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10 juin 2024

Sur le séisme des Européennes et la dissolution

Maxime Tandonnet
(pour Figaro Vox le 09/06/2024)


Dans l’histoire de la Ve République, trois dissolutions se sont produites en cours de mandat présidentiel (c’est-à-dire en dehors du cas d’un président de la République tout juste élu pour se donner une majorité). Deux ont bien réussi au chef de l’Etat. La première fut celle du général de Gaulle en 1962, à la suite d’une motion de censure votée contre le premier gouvernement Pompidou : elle se traduisit par l’obtention d’une large majorité. L’autre, décidée le 30 mai 1968, mit fin aux troubles révolutionnaires et déboucha sur un raz-de-marée gaulliste. La troisième en revanche, fut catastrophique pour le président de la République, Jacques Chirac, au début de l’année 1997 : destinée à conforter une majorité pourtant solide et à relancer son septennat sur des bases nouvelles après un hiver chahuté, elle avait entraîné, contre toute attente, une victoire de l’opposition de gauche.

Dans les deux premiers cas, ceux du général de Gaulle, la dissolution était justifiée par une crise politique, puis un mouvement insurrectionnel. Dans le troisième, celui de Jacques Chirac, rien ne l’imposait et elle se présentait comme un coup politique, que les électeurs ont sanctionné.

La dissolution décidée le 9 juin 2024 par le président Macron est un véritable coup de tonnerre… Rien ne l’imposait dans l’immédiat : aucune motion de censure n’a été votée au préalable, comme en 1962 et le pays ne se trouve pas en état d’insurrection et de blocage total comme en mai 1968. Certes le fonctionnement de l’Assemblée nationale est chaotique mais avec des majorités de circonstance, l’appui tantôt de la gauche, tantôt de la droite y compris du Rassemblement national, plusieurs réformes emblématiques du macronisme ont été votées, par exemple sur la « transition climatique », l’immigration ou les retraites, et même l’inscription de l’IVG dans la Constitution. Le système de gouvernement n’est aucunement bloqué.

Par ailleurs, le vote du 9 juin, certes désastreux pour la majorité, concerne le seul Parlement européen. Il n’a en soi strictement aucune incidence sur le fonctionnement des institutions politiques nationales. Dans l’histoire contemporaine, d’autres majorités ont subi de cinglants désaveux aux élections intermédiaires (européennes ou territoriales) sans jamais déclencher la foudre présidentielle de l’article 12. Le président Macron a donc créé un précédent : celui d’une dissolution en réponse, le jour même, à une élection intermédiaire perdue.

Cette dissolution est particulièrement surprenante par la date à laquelle elle intervient : la veille des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris, qui sont un événement phare dans la vie politique nationale notamment pour des questions de prestige international et de sécurité. Les autorités gouvernementales qui ont la charge de sa préparation depuis des mois ou des années, ne sont plus assurées de pouvoir poursuivre leur tâche jusqu’à son terme.

Alors pourquoi un tel coup de théâtre ? Il est en réalité assez conforme à la politique d’un chef de l’Etat qui annonçait lui-même en 2017, après son élection, que sa victoire reflétait « le goût des Français pour le romanesque ». Le sens de cette décision est celui d’un choix d’image personnelle. Le sensationnel doit effacer l’humiliation que représentent la débâcle de la liste Renaissance et le triomphe du Rassemblement national malgré l’investissement personnel du président et de son premier ministre. La mise en scène à connotation gaullienne a pour objectif de montrer le président de la République en homme de décision et prince de l’audace dans la tempête, et couvrir ainsi l’échec des européennes.

Cette dissolution est le signe d’une confiance en lui-même poussée à son paroxysme. Le chef de l’Etat compte sans doute prendre la tête d’un front républicain contre « l’extrême droite ». Il entend probablement former une coalition avec la droite LR et le parti socialiste pour réinventer un macronisme d’unité nationale « contre les extrêmes ». Il pense aussi que les Français, pris à la gorge par ce scrutin législatif dans un calendrier aussi précipité, ne prendront pas le risque de l’aventure dite « extrémiste » à la veille des JO de Paris.

