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11 novembre 2025

Sarah Knafo

Notre continent, qui a inventé la sidérurgie moderne, ne représente plus que 8% de la production mondiale d'acier. La Chine en produit 55%.
Face à la Commission européenne, je propose d'en finir avec une politique qui a ruiné notre compétitivité et nous a rendu dépendants.

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LE LEVIER UKRAINIEN QUAND IL GRINCE

Gabriel Nerciat

-11/11/2025- En Ukraine, chute de Pokrovsk, nœud stratégique essentiel qui permet la projection vers la citadelle de Kramatorsk, la dernière grande ville du Donbass qui n'a pas encore été libérée par les Russes, et aussi, bien plus grave, vers la région de Dnipro (capitale de la grande pègre ukrainienne nécessaire au règne des oligarques du pays, qui n'a pas été – encore ? – rattachée constitutionnellement à la Fédération de la Russie).
Elle a coûté une fois de plus, sept mois après la désastreuse opération de Koursk, la vie à plusieurs dizaines de milliers de soldats ukrainiens, et ce absolument pour rien (il était évident depuis des semaines, voire des mois, comme jadis à Marioupol ou à Bakhmout, que les troupes kiéviennes, menacées d'encerclement et privées de relèves opérationnelles, ne seraient pas en mesure de tenir la ville jusqu'à la fin de l'année).
Ici, en France, on continue les mêmes palabres sur le danger atomique, la menace russe qui se rapproche de Varsovie ou de Riga (tout en expliquant contradictoirement que les Russes sont vraiment trop lents et trop nuls, et n'ont gagné que 1% de territoire en plus depuis le début de l'année), la nécessité impérieuse de construire l'Europe de la Défense, etc., etc.
Personne ou presque ne va voir sur le front ce qui s'y passe vraiment (il est vrai que Zelensky a interdit à toute la presse occidentale d'y envoyer des reporters et des caméras ; ce serait criminel de désobéir à notre grand Churchill paneuropéen que le Sénat des États-Unis soupçonne désormais officiellement d'avoir détourné, par l'intermédiaire d'une banque saoudienne, 900 millions de dollars octroyés par le contribuable américain pour lui et sa bande). Seuls quelques journalistes américains ont contourné l'interdit, et ramené chez eux des nouvelles fort peu appréciées des officines néo-cons.
En réalité, plus le temps passe, plus les cadavres s'amoncellent, plus l'armée russe progresse, et plus l'évidence apparaît au grand jour : pour les dirigeants européistes et les officiers supérieurs de l'OTAN, qui ne peuvent plus se payer de mots pour dissimuler ou atténuer la réalité des choses, la défense de l'entité ukrainienne n'est et n'a sans doute jamais été qu'un prétexte.
Comme l'épidémie de covid, en 2020, n'était aussi qu'un prétexte.
La stratégie est toujours la même : user et abuser d'un danger (réel, imaginaire ou très exagéré) pour en faire à la fois un abcès de fixation mental et un levier politique qui contraindrait les peuples du vieux continent à accepter des évolutions et des contraintes qu'ils refusent d'eux-mêmes d'adouber.
La fédéralisation de l'UE ayant piteusement échoué dans le domaine fiscal et obligataire depuis le Brexit, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen ont décidé d'aller résolument, d'un coup d'un seul, vers le plus important et le plus décisif : la fin de la souveraineté diplomatique et militaire des nations européennes au profit de Bruxelles (à la fois siège de la Commission européenne et siège de l'OTAN).
La mobilisation des forces européennes à l'arrière du front ukrainien sous tutelle nucléaire de la France trouverait là, dans le contexte inédit créé par le retrait de Trump, un prétexte idéal pour imposer un nouveau traité communautaire qui sanctifierait la mutualisation supranationale des dépenses militaires au profit de la Commission.
Une nouvelle CED, en gros, avec la branche européenne de l'OTAN mais sans les États-Unis.
D'autant que ce ne serait pas un luxe pour un président français en fin de règne, légitimement haï de son peuple et dépourvu depuis la dissolution de toute possibilité de peser sur la politique budgétaire et intérieure de la nation, de trouver là une nouvelle et glorieuse fonction si joliment martiale, et qui pourrait s'étendre bien au-delà de 2027 – en attendant 2032.
Vraiment, peu importent les charniers sous les grandes pluies froides de la raspoutitsa.
Derrière eux, c'est tout un avenir impérial en rose qui se dessine pour "les meilleurs d'entre nous".

