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1 juin 2023

Envers et contre le peuple…

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF, chargé du suivi de la vie parlementaire

Le projet de loi de la LIOT a été torpillé en commission hier, vidé de sa substance par les LR, encore eux, qui n’en sont plus à une traîtrise près et ne se cachent carrément plus, de servir la soupe à Macron, à se demander ce qu’ils en attendent : des postes de ministres ? Ils ne les auront pas. Ils n'ont décidément toujours pas compris et se complaisent dans le rôle de paillasson. Sourds à la demande des Français qui se sont massivement exprimés contre le report de l’âge légal de la retraite, les félons LR ont permis l’abrogation de l’article 1, refusant une fois de plus à la représentation nationale dans son ensemble, de s’exprimer sur le sujet. Comme si ce brigandage n’était pas suffisant, les amendements déposés par l’opposition n’ont tout simplement pas été discutés. Double déni de démocratie en une seule séance, où les LR ont fait sortir les opposants de leurs rangs, pour assurer le vote au service de Macron.

Il reste à l’opposition de tenter de rétablir cet article 1 durant l’examen de la loi le 8 juin, mais ne rêvons pas, Braun-Pivet dégainera son arme secrète pour annihiler les velléités du retour de cet article, fer de lance du projet. Il ne restera qu’une éventuelle saisine du Conseil Constitutionnel, soit pour violation de la procédure durant l’examen en commission, soit pour contester l’application de l’article 40. Mais on connaît déjà les conclusions et les concussions avec le pouvoir des commanditaires de cette assemblée de pseudo-sages, censée modérer les accès d’autoritarisme du pouvoir. Où est passé le jeu démocratique quand on s’obstine à écarter du débat ce qui déplaît au prince et que l’on persiste à nier l’avis du peuple ?

La LIOT, pour autant, ne doit pas baisser les bras, mais au contraire demander dans la foulée un RIP, pour changer le fonctionnement et la composition de ce Conseil Constitutionnel, qui n’est plus que l’ombre de lui-même, traînant dans son sillage, casseroles et conflits d’intérêts, au grand désespoir des professeurs de droit. Dans le même temps, convaincre ceux qui n’ont encore rien compris du drame qui se joue, que ce pouvoir doit tomber, d’abord ce gouvernement, mais surtout le chef d’orchestre, semble difficile. Il va rester les inconditionnels soutiens, Ciotti, Retaillaud, Larcher, l’annexe de la macronie, sans qui Borne aurait dû dire adieu au pouvoir, lors de la dernière motion de censure. Eux sont irrécupérables.

Mais il reste les autres, ceux qui ne peuvent manquer de relever les atteintes systématiques à l’expression démocratique, à la tenue de débats et aux respects des élus, donc du peuple. Car les perfides LR oublient trop aisément, qu’ils ne sont que les débiteurs des électeurs et que ces derniers sont contre le recul d’âge de départ à la retraite. En supprimant l’article 1 de cette loi, ils ont donc fait un nouveau bras d’honneur aux Français, utilisant leur pouvoir, au détriment de la volonté générale, qui s’est exprimée dans la rue de façon si éclatante que Macron a dû vider la plus belle avenue du monde, pour défiler tranquille. Dans un contexte de déni démocratique ordonné, ces apprentis sorciers ne font que verser de l’huile sur le feu, entretenant sciemment la colère du peuple et le ressenti qui est passé de l’exaspération, à la haine. Les ingrédients sont maintenant tous mis en place pour laisser penser que la solution démocratique, pour voir le parlement s’exprimer sur cette loi, rejetée par 80% des Français, n’est plus envisageable.

Peu à peu, le refus d’entendre le peuple ne peut faire germer qu’une seul idée, celle que ce régime ne peut tomber que par la force. L’extrémité d’un tel constat fait froid dans le dos et plonge notre république dans la circonspection, avec en clé de voûte cette lancinante question : comment en sommes-nous arrivés là ? Qui a manqué à son devoir d’agir, pour qu’une poignée d’autocrates, sortis de nulle part, confisque le pouvoir et la démocratie, au point de songer qu’il ne peut y avoir de règlement pacifique avec ce régime, et qu’il faudra bien que les félons payent, le plus tôt serait à présent le mieux.

Le 8 juin, lors de l’examen du projet de la LIOT, il suffira à la présidente de l’Assemblée, chargée d’apprécier la situation, de déclarer irrecevable l’amendement du retour aux 62 ans, pour que le texte soit totalement vidé de sa substance, voire, même pas discuté. Le parlement saura alors qu’il ne servira plus qu’à faire semblant. À moins qu’il n’ait le courage d’entamer une procédure de destitution du président, les motifs ne manquent pas…