Le pari se heurte à trois incertitudes : premièrement, le président a-t-il bien pris toute la mesure de l’impopularité de sa politique et du niveau de dégradation de son image dans l’opinion ? Deuxièmement, la droite LR comme les socialistes prendront-ils le risque (suicidaire) d’une entente électorale autour d’une équipe aussi impopulaire ? Troisièmement, toute la tradition historique française, depuis Mac Mahon en 1877 jusqu’à Jacques Chirac en 1997, souligne que les électeurs sanctionnent les dissolutions quand elles relèvent, à leurs yeux, de coups politiques. Devant les urnes, comment les Français vont-ils interpréter cette opération ?

En attendant, cette dissolution semble ouvrir une porte fatale vers l’inconnu. Que se passe-t-il si le RN remporte une majorité absolue ? Le président est-il prêt à gouverner avec un Premier ministre de ce parti ? Et quel gouvernement si l’Assemblée nationale ressort de ces élections encore plus fragmentée qu’auparavant ? La France se prépare-t-elle à plonger, au pire moment, dans un chaos politique absolu ?

https://maximetandonnet.wordpress.com/2024/06/10/sur-le-seisme-des-europeennes-et-la-dissolution-pour-figaro-vox-le-09-06-2024/
Gabriel Nerciat

THÉOLOGIE DE LA DEUXIEME GAUCHE

- Pas question cette fois pour la gauche de s'allier avec Mélenchon et sa clique antisémite, me dit cet ancien admirateur social-démocrate de Michel Rocard. Comme disait l'ancien maire de Lyon, mieux vaut perdre une élection plutôt que perdre son âme.
Il sent que je suis dubitatif, et me demande pourquoi.
- Le problème pour la gauche, lui dis-je, n'est pas tant désormais de perdre son âme que de retrouver un corps.
Je n'ose pas ajouter qu'il n'y a pas que la loi sur l'euthanasie que Macron vient d'euthanasier.



GUERRE MONDIALE DISSOUTE

Eh oh, avec tout ça, on ne va plus aller faire la guerre mondiale contre les Russes, alors ?
Mais c'est quoi, ce président ? C'est quoi, ce pays ?
La guerre pour la victoire de l'Ukraine est dissoute, elle aussi ?
Comme l'Ukraine elle-même ?
Il n'y a plus d'hommes, vraiment.
Sauf Glucksmann, Colosimo, Tenzer et BHL, peut-être.
Un char Abrams pour tous les quatre, vite !



DEMOCRATIE ET LIBERALISMES

Le Banquier Président, acculé mais quand même pour une fois pas trop indigne, annonce après sa défaite écrasante qu'il va convoquer des élections et redonner la parole au peuple.
Immédiatement, la Bourse chute de presque 2%.
Je laisse les thuriféraires, hayekiens ou habermassiens, du libéralisme politique et économique commenter la chose, et les autres en tirer les leçons.



DEUX QUESTIONS AUX MACRONIENS

Bon, alors, deux questions aux amis macroniens (il m'en reste encore quelques-uns, si, si) :
1) Le RN c'est bien de la lèpre populiste, la lie rance et la fange pourrie de l'extrême-droâte néo-fasciste vendue à la Russie ?
Réponse : Mais oui, mais oui !
2) Et donc, vous envisagez de cohabiter, pendant presque trois ans, avec les représentants de cette lèpre et de cette fange néo-fasciste qui prend ses ordres au Kremlin ? Comme Giscard avec le Mitterrand du Programme commun pseudo-marxiste à Verdun-sur-le-Doubs en 1978 ? Cela ne vous fait pas peur ?
Réponse : Mais non, mais non ! Macron nous défendra !
Je vais finir par les aimer, ces drôles, moi...



LA DISSOLUTION DE L'EXTREME-CENTRE
ou
MAC MACRON

Hier soir, en entendant le Banquier Président annoncer depuis l'Elysée la mise en branle de son suicide, pour la première fois de ma vie sans doute, j'ai pensé au gros maréchal Mac Mahon.
Ce dernier sans le savoir ni le vouloir avait permis, par une dissolution de la Chambre qui se croyait habile, à un nouveau régime républicain de se consolider à son détriment.
Bien des années après sa mort, Clemenceau et les héritiers opportunistes de Gambetta en riaient encore.
Emmanuel Macron échappera-t-il à l'oubli pour avoir permis en quelque sorte l'inverse ?
L'avenir le dira dans trois semaines.


