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11 octobre 2022

Jean Mizrahi

Nous allons entrer dans la partie la plus dure de la crise énergétique : la facture. Les grèves dans les raffineries ne sont que le prélude à une désorganisation profonde de la société et de notre économie. Une énergie (hors nucléaire) plus chère a plusieurs conséquences :
 
- Un appauvrissement purement mécanique du pays, car la collectivité voit partir plus d'argent vers les pays producteurs, cet argent fait défaut et il doit être pris à quelqu'un. Ceux qui pensent que la "taxation des superprofits" va résoudre le problème se mettent le doigt dans l'œil, ces superprofits ne représentent qu'une fraction minime des montants qui partent vers les pays producteurs. Tout cela montre à quel point la NUPES et tous ces partis démagogues sont ignorants en matière économique et se concentrent sur des faux sujets. Total est le parfait bouc émissaire, il faut lire et entendre les imbécilités qui circulent sur les réseaux sociaux à ce sujet pour réaliser à quel point les Français sont aveugles et ignorants. Pour le moment, le gouvernement a choisi de voler une partie de l'argent qui part vers les pays producteurs aux générations futures, en endettant un peu plus le pays par un subventionnement massif de la consommation de pétrole et de gaz. Outre que c'est immoral à l'égard de nos enfants, cette politique va atteindre ses limites avec la hausse des taux et le surendettement de l'État. Ces idiots pensent "protéger les Français", ils ne font que les amener un peu plus rapidement vers la faillite du pays.

- Une réadaptation très pénible à court terme. L'appauvrissement résultant de la fuite de richesse vers les pays de l'OPEP+ exige une répartition du manque à gagner entre les diverses catégories de la population. Nous sommes assis sur un volcan qui a tout juste commencé à gronder. Chacun pense en effet que ses revenus doivent s'adapter à l'inflation, sans que cela génère une perte de pouvoir d'achat. C'est illusoire, car l'argent qui part vers l'OPEP+ part pour de bon, on ne va pas le retrouver par miracle. Il ne fait aucun doute que les premiers à réclamer leur réajustement seront les professions capables de bloquer le pays. On le voit avec les employés des raffineries, mais on peut s'attendre à ce que le reste suive : aiguilleurs du ciel, cheminots, etc. Tout cela nous rappelle les années 80 quand l'inflation a explosé avec les deux chocs pétroliers. Le pays était souvent paralysé par des grèves, la situation économique s'était fortement dégradée. Attendez-vous à la même chose cette fois-ci. Les vieux syndicats moribonds comme la CGT sont à l'affût, espérant récupérer un peu d'audience en surfant sur les malheurs du pays.
Toute la question, qui n'est posée par personne car c'est une bombe politique, est la juste répartition de l'effort. L'effort sera nécessaire, car comme dit plus haut, l'argent qui part vers l'OPEP+ doit venir des poches de quelqu'un. Nos politiciens ont tellement peu de courage et tellement pas de compétence qu'ils sont incapables d'expliquer aux Français la mécanique économique qui s'impose à nous : des dizaines, des centaines de milliards d'Euros qui sortent du pays, il faut répartir la perte, il ne suffira pas de dire "prenons aux riches" comme les LFIstes le pensent. C'est le seul vrai débat actuellement en matière économique. Et mettre les choses clairement sur la table : devons-nous continuer à financer la consommation (pour l'essentiel importée, comme les hydrocarbures), ou bien aider nos entreprises à passer le cap pour maintenir l'emploi. Le gouvernement pense que les problèmes de chômage sont derrière lui : ils sont juste devant. Tant que les politiciens ne feront pas ce qu'il faut au bénéfice du pays, c'est-à-dire discuter de ce qui est juste et bien pour tous, et qu'ils restent installés dans des postures, nous allons vers le précipice. Mais peut-être la faillite est ce qui peut nous permettre de nous reprendre et de repartir d'une autre manière vers notre destin ?