Translate

4 octobre 2025

LE WEEK-END FATAL DE DONALD TRUMP ET SON DESTIN

Gabriel Nerciat

-4/10/2025- Le plus important, dans ce qui va se passer demain ou les jours qui viennent au Levant arabe, n'est pas de savoir si Donald Trump sera ou non le prochain récipiendaire du prix Nobel de la paix, mais qui, des États-Unis ou d'Israël, est encore un État souverain capable de résister à l'hégémonie de l'autre.
En acceptant la restitution des derniers otages juifs contre la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens condamnés à la perpétuité (dont sans doute Marwan Barghouti, la figure emblématique des deux Intifadas), le Hamas renverse sur Netanyahou la pression qui depuis des mois était exercée sur lui, et d'une manière ou d'une autre va accentuer celle de l'Arabie saoudite, de l'Egypte et du Qatar sur Trump pour tordre définitivement le bras de son vassal génocidaire – lequel a déjà dû, à la Maison-Blanche, présenter des excuses publiques et humiliantes à l'émir de Doha dont il a bombardé impudemment le territoire en pure perte.
Quelque chose me dit toutefois que Donald ne doit pas être à la joie en ce moment.
Il sait qu'il risque dans cette affaire, en cas d'échec ou de refus humiliant de la part de Bibi – bien plus que dans l'affaire ukrainienne dont il a toujours estimé qu'elle lui avait été imposée par Biden et Zelensky –, une défaite diplomatique autrement plus grave que la non réception d'un hochet scandinave.
Pour trois raisons, dont on peine à distinguer laquelle serait la plus dommageable pour lui.
La première est que s'il cède à Netanyahou en l'autorisant à poursuivre sa guerre génocidaire, il reconnaît implicitement qu'il s'est révélé incapable de résister à l'emprise de l'État profond washingtonien, dont l'actuel pouvoir israélien est un rouage essentiel.
La seconde est qu'il s'aliènera durablement l'hostilité des alliés arabes ou sunnites de l'Amérique, provoquant ainsi la ruine des accords d'Abraham qui avaient été la seule grande victoire diplomatique de son premier mandat (tout en étant à l'origine de l'attaque palestinienne du 7 octobre).
La troisième est qu'il mécontentera à nouveau, après le bombardement de la centrale nucléaire iranienne de Fordo et les suites de l'affaire Epstein (auxquelles Bibi, d'après Tucker Carlson, n'est pas du tout étranger), sa base MAGA, de plus en plus massivement hostile à Israël et au sionisme comme l'avait illustré, entre autres choses, l'évolution de Charlie Kirk dans les derniers mois de sa vie.
En revanche, bien sûr, si Netanyahou cède, voire est contraint d'abandonner le pouvoir, Donald rafle la mise, qui lui rapportera bien plus qu'un prix Nobel (dont je suis persuadé qu'en réalité il se moque bien).
Car la dernière chose dont l'Amérique soit encore vraiment capable est d'imposer à ses anciens alliés, criminels ou serviles, la marque au fer rouge de son ressentiment post-impérial et isolationniste.
Le reste n'a plus grande importance, car aux États-Unis comme peut-être aussi en Israël d'après Elie Barnavi, ce sont surtout les risques de guerre civile et intérieure qui pointent désormais.