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10 janvier 2023

"Ce sont des fascistes ennemis de la démocratie"

Jonathan Sturel

La révolte d'Américains au moment de la suspecte élection de Biden avait été commentée par la gauche française en ces termes : ce sont des fascistes ennemis de la démocratie.
Ces derniers jours, une révolte de Brésiliens a fait trembler le pouvoir en place, la gauche française commente les faits en ces termes : ce sont des fascistes ennemis de la démocratie.
Au lieu de se demander quels troubles traversent les pays pour que désormais les élections donnent lieu à des révoltes, au lieu d'interroger les causes profondes du mécontentement, au lieu de chercher à comprendre comment nous en sommes arrivés à une telle situation, la gauche française n'a plus qu'une réponse à fournir et elle ne se prive pas de la fournir à toutes les sauces, à toutes les occasions : ce sont des fascistes ennemis de la démocratie, point.
Circulez, il n'y a rien à voir, rien d'autre que des fascistes qui défient la démocratie. Voilà où en est rendu le logiciel de la gauche, voilà à quoi se résume son analyse des mouvements profonds après s'être présentée pendant des décennies comme l'experte de la réflexion sociale et politique et après avoir vanté, depuis deux siècles, la nécessaire révolte populaire contre les élites.
Tout ça pour aboutir à une explication simpliste, monocausale, invariable et démissionnaire, lâche et bourgeoise qui n'a qu'un seul et unique effet : permettre de maintenir au pouvoir les castes bourgeoises et technocratiques qui s'y cooptent depuis des dizaines d'années pour y mener des politiques qui écrasent les petites gens.