’agression menée par la Russie et parvenir à une paix juste et durable. »
La guerre d’agression de Poutine ?
Tout le monde espère la fin des tueries. Mais ce n’est pas la Russie qui a renversé le régime prorusse en place à Kiev en 2014. C’est la CIA. Ce n’est pas Poutine qui a mené la guerre contre les populations russes du Donbass pendant huit ans, guerre qui a fait 15.000 morts. Poutine n’a fait que voler au secours du Donbass qui appelait à l’aide.
« Nous réaffirmons clairement que l’Ukraine doit bénéficier de garanties de sécurité inébranlables pour défendre efficacement sa souveraineté et son intégrité territoriale. »
Les garanties de sécurité pour toute l’Europe, il y a bien longtemps que Poutine les réclame. Son ultime tentative pour éviter la guerre a été effective en décembre 2021. Mais Américains et Européens, qui voulaient cette guerre, lui ont ri au nez.
Quant à l’intégrité territoriale, parlons-en :
– la simple autonomie du Donbass, sans concession territoriale, aurait évité la guerre. Mais Kiev a fait le choix d’enterrer les accords de Minsk de 2015.
– l’annexion de la Crimée russe en 2014, ce n’est que la juste réponse de Poutine au dépeçage de son alliée la Serbie, amputée par la force otanienne de la province du Kosovo, au mépris le plus total du droit international.
« Aucune restriction ne doit être imposée aux forces armées ukrainiennes ni à leur coopération avec des pays tiers. La Russie ne peut avoir de droit de veto sur le chemin de l’Ukraine vers l’Union européenne et l’OTAN. »
En 35 ans, l’OTAN est passée de 16 à 32 membres. Cinq pays de l’Alliance entreposent encore sur leur territoire des armes nucléaires américaines. L’Occident n’a jamais accepté la fin de la guerre froide et les Européens le confirment aujourd’hui par leur refus de négocier.
« Notre soutien à l’Ukraine se poursuivra. Nous sommes déterminés à renforcer nos efforts pour maintenir l’Ukraine forte, afin de mettre fin aux combats et d’aboutir à une paix juste et durable. »
C’est bien un refus de leur défaite qu’expriment les Européens, totalement inconscients de la puissance militaire russe. Poutine n’a jamais décidé d’une mobilisation de masse. Il pourrait aligner 20 millions de soldats face à une Europe désarmée. Aboyer comme des roquets ne sert à rien.
C’EST UN PAYS MAFIEUX ET CORROMPU QUE L’EUROPE SOUTIENT ET AMBITIONNE D’ACCUEILLIR.
Combien de milliards se sont évaporés vers les comptes offshore des oligarques ? Combien de « généreux » donateurs occidentaux ont bénéficié de très juteuses rétrocommissions ? Beaucoup passent à la caisse pendant que le peuple est saigné à blanc.
NOUS APPROCHONS LES DEUX MILLIONS DE MORTS ET BLESSÉS CÔTÉ UKRAINIEN. Évidemment, ce sont là les chiffres de l’historien militaire Marc Legrand, pas ceux de Zelensky qui divise tout par dix, tout en clamant que les Russes perdent 2000 soldats par jour.
À ce jour, les positions russe et ukrainienne sont irréconciliables.
Par conséquent, si le refus des réalités militaires perdure dans le camp européen, il est clair que Poutine n’aura plus qu’une solution : poursuivre la guerre jusqu’à la capitulation de Kiev.
Mais combien de vies faudra-t-il encore accepter de sacrifier en attendant la paix ?
L’Europe serait mieux inspirée de se préparer à une guerre civile, compte tenu de l’inexorable montée de l’islamisme qui poursuit son djihad, plutôt que de combattre un peuple européen, blanc et chrétien. Mais nos dirigeants sont des irresponsables, inconscients des vraies menaces, menant leur petite guerre personnelle contre le Tsar, par pure russophobie. L’histoire jugera.

Paul Dupert

-20/8/2025- L'affaire Permanove c'est vraiment la fin du rêve internet. Au début des années 2000, on imaginait un monde kantien de webonautes curieux, se transmettant des papiers scientifiques en un clic, lisant des papiers de philosophie sur des blogs spécialisés, bénéficiant d'un accès incommensurable au meilleur de la culture, aux films d'Eisenstein et aux livres du 19ème siècle en pdf.
Résultat : trois sadiques ahuris bolossent en live deux baptous fragiles, dont un handicapé.
Et personne n'échappe au Zeitgeist, à l'esprit sadique du temps, car ceux qui, compréhensiblement choqués, s'indignent de l'affaire, appellent à commettre les pires sévices sur les trois streamers, et espèrent, évidemment, qu'ils ramasseront la savonnette le plus tôt possible.
C'est la leçon d'Orange mécanique : les individus violents sont les produits du monde violent, et quand, confronté à ce qu'il peut produire de plus spectaculaire, il croit s'en tirer en désignant et en appelant à l'extermination des monstres, il dévoile sa propre violence, latente, souvent, explosive, parfois.
500 000 abonnés à leur chaîne : les streamers, qui manifestement, n'avaient pas que l'amour à s'offrir en partage, ne sont que la face immergée de l'iceberg. L'écume de l'utilisation d'internet.
Ça manque d'un Victor Hugo naïf et "social" dans le débat, pour rappeler que les monstres d'une société sont le produit de la société.
Bien sûr, l'immense majorité des gens seraient bien incapables de pareilles séances de sadisme. Mais qu'on leur donne l'occasion de gagner 10 000 euros par mois pour se faire, et on en reparle !
Banalité du mal. Elle avait pas tort, Arendt. Il avait pas tort, Kubrick.