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15 avril 2023

Du barrage républicain à la guerre totale

Pierre Duriot

La date du 14 avril 2023 entrera sans doute dans notre histoire, comme la fin de la Vème République, écrite sur mesure pour un honnête homme et exploitée, dans la moindre de ses imperfections, par des voyous, au service d’intérêts supranationaux. Elle marque aussi la naissance d’un mouvement, qu’il est trop tôt pour qualifier de révolutionnaire, encore que… L’histoire est une succession de soubresauts, avec le recul on pourra peut-être un jour, écrire que tout en commencé avec les Gilets jaunes en 2018. Ce vendredi 14 avril nous avons assisté vraisemblablement à l’enterrement de cette Vème République, non pas pour son inadaptation à la chose publique, mais pour son défaut de conception face à la perversité, la triche et la corruption. Les conclusions du Conseil constitutionnel sont sans surprise, tant celui-ci ne peut plus être considéré comme un groupe de « sages » au service d’une nation. Constitué de repris de justice et de profils controversés, aux prises avec les conflits d’intérêts permanents, il n’a pas existé en tant que tel. Sa mission consisterait à amender, à réparer et il ne fait qu’avaliser, se transformant en vulgaire chambre d’enregistrement, là où les constitutionnalistes les plus avertis voient les failles dans les décisions. Même Fabius, après avoir validé les passes sanitaire et vaccinal, a reconnu qu’ils n’étaient pas constitutionnels.

Le peuple, qui devrait être confiant dans ses institutions, aurait dû attendre sagement la décision ; au contraire, il a commencé à manifester avant, tant il savait qu’il n’y avait plus rien à attendre de ces institutions délitées. Le Conseil lui même est bien conscient de sa déconnexion d’avec le peuple et de son statut de « non-sages », puisqu’il y eut besoin de le protéger avec des hordes de policiers. Tout cela ne peut être vu comme le triomphe d’une démocratie à son apogée. L’image fera le tour de la planète, en même temps qu’elle signera la honte de notre modèle politique. La rupture est donc consommée, et la validation de la loi marque le début de la chute du régime voulu par le Général de Gaulle. Il n’y aura pas de miracle. L’instabilité politique et sociale ne va faire que croître, attisée par la répression de la police politique de Macron, que seule une autre force pourra contraindre à reculer.

Ironie du sort, le Conseil constitutionnel aurait fait supprimer les avantages contenus dans la réforme et à destination des représentants des forces de l’ordre. Il faudra se pencher sur les termes exacts de ces modifications, mais si c’est le cas, ces policiers, passés dans le camp du pouvoir, avec certes plus ou moins de zèle, se seraient faits enfler eux aussi. On peut parfaitement s’interroger sur la légitimité d’un gouvernement, soi-disant démocratique, mais qui a en permanence besoin de matraques et de canons à eau pour exister. Il n’y a plus ni démocratie, ni république, mais une macronie, coupée de toute base républicaine et même légale, en guerre permanente contre le peuple, avec tous les moyens dont elle dispose, usant de violence, de corruption par la subvention et transformant chaque instance susceptible de contre-pouvoir, en chambre de validation à sa botte : conseils, presse, parlementaires. Parmi ces derniers, de petits bras, appelant à voter Macron à des fins de « lutte contre l’extrême droite », sans se douter que Marine Le Pen, se risquant à faire le dixième de ce que fait Macron, aurait immédiatement été arrêtée par les contre-pouvoirs. Et que dire des Ciotti, ou Retailleau, permettant l’échec de la motion de censure, dans l’espoir sans doute d’obtenir un poste qui finalement, leur est passé sous le nez. Décidément, ils n’ont, les uns et les autres, pas compris qu’il ne fallait surtout pas croire aux promesses du président et se seront tous faits enfler.

« J’ai été réélu ! » clame Macron pour justifier une violence qui le pousse à promulguer une loi scélérate le soir même de la décision du Conseil, signant par là même l’évidence d’un passage en force au service d’intérêts supérieurs, comme l’explique à demi-mot, le commissaire européen Thierry Breton. Mais le divorce est donc consommé et l’intéressé ne veut pas laisser sa place, alors que la cohabitation avec les Français est devenue impossible. Il y a maintenant entre ce régime et le peuple, un fossé bien trop grand pour être comblé et il ne pourra se maintenir au pouvoir que par la cruauté, qu’il justifie comme légale.

Plus étonnant, ces voix qui s’élèvent pour expliquer lamentablement, qu’il faut « passer à autre chose », parce que le Conseil aurait parlé. Encore faudrait-il que toute cette procédure et tous ces hommes aient été clairs et propres. Vont-il nous servir à chaque épisode, cette formule qui revient à se soumettre ? Avec la même méthode violente, l’Europe va imposer la retraite à 70 ans, la vaccination obligatoire pour tout et n’importe quoi, les privations d’énergie, de nourriture et de propriété et pourquoi pas l’euthanasie, à l’issue d’une vie de travail et les mêmes moutons bêlants ressasseront qu’il faut « passer à autre chose » ? En ce qui nous concerne, nous pensons qu’il faut retrouver l’esprit gaulliste, c’est à dire, l’écoute et le service du peuple et de ses intérêts, rénover nos institutions, changer les hommes et établir des garde-fous susceptibles de pouvoir contrer les pires dérapages des pires dictateurs, afin de garantir cette forme de démocratie, à la laquelle nous avons cru en Occident et qui a permis, un temps, notre rayonnement.