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29 avril 2023

"L'État, c'est lui", même impuissant et défaillant

Yann Bizien

Le pays s'enlise et sombre dans une grave crise sociale, politique et démocratique. Cette crise a même parfois le parfum de la haine d'une période pré-révolutionnaire. Elle est marquée par la normalisation de la violence physique et des mots ainsi que par le durcissement d'un régime toujours plus autoritaire et plus répressif.
Tout le monde se déteste, sur les plateaux, sur les réseaux sociaux et dans la rue. Il y a une grande confusion entre agresseurs et agressés, entre coupables et victimes de cette crise que le pouvoir cherche à enjamber et à faire oublier avec de la poudre aux yeux, sans décisions ni recettes opérationnelles pour la traiter.
Il suffit d'écouter les Français, de les lire sur les réseaux sociaux et de voir le jeu du chat et de la souris des membres du gouvernement sous bulle de protection pour s'en rendre compte. Près de 3000 policiers sont d'ailleurs exceptionnellement mobilisés au stade de France pour la finale Nantes/Toulouse.
Le pouvoir a beau chercher à renvoyer la charge de la culpabilité sur des manifestants radicalisés, il ne fait que récolter aujourd'hui le produit des graines de la colère sociale qu'il a lui-même semées avec le fameux chemin démocratique de la Loi sur la réforme des retraites. Il a beau vouloir faire diversion avec une devise et une communication solidement encadrée et scénarisée, il n'empêche pas la libération de la colère des Français brutalisés en toute légalité, jamais entendus, écoutés et compris.
Pire, et c'est le plus gros levier de toutes les révolutions, le jour où le président qui a supprimé l'impôt sur la fortune en 2018 se dit choqué par le salaire de certains "grands PDG", @oxfamfrance révèle qu'en 2021, la rémunération des dirigeants des 100 plus grands groupes français était en moyenne 97 fois supérieure à celle du salaire moyen pratiqué dans leur entreprise alors que ce rapport n'était "que" de 67 en 2011.
Des amis, ici, trouveront bien sûr des arguments pour justifier et encourager ces très gros salaires. Mais ils n'auront jamais le courage de le faire sur un rond-point chaudement gardé depuis des années par les Gilets jaunes.
Il y a donc bien une crise grave et de fond qu'Emmanuel Macron repousse depuis 2018 sans améliorer de façon significative le niveau de vie d'un peuple à qui il impose de façon autoritaire deux ans de travail en plus, sans discuter et sans vote.
Si vous n'êtes pas contents, c'est comme ça. Car "l'État, c'est lui".