Que d'eau, que d'eau. Si la Providence était taquine, elle provoquerait pendant les Jeux olympiques des inondations dans la capitale.
Les sportifs seraient contraints de mettre des palmes, et les derniers électeurs de l'extrême-centre ainsi que les juges du Palais Royal troqueraient leurs trottinettes, leurs vélos ou leurs voitures électriques pour des barques de plaisance.
Leur champion déchu, plus svelte et plus jeune que le vieux maréchal, descendrait la Seine, tel un personnage de Julien Gracq, pour aller se noyer dans la Manche, et les retraités éperdus du VIIe et du VIIIe arrondissement l'imiteraient en silence.
Les joueurs de flûte, et c'est justice, n'auront jamais que les rats qu'ils méritent.

10/6/2024
Laurence Muller-Bronn
Sénatrice du Bas-Rhin

10/6/2024 - Mes pensées vont aujourd'hui vers les élus locaux et les équipes municipales de France qui se voient contraints d'organiser des élections en urgence. Le délai est intenable, et dans la précipitation, au moment où s'ouvre la période des congés.

Tout le monde est mis au pied du mur, il n'y aura pas de débat. Les partis qui ne sont pas encore remboursés de la campagne des européennes manqueront de financements. Où est la démocratie ?

M. Macron détourne le vote européen pour le concentrer sur sa propre personne. Tous les textes importants qui étaient sur le point d'être votés pour le logement, le bâtiment, la vie économique, la santé, ... sont annulés. Tout ce travail est purement et simplement effacé.

Cette dissolution n'a pas de sens, elle paralyse encore un peu plus le pays, et pour quel coût ?

Anne-Sophie Chazaud

Bonjour mes bons amis,

Je tiens tout d’abord à vous remercier pour l’accueil chaleureux que vous m’avez réservé hier, au cours de ce qui a été une journée très exaltante, agréable et festive, entre Roland Garros et élections et quelques autres choses sympathiques…
Ce contexte particulier m’a poussée à venir échanger un peu avec vous.
Cependant, ce que je vois s’esquisser ce matin pour les semaines à venir représente absolument tout ce que je déteste et que je fuis désormais autant que possible comme la peste.
À savoir le grand n’importe quoi, le commentaire permanent de tout, l’hyper-réaction, l’histrionisme, les postures, l’hystérisation de la parole, la nôtre y compris, en raison d’un climat politique qui va être totalement irrespirable (encore davantage qu’il ne l’était jusqu’à présent), mais aussi en raison du fonctionnement même des réseaux sociaux qui nous poussent au ressassement.
Je m’en suis beaucoup retirée, j’ai cessé de publier, parfois je le regrette mais le plus souvent j’ai ressenti au contraire une forme de libération, une tension moindre en moi, une plus grande sérénité, davantage de distance. Tout ce temps passé sans participer activement au débat public m’est apparu comme un temps empli de manière beaucoup plus intense, plus authentique, plus profonde.
C’est difficile à exprimer et je ne sais pas si je l’explique correctement.
Alors, bien sûr, à titre amical j’aimerais poursuivre ce dialogue qui s’est noué avec vous depuis quasiment dix ans, mais à titre personnel et en particulier dans la période de très fortes turbulences que ce pays va traverser, je crois plus raisonnable de garder de la distance voire de l’amplifier encore davantage.
Cette année, je me suis désengagée de tous mes projets éditoriaux, j’ai décliné de nombreuses invitations medias, non pas par snobisme, mais en raison de cet équilibre que j’ai ainsi trouvé dans le cadre d’une vie personnelle par ailleurs épanouie.
Je ne peux que vous inviter à faire autant que possible la même chose : emplissez-vous de la vraie vie, déconnectez-vous le plus possible, supprimez les applications de réseaux sociaux de vos téléphones, libérez-vous de cet état d’indignation et de fantasmagorie permanentes dans lequel nous sommes enfermés du fait-même de cette structure médiatique très chronophage, intrusive et illusoire où se jouent principalement des questions narcissiques et des constructions d’images de soi dont nous n’avons en réalité pas besoin.
Aussi, ne soyez pas surpris si tôt ou tard je supprime complètement mes comptes, après tout, la mode est à la dissolution.
Je vous embrasse chaleureusement et vous souhaite bon courage pour les semaines à venir, et quoi qu’il en soit je conserverai la messagerie afin que nous puissions rester en contact comme c’était déjà le cas depuis quelques mois…

La dissolution finale ?

