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15 mai 2023

Sécheresse, sobriété, dépouillement… Misère.

H16

Même si cela peut être encore un peu confus dans l’esprit de certains, il n’y a plus guère de doute : les prochains mois seront, en France, l’occasion de difficultés évidentes car chacun va devoir faire preuve de retenue, de mesure, de simplicité.

Lutte contre le gaspillage avec l’introduction obligatoire du compost, sobriété imposée par des ajustements malins de taxes sur l’énergie au point de transformer habilement les déplacements automobiles en luxe du 1% privilégié (et du 0,1% qui a courageusement abandonné la voiture pour le jet privé), petits messages subtils à la radio, à la télé, dans tous les médias de révérence pour bien faire comprendre que, d’une part, on va manquer de tout (ou à peu près) et que, d’autre part, ce sera sous une chaleur écrasante sans aucun accès à la climatisation, les glaces vanille-fraise et un peu d’eau claire, bref, l’information est partout.

Car oui, maintenant, tout le monde le sait et c’est devenu parfaitement évident, surtout depuis ces derniers mois que l’eau a sa propre bourse, comme le pétrole : la sécheresse frappe, durement, des trouzaines de départements français qui en viennent à manquer d’eau. Les habitants, hagards, errent dans les rues, un verre (désespérément vide) à la main et la langue pendante, en attendant que les services de l’État viennent à la rescousse pour étancher leur soif catastrophique provoquée par le climat lui-même devenu méchant par la faute difficilement expiable de l’Humanité.

Et pire que tout, parfois, quand il pleut, il pleut beaucoup dans une sécheresse asymptomatique qui parvient à faire déborder les nappes phréatiques, comme en Vendée. Grâce aux explications de médias au taquet qui permettent de comprendre que cette pluie provoque méchamment la sécheresse partout où elle ne tombe pas, le peuple doit se résoudre à l’évidence : une violente sécheresse humide nous attend dans les prochains mois.


Heureusement, l’administration veille. Des hommes d’État, que dis-je, des Chefs voire, osons-le, de véritables Leaders se sont levés et commencent à prendre des mesures fermes pour – enfin ! – remettre un peu d’ordre dans ce pays au bord d’une soif mortelle.

C’est ainsi que, dans des Alpes-Maritimes d’une siccité inouïe ou quasiment (n’ergotons pas devant cette situation dramatique), le maire de la commune de Châteauneuf-Grasse a décidé d’alerter les pouvoirs publics devant la consommation d’eau irresponsable de certaines personnalités installées sous sa juridiction.

Pensez-donc : des riches se permettent d’arroser leur pelouse et utilisent jusqu’à 2000 mètres-cube d’eau (alors qu’une famille normale n’en utilise que 120). Pire encore : étant riches, ils peuvent payer leur facture sans problème, voire les amendes lorsqu’ils sont attrapés à arroser alors que c’est interdit. Il faut trouver une solution, même si – comme le reconnait le maire, gêné aux entournures – on peut fort bien être un gros consommateur d’eau tout en étant en même temps un protecteur de l’environnement, évoquant ceux qui veillent sur plusieurs dizaines d’hectares de nature dans leur parc privé et qui contribuent à sauver des espèces végétales.

Quelle solution peut-on trouver devant ce comportement honteux ?

Rassurez-vous : ce serait bien naïf de croire que nos édiles, nos politiciens et nos administrations n’ont pas déjà quelques épais dossiers d’idées proposées par l’un ou l’autre cabinet de conseil chevronné, payé par l’argent gratuit des autres. D’ailleurs, il suffit de voir les dernières innovations législatives pour constater que les petits rouages administratifs tournent déjà à plein régime : dans un décret paru le 25 avril 2023 dernier, on apprend ainsi qu’est suspendue l’utilisation de l’eau chaude des lavabos sur les lieux de travail.

Dans le cadre de cette pauvreté sobriété énergétique que le gouvernement nous impose pour compenser ses décisions de plus en plus lunaires sur à peu près tout en matière d’économie et d’industrie en France, il apparaît donc que les locaux professionnels vont devoir se passer d’alimenter leurs sanitaires en eau chaude. Pour le moment, les douches ne sont pas encore concernées. Pas encore. Puis, plus tard, ceux qui avaient l’idée forcément saugrenue de prendre une douche sur leur lieu de travail devront s’habituer à la prendre froide ou y renoncer complètement. Gain d’énergie, gain d’eau, tout le monde y trouvera obligatoirement son bonheur.

À quand les toilettes sèches pour tous ?


Il faut le redire : tout ceci est la conséquence évidente d’un réchauffement médiatique climatique qu’on doit sans douter attribuer aux agitations trop carbonées des pays riches, et absolument pas à l’impéritie des autorités dans leur gestion de l’eau en particulier, et de toutes les ressources disponibles (y compris énergétiques) en général.

Oubliez l’absence de maintenance régulière des canaux et de la tuyauterie. Oubliez les fuites, massives, dans les réseaux de distribution qui ne sont plus à la charge de personne, les responsables publics ayant le seul courage d’accuser les opérateurs privés dont les connivences avec les pouvoirs en place leur permettent à leur tour de renvoyer la balle aux mêmes responsables dans un ping-pong politique extrêmement productif. Ne considérez jamais les petits sabotages détendus sous couverts d’opérations de maintenance qui tombent à pic alors que les petits cris stridents sur le mode “sécheresse” se font entendre ici ou là.

Oubliez ça.

Oubliez aussi les taxations vexatoires de toutes les énergies pour financer les lubies politiques du moment, comme vous devez oublier l’impression frénétique de monnaie de singe qui aboutit maintenant à une inflation galopante se traduisant par des coûts énergétiques délirants. Oubliez les contraintes, interdictions et directions politiques débiles qui ont toutes abouties à rendre la production électrique prohibitive, alors qu’on sait faire beaucoup et pas cher.

Oubliez ça aussi.

Concentrez-vous plutôt sur le fait que cette sécheresse est la punition de la Nature contre les excès de l’Homme, et que cette pluie qui fait déborder les nappes ne sont que les larmes de Gaïa devant notre absence de syntonisation harmonieuse avec elle, de notre refus obstiné de retourner à la misère et au dénuement.