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12 août 2025

Paul Dupert

-12/8/2025- Quand je suis avec des Français, surtout ceux qui m'énervent, la France me fait l'effet d'un affreux État jacobin sur-centralisé, qui impose une culture abstraite dominante, vicieuse, socialement enfermée, qui engendre des êtres pervertis, incapable de sentiments et de rapports sains avec la réalité. Un énorme État rempli d'arrogants, une force orwellienne de contrôle et d'oppression. Des pédants, des prêts-à-juger. Des grands bourgeois donneurs de leçon, une classe moyenne naïve, des ouvriers racistes et des banlieues racaillisées. J'ai envie d'anarchisme et de vivre dans cette fédération de communes que les socialistes révolutionnaires appelaient de leurs vœux.
À l'inverse, à l'étranger, la France m'apparaît comme quelque chose d'incroyablement fragile et raffiné, comme un compromis historique merveilleux, un pays de routes solides et de magrets, de cascades.
J'ai envie de leur parler des films de Jean-Luc Godard, j'ai envie de leur faire découvrir des chansons de Léo Ferré.
La France est un tout petit pays. La France est isolée dans un monde sans culture. Elle maintient, avec l'Italie, une forme légitime de subtile gastronomie. Il ne viendrait pas à l'esprit du plus barbare des gueux, du plus beauf des barbares, de préparer des omelettes au micro-onde.
Les divisions internes entre beauf, barbares et pédants, boomers, gen Z, et millenium, et même, pauvres et riches, m'apparaissent comme superficiels, car il y a ce compromis de faire des omelettes à la poêle et de s'intéresser à la littérature et la philosophie.
J'ai des envies d'empire. Je voudrais que le chant du départ raisonne dans toute l'Europe, alors que, face à un bonapartiste, je déteste Napoléon.
La France, c'est probablement un état progressiste et fasciste à la fois, incroyablement dur et fragile, un compromis de civilisation, dont le scandale dure, dont le miracle touche à la fin. Mais quand elle ne sera plus là, je ne suis pas si sûr que ce seront les étrangers qui seront les premiers à la regretter. Ce sera nous, parce qu'elle était notre respiration et notre façon de vivre.