H16

10/6/2024 - Coup de tonnerre dans un ciel bleu : alors que les bulletins de l’élection européenne sont encore tout chaud sortis des urnes, Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale. Pour ceux qui ne se doutaient pas de cette manoeuvre politicienne du locataire de l’Élysée, c’est une vraie surprise ; Attal, le pantalon encore sur les chevilles, a donc appris dès ce dimanche soir que son CDD prenait fin dans les prochaines semaines.

Petit archange parti trop tôt, il ne nous aura sans doute pas gratifié de ses meilleurs moments et sera probablement regretté par l’EPHAD de Montcuq, mais l’Executif fut, ce dimanche soir, formel : des prochaines élections législatives auront donc lieu le 30 juin (premier tour) et le 7 juillet (pour le second).

Cependant…

On attendra l’avis éclairé de constitutionnalistes chevronnés, mais il apparaît à première vue qu’il va y avoir un petit souci : Macron, malin, a judicieusement choisi de doucher la victoire du RN aux européennes avec cette dissolution, mais le chef de l’État, en la déclarant ce dimanche, savait qu’il n’avait pas vraiment le choix dans la date.

En effet, la constitution impose que le scrutin intervienne dans une fenêtre de 20 à 40 jours après l’annonce de cette dissolution, ce qui nous amène entre le 30 juin et le 19 juillet. Or, certains auront noté que les jeux olympiques – dont on sait déjà qu’il se dérouleront dans la plus sobre des sérénités – s’ouvrent précisément ce 19 juillet, ce qui pourrait poser quelques problèmes logistiques. Dès lors, on comprend que le second tour doive se tenir impérativement avant, le 14 juillet constituant le dernier dimanche réellement pratiquable.

Toutefois, le facétieux petit article L157 du code électoral impose que les futures listes soient déposées, au plus tard, le quatrième vendredi avant le scrutin, ce qui nous ramène, goguenard, au vendredi 7 juin.


Les différents partis politiques vont donc devoir se dépêcher pour déposer leurs candidatures dans le passé. On espère que la Delorean électrique 0-émission sera prête rapidement.

Rassurons-nous : la souplesse d’endoscope de nos juristes et de nos politiciens garantit que ce petit souci de date sera rapidement réglé (je baisse, j’éteins, je décale) et que le plan de Macron pourra se dérouler comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal.

Et quel plan machiavélique ! Pour les rares qui n’auraient pas compris, il semble assez clair que le président de la République utilise ainsi cette déroute électorale probablement calculée – Merci Mélusine Hayer – pour pousser le RN au pouvoir.

Et c’est probablement cette perspective qui déclenche une véritable apoplexie chez la plupart des politiciens (timing diabolique alors que la France subit actuellement un problème d’approvisionnement en ventoline) : on sent déjà monter la volonté de la classe médiatique de nous imposer sans finesse de l’évocation de jeux olympiques se tenant pendant que la France sombre dans le ventre fécond de ses heures les plus sombres, et on se doute qu’il en ira de même pour toute la classe politique lorsqu’elle sera sortie de sa stupeur post-électorale.

Mais pour le Président, tout cela tombe bien : d’une part, Ken & Barbie Marine & Jordan ne rêvent que de ça. Le concombre endimanché, affûté comme du beurre chaud, est tombé dans le panneau avec une gourmandise que seul Gérard Larcher, devant le rab de frites à la cantoche du Sénat, pourrait surpasser. D’autre part, l’état général du pays est suffisamment catastrophique pour que ceux qui en hériteront subissent la véritable tempête de merde qui ne manquera pas de déferler dès que possible, fusillant définitivement tout espoir pour nos deux pigeonneaux nationalistes d’accéder ensuite à la présidence.


