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2 décembre 2025

Gilles La Carbona
Secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire


Bardella : sa curieuse allégeance à l’Europe de VDL

Bardella ne jure finalement que par l’Europe dont il avoue son attachement et sa soumission. Voilà le vrai visage de cet homme dont le discours sonne creux et renvoie l’écho du vide. Dans une interview sur CNews le chef du RN nous explique, à propos de l’Europe, qu’il est en train de changer les choses de l’intérieur, et qu’à ce titre il ne veut pas « quitter la table des négociations ». Il y est d’ailleurs très peu et brille surtout, à Bruxelles, par son absence. Il nous ressort l’éculé argument de la transformation de l’UE depuis l’intérieur et se gausse d'hypothétiques victoires. Les exemples qu’il prend ne sont rien d’autre que des décisions individuelles de pays qui imposent leur souveraineté et certainement pas d’un fléchissement des directives européennes. Il avoue que s’il arrive au pouvoir, sa première visite sera d’aller à Bruxelles ! On est loin des discours de Marine Le Pen qui fustigeait cette allégeance quand il s’agissait des présidents fraîchement élus ! Lui aussi ira fléchir un genou et courber l'échine pour obtenir l’adoubement de cette structure supra-nationale, car il dit, ce qui aujourd’hui est malheureusement vrai, que l’avenir de notre liberté se décide là-bas ! Rien ne le choque donc et il accepte cette dépendance ?!
Pas au RPF, notre souveraineté ne se brade pas et n’a pas à se déterminer ailleurs qu’à l’intérieur de nos frontières. Non, Monsieur Bardella, ce n’est pas en allant chercher vos ordres à Bruxelles que vous protégerez les intérêts de la France. En agissant ainsi il admet de facto que nous ne sommes plus rien et que d’autres doivent nous donner la permission d’exister. Et si dans son esprit embrouillé, c’est par là qu’il entend redonner sa liberté à la France et à d’autres nations, il doit avoir l’humilité de penser d’abord à son pays sans vouloir attacher à notre destin celui des autres membres. Il devient de plus en plus clair que le RN, n’a plus de national que le nom. Les changements, dont il prétend être porteur peuvent se faire plus rapidement en coupant le lien néfaste qui nous lie à cette UE. Inutile de passer par des mécanismes alambiqués pour imposer notre volonté, notre souveraineté. Partir et décider seul, c’est visiblement ce que le RN est incapable d’envisager, c’est aussi la posture de tous ceux qui ne croient plus dans la capacité de la France de marcher seule sans qu’on lui tienne la main. Et pour ceux qui pensent encore que le Frexit serait une ruine pour notre pays, qu’ils songent d’abord que nous sommes le second contributeur et que sans nous l’UE n’est plus viable. Si demain la commission ne peut plus compter sur les 27 milliards que nous lui donnons, si nous sortons du marché de l’électricité, si nous rompons avec la politique agricole qui ruine nos paysans, pensez-vous que l’UE pourra continuer à imposer ses normes, en s’appuyant justement sur la faiblesse de nos dirigeants pour servir les intérêts d’autres pays ? Croyez-vous que l’Allemagne ou l’Italie combleront le trou dans la trésorerie ?
En revanche, en admettant notre obligation de passer par un intermédiaire pour garder une façade d’indépendance, nous faisons le jeu des puissants qui tirent les ficelles. Bardella a donc acté sa soumission, et ce n’est pas avec lui que les choses changeront. Il veut moins de normes, c’est très simple, on part et on les supprime, inutile de palabrer et de monter des dossiers. Il souhaite un contrôle plus strict de nos frontières, une fois notre liberté retrouvée nous n’aurons plus besoin de l’autorisation d’untel pour les gérer à notre convenance. Mais pour cela il faut non seulement du cran mais aussi une certaine idée de la France, visiblement Bardella n’a pas cette vision. Le trop jeune chef de parti n’aura connu que L’Europe et a été élevé dans la croyance que nous n’étions plus capables de nous assumer, que nous étions seuls, isolés et faibles. Qu’il nous fallait nous raccrocher à l’UE pour exister et que sans elle nous étions morts.
Piètre image de notre pays, méconnaissance de son histoire et de ses capacités. Au lieu de faire confiance aux autres pour nous sortir de l’impasse de cette Europe-là, il serait souhaitable de croire en nos forces et vertus. En l’état actuel des choses, Bardella et le RN ne seront sans doute que le choix par défaut pour non pas changer de régime, mais simplement de tête. Il nous faut impérativement une autre voie, un autre courant de pensée, un homme capable de raisonner autrement qu’en étant le valet de la Commission européenne. Un homme à la stature de président et non en représentant d’un syndic. Dans l’interview il dit que nous gagnons, peut-il nous faire la liste de ce qui a été obtenu en positif pour les Français ? Les agriculteurs seront-ils sauvés du Mercosur et de l’accord récemment signé avec l’Inde ? Non ! Notre espace sera-t-il protégé contre l’invasion migratoire ? Non. Nos industries seront-elles préservées des normes absurdes et réglementations imposées par Bruxelles, non, etc... Bardella veut remplacer les contraintes actuelles de l’UE en simplifiant, quelle naïveté, s’il avait un tantinet travaillé vraiment, il saurait qu’à chaque fois qu’un plan de simplification a été lancé dans une grande entreprise cela s’est traduit par une complexification des procédures, et des étapes supplémentaires, alibi pour créer des services et des armées d’improductifs, simplement là pour veiller à l’application de nouvelles règles. Oui mais voilà, Bardella n’a jamais travaillé, il est dans son monde virtuel, auréolé de tableaux Excel et de PowerPoint, là où tout est lisse, ou tout fonctionne en théorie, loin, trop loin de la pratique. Pour 2027 il nous faut un autre candidat pour représenter le camp de la France, une voix qui connaît l’histoire de notre pays, sa culture, ses finesses, sa beauté. Il est clair que cette voix-là n’est pas celle de Bardella.