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15 février 2024

UNE TROUBLE ODEUR DE SAINTETÉ

Gabriel Nerciat

15/2/2024 - En lisant ce qu'on écrit sur lui depuis trois jours dans le cadre d'un très hâtif procès en canonisation laïque, j'ai réalisé que les deux grands combats de sa vie - celui en faveur de l'abolition de la peine de mort (ainsi que de la perpétuité réelle), puis celui en faveur de la QPC, question préalable de constitutionnalité - étaient sans doute à l'origine des deux "avancées" du droit qui ont le plus affaibli l'État dans l'exercice de sa souveraineté et de ses pouvoirs régaliens depuis quatre décennies.
Je crois qu'il ne faut pas chercher ailleurs la raison pour laquelle libéraux progressistes macroniens et anarcho-socialistes de la NUPES communient dans le culte de l'ancien ministre, dont ils veulent faire prestement, sa dépouille pas encore froide, un "grand homme" de la République.
Pour certains esprits, proches comme le défunt de la grande bourgeoisie d'affaires ou comme ses laudateurs des marges interlopes de la société, la grandeur de la République passe d'abord et avant tout par la contestation assumée des pouvoirs mais aussi des restes de sacralité symbolique qui s'attachent traditionnellement à la figure de l'État.
Abolir la peine capitale, c'est d'abord affirmer dans le cadre solennel de la loi que l'individu même le plus résolument criminogène est investi d'une valeur supérieure à celle de l'État souverain garant de la sécurité et de l'intégrité physique de ses citoyens et de ses fonctionnaires.
Que cette conviction soit défendue au nom des droits du Dieu de la Bible ou au nom des droits universels de l'Homme revient exactement au même.
Mais c'est aussi parce qu'une bonne partie des Français, par-delà l'anathème lancé par Elisabeth Badinter sur les députés RN et LFI qui représentent à peu près 1 Français sur 2, rejettent cette hiérarchie des valeurs progressistes (et/ou chrétiennes) qu'ils n'admireront jamais un personnage de cette envergure, et par conséquent lui dénieront toute légitimité à reposer au Panthéon - surtout aux côtés de Voltaire et de Rousseau qui, par-delà leurs désaccords, pensaient sur ces questions éthiques et politiques exactement le contraire de l'ancien garde des Sceaux.
Il va de soi que je me range dans cette dernière catégorie de citoyens.



LA VERITE D'ELISABETH BADINTER

14/2/2024 - Certains, dans les milieux souverainistes ou conservateurs, affectent d'apprécier ou d'admirer Elisabeth Badinter, cette détestable héritière Bleustein-Blanchet apologiste des mères porteuses, sous prétexte qu'elle défend la laïcité contre l'islamo-gauchisme et ses avatars divers.
Ce ne fut jamais mon cas, et sa décision d'hier confirme que j'avais raison.
Et, en l'occurrence, je ne sais trop qui de Marine Le Pen ou d'Eric Coquerel a raison : ne pas se rendre à l'hommage national comme elle l'a exigé, ce qui vous dispense d'honorer publiquement la mémoire de quelqu'un qu'on n'a jamais admiré et n'avait rien d'admirable ; ou bien s'y rendre afin de montrer publiquement à cette grande bourgeoisie progressiste agonisante que son temps est passé et que la République française n'est pas ou n'est plus sa propriété privée.