On le comprend : il existe maintenant une réelle probabilité que le pays se retrouve avec une majorité RN à l’assemblée, qui obligera ce parti à dégoter des ministrables. La gageure est de taille, mais parions que le défi de trouver des remplaçants encore plus mauvais à Le Maire, Darmanin ou Séjourné sera fièrement relevé par le parti nationaliste. Au passage, il sera laissé comme exercice au lecteur le soin de trouver quelques noms potentiels, l’absence de têtes visibles étant particulièrement symptomatique de ce parti d’appendices politoïdes taillé pour occuper les médias plus que le pouvoir.

Néanmoins, des mondes parallèles ne sont pas totalement à écarter : soyons fous et imaginons un instant que les Français, comprenant le traquenard qui est en train de se mettre en place, décident finalement de ne pas donner plus de voix au Rassemblement national. Dans cette hypothèse amusante, les législatives aboutiraient à un résultat délicieusement différent de celui probablement souhaité par le chef de l’État qui devrait recomposer un gouvernement sur une base essentiellement équivalente à celle actuellement en place.

Dans cette hypothèse, le sabotage du pays continuerait dans les mains de Macron.

Et tant qu’à imaginer des mondes parallèles, celui dans lequel le parti présidentiel ferait des accords avec l’actuel Parti socialiste n’est pas à écarter : le président retrouverait potentiellement une majorité, ce qui lui laisserait les coudées franches pour achever de ruiner le pays dans une orgie de lois, de ponctions, de normes, d’égalité et de bisous.

En tout état de cause et comme le dit cette célèbre philosophe électorale, “on ne se trompe jamais quand on donne la parole aux Français”. Dès lors, il apparaît assez clairement que, quelle que soit l’issue de ces scrutins prochains, ce pays est foutu.


https://h16free.com/2024/06/10/77910-la-dissolution-finale
Jonathan Sturel

8/6/2024 - Ils organisent la submersion migratoire, importatrice de tous les conflits du monde, génératrice de tensions et distributrice de coups de couteau et pourtant, parmi les victimes de ces crimes, il n'y a jamais aucun enfant de ministres, de sénateurs, de députés, de président, de journalistes. Et pour cause : ils organisent aussi, en parallèle, les conditions de leur mise en sécurité.
Ils ne vivent pas eux-mêmes au milieu de leur œuvre.
Les mêmes poussent aujourd'hui à la guerre contre la Russie : d'après vous, combien d'enfants de ministres, de sénateurs, de députés, de président, de journalistes compteront au nombre des morts au combat sur le front ukrainien ?
Aucun. Comme pour l'immigration, ils tâcheront de se mettre à l'abri des conséquences de leur œuvre.
C'est nous qui crevons au coin de la rue pour un mauvais regard, c'est notre grand-mère qu'on assassine sur le pavé, c'est notre gamin qu'on poignarde dans une salle des fêtes. Ceux qui aujourd'hui fournissent le contingent des victimes de l'immigration fourniront demain celui des morts de la guerre.
Lorsque j'entends le tout-venant soutenir les va-t-en-guerre de la macronie et du complexe médiatico-politique, j'entends un zombi qui marche vers la mort avec le sourire niais de la victime consentante totalement lobotomisée par des démons qui lui montent la tête en sachant qu'ils seront, eux contrairement à lui, protégés des conséquences et qu'à la fin, lorsqu'il faudra sortir une tête de la tranchée, ce sera toujours une tête du gueux sacrifié.
Croyez-vous que vous verrez le député Benjamin Haddad, macroniste zélé et promoteur infatigable de l'escalade, sous un casque lourd quelque part sur le théâtre de guerre ? Vous imaginez-vous voir Valérie Hayer porter elle-même le fusil qu'elle veut nous mettre dans les mains ? Quel menteur de LCI reviendra entre quatre planches ?
À la fin, on devra toujours enterrer les mêmes, ce sera le père de Thomas et ce sera le frère de Lola.