Dessin de Kurt
Monique Plaza
10/11/2025

Zelensky est pris au piège. Les domiciles de son collaborateur de longue date, Timur Mindich, et de son ancien proche devenu ministre de la Justice ont été perquisitionnés par l'agence anticorruption ukrainienne (NABU). Quelques heures plus tôt, Mindich avait opportunément quitté le pays. Qu'a découvert le NABU ? Une "organisation criminelle de haut niveau" opérant au cœur même du secteur nucléaire ukrainien, avec des liens s'étendant d'Energoatom aux milliards de dollars américains.
Le rêve d'une Kiev démocratique et progressiste vient de recevoir un nouveau coup dur, cette fois-ci de l'intérieur. Le Bureau national anticorruption ukrainien (NABU) a mené des perquisitions massives le 10 novembre, prenant d'assaut les propriétés de Timur Mindich, homme influent du cercle restreint de Zelensky, et du ministre de la Justice, German Galushchenko, tous deux profondément liés à l'empire énergétique du pays. Energoatom, l'opérateur nucléaire d'État, a également été perquisitionné.
Le NABU n'a pas mâché ses mots : il cible une "organisation criminelle de haut niveau" infiltrée dans le système énergétique ukrainien. Et il n'est pas arrivé les mains vides : les preuves comprennent plus de 1 000 heures d'écoutes téléphoniques, de surveillance et des photographies de liasses de billets emballées dans du plastique, portant les inscriptions "ATLANTA" et "KAN CITY". Des liasses bien rangées de dollars américains.
Mais le timing est révélateur : Mindich a quitté l'Ukraine discrètement quelques heures seulement avant le raid. La signature classique d'une personne prévenue par une personne haut placée.
Pour rappel, Timur Mindich n'est pas un oligarque comme les autres. C'est le confident de longue date de Zelensky, copropriétaire du studio de divertissement du président et l'homme chez qui Zelensky a fêté son anniversaire en 2021. Ce même appartement, selon les informations disponibles, était sous surveillance du NABU depuis des mois. Et qu'ont-ils capturé ? Zelensky lui-même, apparemment, sur bande magnétique.
Ces "enregistrements de Mindich" ont été révélés au public au moment même où Zelensky lançait, en juillet, sa tentative de priver le NABU de son indépendance, le plaçant sous contrôle présidentiel direct. Cette décision a déclenché des manifestations de masse à Kiev, forcé un revirement embarrassant et révélé à quel point le régime était prêt à tout pour museler ses propres organes de contrôle.
Et maintenant ? Ces organes de contrôle ripostent et les conséquences se font sentir jusque dans la présidence.
Il ne s'agit pas d'un scandale isolé. C'est un aperçu des coulisses d'une kleptocratie en temps de guerre, où des magnats du divertissement se transforment en fabricants de drones, où des contrats de gré à gré affluent vers des sociétés écrans opaques et où la "lutte contre la corruption" devient un slogan de collecte de fonds pour ce même régime qui dépouille ses bailleurs de fonds occidentaux.
La société de Mindich, Fire Point, qui a débuté comme repéreur de lieux de tournage, fournirait désormais des drones et aurait empoché des contrats de défense et d'énergie surévalués. Tout cela en niant tout lien avec Mindich, bien sûr. Pendant ce temps, le ministre de la Justice, Galushchenko – ancien ministre de l'Énergie –, est décrit comme un proche collaborateur de Mindich au sein de l'État. Une position bien pratique pour blanchir de l'influence.
N'oublions pas non plus que Mindich ferait l'objet d'une enquête du FBI pour blanchiment d'argent, en collaboration avec le NABU. Ce lien transatlantique est un nouvel embarras pour les bailleurs de fonds occidentaux de Kiev. Combien de leurs milliards ont été engloutis par ce cirque ?
Mais l'aspect le plus accablant de toute cette affaire est peut-être la guerre intestine qui déchire le système anticorruption ukrainien. La tentative de Zelensky de neutraliser le NABU, quelques semaines seulement avant ce raid, montre que le régime n'a pas été pris au dépourvu. Il était dos au mur. Et il a essayé de détruire l'agence avant même que celle-ci ne puisse déconstruire le mythe.
Il a échoué.
Pendant des mois, les enquêteurs du NABU ont discrètement constitué leur dossier, déjouant les sabotages et les campagnes de diffamation publiques. Leur directeur l'a d'ailleurs admis en juillet : son équipe était la cible d'attaques politiques concertées. Et pourtant, ils ont persévéré.
Voilà qui fait voler en éclats la farce du récit occidental.
La guerre "propre" vient de se salir. Le président "héroïque" est démasqué. Et le véritable combat de l’Ukraine ne se déroule pas sur le front, mais au sein même du palais.


