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15 décembre 2025

Gabriel Nerciat

-15/12/2025- Cinq ans jour pour jour après la mort de Coralie Delaume, je me permets de reproduire ici le court texte que j'avais publié alors sur mon ancien compte FB, sans en changer un seul mot.
Façon de rappeler que sa présence ne nous quitte pas.

CORALIE DELAUME, UNE ORAISON FUNÈBRE


La mort de Coralie Delaume n’est pas une perte comme les autres. Elle ne nous frappe pas seulement à cause de sa scandaleuse précocité, mais parce que, en dépit de sa jeunesse, elle m’avait toujours paru nimbée de cette autorité intellectuelle si particulière qui semble être trop souvent un attribut commodément conféré par la maturité ou la vieillesse mais qui, chez elle, se montrait d’autant plus paradoxale qu’elle se conjuguait avec l’innocence un peu gauche (sans jeu de mots) et la fragilité d’une très jeune femme.
Dans le domaine de la réflexion géopolitique, je lui dois énormément. Ses livres sur l’Allemagne, venant après ceux de Jean-Pierre Chevènement dans les années 1990, m’en ont plus appris que bien des germanistes et des colloques fastidieux sur l’amitié franco-allemande. Même Jacques Benoist-Méchin aurait trouvé de l’intérêt à la lire.
Elle disparaît au moment où la pandémie de covid-19 ouvre la séquence inattendue qui va vérifier ou infirmer la véracité de ses thèses sur l’isolement de l’Allemagne et la fin programmée de l’Union européenne. Lorsque viendra le moment des ultimes soubresauts de l’agonie européiste, c’est d’abord à elle que nous penserons.
Ses livres resteront, au cœur de nos bibliothèques, comme des traces pérennes des avertissements de la Pythie. Malheur à ceux qui les ont dédaignés ou cru inutile de les lire. La réalité qu’elle a décrite et entrevue les submergera, avec toutes les autres vanités qui croient à tort être le sel de la vie.