8 juin 2024

DONALD LE SAGE

Gabriel Nerciat

"L'ennemi de l'intérieur est beaucoup plus dangereux que les ennemis extérieurs que sont la Russie, la Chine ou d'autres", a déclaré l'ancien président à un journaliste de Time.
Je peux très bien comprendre qu'on n'apprécie pas Donald Trump, mais je ne supporte pas qu'on le prétende fou ou hâbleur.
Je crois sincèrement qu'il est l'exact contraire : l'homme le plus réaliste et le plus sobre qui soit.
En une phrase, il a résumé l'essentiel du péril qui menace la plupart des nations occidentales, à commencer par la première d'entre elles.
Moi-même, je n'éprouve que mépris envers tous ceux qui m'expliquent que le danger aujourd'hui vient de Rima Hassan, des officiers du GRU ou des espions chinois alors qu'ils ne trouvent rien à dire sur la nocivité de Laurent Fabius, la toxicité de Claire Hédon ou la perversité des juges du Conseil d'Etat.

7 juin 2024

Marc Amblard

Vincent Verschoore

La position des différente listes européennes sur la question de l'enfermement injustifié de Julian Assange en Grande-Bretagne, sur demande américaine, illustre sans doute leur volonté d'une émancipation de l'UE au joug euro-atlantiste.
Le journal Le Grand Soir a donc questionné chaque candidat sur ce sujet.
Sans surprise, les listes ouvertement euro-atlantistes (Hayez, Glucksmann, Bellamy) n'ont pas répondu. Pas plus, d'ailleurs, que les listes souverainistes Bardella et Maréchal. Un signe, sans doute, que la liberté de la presse n'est pas au centre de leurs préoccupations.
Europe Ecologie a répondu, tout comme LFI et la majorité des "petites" listes favorables à une refonte des institutions européennes. Aucune n'a répondu que le sort réservé à Assange était légitime, mais on peut supposer que non-réponse vaut acceptation de fait.

Leasing social, véhicules électriques et panne étatique

H16

7/6/2024 - Janvier 2024 : c’est officiel, les Français vont pouvoir échanger leur vieille automobile thermique qui tache contre un baril de voiture électrique qui lave plus blanc ! Le leasing social vient d’être mis en place et va permettre aux heureux citoyens qui répondent aux critères contraignants de l’opération gouvernementale de disposer d’un petit véhicule électrique, choisi dans une gamme restreinte, pour un loyer mensuel inférieur à 150 euros.

Belle affaire !


Le timing retenu par le gouvernement est particulièrement bien choisi : la proposition de ce “leasing social” déboule alors que les subventions et les primes aux constructeurs s’éteignent doucement et que les prix des véhicules électriques neufs proposés par les différentes marques affichent des prix de plus en plus coquets. Avec un litre d’essence qui papouille les 2 euros (un peu en dessous, un peu au-dessus, en fonction du moment et du lieu d’achat), on comprend que les Français les plus modestes ne rechignent pas à échanger un mode de déplacement devenu un véritable gouffre financier contre un véhicule qui, sur le papier et pour le moment, se charge pour une fraction du prix de l’essence…

Ce “leasing social” est donc rapidement un franc succès : dès mi-février, le stock de voitures électriques qui devait être couvert par ce dispositif est vendu, le nombre de dossiers est atteint et la mesure prend donc fin (avec, peut-être, une nouvelle édition pour 2025). Au départ prévu pour servir 25.000 clients, ce seront 50.000 commandes fermes qui seront prises au travers des concessionnaires participant à l’opération : et si certains comprennent l’engouement, peu s’attendaient à une telle réussite.

Tout est bien qui finit bien ? Allons, pas si vite !


Reprenons le contexte : il s’agit d’un projet lancé par l’État français actuellement piloté par cette extraordinaire équipe gouvernementale qui nous a donné les Gilets jaunes, la mise à genou de l’économie russe et tant d’autres grands moments de politique et d’économie française. Il s’agit d’un projet qui couvre les véhicules électriques, dont tout le monde sent depuis des années qu’ils sont destinés à un avenir littéralement flamboyant comme des batteries au lithium jetées dans l’eau. Il s’agit d’un projet qui implique de fortes sommes (on parle de plusieurs centaines de millions d’euros), avec des douzaines d’intermédiaires – les concessionnaires – entre le consommateur final et l’État et qui (c’est le pompon) avanceront ces sommes en attendant un remboursement de l’État.

