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7 mai 2024

Qu’est-ce qu’un président de la République ?

Maxime Tandonnet

7/5/2024 - La France n’a plus de chef de l’État depuis belle lurette. C’est une erreur d’appeler président de la République ou chef de l’État le personnage qui, de quinquennat en quinquennat, surtout les derniers, occupe la place à l’Élysée. Son rôle, implicitement confié par la puissance médiatique qui l’a mis en avant pour le placer à l’Élysée, est d’occuper les esprits à n’importe quel prix, d’attirer l’attention sur sa personne au prix de mille contorsions et délires verbaux, manipulation des peurs, de l’indignation ou de la quête d’une idole qui caractérise la médiocrité ambiante. Tel est sa mission implicite : capter quotidiennement les regards voire plusieurs fois par jour pour les détourner d’un processus d’effondrement de l’intelligence, de la culture, des paysages, de la solidarité, des équilibres financiers, de l’État, de l’indépendance nationale, des frontières, de l’esprit d’unité, de la puissance technologique et du rayonnement international… C’est à cela que sert, avant tout, aujourd’hui un occupant de l’Élysée, quel qu’il soit dans la pratique actuelle, à force de coups de menton vaniteux, avec la collaboration active d’une floppée de petits courtisans crétins et serviles placés dans tous les cercles d’influence. Or, un chef de l’État, c’est tout autre chose dans la tradition française, monarchique ou républicaine. Il est une autorité intellectuelle et morale, au-dessus de la mêlée, au service du pays, lui proposant un cap, incarnant la continuité et l’unité de la France. Sadi Carnot, Loubet, Fallières, Raymond Poincaré, Gaston Doumergue, Vincent Auriol, René Coty puis dans un autre style Charles de Gaulle, Georges Pompidou, furent des chefs de l’État dignes de ce nom. Un président doit être intelligent (au sens de visionnaire, pas de manipulateur), cultivé, connaître son histoire à la perfection (puisqu’il l’incarne), d’une parfaite éducation, relativement discret pour préserver l’autorité de sa parole. Il doit connaître et aimer passionnément le peuple dans son ensemble, le lui faire sentir et lui inspirer la confiance et l’esprit d’unité, le rassurer plutôt que le manipuler par la peur ou le mépris, la quête de boucs émissaires, d’une parfaite exemplarité et réunir sur son nom l’estime, la confiance, d’au moins les quatre cinquièmes de la nation. Un président clivant ou impopulaire est une anomalie : il n’est plus en mesure d’accomplir sa mission d’autorité morale et intellectuelle au-dessus de la mêlée. Un président doit savoir choisir son entourage et laisser au Premier ministre et au gouvernement le soin de gouverner sur la base du choix politique d’un projet de société fait uniquement lors de l’élection législative. Dans le maëlstrom que nous vivons en ce moment, l’ouragan de crétinerie qui souffle, l’avalanche diarrhéique qui nous submerge d’absolument partout (pardon pour la crudité de la formule), il manque cruellement au pays ce pilier, cette boussole, ce capitaine dans la tempête – qui serait le dernier à quitter le navire – cette autorité morale et intellectuelle, visionnaire et impartiale, dont la mission est avant tout d’inspirer la confiance que serait un authentique chef de l’État. Je dis cela parce que je le pense !