Translate

8 février 2023

Transition énergétique

Vincent Verschoore

Mark Mills est un spécialiste reconnu de l'énergie et de l'extraction minière. Voici quelques jours, il animait en Norvège (pays le mieux doté en matière de véhicules électriques) une présentation intitulée "La délusion de la transition énergétique : inéluctables réalités minérales", dont l'objectif est de faire comprendre que l'idée populaire d'une transition énergétique où le tout-électrique remplacerait les énergies fossiles et l'extraction minière, au profit d'un environnement propre, est un pur conte de fées faisant l'impasse sur les réalités physiques qu'implique une telle transition.
La triste réalité est que les machines nécessaires à cette transition (batteries, panneaux solaires, éoliennes etc.) sont nettement plus gourmandes en termes de matières premières, à production électrique équivalente, que les équipements classiques. et ce non pas d'un facteur de 2 ou 3, mais de 20 à 100.
Par exemple, il faut extraire 250 tonnes de matière (avec des équipements hautement polluants) pour fabriquer une batterie de 500 kg, typique d'un véhicule électrique actuel. En termes d'émissions de CO2, ceci veut dire qu'il faut qu'un VE fasse plus de 130 000 km avant que sa production totale de CO2 devienne inférieure à la production d'un véhicule classique équivalent.
Les équipements requis par la transition énergétique sont extrêmement gourmands en termes de matières premières type aluminium, cuivre, lithium etc. dont l'extraction et le raffinage sont très intenses en termes d'énergie (fossile) et hautement polluants.
Passer d'un secteur du renouvelable aujourd'hui à 3% (de toute l'énergie consommée à l'échelle mondiale) à 30% implique un développement massif du secteur minier, avec toutes les conséquences qui en découlent.
À l'heure actuelle, 80% du prix d'un VE ou d'un panneau solaire vient du coût des matières premières, et ces prix sont en forte hausse du fait de la pénurie de ces matériaux, dont il faut de 20 à 100 fois plus par unité d'énergie produite par rapport aux systèmes classiques (combustion).
Pour Mills, il n'y a pas de solution à court/moyen termes (10-20 ans) : la couche transitionnelle va s'ajouter à ce qui existe déjà, elle sera grande consommatrice d'énergies fossiles et de matériaux rares (pour la fabrication des systèmes), donc soumises à des coûts en forte croissance du fait d'un manque criant de capacité extractive, elle-même source d'une pollution intense et donc politiquement incorrecte.
Cette démonstration nous ramène au réel, au monde physique tel qu'il est. Elle rejoint cette autre analyse par Vincent Mignerot, sur "l'erreur fondamentale de la transition énergétique" qui montre la différence de nature entre les systèmes "renouvelables" et les systèmes de production classiques où le vecteur d'énergie (bois, pétrole) se suffit à lui-même (il brûle) et permet aussi de fabriquer les équipements nécessaires à sa transformation.
Pour les renouvelables par contre, notamment éolien et solaire mais aussi le nucléaire, le vecteur par lui-même n'est d'aucune utilité et nécessite des équipements, fabriqués à base d'énergies fossiles et de matériaux rares, pour leur transformation en électricité.
Tout ceci remet très sérieusement en cause le narratif d'une transition énergétique "propre" à court/moyen terme. Soit elle ne restera qu'une fine couche du mille-feuilles énergétique par manque de matière première, soit elle transformera la planète en une vaste mine parsemée d'usines de raffinage pour ces matériaux.
Il est grand temps de passer du narratif idéologique au débat vraiment politique : sachant que l'on ne peut pas tout avoir, que veut-on vraiment ?

https://www.youtube.com/watch?v=sgOEGKDVvsg

https://www.youtube.com/watch?v=kk-nmbNJ9ko

https://www.industryweek.com/technology-and-iiot/article/22026518/lithium-batteries-dirty-secret-manufacturing-them-leaves-massive-carbon-footprint?fbclid=IwAR33Dp8hkimnRTAyLrNExe_ia8-s-oRzw6CsHryM4BayEYaeYCWm2vBRNUA