Youpi, aucun doute, tous les ingrédients sont réunis pour une Réussite Totale !

Les dernières commandes sont donc prises mi-février, et les premiers véhicules électriques commencent à être livrés.

Et là, les premiers hoquets se font entendre : mi-mai, alors que sur chaque véhicule, le concessionnaire doit avancer 13.000 euros (qui lui seront un jour remboursés par l’État, promis, juré, craché), il apparaît que l’ensemble de ces intermédiaires… n’ont encore été remboursés de rien du tout.


Alors que le gouvernement doit entre 140 et 320 millions d’euros aux concessionnaires automobiles selon les sources, les concessionnaires s’impatientent : pendant ce temps, les charges d’entreprise s’accumulent et le trou de trésorerie correspondant (à 13.000 euros par voiture, ça fait vite un gros montant) pose de plus en plus de soucis pour payer les salaires, les cotisations et les frais de fonctionnement des entreprises dont les plus petites sont maintenant clairement menacées de fermeture.

Dans un pays où les services publics sont pourtant réputés pour leur fiabilité et leur ponctualité, comment imaginer que l’État allait faire faux bond ?

Cependant, on doit s’interroger : pourquoi diable les services gouvernementaux prennent-ils autant de temps à rembourser ce qu’ils doivent ?

Rassurez-vous, l’explication est à la fois simple et parfaitement prévisible : si tout se déroule comme prévu (c’est-à-dire si mal), c’est bien évidemment que le remboursement des avances dépend d’un site informatique que l’État doit ouvrir aux concessionnaires et qui est, pour le moment, en carafe.

Eh oui : on soupçonnait qu’il devait y avoir quelques cerfas coincés ici ou là, et c’est en substance ce qu’on observe ici encore. Le site qui permettra aux concessionnaires d’entrer leurs dossiers en souffrance n’est pas en état de fonctionner ; à l’arrêt depuis mi-février (au moment où le quota de dossiers était atteint, commodément), c’est ce site qui devait permettre aux concessionnaires de saisir l’ensemble des pièces justificatives leur permettant d’obtenir en moins de trois mois supplémentaires une réponse évidemment négative et forcément alambiquée de l’administration qui leur demandera de rentrer à nouveau (pour la troisième puis quatrième puis cinquième fois) les pièces justificatives qu’elle s’empressera de perdre ici ou là, le tout pour espérer toucher leur précieux remboursement. Un jour. Peut-être.

Autrement dit, dès que tout sera remis en route (très prochainement soyons en sûr) et moyennant une saisie qu’on imagine déjà ergonomique, pratique, simple et sans question ambiguë, comme tous les sites de l’État, le problème des concessionnaires sera rapidement résolu, et les quelques faillites ici ou là n’auront pas d’impact sur l’économie globale florissante du pays.

Saluons donc le prochain dénouement de cette magnifique initiative gouvernementale qui va permettre aux Français les plus modestes d’acheter enfin au prix fort un véhicule électrique à l’autonomie limitée, alors même que les ventes de ces véhicules connaissent une baisse marquée (pour ne pas dire un effondrement) lié à la saturation du marché et aux limitations inhérentes de ces modèles comparé aux besoins correctement couverts par les modèles thermiques.

Parallèlement, le fait que les stocks (dans les ports européens) soient au plus haut envoie sans doute un message aux décideurs, mais lequel ? Serait-ce que la Chine grignote notre marché, que celui-ci semble éprouver des difficultés à écouler les unités produites, que le consommateur n’est plus aussi enthousiaste à faire 150 km maximum par temps favorable dans des voitures à piles ? Allez savoir.

En tout cas, alors que différents signaux indiquent que l’engouement pour les voitures s’étiole rapidement, on ne pourra s’empêcher de noter qu’une fois encore, l’État joue à contretemps, fait mine de distribuer de l’argent qu’il n’a pas, s’emmêle les pinceaux dans son informatique, provoque la ruine de quelques concessionnaires et pousse dans les bras des Français décidément trop confiants une technologie encore loin de faire l’unanimité.

Youpi, encore une mission réussie.