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12 mars 2024

Radu Portocala

12/3/2024 - L’Assemblée nationale a adopté en première lecture une Proposition de loi visant à renforcer la réponse pénale contre les infractions à caractère raciste, antisémite ou discriminatoire, le rapporteur étant Mathieu Lefèvre, député Renaissance. Le texte est actuellement à l’étude au Sénat.
C’est une loi qui, comme d’autres textes avant elle ces dernières années, restreint la liberté d’expression. Non parce qu’elle réprime les propos et les actions racistes ou antisémites. Mais parce qu’elle touche à ce domaine vague et tellement soumis aux aberrations woke qui est la discrimination.
Ce qui est très grave dans tout cela, c’est que la loi s’applique au domaine de la vie privée. Ce que vous dites chez vous, dans le cadre familial, est répréhensible. Mais ce que vous dites dans ces conditions ne peut être connu de l’autorité répressive que grâce à la délation. Donc, il s’agit d’une loi qui encourage la dénonciation. Une loi qui, par cela, s’apparente de très près à l’esprit législatif soviétique.
Il est intéressant de regarder le décompte des voix qui ont permis l’adoption d’un texte qui, légalise la délation en France.
D’abord, sur les 577 députés, seuls 148 étaient présents. Les autres, sans doute se désintéressent de cette question.
- Le groupe Renaissance : 56 votants sur 169 membres. Tous ont voté pour.
- Le groupe Rassemblement national : 17 votants sur 88 membres. Ils se sont contentés de s’abstenir. Aucun n’a voté contre.
- Le groupe La France insoumise : 21 votants sur 75 membres. Tous se sont abstenus.
- Le groupe Les Républicains : 11 votants sur 62 membres. Tous ont voté pour, y compris Éric Ciotti.
- Le groupe Démocrate (MoDem et indépendants) : 10 votants sur 50 membres. Tous ont voté pour.
- Le groupe Socialistes : 11 votants sur 31 membres. Tous ont voté pour.
- Le groupe Horizons : 9 votants sur 30 membres. Tous ont voté pour.
- Le groupe écologiste : 4 votants sur 22 membres. Tous ont voté pour.
- Le groupe Gauche démocrate et républicaine : 3 votants sur 22 membres. Tous se sont abstenus.
- Le groupe Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires : 6 votants sur 22 membres. Tous ont voté pour.
Ainsi, il ne s’est pas trouvé un seul député, quelle que soit son appartenance, qui soit opposé à l’idée qu’on puisse, dans la France d’aujourd’hui, légaliser la délation. C’est atterrant. Un seul qui ait assez de culture pour savoir quels ont été les ravages que la pratique de la délation a produits au temps de la Révolution française, sous l’occupation nazie, ou dans le monde soviétique.
Pour l’instant, la délation est une option - celle de l’individu ignoble. Mais, au train où vont les choses, on ne peut exclure qu’un jour elle soit rendue obligatoire. Elle l’était dans le « camp socialiste » dont nous prenons allègrement la suite.