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27 septembre 2022

La France s'enfonce dans les déficits et la dette

Jean Mizrahi

"Chaque Euro compte", nous a expliqué Bruno le Maire, notre ministre de l'économie, lors de la présentation du projet de loi de finance (budget de l'État) pour 2023.

Quelques chiffres :
 
• Des dépenses de 500 Milliards d'Euros, en hausse par rapport à la loi de finance initiale 2022, largement augmentées en cours d'année (donc attendez-vous à une LFR dépensière en 2023 si les marchés le permettent), et un déficit de 158,5 Milliards, ce qui représente près de la moitié (45%) des recettes fiscales de l'État, le solde étant financé par la dette. Supposez que vous touchiez un salaire de 2.000 Euros net par mois, et que vous dépensiez 3.000 Euros tous les mois, en allant emprunter auprès de votre banque pour financer les 1.000 Euros qui vous manquent. Chaque mois, votre encours avec votre banque augmente un peu plus, vous espérez juste que vos augmentations de salaire vous permettront de rembourser un jour... Pensez-vous que votre créancier (la banque) va indéfiniment vous accorder son crédit les yeux fermés ? C'est ce que croit notre gouvernement.

• 270 Milliards d'Euros donc à emprunter sur les marchés l'année prochaine, à un taux d'intérêt (à 10 ans) estimé par le gouvernement à 2,6% à la fin de 2022 et qui remonterait progressivement à 3% fin 2023. Mauvaise nouvelle, les taux à 10 ans ce matin sont à 2,71%. Ils viennent de 0% il y a seulement 10 mois, et les banques centrales n'ont pas terminé de remonter leurs taux courts. Qui peut sérieusement penser que les taux à 10 ans vont rester là où ils sont actuellement ? Nos gouvernants feraient bien de regarder ce qui s'est passé dans les années 1980 quand l'inflation a explosé avec le second choc pétrolier. Les taux longs sont remontés jusqu'à 13%... Le paiement des intérêts de la dette a donc toutes les chances d'être le premier poste de dépense de l'État en 2023. Avec un déficit qui se creusera un peu plus, et une bombe qui gonflera les années suivantes. « Après moi le déluge. »

• La dépense publique devrait représenter 56,6% de la création de richesse (PIB) en France, un record dans les pays de l'OCDE. Mais cela, dans l'hypothèse retenue par le ministère de l'économie d'une croissance du PIB de 1% en 2023. Le PIB n'augmentera pas en 2023. Tout indique au contraire, notamment les analyses de l'OCDE, que l'Europe va s'enfoncer dans une profonde récession en 2023, et la France ne sera pas un îlot de prospérité. C'est très simple, si le PIB, au lieu d'augmenter de 1%, baisse comme certains l'anticipent d'au moins 1,5%, alors la dépense publique montera au-dessus de 58%, ce qui est extravagant.

« Chaque Euro compte », mais le gouvernement ne compte pas. Lorsque le général de Gaulle est arrivé au pouvoir en 1958, une de ses premières mesures a été de redresser les comptes publics, et on était loin des déficits d'aujourd'hui. Emmanuel Macron et son gouvernement sont en train de placer notre pays dans une trajectoire d'endettement insupportable, qui menace de nous amener au défaut, euphémisme pour la faillite. Qu'une crise financière surviennent, qu'une guerre monétaire s'amplifie comme cela y ressemble actuellement, que les créanciers prennent peur, et nous serons face à un mur. Le gouvernement n'aura alors d'autre choix que de couper brutalement dans les dépenses et d'augmenter les impôts, ou même de spolier les épargnants en allant se servir directement sur les comptes d'épargne, notamment les assurances-vie. Plus l'État dépense aveuglément, plus nous nous rapprochons de cette échéance.