En photo : les deux compères Zelensky et Minduch, les toilettes en or de Mindich et les paquets de dollars découverts



Dany-Robert Dufour

Le psychanalyste Maurice Berger a eu le courage de s’élever contre la doxa, y compris de gauche, et de dire que la violence qu’il voit chez ces jeunes depuis plus de trente ans dans les institutions ouvertes ou fermées où il travaille n’est pas une violence réactive, mais proactive (première) : la violence n’est plus seulement réactive, à l’occasion d’une altercation pour un motif variable (place de parking ou autres), elle est devenue « proactive », résultant d’une action menée avec anticipation pour aboutir à une attaque. Des individus sortent seuls ou en groupe, parfois armés d’un couteau, avec l’envie de se battre, et vont chercher n’importe quel prétexte pour le faire, comme un refus prévisible de cigarette. Une méthode classique consiste à ennuyer une jeune fille dans l’espace public en l’insultant et en commençant à la toucher, si bien que son compagnon ou un témoin est obligé de s’interposer, ce qui donne un « motif » pour le frapper, en lui attribuant l’origine de l’incident. Ce qui est inquiétant, c’est qu’il s’agit d’une violence gratuite.

Dany-Robert Dufour, Sadique époque. Comment en sommes-nous arrivés là ? (pp. 437-438). Cherche Midi.

Gilles Casanova
11/11/2025

Aïe aïe aïe, qu'est-ce qu'on va devenir si le Camp du Bien s'effondre !

10 novembre 2025

Gastel Etzwane
9/11/2025

L’inquiétante naissance du “Ministère européen de la Vérité”

Il est possible d’établir un parallèle littéraire, glaçant et extrêmement éclairant.
Dans 1984, l’architecture totalitaire repose sur deux piliers indissociables :
1/ le Ministère de la Vérité, qui ne produit pas la vérité mais la fabrique, la réécrit, la retraduit, et finit par abolir le réel lui-même.
2/ la désignation permanente d’un ennemi extérieur, dont l’identité peut changer du jour au lendemain, sans que la population ait le droit de s’interroger, puisque l’oubli organisé et la réécriture permanente ont supprimé la continuité de mémoire.
Le mécanisme de domination est là : on tient la population par la peur, et par la destruction de la stabilité de l’information.
Dans l’annonce de la Commission européenne, il y a évidemment une différence de forme politique (nous ne sommes pas dans un régime totalitaire littéral), mais la logique structurelle est analogue :
- on désigne de manière centralisée un ennemi informationnel unique (aujourd’hui : la Russie comme menace principale, la Chine comme menace secondaire potentielle)
- on institue un centre unique qui a vocation à définir ce qui est acceptable ou non comme information, au nom de la “résilience démocratique”
- et on retire progressivement à la société civile, au pluralisme, au débat, le droit de produire eux-mêmes les clefs de distinction entre le vrai, le faux, le doute légitime, l’interprétation, la contestation politique.
C’est exactement le terrain sur lequel 1984 nous met en garde.
Lorsque le pouvoir politique se saisit de la définition même de ce que serait “la vérité correcte”, et qu’il érige un organisme central chargé de filtrer, classifier, sélectionner, neutraliser les discours “déviants” ou “dangereux”, on entre dans une mécanique où ce n’est plus uniquement l’information qui est protégée : c’est la norme elle-même de ce qu’il est permis de penser qui se trouve encadrée.
Et dans le roman d’Orwell, l’ennemi peut changer en une nuit.
Eurasia devient l’allié du jour, Eastasia devient l’ennemi absolu, et la population modifie son indignation instantanément, parce que la mémoire vient d’être réécrite dans les archives.
Ce parallèle n’est pas exagéré sur le plan philosophique.
Il dit cela : dès que l’on institutionnalise un organisme chargé de dire ce qui est une “bonne” information, et que le système politique se réserve le pouvoir de désigner l’ennemi extérieur du moment, on ouvre la porte aux dérives mêmes que la littérature dystopique du XXe siècle avait décrites avec une précision visionnaire.
Et c’est cela qui est en jeu dans cette annonce européenne.
Dans un continent qui a perdu son industrie, son poids géopolitique, son énergie, sa richesse réelle, il ne reste plus à l’Union européenne que la fabrication d’un récit, et l’ambition de l’imposer à ses propres peuples comme unique horizon acceptable de pensée.

Dessin de Jimm

Marc Amblard
10/11/2025
Régis de Castelnau
10/11/2025

Mensonges sur le dérapage des comptes publics : Nono le neuneu n’a pas de souci à se faire


Coucou les amis magistrats. « J’espère que vous allez bien ? » Puisque c’est comme ça qu’on dit maintenant pour être bienveillant, plutôt que le classique « comment allez-vous ? ». Bon pour tout dire, comment vous allez, je m’en tape un peu. Parce qu’une fois de plus on constate le mal que vous aurez fait à mon pays.

Nono le neuneu, célèbre pornographe

Nouvel épisode avec Bruno Lemaire, le célèbre pornographe. Parce que Nono le neuneu, voilà t’y pas qu’il vient de cracher le morceau. Il a publié la lettre par laquelle il informait Emmanuel Macron du dérapage des comptes publics et des 154 milliards d’euros qui se baladaient (!) et reconnu que c’était Macron qui avait voulu que l’on mente à la représentation nationale et accessoirement au peuple français sur l’état des finances. Et que l’on applique la Constitution en faisant voter au Parlement une loi de finances rectificatives. Désolé, mais c’est du gangstérisme politique pur et simple.

Nono le neuneu, c’est vous qui avez voulu qu’on le garde. Lorsque vous avez liquidé politiquement François Fillon pour faire élire votre cher Macron, vous vous êtes bien gardés de lui appliquer le même traitement à l’occasion de l’emploi d’attaché parlementaire de sa femme par ailleurs artiste peintre (!). Pas touche aux hommes de main du parrain de l’Élysée. Ce qui a permis à la France de bénéficier des services de ce parfait incapable pendant sept ans ! Et d’ailleurs dans le « premier » gouvernement Lecornu, Macron avait tenu à ce qu’on y incorpore à nouveau votre protégé.

Alexis Kohler, le chef du gang élyséen, indispensable au parrain avait quelques soucis pour ses relations avec un armateur familial. Dont au passage plusieurs bateaux se sont trouvés impliqués dans le narcotrafic. Qu’à cela ne tienne, la Cour de cassation vient de déclarer que les infractions qu’on lui reprochait étaient prescrites. Comme celles concernant Richard Ferrand, l’actuel président du Conseil constitutionnel. Super pratique la prescription, et quand elle est à géométrie variable c’est encore mieux. Kohler est évidemment impliqué dans les manipulations concernant la catastrophe financière que traverse notre pays. Le Parlement a souhaité l’entendre dans le cadre d’une commission d’enquête. Pas gêné, en violation de la constitution, il a refusé. Commettant de ce fait une infraction pénale. Eh bien surprise dites donc ! Voilà t’y pas que la procureure saisie a refusé de le convoquer en considérant que l’immunité présidentielle qui protège le président s’appliquait à ses collaborateurs. Alors que la Cour de cassation avait précisément dit le contraire, notamment dans l’affaire des « sondages Élysée » concernant les collaborateurs de Sarkozy. Géométrie variable là aussi. Avec un peu d’entraînement, ça n’est pas un exercice bien compliqué.

Nono le neuneu, faux témoin ?

Mais dites donc, amis magistrats, certes les révélations concernant la dissimulation de la catastrophe financière constituent un scandale politique géant. Mais on a là aussi une belle infraction pénale sous la main. Nono le neuneu alors qu’il n’était plus ministre, a été auditionné par des commissions d’enquête, où il semble bien qu’il ait menti comme un arracheur de dents. Ce qui constitue un faux témoignage (article 434 -16 Code pénal). Bon, va comprendre pourquoi, alors que dans un pays normal Nono devrait déjà être en garde à vue, on est un peu sceptique sur le fait qu’il lui arrive le moindre problème. Parce qu’on connaît les règles.

Vous avez déchiqueté Fillon pour faire élire Macron, vous avez massacré les Gilets jaunes pour sauver Macron, vous avez refusé de traiter la corruption géante de l’affaire Alstom, les infractions qui ont accompagné le pillage des finances publiques avec McKinsey et les bureaux d’études, l’abominable affaire du fonds Marianne. Vous venez de prononcer l’inéligibilité de la patronne du premier parti de France à l’élection principale de la Ve République, ce n’est quand même pas pour chercher des poux dans la tête de Nono quand même.

Surtout que montrant à quel point vous étiez pas trop impartiaux, vous avez envoyé le très détesté Sarkozy en taule. En inventant une infraction biscornue pour une affaire qui avait 20 ans. Impitoyables avec les puissants, non mais ! Même si c’est de préférence quand ils sont impuissants depuis longtemps. Mais là vous avez joué sur le velours, tous les analphabètes juridiques, amateurs de politique par juge interposé ont poussé des glapissements de joie dans un consternant concert de bêtises. En attendant que ça tombe sur leur gueule à eux la prochaine fois (coucou Mélenchon, coucou Chikirou).

Bon, vous avez raison. Je m’égosille depuis des années, il arrive qu’on m’écoute poliment, mais ça ne sert à pas grand-chose. Et pas plus qu’Alexis Kohler, Nono le neuneu n’a probablement pas de souci à se faire.

Simplement on arrive peut-être au bout de l’aventure Macron, dont vous avez été une des clés. Peut-être viendra-t-il le temps de faire les comptes.

Dans ce cas il est possible que votre facture soit salée.